Chapitre 22
Une quinte de toux réveilla Henrik quelques heures plus tard. Épuisé, il s'était endormi sur le lit malgré l'odeur pestilentielle et le nid de poussière étalé sur les draps. Lorsque Siméon lui présenta sa gourde, le jeune homme but à petites gorgées jusqu'à faire cesser les picotements dans sa trachée. Il repoussa le bras du capitaine avec plus d'agressivité qu'il ne l'avait voulu et se redressa au bord du lit, époussetant son manteau d'une main lasse. Dormir lui avait permis de retrouver des forces, mais le sommeil n'avait malheureusement pas éradiqué l'angoisse qui le rongeait.
— Quelle heure est-il ? demanda-t-il d'une voix enrouée.
Siméon s'était rassis, tendu. Il ne jeta qu'un bref coup d'œil à sa montre à gousset.
— Un peu plus de treize heures.
— À votre tour de dormir, décréta Henrik. Je prends la relève.
Ses jambes craquèrent lorsqu'il se leva et la sensation le fit grimacer. Sur la table, il intercepta les pistolets de Siméon, plusieurs cartouches ainsi qu'un chiffon de nettoyage imbibé de poudre noire. Sa sacoche était ouverte, révélant un aperçu de quelques vêtements épars. À l'autre bout de la table, loin de tout ce désordre, une assiette composée de pain, de fromage et de viande séchée attendait d'être consommée. Affamé, Henrik la lorgna avec hésitation.
— C'est pour vous, clarifia Siméon.
Le jeune homme se servit sans un mot et mangea dans un silence qui n'avait rien de relaxant. Il lui fallait toute la volonté du monde pour ignorer le regard pénétrant de Siméon, qui le scrutait comme s'il essayait de deviner ses intentions.
— Henrik...
— Quoi ?
La sécheresse de son ton le désarçonna bien plus qu'elle n'affecta Siméon, mais Henrik ne s'en excusa pas. Il n'avait ni la force ni l'envie de prétendre que tout allait bien. Sa situation était déplorable et il ignorait quel sentiment prédominait dans son cœur meurtri. Était-ce la crainte de se retrouver face à Malva, sans connaître ses véritables intentions ? La peur de ce pouvoir logé en lui comme un parasite et dont il ne comprenait rien ? La colère et le chagrin de n'être qu'un pantin entre les mains de Siméon ?
Henrik engloutit sa bouchée de pain en esquissant un rictus blessé. Il régnait dans sa tête un tel désordre, et plus il essayait de faire le tri, plus l'angoisse grossissait dans sa poitrine.
— Vous avez le droit de m'en vouloir, expliqua Siméon. C'est moi qui vous ai mis dans cette situation et j'en suis sincèrement désolé. Mais vous devez essayer de comprendre...
— Je comprends, le coupa Henrik. Ne vous inquiétez pas. Je ne m'enfuirai pas et je vous aiderai à... enfin, je ferai ce que vous voulez.
Les ongles de Siméon grattèrent le bois de la table quand il replia ses phalanges. La reconnaissance éclaira ses iris, mais cette fois, Henrik ne resta pas sous l'orage, trouvant refuge dans la dégustation de son maigre repas.
— Merci, murmura Siméon.
— Au lieu de me remercier, vous devriez aller dormir.
Siméon fit mine de se lever, avant de se rasseoir en douceur.
— Si vous avez besoin de quoi que ce soit ou que...
— C'est bon, je ne suis pas un enfant à qui il faut tenir la main constamment, siffla Henrik. Je saurai me débrouiller pendant quelques heures. Et si un danger se présente, j'ai un pistolet juste ici. Vous vous êtes bien chargé de m'apprendre comment ça fonctionne.
Le silence qui s'abattit dans la pièce était aussi glacial qu'un vent d'hiver. Un nuage camoufla les minces rayons de soleil qui s'infiltraient par la fenêtre, emprisonnant les deux hommes dans la pénombre.
— Bien, souffla Siméon.
Contrairement à Henrik, qui s'était affalé comme une masse sur le matelas usé, Siméon prit soin d'épousseter les draps avant de s'allonger. Il tourna le dos à son complice et ordonna d'une voix blanche :
— Réveillez-moi dans deux heures.
