Les Coréens
La modernité, ils en ont fait leur cheval de bataille, tout en conservant un profond respect pour leurs traditions et leurs racines.
Les coréens ont la mémoire tenace. Ils ont appris à survivre dans un environnement hostile, entourés par la Chine, le Japon et la Russie – avec qui la Corée du Nord partage aujourd'hui une frontière de 16 km – et, à partir du 19ème siècle, menacés par les puissances occidentales. Pour ce faire, ils ont dû s'armer de patience, de souplesse, d'obstination et d'un humour à toute épreuve.
La patience des coréens n'est pas synonyme de passivité, et leur souplesse n'implique pas la soumission. Quant à leur obstination – ou leur persévérance, si l'on préfère –, elle a engendré une capacité de résistance polie par les siècles. Ce cocktail national très particulier est également la résultante d'influence venues d'au-delà des frontières – la patience infinie des chinois, la flexibilité des japonais, et, peut-être, la détermination des américains.
Les relations étroites entretenues avec la Chine pendant des siècles et la curiosité envers les notions chinoises d'administration, d'éthique et philosophie ont laissé une empreinte indélébile sur la conscience nationale. Plus récemment, le colonialisme japonais a fait peser une réelle menace sur l'identité coréenne, et les souvenirs d'oppression et de brutalité, l'obligation de parler japonais, et d'endosser des patronymes nippons, demeurent encore douloureux. Enfin, les ravages de la guerre, puis la présence et l'influence américaines, ont obligé les coréens à considérer autrement le monde extérieur.
Aujourd'hui, Séoul présente un visage assez similaire à celui de toute autre grande métropole internationale. A première vue, les coréens de la rue ne recèlent pas grand mystère. Costume sur mesure et cravate en soie, l'homme d'affaires local peut parfaitement se transposer à Tokyo, Londres, Paris ou New York. Le métro de Séoul ferait des jaloux dans bien d'autres capitales, et une marque comme Samsung est aussi mondiale que coréenne. Vous trouverez des petits cafés dans les rue les plus animées, mais aussi des restaurants traditionnels et les inévitables grandes chaînes. Mais grattez un peu le vernis, et les choses apparaissent bien différentes. Mes antiques modes de pensée et de comportement demeurent remarquablement ancrés chez les coréens, tous niveaux d'éducation confondus ou presque (beaucoup moins chez la nouvelle génération qui est plus porté sur l'occident).
Courtoisie :
Le code de politesse repose sur un rituel élaboré de comportements, destinés à favoriser des relations sans heurt. Maintenir le bon gibum (기붐), en évitant la contradiction, ou tout étalage d'émotion, est absolument crucial. Le gibum (humeur, ou état d'esprit) se traduit littéralement par 'énergie personnelle'. Les coréens utilisent également une stratégie appelée nunchi (눈치), qui consiste à observer et interpréter les sentiments d'autrui. Le nunchi écarte tout propos pouvant être ressenti comme négatif : dire la vérité, faire preuve de franchise ou régler trop rapidement un accord contractuel, c'est perdre la face, et donc contraire aux impératifs du nunchi. Ainsi les coréens offrent-ils aux étrangers un visage accueillant et sympathique. Mais, bien souvent, ils considèrent ces mêmes étrangers comme grossiers et incapables de se tenir 'comme il faut' – jadis, ils les traitaient même de non-personnes, soit à peu de chose près de parias. Mais il ne faut pas oublier aussi que à l'époque des rois et reines, les occidentaux et notamment les européens considérer les peuples asiatiques (Chine, Japon, Corée, Thaïlande...etc.) comme des peuples de sauvage, d'animaux. Qui ne méritaient même pas d'être conquéris, seulement bon à faire du commerce et encore.
Hiérarchie sociale :
Avant les réformes des années 1890, la société coréenne était soumise à une hiérarchie rigide, pyramide sous par la famille royale et les yangban (양반 nobles) avec, en bas, les nongmin (농민 fermiers) et les cheonmin (천민 parias). Si ce système a bien sûr évolué, il en reste de nombreuses traces. Par exemple, la langue coréenne reflète un certain ordre social, déroulant tout encatalogue de titres utilisés pour respecter le statut, l'éducation ou l'âge de la personne. Lorsque des coréens font connaissance, outre l'échange des cartes e visite, ils se jaugent très rapidement, décidant en quelques secondes s'ils ont affaire à un supérieur, à un subalterne ou à un égal.
