Day 3 ~ Monochromatic
Traduction : Monochromatique (oui oui je sais ça vous avance beaucoup :')) définition : Qui ne contient qu'une fréquence ou une longueur d'onde déterminée (Se dit d'une lumière, ou peut aussi être employé pour une œuvre artistique composée d'une seule couleur.)
Donc~ ceci est mon jour le plus court et celui pour lequel j'ai eu le plus de mal. J'avais fait un premier jet qui ne me satisfaisait absolument pas, donc ceci est la deuxième version. Plus courte mais plus logique~
Bonne lecture!
PS (oui j'aime bien les PS parce que c'est stylé de placer du latin comme ça et qu'avec un peu de chance si je blablate suffisamment ici je rattraperai tout de même mon objectif de mot non atteint pour ce jour :')) : Comprenez vous maintenant ce que représente la cover? ~
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Chuuya arpentait les rues désertes de la ville. Il faisait nuit, mais la lune brillait haut dans le ciel, éclairant les pas du jeune capitaine. Le vent soufflait doucement, faisant bruisser les arbres qui avaient mystérieusement poussés au milieu de cet océan goudronneux.
Il était seul. Encore une fois. Cela se produisait souvent, depuis que son ancien partenaire avait tiré sa révérence. Et même s'il ne l'admettrait pas, ça lui manquait tout de même d'avoir de la compagnie.
Même si c'était pour se chamailler ou se moquer continuellement de sa taille, au moins cela permettait de se changer un peu les idées.
D'autant que sa présence dans ces ruelles sombres à cette heure si tardive n'était pas seulement due au hasard. Il avait une mission à accomplir, et pas des plus tendres.
Le rouquin n'aimait pas vraiment ce genre de mission. S'il en avait l'occasion, il ne tuait pas ses victimes. Non pas par sentimentalisme ou autre, simplement il n'en voyait pas la raison profonde.
Mais aujourd'hui, il n'avait pas le choix. Et ce n'était pas seulement une vie qu'il allait devoir faucher, mais facilement une bonne dizaine. Mori disait que c'était pour l'exemple. Qu'il fallait les châtier à juste titre pour avoir joué trop longtemps et trop près du feu.
Aussi Chuuya allait-il accomplir sa mission, sans état d'âme ou autre. Juste un tueur de l'effrayante mafia portuaire comme tant d'autre. Il approchait du bâtiment en question. L'avantage, lorsqu'il s'agissait d'une mission d'assassinat, c'est qu'il n'y avait jamais d'autre rapport à faire que de ramener les corps.
Une aura rouge illumina soudain la nuit, transformant brièvement la couleur un peu laiteuse apportée par la lune en couleur rouge sang. Puis ce fut terminé. La nuit reprit sa couleur naturelle blafarde et le calme du vent faisant simplement frémir les feuilles revint. Sans cris, sans trop de douleur. Il n'était pas nécessaire de torturer.
Le rouquin rentra faire son rapport brièvement au Boss -il avait détruit les corps, donc il ne pouvait plus les présenter. C'était le mauvais côté de son pouvoir. Trop destructeur.
Puis il erra encore un peu dans les rues, avant de se rendre dans un bar et de boire un peu trop. Il s'énerva encore contre ce crétin de Dazai, qui l'avait lâchement abandonné dans les ténèbres de la mafia sans le moindre remord.
Tous savaient à quoi ils s'exposaient en atterrissant dans cette organisation au nom tristement célèbre. Il n'y avait pas de place pour des couleurs autre que le noir d'encre. Si l'on comparait la ville de Yokohama à la mer, on aurait pu sans aucune hésitation comparer la mafia à un paquebot rempli de gasoil, qui aurait échoué en pleine mer, et contaminerait tout de son liquide noirâtre s'écoulant, épais et visqueux, de tout côté.
Le fond comme la surface de la mer étaient recouverts petit à petit, insidieusement, de cette couleur monochrome d'une tristesse et d'un désespoir infini. Toutes les recrues de la mafia pouvaient être considérées comme des poissons se faisant surprendre par cette invasion, ou encore des oiseaux ayant le malheur de se poser sur cette surface noire dans l'espoir de pêcher, pour leur survie souvent car cela pouvait s'étendre sur des kilomètres et des kilomètres, et qui ne pourraient jamais reprendre leur envol car atteint par cette noirceur jusque dans les tréfonds de leur plumage.
