Chapitre 14 : Sentiments déréglés
PDV Eijiro
Maintenant que cela fait plus d'un mois et demi que je suis une nana, je devrais ne plus m'étonner de rien. C'est vrai après tout, je sais en gros tout ce qu'il y a à savoir à propos de mon anatomie et des réactions des autres à ce sujet. Je devrais juste commencer un compte à rebours en prévision de la fin de mon calvaire, ouvrir un compte E-bay pour vendre toutes ces fringues qui ne me serviront plus (et pour me faire un paquet de sous) et reprendre mon ancien costume de héros pour m'assurer qu'il ne se soit pas abîmé dans mon placard.
Je devrais voir un avenir radieux et plein de testostérone s'ouvrir devant moi.
Malheureusement, et vous commencez à le voir venir, ça ne s'est pas du tout passé comme ça.
Je suis totalement en stress.
Dévorée par l'angoisse.
Rongée par l'anxiété.
Et ce n'est même pas à cause de mes règles ; qui ont été étonnamment moins douloureuses que le calvaire décrit en long, en large et en travers par Mina. Je commence même à me demander si tout ce qu'elle dit n'est pas un tantinet surexagéré.
Non non non. Le vrai problème, c'est Katsuki.
Alors, rangez vos torches et vos fourches, les gens dans le fond qui n'aiment pas mon copain, et laissez-moi m'expliquer.
Qu'on soit bien clair, il n'a jamais été aussi doux, aussi amoureux, aussi présent et aussi tendre avec moi. On dirait que chaque minute qu'il passe, il trouve une nouvelle manière de me montrer qu'il tient à moi. Katsuki Bakugo, le volcan prêt à exploser à tout instant, s'est changé en véritable crème à la vanille depuis que je suis une nana.
Je me sens rassurée et détendue à ses côtés, mais en même temps toutes ces attentions et ce déluge de tendresse sont ) l'origine de mes peurs. Et à cause de ça, je me torture depuis deux jours avec une seule et même question, terrifiante, grave, mais que je trouve totalement ridicule.
Est-ce que... par hasard... est-ce que mon Katsuki voudrait que je reste une fille ?
Je sais que cette pensée est stupide. Il m'a déjà prouvé des milliers de fois qu'il m'aime moi, et qu'il s'en fiche de mon sexe. Mais maintenant que je suis habituée à ce qu'il me montre ses sentiments de manière tellement plus visible qu'avant, ça me fait peur qu'il redevienne comme avant, lorsque j'étais un garçon... Vous parlez d'un paradoxe...
Même si j'aime son amour viril, j'ai peur que sa douceur ne disparaisse...
Même si j'apprécie sa brutalité, j'ai peur de devoir recompter sur les doigts de la main les fois où il me dira et me montrera son affection...
Même si je l'aime, j'ai peur que lui ne m'aime plus comme avant...
À force de ruminer en boucle ces sombres pensées, je passe toute la journée dans le brouillard et n'émerge que le soir, quand je tombe tête la première sur mon lit, épuisée de toutes ces peur. Le visage enfoncé dans mon coussin Crimson Riot, je n'entends pas tout de suite quelqu'un frapper à ma porte. La personne doit s'y prendre à de nombreuses reprises, avec de plus en plus d'insistance, puis, visiblement excédée, hurle "CRÈÈÈÈÈÈÈÈÈÈÈÈÈÈÈÈÈÈÈVE !" comme un appel à l'aide ou une menace. Il n'en fallait pas plus pour que je bondisse hors de mon lit et que je me dépêche de sauver ma porte d'une mort certaine ; parce que personne ne mérite de succomber sous les explosions de ma petite boule de nerfs adorée.
-Vraiment, tête d'ortie, je persiste à croire que tu devrais me donner un double de la clef de ta chambre, ronchonna mon blond en faisant irruption dans la pièce.
-C'est ça, pour que tu puisses t'en servir pour débarquer à tout moment et mettre le bazar dans mes affaires !
Je retourne m'asseoir en tailleurs sur mon lit et tapote la place à côté de moi, en signe d'invitation. Bakugo tombe à mes côtés, s'installant confortablement. L'une de ses mains s'attarde sur ma joue, ses yeux me détaillent longuement de haut en bas et un subtil sourire se dessine au creux de sa lèvre.
-T-Tu voulais me demander quelque chose ? je m'entends bredouiller, tourmentée par son air si amoureux.
