1 le reveil de Meredith

Elle était allongée dans un petit lit blanc.
Des mèches de  cheveux noirs, coupés courts, à présent, tombaient sur ses yeux clos.
Elle était pâle, et très amaigrie.

Machinalement, il dégagea ses cheveux de son visage.
Les cicatrice sur son côté gauche étaient moins vilaine qu'auparavant, mais elle étaient encore profondes. Il était impossible de supprimer des traces de magie noire, et elle en avait sur tout le corps.

Elle était encore belle, malgré tout. En tout cas, c'était ce qu'il pensait. Ou était ce ses souvenirs qui l'embellissaient.

Elle ouvrit les yeux, et il reçut l'impact de deux  yeux bruns, qui l'observaient.

Il lui sourit.
- Bonjour Mery.

Elle ne le quittait pas des yeux, mais en dehors de ça, elle ne manifestait aucune réaction.
Il déglutit, lui prit la main.
Elle ne tenta pas de se dégager.

- J'ai cru que tu ne te réveillerais jamais.

Elle ne répondit pas.
Il resta près d'une heure, près d'elle, sans qu'elle dise un mot, ou n'esquisse un geste.

Il quitta la chambre, lorsque l'infirmière y entra, pour lui donner des soins.

Sirius se rendit dans le bureau du medicomage en chef.

- Elle vient de sortir d'un long coma, lui expliqua t'il. Ses fonctions neurologiques vont mettre du temps à fonctionner correctement. Elle va devoir tout réapprendre, à parler, manger, écrire, marcher. Et nous ignorons encore si elle gardera  des séquelles.
Sa jambe gauche nous inquiète, nous ne sommes pas certain qu'elle puisse remarcher normalement. 
Pour le moment, elle est comme...un nouveau né. Mais avec du temps, et de la rééducation, elle devrait récupérer une certaine autonomie.

Sirius quitta l'hôpital, le cœur lourd.
Comme chaque fois qu'il était perturbé, il se rendit chez James.

- Oula, s'exclama ce dernier. Tu as ta tête des mauvais jours.
- Tu crois pas si bien dire.
- Entre, et raconte moi ce qui t'arrive. Laia s'est enfin rendue compte que tu avais un caractère de chien ?

Il souriait, tentait de détendre l'atmosphère, mais Sirius n'avait pas le cœur à leur échanges habituels  de remarques acides.

Il se laissa choir dans un fauteuil, et James fit apparaître un verre de whisky.

- Allez, dis moi ce qui ne va pas.
- Mery est réveillée.

James accusa le choc.
- OK, et...tu l'as vu ? Comment va t'elle ?
- Mal.

Il lui fit le récit des dires du medicomage.

- Lily aussi avait du mal, après un coma de six mois.
- Je sais, mais...il n'y a pas que ça. Même si elle s'en remet, elle est en partie défigurée, elle boitera probablement toute sa vie.
- Mouais, le retour à la vie ne va pas être simple. Mais on sera là, on ne la lâchera pas.
- Je sais, mais...la voir comme ça....Je vais sûrement te paraître cruel, mais...il aurait peut être mieux valu qu'elle ne se réveille jamais.

James prit une profonde inspiration.

- C'est ta relation avec Laia, qui te fait dire ça ?
- Non. J'aime Laia, et le retour de Meredith ne changera pas ça.
Mais je la connais bien, elle ne supportera pas de se voir diminuer.
Et moi...j'ai l'impression de l'abandonner au moment où elle a tellement besoin de moi.
- Oui, je m'en doute. Qu'est ce que Laia pense de tout ça ?
- Je ne lui en ai pas encore parlé.
- Tu devrais le faire, mettre les choses au point rapidement.
- Oui, je vais le faire.
Mais je veux pas que Mery pense...que je l'abandonne à cause de ses blessures. Comment veux tu qu'elle comprenne ? La dernière fois que nous nous sommes vus, on parlait de notre  mariage.
- mais...Laia, tu l'aimes ?

Il hocha la tête.

- Je ne peux pas envisager ma vie sans elle.
- Et Mery ?
- Je l'aime depuis toujours.

Il se prit la tête dans les mains.

- Je sais plus où j'en suis.
- J'aimerais pas être à  ta place, mon vieux.
- Ouais, moi non plus j'aimerais pas être à ma place.

James sourit, et lui servit un autre verre.

- Tiens, tu vas en avoir besoin.

Sirius l'avala d'un trait.

