Le Pavillon des Impératrices.
J'étais perdue, morte de faim et complètement démembrée à force de porter mes bagages. « Laisse-nous désormais. » Très bien, mais je dois aller par où ?! Shannaro ! Tous les pavillons se ressemblaient à mes yeux, et leur agencement intérieur n'aidait en rien. Pour me faciliter la tâche, aucune trace d'Anko, de Sai ou de Yamato-taichou. Aucune âme qui vive. A croire que tout le palais s'était donné le mot. Même pas un garde pour me surveiller. J'allais déclarer forfait lorsque se détachèrent deux silhouettes à ma droite. Ils venaient de sortir d'une pièce adjacente. C'était ma chance. Je pressais le pas afin d'intercepter leur trajectoire et m'inclinai brièvement devant eux, les joues rosies par ma courte course.
Ils formaient un duo atypique face à moi. L'un avec sa caboche grosse comme un melon, et l'autre avec des airs plutôt constipés. Je décidai de me tourner vers le melon, fruit que j'adorais. Je n'avais jamais vu un jeune homme d'une telle blondeur, ou rarement. Il me fit un sourire qui fit éclater ses yeux d'un bleu profond et cette lueur espiègle me bouleversa. Dans cet endroit si froid, si grand, sans chaleur – il apparaissait aussi éblouissant qu'un rayon de soleil.
« -Salut ! » me lança-t-il un peu fort, d'ailleurs. « On ne t'a jamais vu ici ! »
Je fronçai les sourcils en constatant le tutoiement familier. A régler plus tard.
« -Non. Je...suis perdue, à vrai dire, je cherche les appartements de l'impératrice. Comme vous le voyez, je suis plutôt chargée. » Et s'ils ne comprenaient pas tous les deux que j'avais besoin d'un peu d'aide, j'irais directement en sens inverse – trouver la sortie et me barrer d'ici. Sans rire, cette urgence virait à la tragédie.
« -Qu'est-ce c'est ? Interrogea le partenaire du blondinet, sans même un salut. Un moment, je finirais bien par ne plus relever ce genre d'introduction. Après avoir levé les yeux au ciel, en guise d'agacement et également de réflexion, je répondis :
« -Des seringues, des médicaments, des compresses, un stéthoscope, des instruments chirurgicaux, quelques herbes, mh...des bandages, des pansements, des onguents, des gants médicaux du matériel de stérilisation...du...
-Ca va, ca va, me coupa-t-il en dardant ses prunelles onyx dans les miennes. Son regard glacial me perturba quelques secondes. Perdues au centre d'un visage de porcelaine, pâle et lisse, ses pupilles ténébreuses avaient quelque chose de terriblement tranchant.
-Tu es médecin ?! Renchérit l'autre.
-Oui, la disciple de Tsunade-sama. Je viens soigner l'empereur. »
Ils échangèrent un coup d'oeil perplexe. Je vis le brun serrer le poing, jusqu'à s'en blanchir les phalanges. Et contre mes mains, un contact chaleureux s'était créé. Les doigts du blond enjoué étaient venus rejoindre les miens pour me soulager des anses de ma mallette. Il était penché sur moi, les traits graves et il ne ressemblait plus du tout à un melon. Je déglutis doucement.
« -Je vais t'accompagner. décida-t-il d'un ton bien plus posé que précédemment.
-Bien, merci, répondis-je sans savoir la raison soudaine de cette atmosphère si lourde. Visiblement, on n'évoquait pas la personne de l'empereur à la légère.
-C'est par là. »
Je me mis à le suivre, non sans m'incliner une dernière fois devant son compagnon en guise d'adieu poli. Ils étaient tous les deux vêtus d'une armure riche en ornements. Leur statut de shinobi s'alliait avec un rang plus noble.
« -Il va s'en sortir ? »
Mes jambes refusèrent d'aller plus loin. La question m'avait arrêté dans mon élan, et la voix de l'inconnu ténébreux s'était heurtée froidement à mon dos. Parlait-il de l'empereur ? Evidemment. Mes lèvres articulèrent un son, mais mon corps ne bougea pas d'un centimètre :
« -Oui. Je ferai le nécessaire pour. Sayonnara. »
∞ ∞ ∞
« -Ne pleurez pas, je vous en prie. »
C'était pourtant au-dessus de mes forces. J'avais subi énormément de tragédies – comme le décès de ma mère, d'humiliations (dont ce mariage planifié avec un cadet de famille, fut-il le prince de la famille impériale) et de malheurs. Cette union annoncée avait jeté un froid sur le clan entier. Les miens m'observaient désormais avec dédain et ne courbaient plus que l'échine en gardant le front haut pour mieux ausculter mes défaillances. Je n'avais pas été assez digne, ni assez belle pour l'empereur lui-même qu'on m'offrit à son petit frère, sans mon consentement. Les doyens avaient prononcé leur décision et elle était irrévocable. Mon existence entière avait été vouée à me préparer au rôle d'impératrice, que je n'aurais sans doute jamais.
