Le Ruban Blancs


Les mots que je couche sur ce papier ne formeront pas tout à fait une histoire d''amour, ni une épopée dramatique. Ils ne vont pas raconter l'histoire d'une fille démunie qui rencontre un riche prince ténébreux. éperdument amoureux d'elle pour on-ne-sait-quelle-raison. Et la fin n'est pas celle que l'on se plaît tous à croire.

A dix-neuf années, je portais toujours échancrée sur mon crâne, le ruban blanc du célibat. Par cette couleur virginale, j'exprimais en silence ma pureté. Toutes les jeunes filles célibataires du pays du Feu portaient dans leur chevelure cette trace immaculée.. Pour les autres. Les épouses. ; les lois patriarcales imposaient un chignon orné de bois si l'on était paysanne, ou de jade, d'or ou de corail si l'on avait l'immense chance d'appartenir à l'aristocratie ou à la bourgeoisie. Pourtant, moi, je ne souhaitais ni le ruban de la pucelle, ni la coiffure de la matrone. Mes vœux les plus chers allaient à mes cheveux que je pourrais un jour, porter librement et sauvagement le long de mon dos et contre mes frêles épaules.

A l'époque, je vivais en dehors de la cité, après les bois, au pied de la montagne avec ma tante et sa belle-sœur. Le veuvage de la première ne lui imposait rien en terme de tenue. Ni tissu blanc, ni coiffe décorée.. En un certain sens, la mort de son époux – aussi triste soit-elle, l'avait rendu libre aux yeux de la société. Et je l'enviais terriblement. La seconde devait encore porter au creux de ses mèches noires et raides, le ruban des vierges.. Depuis le deuil de son frère, elle ne se vêtait que d'un noir absolu. Comment dire ? J'ai vécu dans la nature – loin des clameurs de la capitale, depuis ma naissance.. L'essentiel n'est pas mon enfance. Peut-être que j'aurais l'occasion d'y revenir brièvement, mais ce n'était pas le plus important.

Le basculement. C'était quand ces putains de shinobis à la solde de l'empereur avaient débarqué dans notre havre de paix, un soir d'hiver. Shizune avait terminé de rentrer les cochons dans leur enclos et moi, je balayais la cour devant la maison. Ils s'étaient ramenés porteurs d'un ordre impérial de la plus haute importance, parés de leur ridicule masque d'animaux. Les lanternes qui pendaient aux murs du petit domaine éclairaient à peine leur stature. Ce fut Shizune qui, sous mes yeux ronds, s'était agenouillée devant le capitaine de l'escouade. Je serrai les dents et crispai mes doigts autour du manche de mon balai. La loi imposait cette posture humiliante pour recevoir un ordre venant du palais. Elle tendit ses mains, paumes ouvertes et le ninja lui remit le rouleau sacré.

« -L'empereur est souffrant. Il exige que Tsunade soit à son chevet cette nuit. » résuma-t-il d'un ton neutre. « Nous sommes là pour l'escorter, allez la chercher. »

Shizune se redressa à la hâte et traça vers le bâtiment. Après un dernier regard assassin vers les guerriers, je m'empressai de la suivre. Ses yeux n'étaient d'un gouffre d'inquiétude. Dans le salon, échouée au sol, ivre morte, Tsunade-sama était loin de commencer à décuver. Oh. C'était récurrent cette soif de saké , depuis le décès de son cher fiancé. En général, sa belle-soeur l'accompagnait pour la descente sur terre. Qu'allaient-elles dire aux shinobis dehors ? Nous regardâmes l'ordre impérial, puis nous nous observâmes longuement. Et je vis naître une idée derrière l'oeil vitreux de Shizune. Oh non. Non, il en était hors de question !

« -Sakura-san ! » s'exclamait-elle désespérée alors que je claquais la porte de ma chambre. « Que veux-tu que l'on fasse d'autres ? Le palais nous ferait exécuter !

-NON. »

Je ne mettrais pas un orteil dans la cité impériale de Konoha, et encore moins dans le château de l'empereur. On racontait que des servantes y disparaissaient souvent -dans d'obscures conditions évidemment. Sinon, ce ne serait pas drôle.

« -Tu es. sa. disciple ! » martela la brune, excédée.

« -Toi aussi, Shizune-senpai.