Il était impossible de se désenliser une fois pris dedans, on y mourait, seul, dans l'ombre et les ténèbres. On pouvait seulement se débattre pour garder la tête à l'air libre, respirer encore tant qu'on le pouvait. Et même si ces oiseaux avaient la chance de s'en sortir, leur plumage empoisonné finissait par les tuer à petit feu. Comme la mafia traquait les déserteurs jusqu'à ce qu'il ne reste plus la moindre trace de leur existence.
Et pourtant, quelqu'un avait réussi à s'échapper de ce bourbier. Et c'était cette même personne qui y avait entraîné le rouquin à sa suite autrefois. Car si la mafia était celle qui empoisonnait l'eau, l'agence des détectives armés était probablement celle qui avait l'effet inverse.
Celle qui sauvait les animaux marins et oiseaux du liquide mortel avant qu'ils ne meurent. Celle qui débarrassait leur plumage et les relâchait ensuite. Chuuya était pourtant persuadé qu'arrivé un moment, lorsque l'on ne vivait que dans cette obscurité, elle finissait par faire partie intégrante de vous. Par vous engloutir tout entier, aspirant toutes les autres couleurs de votre âme.
Il pensait qu'il était déjà trop tard pour Dazai. Et il s'était trompé. Cela le frustrait plus qu'il ne voulait l'admettre. Lui ne pourrait jamais partir. Il était déjà bien trop enlisé. Il avait tué trop d'innocents, encore ce soir. Et il continuerait. Le pire étant peut-être qu'après tant de temps, il ne ressente absolument plus rien à cette idée.
Il enviait le suicidaire pour pouvoir désormais exister en pleine lumière, sans se brûler, juste vivre et non survivre. Il le haïssait pour l'avoir entraîné dans ce monde qu'il n'aurait jamais dû connaitre. Enfin, étant donné ses antécédents, rien n'était moins sûr, il ne savait pas ce qu'il serait devenu, avec le dieu furieux en lui. Mais c'était plus simple de le penser.
Et pourtant, par réel esprit de contradiction, il lui manquait également. Dans cette noirceur permanente, et même s'il avait toujours affirmé le contraire, les piques et les taquineries du brun avaient souvent été ce qui l'avait empêché de sombrer totalement. Une sorte de corde à laquelle il pouvait se raccrocher.
Tout comme son pouvoir l'avait empêché de se faire totalement happer par l'entité divine qui l'habitait. Ils étaient censés être fait de la même noirceur, après tant de temps à se côtoyer dans un lieu dépourvu de couleur autre que celle de la mort, ainsi qu'à se soutenir mutuellement pour ne pas couler à pic.
Alors pourquoi ? Désormais, il ne pourrait plus jamais se côtoyer. Ils avaient des antécédents similaires, mais la fréquence avait été changée. Ils n'appartenaient plus au même monde, mais bien à deux univers que tout opposait.
Dazai, lui, ne regrettait absolument pas son départ. Il n'avait jamais su faire la part des choses entre ce qui était juste ou non, ce qui était mal ou bien, ce qui était blanc ou noir. Difficile lorsque l'on tente soi-même de se supprimer.
Aussi l'univers de la mafia ne l'avait jamais dérangé outre mesure. Il sentait, quelque part, qu'il s'enlisait aussi, comme tout le monde. Mais il n'avait jamais lutté, et cela lui avait été égal.
Car c'était ce qu'il avait toujours connu. Cette noirceur monochrome avait bercé son enfance, et il se savait entouré de gens semblables en tout point à son cas.
Puis il avait rencontré Chuuya, qui à l'époque baignait encore dans la lumière. Cela l'avait probablement aveuglé, et il l'avait entraîné avec lui dans ses ténèbres. Comme tous les autres avant lui, il avait sombré. Mais c'était différent, car lui semblait toujours lutter. Ils s'étaient tout deux un peu hissé mutuellement, s'enlisant peut-être moins vite que les autres grâce à ce partenariat.
Puis le suicidaire avait rencontré Oda, qui était devenu son meilleur ami. Personne ne savait trop comment, mais cet homme avait réussi à intriguer plus que de raison le brun. Il était capable d'avancer dans ce monde de noirceur sans pour autant s'y perdre, et même mieux, il parvenait encore à briller de sa propre lueur.
Ces rencontres avaient changé petit à petit Dazai. Il était devenu une nuance un petit peu moins sombre.