Au sein d'une famille, comme dans tous les groupes sociaux, la hiérarchie demeure fondée sur l'âge. Un enfant apprend à respecter parents et anciens ; en toutes choses, il est tenu de bien se comporter pour ne pas attirer la honte sur sa famille. Les coréens s'appellent volontiers hyung/hyun-min (흉/휸민, grand-frère pour un garçon plus jeune) ou oppa (오빠, grand-frère pour une fille plus jeune), et nuna (누나, grande-sœur pour un garçon plus jeune) ou eonni (언니, grande-sœur pour une fille plus jeune). A l'école, et plus tard au travail, les seonbae (선배 anciens) sont chargés de guider les hubae (후배 nouveaux).
Pourtant, si l'autorité des aînés demeure forte, les jeunes coréens d'aujourd'hui parviennent à faire évoluer progressivement leur société. Au bureau, la tradition impose encore le salut à l'orientale et autre marque de révérence envers les cadres supérieurs, les jeunes nourrissent des aspirations qu'ils entendent bien combler.
Néo-confucianisme :
L'âme coréenne puise dans des valeurs confucéennes profondément enracinées. Les empereurs chinois appelaient les coréens 'peuple cérémonieux de l'Est', admettant ainsi que leurs vassaux les avaient dépassés dans la pratique de leur propre philosophie. Le confucianisme insiste sur la structure familiale, la frugalité, le labeur (pas seulement pour soi-même, mais pour le bien commun) et l'éducation. Un enfant coréen reçoit un prénom de syllabes chinois par un ancien – une syllabe correspondant à la génération, l'autre prédisant son caractère. Ce prénom figure au jokbo (족보), livre reliant familles, lignées et clans à des personnages fondateurs.
Cent jours de suspense :
Il est difficile de se rendre compte de la place prépondérante qu'occupe l'enfant en Corée. A Séoul, vous verrez des portraits d'enfants occuper chaque vitrine de photographes. Dans les villages, on trouve encore ces guirlandes de piments séchés suspendues à l'entrée d'une maison ; n'y voyer rien de culinaire, mais l'annonce de la naissance d'un bébé garçon – pour les filles, ce sera des boulets de charbon et des aiguilles de pin, comprenne qui pourra. Jadis, ces guirlandes portaient un message ; il était interdit aux visiteurs d'entrer, car durant sa première semaine le nouveau-né était vulnérable aux mauvais sorts et autres démons extérieurs.
Après 100 jours, il est temps de donner un nom à l'enfant. Autrefois, les nouveau-né succombant en grand nombre, une cérémonie fêtait sa survie au terme de cette période – le baegil janchi (백일 잔치) ; aujourd'hui, on fait plus simplement venir le photographe. Pour le premier anniversaire, on prépare un gâteau a riz parfumé à l'armoise ; tout le monde est invité, et des crayons, des fils et d'autres petits cadeaux sont placés devant l'enfant. S'il prend les crayons, il fera certainement de belles études, tandis que le fil symbolise une vie longue et bien remplie.
L'école de la vie :
Dès l'âge de trois ans, la plupart des petits coréens vont à la crèche, première étape d'une compétition acharnée ou le souvenir de la misère d'après-guerre se combine à un respect pour le savoir typiquement confucéen.
Dangun (단군), le premier coréen :
C'est sans doute vers 30 000 avant notre ère qu'arrivèrent dans la péninsule des tribus nomades originaire d'Asie centrale et septentrionale, apportant avec elles leurs cultures, leurs rites chamaniques et leurs langues – le coréen d=faisant partie du groupe altaïque, connecté à des langues aussi disparates que le japonais, le mongol, le turc, le finlandais ou le hongrois.
C'est parmi les descendants de ces nomades que serait né Danguni (단구니), au mont Baekdu (백두), sur la frontière actuelle séparant la Corée du Nord de la Chine, proche du point par où les premiers immigrants seraient entrés dans la péninsule. Selon la légende, Hwanung (환웅) fils du Seigneur du ciel, entendit un jour les prières d'un ours et d'un tigre qui souhaitaient devenir humains. Il leur donna 20 gousses d'ail et une pousse d'armoise, leur promettant la métamorphose s'ils consommaient ces plaintes et évitaient la lumière du soleil pendant 100 jours. Le tigre échoua, mais l'ours hiberna dans sa grotte et il ressortit transformé en femme. Celle-ci pria pour avoir un fils, son vœu fut exaucé et Dangun naquit. Il régna plus de 1 200 ans, à partir de 2333 av. J.C., puis réintégra sa forme spirituelle et disparut.
Au début du 20ème siècle, pendant la colonisation japonaise, les coréens redécouvrirent leur « fondateur ». Dans les années 1990, les nord-coréens ont même assuré avoir retrouvé ses ossements, aujourd'hui exposée dans un mausolée près de ses ossements, aujourd'hui exposée dans un mausolée près de Pyeongyang (평양).
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