-Mais tu me surpasses. Je t'en prie. C'est un ordre impérial. »

J'ouvris lentement la porte et tendit une main agacée. Qu'on en finisse. Elle y déposa le rouleau au sceau de l'empereur. Un simple éventail bicolore : noir et rouge. Cet insigne me fila une trouille pas possible. Les doigts noueux de Shizune se resserrèrent sur mon épaule, dans une étreinte presque maternelle. J'avais la gerbe. Cette envie de vomir me prenait aux tripes.

« -Il suffit simplement de soigner l'empereur, » souffla-t-elle.

« -Oui, si simple que ça. Tellement simple qu'aucun médecin-ninja de sa Majesté (et j'appuyais sur le mot avec ironie) n'a réussi à y parvenir. Qu'il faut faire appel à la légendaire Tsunade. Qu'on lui fiche la paix !

-Tu en seras capable.

-Shizune-senpai. Tu m'envoies droit dans la gueule du loup. Le palais est dangereux, persiflai-je, un peu mauvaise.

-Tu es plus forte que ça, trancha-t-elle et ce ton sonna comme une condamnation. »

Dehors, les voix graves des ninjas exprimèrent leur impatience. Bientôt, ils débarqueraient ici et constateraient l'incapacité de Tsunade. Il fallait éviter ce drame. Le rouleau se tordit sous la pression de mes phalanges blêmes. Shizune s'occupera parfaitement de ma maîtresse, elle avait l'habitude de lui apporter les soins post-guinguette. Je me dépêchai de fourrer les instruments traînant dans la maison bordélique à l'intérieur d'une mallette. Par précaution, je pris également des médicaments, des herbes, des potions. On parlait de l'empereur, pas du fermier d'à côté. Non, pas de manuel : je passerai pour une débutante. Mon apparence ? Pfff, quelle importance ? La discrétion était la meilleure carte à jouer lorsqu'on voulait survivre dans un environnement aussi cruel que la cour impériale. Inutile de chercher à attirer l'attention. Je m'apprêtai à sortir, puis un élan d'affection me précipita vers cette chère tante Tsunade. Je m'agenouillai à côté d'elle et lui baisa la joue. Elle puait l'alcool fermenté, et n'était clairement pas présentable. L'introduire à l'empereur dans cet état signerait son arrêt de mort.

« -C'est quoi ça ?

-La disciple de Tsunade-sama. Cette dernière est absente. Elle effectue un voyage au pays des Vagues.

-Quoi ? Répéta le capitaine, contrarié.

-C'est votre seule chance de guérir l'empereur, Messieurs. Sakura Haruno est un médecin hors paire, la seule disciple de la légendaire Tsunade. »

Au son des premiers oiseaux du matin, alors que la nuit ne s'était pas encore effacée, les ninjas se mirent à discuter entre eux, à voix basse. Ils n'étaient pas d'accord. Beaucoup craignait des représailles si l'on m'apportait à la place de Tsunade. D'autres prenaient le parti que ne rien apporter serait pire. Le chef du groupe décida en faveur de la seconde opinion. Et on m'escorta. Aucun de ces gentlemen ne se proposa pour porter mes affaires encombrantes.

⸙ ⸙ ⸙

A cette heure-ci, la capitale toute entière s'éveillait sous la clameur des marchands ambulants, ou des coqs dont la fiente peinturaient la plupart des toits du bas-quartier. C'était de bon goût cette tuile caca d'oie, ironisai-je. Autour de moi, les shinobis créaient une barrière impénétrable. Je n'apercevais le paysage urbain qu'entre deux épaules, deux masques, deux torses. J'entendais les rares passants s'écarter en murmurant, impressionnés de voir l'élite.

« -Dans combien de temps arriverons-nous ? L'aube est déjà arrivée depuis une heure. Un médecin fatigué de donnera guère de résultats concluants. »

Et une partie de moi-même bouillait de lassitude : Bordel ! J'ai mal aux pieds ! Portez au moins mes affaires, putain de shinobis !. Au passage, cette partie de moi n'aurait jamais accès à mes cordes vocales.

« -Nous arrivons, » me répondit le capitaine, « Vous ne serez pas introduite tout de suite auprès de sa Majesté. Nous devons vous faire passer les tests de sécurité. »

Super.