Sans répondre, Henrik s'empara d'un pistolet, vérifia qu'il était chargé, puis s'engouffra à l'extérieur. La brise charriait dans son sillage les effluves entêtants du blé coupé provenant des cultures voisines. Cette odeur ancra Henrik dans un semblant de normalité qui le réconforta. Quand il était plus jeune, Aslak et lui avaient l'habitude d'apporter leur aide aux fermiers dans l'espoir d'un repas chaud ou d'un endroit où dormir. Il aurait pu, par la force des choses, échouer dans cet endroit et faire la connaissance de Siméon. Henrik se demanda s'ils se seraient appréciés.
Dans un monde plus facile, peut-être qu'ils auraient été amis. Peut-être qu'il lui aurait montré ses cicatrices et que Siméon n'aurait jamais créé cette carapace autour de lui. Le cœur lourd, Henrik se perdit dans des rêveries absurdes jusqu'à ce que le hennissement des chevaux l'interpelle. Il s'approcha de la grange à pas feutrés, l'arme en main, et se glissa dans l'entrée avec prudence.
Il ne vit rien d'anormal. Les chevaux se régalaient de paille fraîche, débarrassés de leurs selles que Siméon avait posées sur un établi en bois. Henrik rangea son arme dans un soupir de soulagement et entama un tour de la propriété. Les champs semblaient abandonnés depuis plusieurs années, comme en témoignait l'abondance de végétation. À l'ombre d'une cabane à outils, un amas d'herbes hautes bloquait l'accès à une pierre tombale vierge de toute inscription. Le jeune homme ne s'y attarda qu'un bref instant. Il dépassa les dernières cultures en friche avant d'entreprendre la rude montée d'un chemin gravillonné. À son sommet, Henrik fut accueilli par la vue plongeante d'un grand lac aux eaux cristallines, drapées dans un manteau de diamants. Bordant le rivage, des arbres au feuillage fourni veillaient à la sérénité de ce panorama unique.
« Il y avait ce chemin en pente qui descendait vers un lac. »
Un pincement étira le cœur d'Henrik. Il imagina Siméon à l'âge de quinze ans, sur le point de dévaler cette route à la seule force de ses jambes retrouvées. Il était presque en mesure de saisir la pulsion qui l'avait poussé à cet acte, le sentiment de liberté qui l'avait étreint à cet instant crucial de sa vie. C'était un sentiment puissant, primitif, au-delà de toute cohérence. Un sentiment auquel Henrik faillit lui-même succomber, pour la simple envie de faire le vide pendant quelques minutes.
Il s'obligea pourtant à faire demi-tour. Siméon était seul, endormi, et il ne s'était que trop éloigné de la maison. À son retour, Henrik puisa de l'eau dans le vieux puits situé derrière la grange. Il se décrassa et changea de chemise avant de retourner à l'intérieur.
Il ignorait combien de temps s'était écoulé, mais Siméon dormait toujours. Recroquevillé sur lui-même, il avait replié ses jambes au maximum et plaqué ses bras en croix contre sa poitrine. Cette posture étonnante lui donnait l'allure d'un enfant innocent, recherchant le contact de sa propre chaleur ou d'une étreinte interdite.
Ce fut cependant une tout autre pensée qui traversa l'esprit d'Henrik.
« Un Forlonn endormi recroqueville toujours ses pattes sous son thorax. C'est un réflexe défensif. »
Siméon avait été Forlonn plus de la moitié de sa vie. S'il parvenait magistralement à se fondre dans la masse, une partie de ses anciens gènes était encore active, quelque part en lui. Henrik baissa les yeux sur ses cicatrices dissimulées sous le tissu. Il commençait à croire que Fernand avait raison. Peut-être possédait-il un gène commun à ceux des Forlonn, une ressemblance génétique lui permettant d'interagir avec eux. Cette théorie lui semblait aussi intéressante qu'improbable, et si seule Malva détenait la réponse à ses interrogations, alors sa quête était d'ores et déjà vouée à l'échec.
Un gémissement éloigna soudain Henrik de ses sombres pensées. Les poings serrés, Siméon s'agitait imperceptiblement. Une grimace bordait la commissure de ses lèvres et ses sourcils se fronçaient par saccade, comme s'il luttait contre l'emprise d'un cauchemar. Lorsqu'une nouvelle plainte s'arracha de ses cordes vocales, Henrik quitta son siège de fortune et s'agenouilla près du lit. Toute son animosité s'était envolée, battue par l'inquiétude qui pulsait dans sa poitrine.
