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– Ryuunosuke, je sais qu'on est tous fatigués, mais là je vois vraiment pas, annonça Atsushi, yeux plissés comme si ça allait le faire comprendre plus vite.
Lucy, qui était arrivée quelques minutes plus tôt après avoir fini de garder Kenji et Kyoka, acquiesça. Elle ajouta, moins délicatement que son ami :
– On ne peut pas faire de la spéculation, d'où tu vois qu'ils vivent ensemble ? marmonna-t-elle en roulant des yeux, aspirant bruyamment son thé à travers sa paille.
Intérieurement, Atsushi remercia son amie de sa franchise légendaire.
Akutagawa grogna, se massant le front. Est-ce qu'il commençait à halluciner ? Insomniaque, il était pourtant habitué au manque de sommeil, mais peut-être que son corps commençait finalement à le lâcher.
– Désolé, s'excusa Atsushi d'une toute petite voix en voyant ses épaules courbées.
Il lui frotta le dos avec compassion, sa main traçant des cercles apaisants entre ses omoplates, et Akutagawa se sentit un peu mieux.
Non, il n'était pas fou. Il avait vu quelque chose dans toute cette masse d'information, il s'en souvenait ! Les pièces du puzzle s'étaient assemblées dans son esprit et il avait eu l'impression que tout était soudainement clair.
Il fallait juste qu'il pense.
La main d'Atsushi le quitta alors qu'il essayait désespérément de stimuler ses neurones épuisés. Le jeune homme marcha jusqu'à leur mur de la tourmente, comme aimablement nommé par Tanizaki, et commença à suivre la laine rouge des doigts.
Gin roula de nouveau sous la table, décidée à ignorer leur situation désastreuse. Lucy continua à boire en faisant plus de bruit que nécessaire. Akutagawa commença à fouiller toutes les notes qu'il avait prises, certaines griffonnées à la hâte sur des post-its, d'autres au format digital sur son téléphone.
– Hum... Personne ne panique, mais j'ai peut-être quelque chose, s'éleva finalement la voix d'Atsushi, comme un rayon de soleil dispersant les nuages.
Gin fit l'effort d'ouvrir un œil. Les autres se redressèrent dans leurs sièges. Tanizaki leva même la tête de ses maquettes éditoriales -parce que, oui, la mise en page n'était toujours pas décidée.
– Dazai a dit plusieurs fois qu'il détestait les chiens, on est d'accord ? chercha à confirmer le jeune homme aux cheveux gris, une main dressée devant lui.
– Oui, c'est même pour ça que Nakahara a adopté Arahabaki, lui répondit Naomi avec flegme, visiblement peu intéressée.
Atsushi hocha la tête trois fois, recalant à plusieurs reprises une de ses mèches irrégulières derrière son oreille.
– C'est bien ce qui me semblait, murmura t-il, déglutissant avec difficulté. Il y a peu de chances pour qu'il ait adopté un Rottweiler identique, du coup, ajouta t-il ensuite en pointant une photo prise durant le confinement.
Dessus, le musicien était assis sur son canapé, des partitions étalées sur la table devant lui. À peine visible mais bien présent, à ses pieds, on pouvait voir un chien endormi. Le tapis et le canapé étaient noirs, et il était particulièrement facile de manquer l'animal si ce n'était pour la tâche fauve sur son front (d'autant plus que ce n'était clairement pas l'élément important de la photo, flouté, le focus se concentrant sur le chanteur).
Akutagawa frappa la table du poing.
– Le putain de papier peint ! s'écria t-il, légèrement frénétique.
Tous les yeux se tournèrent vers lui, alors qu'il envoyait valser une dizaine de notes griffonnées sur les post-its colorés de Kyoka. Un arc-en-ciel collant lui atterrit sur le t-shirt mais il n'y prêta pas attention.
Et puis il brandit lui aussi une capture d'écran d'interview, mais de Chuuya. Floutées, à l'arrière plan, des couleurs qui n'avaient rien à faire ensemble clashaient sur un mur. Ce n'était pas le genre de décoration d'intérieur qu'on voulait répliquer.
Pourtant, dans le coin gauche de l'image tenue par Atsushi, là encore à peine visible à moins qu'on regarde vraiment, le même motif s'étalait sur un des murs du salon de Dazai.
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