Nous fîmes halte devant l'esplanade du palais. Ce dernier était entouré de murailles conséquentes et prenait en superficie un tiers de la ville. Des centaines de personnes y vivaient, le double y travaillait. Les gardes nous laissèrent passer les portes interdites et ce fut la découverte émerveillée du jardin extérieur, si bien soigné et agencé. La plupart des membres de mon escorte se dispersèrent dès cette étape franchie. Et je désespérais de plus en plus qu'on vienne me proposer une aide quelconque concernant mon bagage outrageusement lourd.

« -Je prends la relève, merci Yamato-taïchou. » nous surprit une voix.

Derrière notre dos. Charmant comme première approche. Je me retournerai vivement pour voir un jeune shinobi qui ôtait son masque de tigre.

« -Sai. » s'inclina doucement le capitaine. « Si tu le veux. »

Et Yamato prit congé. Enchantée, Yamato-taichou. Un au revoir peut-être ? Nous venons de marcher deux heures ensemble sans s'échanger un mot, ce serait la moindre des choses ? Bref. Un goujat de plus. Soudain, mon bras s'allégea du poids de mes mallettes médicales. Je découvris, les yeux écarquillés, que Sai, illustre inconnu de mon répertoire social, avait pris la délicatesse de m'en soulager. Il avait un sourire figé, glacé et faux – comme ceux des portraits en peinture.

« -Je pensais la légendaire Tsunade bien plus belle, » déclara-t-il sans cesser de sourire.

Et non, je n'avais pas rêvé, ses prunelles aussi noires que de l'encre s'étaient figées sur ma poitrine.

« -Et plus en formes. » rajouta-t-il.

Je l'imaginais bien ce « s » à formes, qui indiquait qu'on parlait clairement de courbes.

« -Je suis Sakura Haruno, sa disciple et sa nièce. » claquai-je, vexée.

Et hyper envieuse à l'évocation de la poitrine plantureuse de mon maître. Pourquoi un homme à la carnation si pâle et au cheveux si plats et gras, devait me rappeler mon absence totale de relief mammaire ?

« -Enchanté, Sakura-san. Je suis Sai. Je vais vous escorter jusqu'au château. »

Le ton de sa voix était comme tout le reste chez lui : en papier. Sans émotion, blanche, neutre, vide. Mais au moins, il portait mes valises. Sans ce poids inconvenant, la courte ballade dans les jardins m'émerveilla davantage. Je reconnus des plantes rares, difficilement trouvables – même à l'état sauvage, dans la montagne. Et pourtant ici, elles étaient dressées à pousser en rang, toutes coupées au centimètre près. Tout cela pour plaire au regard impérial.

« -De quoi souffre l'empereur ? » osai-je, alors que nous entrions dans le bâtiment principal après avoir escaladé une volée de marches.

« -Sa Majesté a un petit souci. Je suis sûr que vous en viendrez vite à bout, si vous êtes celle que prétendez.

-Sa vie est-elle en danger ? »

Il marqua une pause et tourna son profil harmonieux et terne vers moi. Nos prunelles se croisèrent quelques secondes. Et je crus apercevoir une lueur allumer sa figure pâle.

« -Pas au sens propre. Ah, voici Anko-san. »

Ce fut de cette manière que je fus présenter à Anko. Autant m'y habituer. Cette femme d'une trentaine d'années avait....plus de poitrine que moi, également. Désolée, c'était une fixette. Et elle prenait bien soin de la mettre en valeur dans un haut à la pudeur discutable.

« -Où est Tsunade ?! S'écria-t-elle en me voyant.

-Mon maître est absent, déclarai-je, je la remplace.

-Quoi ?! Et l'ordre impérial ? Sa Majesté va être furieuse...Sai...bordel. T'es nul. Et tu risques de crever sous la colère de l'empereur.

-Il n'aura visiblement pas le choix s'il veut être soigné, m'imposai-je. Maintenant que j'étais bien enfoncée dans le gosier du loup, autant me tailler une place. Je suis la seule capable de rivaliser avec Tsunade-sama. »

Sai sembla approuver en silence, et elle n'eut pas le choix. J'eus enfin droit au discours de bienvenue.

« -Vous ausculterez sa Majesté en présence de son garde impérial. Vous ne devez jamais être seule avec l'empereur. Interdiction de pratiquer votre auscultation sans gants. Vous ne devrez toucher l'empereur uniquement au visage et aux yeux. Est-ce clair ? Tout ce que vous lui donnerez comme traitement, devra être au préalable administré à son garde impérial.