— Siméon, appela-t-il d'une voix douce.
Henrik suspendit sa main à quelques centimètres de son épaule, craignant les conséquences d'un contact direct. Les gémissements persistants du capitaine le firent changer d'avis. Sa présence fut acceptée, et contre toute attente, Siméon desserra son poing crispé pour s'emparer de sa main. Le cœur d'Henrik s'emballa sous la stupéfaction, mais il ne tenta pas de se dérober. Intrigué, il remarqua comme les muscles de Siméon se détendirent, déliés d'un poids invisible. Les traits de son visage se relâchèrent et sa bouche s'entrouvrit dans un soupir apaisé. Henrik fixa ses lèvres, fines, pâles, humectant les siennes sous l'impulsion d'un désir grandissant. Ses joues s'empourprèrent, et lorsqu'il sentit la chaleur ravir sa dignité, il retira sa main précipitamment et recula jusqu'au tabouret.
Un éclair de douleur fusa dans sa cage thoracique. Les seuls baisers qu'Henrik avait connus lui avaient été volés par des hommes rompus de plaisir, qui pensaient le récompenser après l'avoir violenté. Il n'avait jamais embrassé quelqu'un parce qu'il le désirait. La sensation était nouvelle à ses yeux, et elle aurait pu lui plaire si seulement Siméon n'en était pas l'instigateur.
Henrik se détourna de sa silhouette endormie. Il se haïssait d'être tombé sous son charme, d'éprouver pour lui un sentiment aussi beau que l'amour, alors que Siméon ne le considérait que comme un objet de valeur. Que se passerait-il si Henrik parvenait à remplir son rôle auprès des Forlonn ? Siméon le rejetterait-il avec froideur et indifférence ? Verraient-ils leur chemin se séparer ?
Henrik rumina ses questions, avachi contre la table, jusqu'au réveil du capitaine. Aucun mot ne fut échangé. Le jeune homme ne mentionna pas ce qui s'était passé pendant son sommeil et Siméon ne chercha pas à meubler le silence. Il s'installa en face d'Henrik et, par mesure de prudence, vérifia l'état de ses armes.
— Et maintenant ? s'enquit Henrik au bout de quelques minutes. Qu'est-ce qu'on fait ? Vous avez un plan ?
— Je pensais...
Siméon déglutit, ravalant son hésitation.
— Je pensais nous rendre directement dans l'Archipel, mais ce n'est plus une idée viable. Lady Malva nous a repérés, ce qui veut dire que les soldats sont à notre poursuite. Nous mettrions les Forlonn en danger en agissant de façon hâtive.
— Que voulez-vous dire ?
— Les premiers jours, la transformation nous plonge dans un état d'extrême vulnérabilité. Il m'a fallu du temps pour réussir à tenir sur mes jambes et des semaines entières pour apprendre à contrôler mes sens. Nos ennemis pourraient en profiter et les Forlonn ne seraient alors plus en mesure de se défendre.
Henrik hocha la tête. Ce raisonnement était sensé, sans compter qu'il ignorait comment se servir de son pouvoir. Siméon avait retrouvé une apparence humaine parce qu'il l'avait mordu. La clé du mystère coulait-elle dans ses veines ? Provenait-elle de son sang ? Si oui, comment pouvait-il le partager avec un Archipel entier ? Le duc Harold avait transformé ses ouvriers par le biais de la nourriture, mais Henrik doutait que ce procédé soit aussi simple à remettre en place.
— Qu'est-ce que vous suggérez ? poursuivit-il.
— Nous devons comprendre ce que cachent Lady Malva et sa famille, et les arrêter de toute urgence.
— Et comment allons-nous faire ça ? Aux dernières nouvelles, nous ne sommes que deux à connaître la vérité et je doute que ce chiffre nous aide à accomplir quoi que ce soit.
Henrik ne prononçait pas ces mots de gaieté de cœur, car l'idée d'impliquer d'autres personnes lui déplaisait, mais leurs options étaient limitées. Cette mission lui semblait déjà titanesque, mais seuls, elle devenait irréalisable.
