Chapitre 19
Henrik entraîna Fernand et Josefina à l'étage en s'efforçant de taire sa culpabilité à l'égard de Noah et Mariella. Son prétexte : ses amis de l'auberge ne faisaient pas partie du même monde ; il ne voyait pas l'intérêt d'accaparer leur attention sur une affaire qui leur était totalement étrangère. Au fond, il lui était bien plus facile de se cacher derrière cette excuse minable que d'admettre sa crainte d'être jugé. Il redoutait suffisamment la réaction de Fernand et Josefina pour y ajouter deux paires d'yeux supplémentaires.
Sa chambre était restée comme dans son souvenir et l'absence de poussière lui prouva que le ménage était fait régulièrement. Les draps avaient même été changés, comme si quelqu'un vivait encore dans cette pièce étroite et lugubre. Un mois plus tôt, Henrik aurait mis la propreté des lieux sur le compte de son frère, pensant qu'il s'était enfin motivé à remplir sa part du travail. Il aurait fait ce qu'il faisait de mieux : lui trouver mille et une excuses. Mais Aslak n'était pas là. Il ne l'avait jamais été. Les livres qui trônaient sur la commode étaient en réalité les siens, un vestige des désirs qu'il avait attribués à son cadet.
— On... On peut changer de chambre, si tu préfères, suggéra Fernand, dont les yeux bleus brillaient de compassion.
— Non, refusa Henrik d'une voix enrouée. Ici, c'est très bien. Vous pouvez vous asseoir, si vous voulez.
Le jeune homme n'attendit pas qu'ils soient installés avant de leur tourner le dos. Il essuya ses paumes moites sur son pantalon et commença par retirer son gilet en velours, focalisant son attention sur la douceur de l'étoffe pour enterrer ses doutes au plus profond de lui. Sa chemise s'empressa de disparaître également et s'écrasa au sol dans un bruit mat. Henrik eut le réflexe idiot de cacher sa poitrine meurtrie d'un bras protecteur, pétri d'angoisse. La tiédeur de l'air ambiant, malgré l'approche de la saison estivale, noya sa peau sous une salve de frissons qui parvint à lui rafraîchir l'esprit. Il se raccrocha à l'idée que Siméon n'avait affiché aucune réaction malveillante à la découverte de ses cicatrices pour, enfin, se retourner.
Le regard de ses amis atterrit là où il s'y attendait, comme aimanté par le pouvoir de ses deux boursouflures à la surface blanche et lisse. Bouche bée, Fernand examinait sans ciller son plus ancien traumatisme, et à mesure que les secondes s'égrenaient, Henrik vit se dessiner sur ses traits la réalisation d'un mystère enfin dévoilé. L'expression de Josefina fut plus difficile à décrypter, car empreinte de nuances et de subtilités. Ses sourcils froncés pouvaient tout aussi bien indiquer de la contrariété que le plus vif intérêt, de la même façon que ses lèvres scellées étaient soit un témoignage de colère, soit une marque d'indifférence. Henrik regretta de ne pas la connaître assez bien pour établir un jugement.
— Le petit garçon que Margaret a sauvé ce jour-là... c'était moi. Je n'ai pas osé vous le dire avant parce que... parce que j'avais peur de votre réaction. J'avais peur que vous m'incitiez à en parler, alors que c'est la dernière chose que j'ai envie de faire.
Ces paroles suscitèrent l'incompréhension de Josefina, dont les sourcils se froncèrent davantage.
— Pourquoi ? Tu es un cas unique, exceptionnel ! Tu pourrais aider la recherche.
— Tu vois, tu parles de moi comme d'un cas, lui reprocha Henrik, comme si j'étais bon à devenir une étude scientifique et rien d'autre.
— Ce n'est pas ce que je pense et tu le sais très bien, s'agaça Josefina. Ce que j'essaie de dire, c'est qu'il y a quelque chose en toi capable de combattre le venin des Forlonn. Réfléchis-y cinq minutes, au lieu de ne penser qu'à toi. Les médecins compétents pourraient trouver de quoi il s'agit et s'en servir pour développer un remède. Tu pourrais aider tellement de gens si tu le voulais.
— Ce ne sont que des hypothèses. Rien ne garantit que ça fonctionnera.
— Ne te sers pas de cette excuse pour couvrir ta lâcheté, cingla Josefina en se levant d'un bond.