« -Ce n'est rien, Tenten-san, mes yeux sont fatigués, soupirai-je en sanglotant discrètement.
-Sasuke shinnô* n'est pas un...si mauvais parti que cela... » tenta-t-elle de me réconforter.
Ce fut un échec cuisant, car mes pleurs redoublèrent d'ardeur. A travers un voile de larmes, je la vis baisser sa figure désolée. Elle m'aida à me redresser et arrangea les coutures de mon kimono avec des gestes précis, minutieux, experts.
« -Votre union ne se fera pas avant celle de l'empereur, Hinata-sama, » expliqua-t-elle dans un sourire doux. « Et visiblement, les préparatifs ont déjà pris beaucoup de retard à cause de sa maladie. »
Progressivement, je séchais mes joues et opinai du chef. Le destin. Je ne devais plus le subir. Viendrait un jour où je me dresserai sur ma propre route. Sur celle-ci, on me tendait la main. La personne à qui appartenait cette main avait une chevelure irradiante comme la lumière du soleil et des yeux rieurs teintés de la couleur du ciel. Il m'invitait à ne pas abandonner et sa paume serait douce et rassurante. Je me sentirais en sécurité.
« -Mais un médecin est arrivé ce matin, visiblement. »
La voix de ma servante me tira brusquement de mes rêveries. Mon cœur battait désormais la chamade. Un étranger, au palais ? Cela n'était plus arrivé depuis des dizaines d'années. Le château s'était muré dans un silence interdit, complètement coupé du peuple et du pays.
« -J'aimerais le rencontrer,
-Pourquoi ?! S'exclama Tenten, choquée par une telle idée.
-Pour qu'il me raconte, comment est l'extérieur !
-J'peux bien vous le dire moi ! S'indigna-t-elle.
-Tu ne vas jamais plus loin que le marché. Et je connais déjà tes histoires sur les denrées qu'on y trouve. Et puis...tu es... »
En voyant son regard s'assombrir, je n'insistai pas et arrêtai ma tirade. En effet, elle n'avait guère envie que je lui rappelle qu'à chacune de ses sorties, elle était escortée par un shinobi du palais et se trouvait dans l'incapacité d'explorer la cité impériale comme bon lui semblait. C'était le lot de tous les habitants du palais. Au moins, avait-elle la chance de sentir l'odeur des rues et leur effervescence. L'ambiance devait trancher avec celle si silencieuse du château.
« -J'aimerais être libre, aussi » souffla-t-elle en terminant de parer mon cou gracile d'un collier de jade.
-Où va-t-il résider ? Interrogeai-je, impatiente et curieuse.
-Elle. C'est une femme et la rumeur court que l'empereur lui a ordonné de prendre quartiers dans la chambre d'Ino-sama. »
Aïe. La compagnie de ma rivale, celle qui aura eu tous les honneurs en gagnant l'intérêt de l'empereur, n'était pas la plus recherchée en ces lieux. Je plaignais d'avance cette pauvre doctoresse.
« -Pourquoi cette chambre-là ?
-L'empereur est intelligent. Les appartements de sa fiancée sont surveillés et sécurisés. Son médecin ne risque rien dans cette prison dorée. On en sort difficilement et il est impossible d'y entrer. D'ailleurs, Ino-sama n'a pas de servante par mesure de précaution.
-Elle doit se sentir bien seule...soufflai-je, prise d'une compassion coupable que Tenten s'empressa de refréner en me sermonnant à nouveau.
-Pensez-y, Hinata-sama. Vous l'avez échappé de peu. Et puis, ne soyez pas si tendre avec votre rivale. Une fois qu'elle sera impératrice, sa solitude sera le cadet de ses soucis. Concentrez-vous plutôt sur vos fiançailles»
Mon soupir se fit discret. Il échappa à mes lèvres colorées. Dans un coin de miroir, j'aperçus le reflet immaculé du ruban qui épousait ma tresse.Un frisson me parcourut l'échine. Bientôt, mon futur époux l'ôtera de ma chevelure et après la nuit de noces, je devrais le brûler. Les larmes revinrent bientôt et ma fidèle servante leva les bras, désespérée par mes pleurs.