— Est-ce que vous pensez que... que la capitaine Fedwin nous croirait ? demanda-t-il.
Siméon croisa les mains sous son menton, l'air songeur. Le pli entre ses yeux trahissait sa contrariété.
— Je l'ignore, avoua-t-il. J'ai confiance en elle, mais je ne peux pas répondre de sa loyauté. En outre, il serait plus sage que nous restions loin de l'Académie. Je pense que vous partagez mon avis.
Les visages de Fernand et Josefina se nichèrent dans l'esprit d'Henrik. Il ne les mettrait pas en danger en saccageant leurs certitudes. L'ignorance était encore leur meilleure arme.
— Anselme, bredouilla Henrik, soudain blême. C'est le fils d'un duc et il connaît personnellement Lady Malva. Vous pensez que... qu'il est au courant de quelque chose ?
— Sans preuve, il est difficile d'affirmer qui est complice de la Maison Jaune et qui ne l'est pas, raisonna Siméon. C'est pourquoi les autres duchés ne sont pas des alliés fiables. Nous avons besoin de quelqu'un qui n'a aucun lien avec l'Académie ni avec Lady Malva. Quelqu'un qui sera facile à convaincre.
La personne idéale se manifesta dans les pensées d'Henrik comme un éclair dans un ciel noir. Effleurant ses cicatrices du bout des doigts, il déclara :
— Je sais qui pourra nous aider. Nous devons aller à Satbury.
*
Désireux de préserver leur anonymat, Henrik et Siméon renoncèrent à la locomotive et cheminèrent le long des routes secondaires. Leur temps de trajet fut considérablement rallongé, mais cela leur donna l'avantage d'arriver à Satbury en début de matinée, tandis que les habitants sommeillaient encore. Les façades badigeonnées de vert rendaient les lieux austères, impression d'autant plus saisissante dans le centre où s'amassaient les demeures des nouveaux riches.
Aussi grande que Drek, capitale du duché, la ville abritait le siège de la Fondation Ducale des Transports ainsi qu'un musée consacré au développement du chemin de fer. Quand Henrik était petit, Viktor lui avait raconté que la première ligne ferroviaire avait été inaugurée à Satbury et ne reliait à l'époque que la ville de Ternas. De fil en aiguille, le succès des premières locomotives avait entraîné un accroissement fulgurant du réseau, si bien qu'en moins d'une décennie, celui-ci s'était étendu au royaume entier.
Peiné, Henrik baissa les yeux en apercevant les murs du musée de l'autre côté de la route. Viktor avait promis qu'ils le visiteraient ensemble quand il serait plus âgé ; Henrik avait grandi, mais son père n'était plus là pour l'accompagner.
— Éloignons-nous du boulevard, exigea Siméon.
Bien que les miliciens se fassent rares, chevaucher à découvert au milieu d'une artère fréquentée n'était pas sans risque. Henrik talonna son cheval et suivit le capitaine dans une rue annexe. À l'exception d'un fiacre à l'arrêt devant un trottoir et du feulement d'un chat sauvage, les lieux étaient calmes.
Les deux hommes en profitèrent pour gagner la côte, redoublant de vigilance à l'approche du quartier général des Localisateurs. Ils ignoraient si la nouvelle de leur fuite était parvenue jusqu'ici ; la prudence était de rigueur.
De l'extérieur, le bâtiment n'était qu'une immense construction rectangulaire, semblable à celui d'Arlès, mais son emplacement le rendait plus imposant encore. Situé sur une ancienne motte, au milieu d'une vaste plaine, il surplombait la plage au même titre que les tours de guet implantées le long de la côte. Sa façade d'un gris pâle dénotait sur le reste de la ville en informant les habitants de l'importance de son rôle. Les fenêtres surmontées d'arceaux et le clocher à son sommet conféraient à la bâtisse une allure médiévale. Henrik n'aurait pas été surpris d'apprendre qu'elle datait de l'époque du roi Lubban et avait été réhabilitée.