— Ma lâcheté ? s'écria Henrik, les yeux écarquillés. Qu'est-ce que tu veux dire par là ? Vas-y, développe ta pensée !
À bout de nerfs, Fernand s'extirpa du matelas sur lequel il était assis et s'interposa entre Henrik et Josefina, qui s'étaient rapprochés dangereusement.
— Ça suffit ! Non mais vous vous entendez parler ? On dirait que vous êtes sur le point de vous insulter, ou pire, d'en venir aux mains. Les amis ne font pas ça. Pas les miens, en tout cas. Alors, s'il vous plaît, calmez-vous et essayez de parler gentiment.
Sourde aux conseils de Fernand, Josefina s'emmura dans le silence avant de se planter devant la fenêtre en croisant les bras. Henrik enfila sa chemise à la hâte, soudain gêné de sa nudité, et s'appuya contre la commode qui grinça sous son poids. Des larmes de frustration dévalèrent ses joues blêmes et il se mordit la langue pour retenir un juron. Il n'en voulait pas à Josefina pour ses reproches qu'il estimait en partie mérités. Il aurait pu partager son expérience avec le corps médical, se mettre au service du bien commun et s'approprier l'espoir de milliers de personnes, mais il avait préféré se terrer dans son confort personnel et ignorer toutes les possibilités. Il ne tirait aucune fierté de cette décision égoïste, sans pour autant parvenir à la regretter.
Calmé, Henrik renifla bruyamment et tamponna ses yeux humides de sa manche froissée. Quand il écarta la main, il remarqua que Josefina l'observait avec une pointe de remords.
— Écoute, Henrik...
— Non, tu as raison, concéda-t-il. On ne m'a jamais aidé quand je vivais dans la rue, alors je ne voyais pas pourquoi j'aurais dû le faire pour les autres. J'avais... J'avais tellement d'autres préoccupations en tête. J'étais terrifié par ce qui m'arrivait et je...
— C'est bon, arrête de te justifier, l'interrompit son amie, radoucie. Je ne peux pas dire que j'accepte tes arguments, mais je les comprends. Seulement, il faut que tu essaies de me comprendre en retour.
Josefina engloutit de sa démarche légère les quelques pas qui les séparaient. Sous le regard vigilant de Fernand, qui les surveillait avec l'attention d'un père, elle se glissa silencieusement à côté d'Henrik.
— Ma mère est morte à cause de ces créatures. C'était une Localisatrice hors pair, une femme incroyable, et ils l'ont tuée sans aucune pitié. Ma sœur a été humiliée pendant des années parce qu'elle n'avait aucune preuve pour se défendre. Tout ceci ne serait peut-être pas arrivé si tu avais...
Josefina ravala ses mots comme si elle craignait de provoquer une nouvelle querelle. Mal à l'aise, Henrik effleura son bras dans une piètre tentative d'excuse.
— Je suis désolé. Sincèrement. Ce n'est pas... ce n'est pas ce que je voulais.
— Je le sais bien, et ce serait mesquin de ma part de t'en tenir responsable. Mais j'aimerais que tu prennes conscience de l'importance que ça représente. Tu as survécu à une morsure de Forlonn, Henrik. C'est loin d'être anodin. Et oui, ce n'est qu'une hypothèse, mais tu pourrais aider la science. Grâce à toi, nous aurions peut-être une chance de vaincre les Forlonn.
Josefina rêvait en grand, elle voyait en lui le sauveur qu'il se refusait à être. Celui qu'il n'était pas prêt à être. Mais avait-il vraiment le choix quand il possédait le pouvoir de changer les choses ?
— Je vais y réfléchir. Je te le promets. Mais de ton côté, tu dois me jurer de n'en parler à personne. Pas même à ta sœur.
— Elle a le droit de savoir.
— Josefina, s'il te plaît, insista Henrik. Je t'ai dit la vérité parce que j'ai confiance en toi. Laisse-moi le temps d'y penser.
La jeune femme pointa un index menaçant sur son ami.
— Jusqu'à la fin de la formation. Si à ce moment-là, tu refuses toujours de dire la vérité à ma sœur, c'est moi qui m'en chargerai.
Ce n'était pas la solution idéale, mais le délai paraissait raisonnable à Henrik. Soulagé d'avoir trouvé un terrain d'entente, il offrit sa paume ouverte à Josefina, qui la serra fermement.
— C'est bon, vous n'avez plus envie de vous entretuer ? plaisanta Fernand.