-Quand va-t-on me dire de quoi il souffre ?! »

Shannaro ! Les explications qu'on venait de me donner étaient inutiles dans l'établissement de mon futur diagnostic. J'avais crié. Non. Hurlé. Le poing brandi. Le grand pavillon dans lequel nous nous trouvions vit le temps s'arrêter quand les échos furieux de ma voix s'échouèrent aux oreilles des rares présents. Anko fronça les sourcils et me pointa du doigt.

« -Surveille ton ton avec moi ! Nous t'escortons jusqu'à l'empereur, tu le sauras assez vite. »

⸙ ⸙ ⸙

Cet endroit : le palais impérial, était une cité miniature. Il y avait le jardin extérieur par lequel j'avais accédé au premier Pavillon qui composait cet ensemble de bâtiments traditionnels harmonieux. Puis il existait les jardins de l'Est, majestueux et privés. Seuls quelques privilégiés en avaient l'accès. Enfin, le reste n'était que des autres pavillons plus ou moins grands, en fonction de leur utilité et de qui ou quoi ils abritaient. Logique, non ?

Je patientais depuis des heures (merci pour le « tu le sauras assez vite ») dans une pièce où l'encens me piquait les yeux. Il y avait un autel dédié aux Ancêtres, et des offrandes avaient été généreusement apportées : des oranges, des fleurs, du saké. Soupir. J'étais lasse, posée nonchalamment sur le fauteuil que l'on m'avait indiqué, faisant semblant de m'intéresser à la décoration très épurée.

« -Sa Majesté arrive ! »

Sursaut. Appréhension. Vraiment ? Qui avait crié ainsi ? Les lourdes portes s'ouvrirent, et ce fut le branle-bas de combat. Plusieurs shinobis en armure, une petite suite de dignitaires, un comité de courtisanes. Tous, absolument tous, tenaient à voir la légendaire Tsunade. Et le souverain, dans tout ça ? Où est-il ? Je m'étais redressée davantage par curiosité que convenance, me mettant sur la pointe des pieds dans l'espoir de faire la rencontre de mon patient. L'assemblée se sépara en deux avec une discipline effarante, et j'étais au centre de leur attention et de la grande salle. On ne disait rien, car l'empereur était là, en face de moi. Comment avait-il fait ? A son apparition, tous s'inclinèrent. Je me sentis contrainte d'imiter l'étiquette. Mes mallettes patientaient à mes pieds et je sentis le regard intrigué de l'homme se poser dessus.

Je n'avais même pas eu le temps de le décrire. Et on se redressait quand, en fait ? Derrière le rideau de quelques mèches rosées, le spectacle de ses sandales foncées. Il paraissait solidement ancré dans le sol, comme un roc.

« -Donne-moi ton nom.

-Sakura Haruno. »

Dis-moi de me relever, c'est désagréable d'entamer une conversation l'échine courbée.

« -Donc tu n'es pas Tsunade. Mon ordre n'a pas été suivi. »

Evidemment que je ne suis PAS la légendaire Tsunade. J'ai une petite poitrine, des cheveux pâles et colorés, un grand front, je porte encore du rose sur moi. Toutefois, le timbre de sa voix avait quelque chose d'apaisant et de...paternel ? Aucune colère n'était venue ébranler la solidité de ses paroles.

« -Que tout le monde sorte, » ordonna-t-il.

Un claquement de porte plus tard, et de nombreux murmures indignés après : « Relève-toi ». Délivrance. J'aurais aimé décrire la rencontre de nos yeux, leur étonnement, la puissance des émotions échangées en une seule œillade, mais les siens étaient bandés, maculé d'un peu de sang frais.

« -Est-ce douloureux ? » demandai-je. Conscience professionnelle obligeait. Il portait un kimono noir. C'était cliché, mais la faute à ses goûts vestimentaires. Il avait sur lui tous les emblèmes de la royauté, et demeurait pourtant d'une simplicité étonnante. Je remarquai sa peau blanche et ses cheveux charbons assez courts.

« -Parfois. » répondit-il en s'asseyant sur l'un des sièges. Puisqu'il ne pouvait pas me voir, je voulus en faire de même, mais une présence près des portes m'en dissuada. C'était, sans aucun doute, le garde impérial dont on me parlait. Coincé dans une armure grise, un large chapeau de paille retombant sur le haut de son visage m'empêchait de discerner clairement ses traits. Je supposais que j'aurais droit aux présentations « à l'arrache » avec lui, un peu plus tard.