-J'avais envie de passer du temps avec ma jolie copine... Ça fait trop mièvre, dit comme ça ?
Il se redresse, ses mains s'appuient doucement sur mes genoux. Ses lèvres se font câlines contre ma peau, au creux de mes seins, sur ma joue. Il m'entoure de tellement d'attention, de tant de désir, que ça me donne presque envie de pleurer. Instinctivement, je le repousse doucement, ce qui après l'avoir peiné ne manque évidemment pas de l'alarmer.
-Je peux savoir ce que tu as, tête d'ortie ?
-Ça va t'énerver, et de toutes façons tu ne comprendrais pas.
-Je te rappelle que TOUT m'énerve, riposta mon amant en se redressant pour me faire face. Et bien sûr que je ne peux pas comprendre ce qui te rend triste si tu ne me le dis pas !
-Toujours aussi forceur... ou protecteur.
-Choisis le mot que tu veux mais dis-moi tout !
Katsuki n'a pas l'air décidé à laisser tomber, du moins pas avant que je ne lui avoue ce qui me tracasse. Et de toutes façons, je suis toujours désarmée quand il me dévisage avec ses yeux de braise, ses yeux qui me rendent folle et à chaque fois plus amoureuse de lui.
Essayer de soutenir ces pupilles vermillon, c'est l'assurance pour moi de finir en jus de Kiri.
-Tu es sûr...?
-Oui, s'impatiente-t-il. Allez, dépêches !
-Bakugo... je sais que tu m'as déjà dit que tu m'aimes peu importe à quoi je ressemble... Mais...
Je marque une pause, le temps de porter mes ongles à mes lèvres pour les mordiller et trouver dans cette douleur superficielle un semblant de courage.
-... Mais tu es tellement plus... gentil quand je suis une fille... Je me sens incroyablement bien quand tu es si délicat avec moi et je... j'ai peur... j'ai peur que, quand tout redeviendra comme avant, tu arrêtes tout ça...
Son silence attentif me pousse à ajouter d'une voix montée dans les aigus :
-N-Ne pense pas que je n'apprécie plus ton agressivité et ta virilité, hein, c'est pas ça ! J-Juste que j-j'aimerais... un peu de tendresse de t-temps en temps... m-même en tant que garçon...
Il ne répond toujours pas, fermant lentement les yeux pour digérer ces infos. Je ne vous dis pas le soulagement quand il a posé sa tête sur mon épaule et embrassé ma main pour la frotter tendrement contre sa joue.
Ouf, il ne m'en veut pas de lui avoir balancé tout ça...
-Je ne savais pas vraiment quoi faire quand tu es devenu une nana, tête d'ortie... rester le même au risque que tu te sentes abandonné ou devenir doux mais que tu penses que je préfère ton corps de femme ? J'ai un peu essayé de concilier les deux, sauf qu'on dirait que je me suis planté en beauté.
Ses bras musclés m'enserrent dans une chaude étreinte, qui me permet d'écouter les battements de son cœur et de profiter encore plus de la portée rassurante de ses paroles.
-Maintenant que je sais ce que tu ressens... je vais tenter d'être un peu plus "Bakugo" quand t'es toujours une meuf, et un peu plus "soft" quand t'auras de nouveau un pénis. Si ça te rend heureuse, je le ferais...
Il conclut ses paroles par un bisou inquiet sur mon front. Alors qu'il me regardait, son visage entier semblait demander : "Est-ce que je l'ai rassurée ? Est-ce que maintenant elle se sent bien ?". Je lui souris tout doucement, et aussitôt son appréhension s'évanouit aussi vite qu'elle est apparue. Lentement, avec tendresse, nous finissons la soirée de longues et langoureuses étreintes.
J'ai été stupide de m'inquiéter pour ça. Bakugo, après tout, est bien plus compréhensif qu'il n'y parait au premier abord. J'ai de la chance de l'avoir...
(Ah, du fluff et un peu de drama, mais vraiment léger le drama... Faut dire que j'avais envie de refaire une petite scène de mise au point entre les deux tourtereaux, sans partir dans les grandes déchirures, les disputes inutiles, tout ça... De toutes façons, ça n'aurait pas collé avec le ton doux et humoristique de cette fanfic. En soit, l'histoire est presque terminée, alors il faut juste que je décide de quelle manière je vais la clôturer pour de bon. Disons dans ce cas que ce chapitre est une petite attente sucrée avant de finir en beauté !
Restez Ultra-Cool, mes petits Evoli !)
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