Henrik esquissa un sourire amusé ; il en avait presque oublié la présence de son binôme.
— Et toi, alors ? Tu n'as rien à dire ?
Il n'était pas certain de pouvoir encaisser de nouveaux reproches, mais il ne sortirait pas de cette chambre sans connaître l'avis de Fernand.
— Je rejoins Josefina sur le fait que tu devrais en parler à quelqu'un. Je comprends que cette responsabilité t'effraie, mais elle ne concerne pas que toi. Personnellement, si j'avais la possibilité d'apporter mon aide, je le ferais.
— Je passe vraiment pour un lâche, n'est-ce pas ?
Henrik devina sans la voir que Josefina levait les yeux au ciel. C'était sa marque de fabrique lorsqu'elle faisait mine d'être agacée.
— D'accord, j'y suis peut-être allée un peu fort, reconnut-elle.
— Il y a surtout une question que je me pose, renchérit Fernand, mais je ne sais pas si tu accepteras d'y répondre. Ce qui serait tout à fait normal, je comprendrais tes réticences...
— Crache le morceau, Fernand, l'encouragea Henrik avec douceur.
— Je me demandais... Que faisais-tu sur la plage ? Comment t'es-tu retrouvé là-bas ?
La question ne désarma Henrik en aucune façon ; il s'était attendu à la recevoir et s'était préparé à y répondre. Ainsi, pendant les minutes qui suivirent, dressa-t-il un résumé de son enfance et des raisons qui l'avaient poussé à s'introduire sur une plage infestée de Forlonn et de Localisateurs. Son sevrage lui ayant rendu la plupart de ses souvenirs, il se rappelait certains détails glaçants que son esprit avait occultés et notamment le cri désespéré d'un jeune soldat à la recherche de sa binôme prénommée Rose. Il se souvenait des cris, des cadavres, des détonations, des flaques de sang dans lesquelles piétinaient des bottes paniquées, couvertes de sable.
— Je comprends mieux ton malaise du mois dernier, songea Fernand. Ça n'a pas dû être évident de te retrouver face à cette marionnette.
— Siméon m'a aidé à vaincre ma peur, avoua Henrik. Je ne dirais pas que c'est toujours facile, mais ça va mieux.
— Ah oui. Siméon.
Fernand glissa en direction de Josefina un regard malicieux qu'Henrik prit soin d'ignorer. Leur petit jeu l'amusait désormais plus qu'il ne s'en offusquait. Malgré tout, il ne put s'empêcher de penser au capitaine resté à Drek. Comment occupait-il ses journées en dehors des cours ? Préparait-il ses prochaines leçons ? S'entraînait-il dans une arène, seul, à l'abri du monde ? Siméon lui apparaissait comme une âme solitaire, un homme triste et farouche qui peinait à tisser des liens réels. Volontairement ou non, il érigeait un mur entre son entourage et lui, et Henrik avait parfois l'impression d'être le seul capable de le franchir, pour autant que Siméon accepte de le laisser faire.
« Vous n'êtes pas prêt à l'entendre », lui avait-il dit la semaine précédente.
Ces propos l'obsédaient, mais Henrik respectait leur mystère. Tant que Siméon ne se renfermait pas complètement, l'abandonnant à ses questions et le privant de cet apaisement qu'il ressentait en sa présence, il attendrait tout le temps nécessaire.
*
Les jours passèrent, signant la dernière ligne droite avant la grande épreuve. Henrik employa tout son temps libre à s'entraîner et pallier ses lacunes du mieux qu'il put. Fernand et Josefina se joignirent à lui lors d'une séance nocturne, et leur soutien autant que leur détermination le poussèrent à donner le meilleur de lui-même. Hélas, Henrik avait douloureusement conscience que ses efforts acharnés ne suffiraient sans doute pas pour rivaliser avec le niveau de certains élèves, notamment le binôme musclé que formaient Anselme et Josefina.
À cinq jours de l'épreuve, Henrik se rendit au réfectoire pour prendre son petit-déjeuner en se réjouissant que son calvaire prenne fin. En effet, Siméon devait annoncer les heureux vainqueurs au début du prochain cours. L'impatience n'empêcha pas le stress de se blottir au creux de ses entrailles et ce fut sans grand enthousiasme qu'Henrik sélectionna ses mets favoris. Il retrouva Fernand et Josefina à une table libre, tous deux plongés dans une dégustation silencieuse. Les babillages incessants auxquels Henrik était habitué avaient cédé la place à une forme d'inquiétude qui emplissait le réfectoire. Les rares mots échangés entre les candidats se résumaient à des murmures hachés qui leur permettaient presque d'entendre les oiseaux chanter derrière les fenêtres étincelantes.