- Je doute que ça suffise. Mais qu'est ce que j'ai bien pu faire au ciel, pour mériter ça.
- C'est le Karma mon vieux.
- Hum, bein le mien à un curieux sens de l'humour.

Sirius rejoignit Laia, quelques heures plus tard.

Laia était nerveuse. Depuis son départ, elle n'avait pensé qu'à ça. Qu'allait il se passer maintenant ?
L'abandonnerait il pour elle ? Elle n'ignorait pas les sentiments qu'il avait toujours eu pour elle, et elle avait la désagréable impression de ne pas peser lourd, dans la balance, face à la superbe brune.
Et puis, il y avait Leo.
Elle s'était attachée au petit garçon, comme s'il était son fils. Le reverrait elle, s'il repartait vivre avec elle ? Et Hellios ? Reverrait il son père ? Et Liam ? Le seul père qu'il avait connu était Sirius, mais accepterait il de le revoir ? C'était si compliqué.
Elle vivait chez lui, elle devrait partir, mais pour aller où ? A cause des enfants, elle ne travaillait pas, elle n'avait pas d'argent.
Et comment survivrait elle, sans lui ? Elle l'aimait tellement.

Elle faisait manger les enfants mais elle avait la tête ailleurs.
Il entra, et à sa tête, elle vit tout de suite, que les choses ne s'étaient pas très bien passées.

- Je couche les enfants pour la sieste, et on pourra parler, d'accord ?

Il hôcha la tête, et débarrassa la table, pendant qu'elle montait à l'étage.
Elle le rejoignit, et se servit un café.

- Tu en veux un ?

Elle évitait son regard, craignant d'y lire sa défaite.

- Non merci.

Il s'assit sur l'un des tabouret de l'îlot, l'air pensif.
Elle s'installa en face de lui, et baissa la tête sur sa tasse.

- Alors ? Comment va t'elle ?

Il soupira.
- Pas très bien, j'en ai peur.

Il lui rapporta les dires du medicomages.

- Je vois. Qu'est ce que tu comptes faire ?

Il soupira.

- Je vais l'aider, je sais pas encore comment, mais...je ne l'abandonnerais pas.

Elle accusa le coup, en silence.

- Et moi ? Qu'est ce que je deviens ?

Il fronça les sourcils.

- Toi ? Mais...rien, je veux dire, ça ne change rien pour nous.
- Tu es sûr ? Parce que elle finira bien par aller mieux, et...
- Non Laia, même si elle se rétablit complètement, c'est toi que j'aime, et rien ne changera ça.

Il était sincère. Il l'aimait ne voulait pas se séparer d'elle.
Laia le fixait, cherchait  à lire en lui, une hésitation, une intention voilée, mais elle n'était pas legillimens, et elle ne put que constater l'accent de vérité dans ses paroles.
Elle se leva, et l'enlaça par derrière.

- Je t'aime, Sirius, et je comprends que tu veuilles l'aider. Mais si tu décidais de me quitter pour elle, je...je comprendrais.
Il se retourna.

- Jamais je ne te quitterais Laia. Ni pour elle, ni pour personne.

Il lui prit les mains.

- Je ne vais pas te dire que je ne ressens rien, pour elle, parce que  ce serait mentir, et je hais le mensonge.
Mais elle et moi, c'est de l'histoire ancienne. Elle aura mon soutien, mais rien de plus.

Laia hôcha la tête.
Elle n'était pas convaincue, mais ça ne servait à rien d'échafauder des hypothèses sur un avenir incertain.
Elle devait profiter de chaque instant passer ensemble, et ne pas trop penser à ce qui pourrait arriver. La peur n'effaçait pas le danger, et elle risquait de tout gâcher en s'en inquiétant.

Elle lui sourit, espérant qu'il ne lirait pas l'angoisse qui la tenaillait, dans ses yeux verts.

Il la serra dans ses bras, un peu trop fort, lui semblait il, comme s'il redoutait qu'elle disparaisse, comme s'il cherchait à se convaincre lui même.

Elle se morigéna.

"Allons ma fille, tu débloques, tu vois des messages négatifs la ou il n'y en a pas."

Elle l'embrassa, et il y répondit.

Sirius était plein de bonne volonté, mais il devait partager son temps entre son travail, l'hôpital et Laia et les enfants.
Il réalisa bien vite qu'à vouloir trop en faire, on finissait par ne rien faire de bien.
Il était épuisé, irritable, et peu patient.