Par souci de discrétion, ils établirent leur poste de garde à l'entrée d'une ruelle donnant vue sur le quartier général. L'endroit ne payait pas de mine, mais les odeurs douteuses étaient en partie couvertes par les effluves marins et la senteur florale du linge propre suspendu sur des cordages au-dessus de leur tête. Mais surtout, il leur permettait d'avoir l'œil sur les allées et venues de ceux qui arpentaient la rue principale, dernière étape avant de fouler la plaine. D'après Siméon, les Localisateurs avaient coutume d'emprunter ce chemin pour se rendre au quartier général. Ils n'avaient plus qu'à patienter.
— Quelle heure est-il ? demanda Henrik, qui suivait des yeux le lever du soleil.
Siméon le dévisagea avec une pointe d'amusement.
— Un jour, je vous achèterai une montre à gousset.
Henrik fronça les sourcils, essayant de lire entre les lignes. N'était-ce qu'une simple plaisanterie ou Siméon prévoyait-il de rester dans sa vie même après...
Après quoi ? Leur sort était en suspens, leur avenir incertain. Henrik n'osait pas se projeter sur plus d'une journée. Il savait que leur destin pouvait basculer en une fraction de seconde.
— Quand j'étais capitaine sur le terrain, poursuivit Siméon, je prenais mon poste aux alentours de sept heures. Elle ne devrait plus tarder.
Leur cible se présenta dix minutes avant l'heure prévue. Elle progressait d'un pas confiant dans la foule de plus en plus dense, ses cheveux crépus formant une couronne de boucles éclatantes. Réflexe ou non, sa main n'était jamais loin du fourreau attaché à sa hanche, comme si elle se tenait prête à dégainer à tout moment.
Henrik tint compte de ce détail lorsqu'il s'aventura hors de sa cachette, Siméon sur les talons.
— Margaret.
La jeune femme ralentit, sur le qui-vive, avant de s'arrêter brusquement en reconnaissant Henrik. Déjà méfiant, son regard se durcit quand elle remarqua l'homme qui l'accompagnait.
— Lewis.
Pressentant une réaction violente, Henrik leva les mains en signe de paix.
— Est-ce qu'on peut vous parler ? C'est très important.
Margaret était réticente, comme le prouvaient son langage corporel et les regards qu'elle jetait de tous les côtés. Henrik ignorait ce qu'on lui avait raconté, mais cela avait suffi à la rendre vigilante. Siméon détecta avant lui sa reddition, car il déclara en désignant la ruelle d'un signe de tête :
— Par ici.
Ils se réfugièrent derrière les chevaux et Henrik vérifia par deux fois que personne ne les épiait.
— Vous avez cinq minutes, ordonna sèchement Margaret.
Aucun d'eux n'essaya de savoir ce qu'elle avait entendu à leur sujet. Leur temps était compté ; il devait le mettre à profit de la meilleure manière. Henrik détacha l'épaisse ceinture autour de sa taille, retira son manteau et le confia à Siméon. Puis, frissonnant sous les courants d'air, il souleva sa chemise jusqu'au menton.
Le regard de Margaret échoua exactement là où il l'avait prévu. Sidérée, ses lèvres s'écartèrent dans un souffle inaudible.
— C'est moi que vous avez sauvé il y a dix ans, expliqua Henrik. Je suis désolé de ne pas vous avoir attendue comme vous me l'aviez demandé.
— Pouvons-nous discuter dans un endroit privé ? intervint Siméon, solennel dans ses habits noirs.
Les doigts de Margaret effleurèrent la crosse de son pistolet. Du coin de l'œil, Henrik vit Siméon en faire de même, paré à riposter. Une sueur froide dévala sa colonne vertébrale. Si la jeune femme refusait de les aider, il ne savait pas où il trouverait d'autres alliés.
— S'il vous plaît, insista Henrik. Je promets de tout vous expliquer, mais vous devez nous faire confiance.
Margaret passa son regard de l'un à l'autre, puis laissa retomber son bras le long de son corps.
— Allons chez moi.
Fun Fact: en début d'année, quand j'étais en plein développement de cette histoire et notamment de l'intrigue principale, j'écoutais cette musique en boucle. Elle m'a accompagnée dans tout le processus de création et dans l'élaboration de certaines scènes. Quand je l'écoute aujourd'hui, je pense systématiquement à Henrik et Siméon, aux Forlonn et à l'Académie. Je pense que je m'en lasserai jamais <3
https://youtu.be/JlHsukQl1fg
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