De ce fait, l'arrivée d'Anselme ne passa pas inaperçue. Après avoir déposé son plateau dans un tintement de couverts exaspérant, sa chaise racla sur le carrelage et il s'y assit avec une grâce indigne de son rang.
— Je peux ?
— Fais comme chez toi, ricana Henrik.
Ce n'était que le deuxième repas d'Anselme à leur table. La première fois qu'il avait pris l'initiative de les rejoindre, il avait passé dix minutes à fixer son assiette, dix autres à tenter d'établir un début de conversation sans bégayer et les dix dernières à parler stratégie avec Josefina.
— Tu as l'air serein, fit remarquer sa binôme.
— Je le suis, affirma Anselme, imperturbable. Je pense que nous occupons tous une bonne place. Et quand bien même nous ne serions pas sélectionnés cette fois-ci, il reste encore deux sessions. Rien n'est perdu.
Pour Anselme, peut-être. Mais Henrik ne pouvait pas en dire autant. Il appréhendait la réaction d'Amara Holbe à l'annonce de son classement. Quelle place était-il censé obtenir pour satisfaire ses désirs ?
— Tes frères seront là ? demanda Henrik.
Anselme se rembrunit, enfournant un morceau de raisin dans sa bouche avec agacement.
— Comme tous les héritiers des quatre duchés, marmonna-t-il platement, à l'exception de Lady Kloé et de Lady Katelyn de la Maison Bleue. Elles n'ont que douze ans et, à ma connaissance, elles ne possèdent pas le don de Localisation. Leurs parents n'accepteront jamais qu'elles se déplacent aussi loin pour un spectacle dont elles ne pourront pas profiter.
— Sais-tu quels héritiers ont le don ? s'informa Josefina.
— Lady Eugénie de la Maison Verte, et mon frère, Alexander de la Maison Rouge.
À partir des livres de Siméon, Henrik déduisit les noms qui manquaient à l'appel, ceux que la nature avait privés de cet étrange pouvoir : Lord Albert, deuxième fils de la Maison Rouge et frère d'Anselme ; Lord Edouard, frère aîné d'Eugénie et Lady Malva, fille unique de la Maison Jaune.
— Les autres seront-ils là aussi ? s'enquit Fernand, sceptique.
Henrik devina aisément la conclusion à laquelle il était parvenu. Sans le don de Localisation, quel plaisir pouvait-on retirer à observer des gens combattre dans le vide ? Anselme délaissa son quignon de pain d'un geste las, mais ses yeux pétillaient quand il déclara :
— Eugénie jouera le rôle d'interprète pour Malva. C'est une sorte de rituel qu'elles ont mis en place il y a quelques années. Son frère sera là uniquement pour la chaperonner et représenter le duché auprès de l'Académie. Quant au mien, il écoutera sûrement les commentaires d'Alexander en ruminant son infâme jalousie.
— Tu n'as pas l'air d'apprécier beaucoup tes frères, souligna Josefina avec toujours plus de perspicacité.
Anselme décocha une œillade discrète à Henrik, comme pour l'inciter à garder sa langue dans sa poche. De toute évidence, son hostilité envers Albert et Alexander avait un lien étroit avec le décès de sa mère, sujet qu'il semblait réticent à aborder de nouveau.
— C'est une longue histoire, reconnut Anselme. Disons simplement que nous sommes loin de former une fratrie idéale.
Josefina comprit le message et concentra son attention à engloutir le reste de son petit-déjeuner. Sensible au changement d'atmosphère, Fernand s'empressa de rediriger la conversation :
— Toi qui as déjà assisté à l'épreuve, peux-tu...
— Je n'y ai pas assisté, le coupa Anselme. On me l'a proposé, mais comme je nourrissais la volonté d'intégrer l'Académie tôt ou tard, j'ai refusé. Je ne souhaitais pas user de mes privilèges plus que je ne l'avais déjà fait.
— Que veux-tu dire ?
— En tant que fils d'un duc, j'ai été initié très jeune à l'escrime et au maniement des armes à feu. Je ne partais pas de rien en arrivant ici.