Laia finit par en avoir assez de sa constante mauvaise humeur, cela faisait trois semaines qu'il rentrait tard, souvent les enfants étaient déjà couchés.

Ce soir là, il rentra exténué et découragé.
Meredith ne faisait aucun progrès. Elle ne parlait toujours pas, et ne manifestait aucun signe montrant qu'elle le reconnaissait ou comprenait ce qu'il disait.
Malgré les encouragements du personnel soignant, il se demandait si son cerveau fonctionnerait de nouveau un jour.

Il s'affala dans un fauteuil, se servit un whisky, qu'il but à petite gorgée.

Laia entra dans le salon, et le toisa, les mains sur les hanches, l'air furieux.

- Les enfants sont couchés, encore.
Ça fait une semaine qu'ils ne t'ont pas vu.

Il soupira.

- Je sais, je suis désolé. Je rentrerais plus tôt demain.
- Et ça fait une semaine que tu me dis la même chose.
- Je fais ce que je peux, Laia, mais je ne peux pas me couper en deux.
- c'est louable que tu veuilles aider Meredith, mais tes enfants doivent passer avant.
- Je sais.
- Non ! Non tu ne sais pas, justement. Il faut revoir ton organisation. Elle n'a peut être pas besoin que tu y ailles tous les jours. D'ailleurs elle en est où ? Elle progresse ?

Il secoua la tête.
Elle se radoucie et l'enlaça.

- C'est aussi pour toi que je m'inquiète. Tu as l'air fatigué, tu ne pourras pas tenir longtemps, à ce rythme.
- Ça va aller.
- Non, ça n'ira pas. En tout cas moi je refuse de continuer comme ça. J'ai l'impression d'être une mère célibataire. Nous avons trois enfants en bas âge, et une maison à tenir, et je suis seule pour le faire. Tu rentres à point d'heure, tu manges du bout des dents, et tu te couches. Ce n'est pas une vie.
- Mais qu'est ce que tu veux que je fasse ?
- Que tu revoies tes priorités.
- Je...

Elle le foudroyant du regard.

- D'accord, je vais y réfléchir.
- Fais plus qu'y réfléchir, Sirius, parce qu'un soir, quand tu rentreras, tu ne retrouveras personne. Je serais parti avec les enfants.

Elle quitta le salon.
Il porta son verre à sa bouche, mais d'un geste virulent, le jeta à travers la pièce.
Il se leva, saisit son blouson, et sortit en claquant la porte.
Il enfourcha sa moto, et démarra en trombe.
Très vite, la machine décolla.
Il survola la campagne environnante à toute vitesse, et se livra à des acrobaties délicates.

Voler lui procurait toujours une sensation apaisante.
Lorsqu'il rentra, Laia était couchée.
Il prit une douche, et la rejoignit.

Laia lui tournait le dos. Elle ne voulait pas qu'il voit ses yeux rougis par ses larmes.
Il crut qu'elle dormait, et s'allongea  sans faire de bruit.

Le lendemain matin, il se leva tôt. Laia dormait toujours.
Il entra dans les chambres des garçons, et les regarda dormir, attendri.
Il sortit sans faire de bruit, et quitta la maison, en silence.
Il prit un petit déjeuner dans le pub, en face du ministère, puis, il se rendit dans le bureau du directeur des Auror.
Il lui demanda un congé sans solde, que Maugrey lui accorda.

Puis, il se rendit à l'hôpital.
Il resta toute la matinée avec Meredith, et tenta de refouler l'exaspération qu'il ressentait devant le peu de progrès.

- Bon sang Mery ! Finit il par gronder. Tu vaux mieux que ça. Tu es une battante, la femme la plus forte que je connaisse. Tu as survécu à l'impensable, alors je sais pas moi, mais fais quelque chose, n'importe quoi, un geste, prouve moi que tu es encore là, quelques part...
Sinon...je ne reviendrais pas. Il faut que je m'occupe de notre fils, tu comprends.

Il l'observa longtemps, mais elle ne bougea pas. Seuls ses yeux le suivaient.

Il soupira, et quitta la chambre.

Mais à peine avait il franchi le seuil, que la main droite de Meredith bougea.
C'était presque imperceptible, cela pouvait même passer pour un mouvement incontrôlé, mais quoi qu'il en soit, elle avait réagit et depuis son réveil, c'était le premier geste qu'elle faisait.

Mais hélas, il n'y avait personne pour le constater.

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