Puis Mori, n'appréciant probablement pas cette lueur trop aveuglante dans son petit monde de ténèbres, avait fait en sorte qu'elle s'éteigne. Ce n'était que ce jour là que le brun avait réussi, pour la première fois, à faire la part des choses entre le bien et le mal. Grâce aux dernières paroles que lui avait offertes son ami, avant de succomber dans ses bras.
Il avait trouvé une nouvelle voie, et avait réussi à gagner un éclat neuf, qu'il n'avait jamais eu avant, grâce à l'Agence des Détectives qui l'avait accueilli, comme beaucoup d'autres causes perdues.
Il n'aurait pourtant autrefois jamais ne serait-ce que penser pouvoir se tenir en plein jour sans se brûler. C'était, comme l'avait autrefois dit Oda, beaucoup plus agréable que ce qu'il n'avait imaginé.
Pourtant, même s'il ne regrettait pas, il avait des remords. Beaucoup même. Celui d'avoir laissé derrière lui celui qu'il avait entraîné de force à sa suite. Il n'était pourtant pas du genre sentimental, mais cela lui faisait de la peine pour son ancien coéquipier.
Car s'il n'avait pas rencontré ce dernier, alors peut-être qu'il serait encore à la lumière, tandis que lui n'aurait pas quitté la mafia. C'est seulement maintenant qu'il se rendait compte que cette limace avait été la première à le faire réellement changer.
Mais il était trop tard désormais. Même s'il y avait peut-être toujours une petite lueur d'espoir quelque part, rien n'était moins sûr.
Après quatre ans sans jamais s'être revus ou même parlé, Chuuya avait eu la surprise de découvrir son ancien partenaire dans les cachots de la mafia. Il avait d'abord pensé, lorsqu'il en avait entendu parler, qu'il était peut-être revenu pour à nouveau s'y enliser. Mais, lorsqu'il s'était retrouvé face à lui, il avait alors compris. Il ne s'enliserait plus jamais.
Il brillait désormais d'une lueur trop forte pour être de nouveau entachée, malgré que cette lueur ne soit pas immaculée. Il volait désormais librement au-dessus de l'océan noirci de la mafia, tandis qu'il contemplait tous ceux qu'il avait laissé derrière rester à jamais coincés dans ce bourbier.
Et pourtant, il cherchait toujours à mettre fin à ses jours, comme s'il ne voyait pas la chance qu'il avait de pouvoir recommencer une nouvelle vie !
Ils n'avaient désormais plus rien en commun, si ce n'était leur sombre passé. Ils ne pourraient jamais retravailler ensemble. C'est ce qu'avait pensé ce jour-là le rouquin.
Pourtant, il s'était trompé. Car quelques semaines plus tard, alors que la guilde avait lancé la première salve offensive et que la ville avait été mise à feu et à sang, il avait dû retravailler avec ce crétin suicidaire.
La mission consistait à sauver Kyusaku Yumeno, détenu par la guilde, et dont le pouvoir avait causé d'innombrables ravages en plein cœur de Yokohama. Il était membre de la mafia depuis tout petit, et, à l'image de celle-ci, très destructeur.
Cela n'avait pas enchanté Chuuya. Mais alors vraiment pas. Devoir aider celui qui le narguait, celui qui était responsable de sa situation. De plus, il était persuadé que leur duo, qui fonctionnait en telle symbiose autrefois, ne pourrait plus jamais remarcher comme avant. A cause du fait qu'ils étaient diamétralement différents désormais, même s'il semblait encore leur être resté une certaine confiance mutuelle et inexplicable. Pour lui, ce n'était pas suffisant.
Et pourtant, malgré toutes ces nouvelles différences, malgré tout ce qui les opposait désormais, leur duo semblait même être allé jusqu'à se renforcer. Ils étaient encore plus puissants qu'autrefois, car il ne brillait plus de la seule couleur noire happant tout sur son passage de la mafia.
Chacun apportait à l'autre, les couleurs se mélangeant parfaitement, pour au final donner une nouvelle couleur monochrome éclatante, ni trop lumineuse, ni trop sombre, entre le blanc et le noir. Une couleur qui leur était propre, et qui était également signe d'espoir. Rien n'était perdu, rien n'était définitif. Ils pourraient encore avancer côte à côte, juste d'une manière différente, peut-être même plus épurée qu'autrefois.
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