Anselme était en réalité bien plus humble qu'il ne l'avait laissé paraître de prime abord. Il ne s'était jamais plaint d'un quelconque manque de confort et n'avait jamais cherché à rabaisser les autres. Au contraire, il s'était efforcé de s'intégrer en se pliant au jugement impartial de ses supérieurs. Henrik était soulagé qu'ils aient pu enterrer la hache de guerre et plus encore de l'entente qu'ils partageaient désormais.
Une heure plus tard, affalé derrière son pupitre, le jeune homme guettait l'arrivée imminente de Siméon. L'anxiété cognait à tout rompre dans sa cage thoracique et il dut prendre sur lui pour résister à l'envie de se ronger les ongles. Maintenant qu'ils avaient repoussé, il ne voulait pas retomber dans ses vieux travers.
Le capitaine fit son entrée à huit heures tapantes, emmitouflé dans une redingote qui lui ceignait parfaitement la taille et qui dissimulait le haut de ses cuisses musclées. Henrik força son regard à changer de trajectoire lorsque Siméon déposa ses effets sur son bureau. Il plongea dans ses yeux gris avec le sentiment délectable de retrouver la douceur d'un foyer. Les battements de son cœur se calmèrent instantanément.
— Bonjour à tous, débuta Siméon, sa diction toujours aussi impeccable. Comme vous l'attendez tous, le moment est venu de vous révéler le nom du binôme qui représentera la classe samedi prochain.
Siméon ne s'embarrassa pas d'une mise en scène absurde, dans laquelle il aurait laissé planer un silence insoutenable ou il se serait muni d'un document distinctif. À la place, il redressa le menton, croisa les mains derrière le dos, puis annonça d'une voix claire et limpide :
— Félicitations à Lord Anselme de la Maison Rouge et à mademoiselle Josefina Mercier pour leur brillante qualification.
À cette annonce succéda une salve d'applaudissements, à laquelle Henrik se joignit par automatisme en camouflant au mieux sa déception. Le sourire triomphant de Josefina lui mit toutefois du baume au cœur. Certes, il était peiné et frustré d'avoir raté sa chance, mais son amie méritait cette place tout autant qu'Anselme. À sa gauche, le regard flamboyant de détermination que lui lança Fernand acheva de le consoler. Ils avaient donné le meilleur d'eux-mêmes, et c'était ça le plus important. La prochaine fois, ils ne laisseraient pas la victoire leur filer entre les doigts.
— Je m'adresse à tout le monde en saluant les progrès que vous avez faits, renchérit Siméon. Vos performances au cours des dernières compétitions ont prouvé que vous étiez capables de vous surpasser. Vous pouvez être fier de vos accomplissements.
Henrik resta de marbre face à ce beau discours destiné à réconforter les perdants. Il ne serait fier qu'après avoir consulté ses notes et sa place dans le classement, lequel serait affiché en soirée dans le hall du château.
Afin d'éviter les ruminations et s'assurer de la concentration générale, Siméon avait préparé une interrogation portant sur toutes les connaissances évoquées depuis le début de la formation : l'anatomie des Forlonn ; leur mode de vie ; leur environnement ; les différents types de toiles, et bien d'autres détails qui forcèrent Henrik à creuser sa mémoire. À la fin du cours, il eut la nette impression que sa tête allait exploser. Il avait presque atteint la sortie, soulagé de pouvoir s'octroyer une pause, quand Siméon l'apostropha.
L'assurance tranquille et familière qui l'habitait deux heures plus tôt s'était envolée. Henrik se retrouva devant un homme aux lèvres pincées, aux épaules crispées et au regard soucieux, voilé d'une ombre indéfinissable. Cette image lui fendit le cœur sans qu'il en comprenne la raison.
— Il y a un problème ?
Siméon jeta un coup d'œil à la porte close.
— Vous n'avez pas oublié que j'ai des choses à vous dire, n'est-ce pas ?
— Non.
— Je pense que...
Son souffle trembla légèrement, suspendu dans l'air dans une hésitation angoissée.
— Je pense qu'il est temps de vous mettre au courant. Venez me voir à la fin de l'épreuve et je vous dirai tout.
Hello hello ~ J'espère que ce chapitre vous a plu autant que les précédents. Nous arrivons bientôt à un tournant de l'histoire et autant vous dire que j'ai très très hâte d'y être !
Plein de bisous <3
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