« -De quoi souffrez-vous, exactement ?

-Votre voix me paraît un peu autoritaire, dit-il, mécontent.

-C'est la voix d'un docteur, Votre Majesté. Il y a des heures, j'étais votre sujet, et vous mon souverain. Désormais, je suis votre médecin et vous mon patient. Le temps de votre traitement, nous allons nouer une relation tout autre que celle de dominant et dominé, déclamai-je, accroupie près de ma mallette.

-Mes yeux souffrent d'une utilisation abusive de chakra. »

Sans le vouloir, les miens dérivèrent vers le symbole de l'éventail brodé sur son kimono somptueux. Un frisson m'immobilisa un court instant et je déglutis. Undôjutsu. Le sharingan que possédaient de rares membres du clan auquel appartenait l'actuelle famille impériale.

« -Il me faut plus d'informations que ça.

-Il faudra vous contenter de cela, pourtant, décida-t-il sèchement.

-Bien. Vous pouvez retirer votre bandage que je vois l'étendue des dégâts. »

Il claqua des doigts vers son garde personnel. Et pendant que ce dernier jouait les infirmières, je plongeai mes mains dans mes affaires pour enfiler des gants. Le temps de me redresser et ma vision fut happée par les prunelles ensanglantées de l'empereur. Un réflexe me fit attraper des compresses que je vins appliquer la où le sang coulait.

« -Vous, maintenez ces compresses sous son oeil, » indiquai-je au shinobi.

Shosen jutsu, ou la technique de la paume mystique. C'était la base. Si elle me permit de guérir les lésions oculaires superficielles, elle m'aida surtout à comprendre la blessure et son origine. Le nerf optique était salement endommagé. Malgré mon excellent contrôle du chakra, cette zone était bien trop sensible pour que je m'y risque avec ce soin. L'opération était à envisager.

« -Il va falloir opérer. Et traiter en profondeur ensuite. C'est urgent. Vous risquez de perdre définitivement la vue et toute possibilité d'user de votre...Kekkei Genkai.

-C'est ce que les médic-nin m'ont déjà indiqué. Comme ils m'ont parlé du risque de cette opération.

-Même Tsunade-sama ne pourrait pas enlever l'élément « risque » de l'équation. Que préférez-vous ? Attendre d'être aveugle, ou vous soignez au risque de l'être ? »

Accroupie de nouveau, je fermai ma valisette et retirai mes gants. Constatant l'absence de Sai, je me doutais bien que j'aurais encore à les porter d'un bout à l'autre du palais. Misère.

« -Tu dormiras dans la chambre de la future impératrice, avec elle. Tu auras droit à tout le matériel nécessaire, il te suffira de l'exiger à Anko. Tu n'échoueras pas, parce que tu ne voudrais pas que tes yeux connaissent le même sort que les miens. »

Je n'avais jamais eu un consentement de patient aussi poétique, romantique et éclairé.

« -Laisse-nous désormais. »

◊◊◊

J'admirais le ruban blanc couler entre mes doigts fébriles. Bientôt, je ne serai plus une jeune fille célibataire. Je brûlerai cette pièce d'innocence et aurai droit à la coiffure sophistiquée des épouses. Je deviendrai impératrice. Je devrai marcher dans les couloirs en craignant qu'une courtisane me plante un poignard dans le dos. Je devrai manger ma nourriture en craignant qu'une des nombreuses concubines de mon illustre futur époux m'empoisonne. Je devais me résigner à ce triste sort. J'étais presque certaine que mon prétendu fiancé ne connaissait même pas mon identité. Je ne l'avais jamais croisé. Il n'avait pas eu la possibilité de voir ma figure. Peut-être m'imaginait-il laide ?

On le disait malade. Jusque quel point ? Aurais-je la chance de me retrouver veuve rapidement ? Non. Je serai une proie encore plus vulnérable. Pour l'une des dernières fois, je nouais mon tissu blanc à ma chevelure tressée. Combien d'autres fois pourrais-je effectuer ce geste avant mes noces ?

La précédente impératrice, la mère de l'actuel empereur avait régné sept jours avant d'être assassinée. Celle d'avant, d'une précédente dynastique, n'avait pas tenu neuf mois. Le but du jeu ? Avoir un héritier avant de voir sa mort arriver. Les règles pouvaient-elles être brisées ?

Je ne mourrai pas, car j'avais un avantage sur elles toutes.

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