‡‡‡
Durant tout notre trajet, j'essayais de garder en mémoire la configuration des lieux. Il marchait vite, et mes mallettes semblaient ne rien peser au bout de ses bras ballants. Nous traversâmes plusieurs pavillons, des ponts au-dessus de jardins privatifs et d'autres bâtiments. J'avais un mal fou à me représenter une carte des lieux. Tout était imbriqué, et ne s'ouvrait qu'aux yeux de rares initiés. Je me demandais si ce n'était pas là, un habile système de sécurité pour empêcher les fuites, et perdre les étrangers. Le château avait dû être conçu en ce sens – sans doute, parmi d'autres utilitées
Devant deux immenses portes rouges ornées de figures animales, dont plusieurs dragons à la gueule béantes et des carpes au corps montant, le jeuneshinobi s'arrêta.
« -J'peux pas aller plus loin, dattebayo. C'est le pavillon des Impératrices. .. Mais pour sûr, tu trouveras ses appartements là-dedans. »
Il déposa mes affaires au sol et se tourna vers moi. De nouveau, sa figure avait des airs de melon et d'ahuri tandis qu'il me scrutait. J'avais l'impression désagréable qu'il essayait de me dire quelque chose, mais se retenait.
« -Il n'y a pas de gardes ? » demandai-je.
« -Si ! » fit-il en haussant les épaules. « Il y en partout, mais ils savent se faire discret. C'est bizarre hein ? Tu as le sentiment d'être seule, et au final, ils te tombent dessus si tu fais une connerie. Non, mais j'te dis ça parce que ça m'est déjà arrivé quand j'ai refait le portrait d'une statue de l'empereur. Ils m'ont pas loupé.
-Ah bon... »
Ca ne m'intéressait pas. Mais disons que la moindre des choses était de l'écouter, en guise de remerciement. En réalité, j'étais fatiguée et je souhaitais me reposer.
« -En fait ! reprit-il très fort, ce qui me fit sursauter. Je m'appelle Naruto Uzumaki ! Et toi, c'est quoi ton nom ?!
-Sakura...Haruno, je....suis médecin.
-Eh bien Sakura-chan ! »
Je butais une nouvelle fois sur le « chan ». Il était temps de mettre un terme à ces familiarités ridicules et dénuées de sens, mais il fut plus rapide et enchaîna rapidement :
« -Un jour, ça sera moi que tu soigneras en tant qu'empereur ! » affirma-t-il en se pointant du pouce. Il avait une assurance et un sourire radieux, tous deux à couper le souffle. Le mien resta en suspens quelques secondes, avant de se muer en rire nerveux. J'espérais surtout que personne n'avait entendu ce crétin et son crime de lèse-majesté. Je pourrais être exécutée rien qu'à l'avoir entendu. Baka. Baka. BAKA.
« -Merci, Naruto. enchaîna-je rapidement tout en posant une main sur l'une des portes. Au revoir.
-Ouais ! A bientôt ! »
Il ne me resta plus qu'à pousser faiblement et les gonds grincèrent légèrement. De l'autre côté, un immense couloir éclairé par des lanternes rouges. Je fronçai les sourcils, perplexe et décidai de suivre le chemin tracé par cette lumière carmine. Ici également, l'odeur de l'encens polluait l'air – ce qui était mauvais pour les voies respiratoires (je devrais un jour parler de l'abus de l'encens à brûler aux responsables du palais). Mes yeux piquèrent à nouveau. Un courant d'air discret parcourait les lieux et amplifiai généreusement les relents désagréables de la résine aromatique. De temps à autre ma vision se troublait, symptôme de ma fatigue. Il fallut faire une pause et me frotter les paupières. Et il y avait cette sordide sensation d'être épiée. Mes muscles demeuraient tendus à force d'être sur mes gardes, et ma démarche n'était plus assurée. Mes sandales me faisaient atrocement souffrir – au moindre pas de travers, et je suffoquais dans mon kimono de toile sombre par-dessus lequel j'avais enfilé un tablier.
Je débouchai enfin sur une salle aménagée, très colorée. Elle tranchait avec les pièces que j'avais pu visiter jusque là. Il y avait des fleurs dressées artistiquement en bouquet sur chaque meuble, chaque surface possible et leur parfum me traversait toute entière. Cette chambre n'avait pas de fin, pas de limite, car mes prunelles l'apercevaient se poursuivre encore derrière un grand lit aux draps soyeux. Les meubles en bois laqués qui décoraient les lieux devaient valoir une fortune et je pressentais derrière leurs finitions minutieuses le travail des meilleurs artisans de l'empire.
« -Etes-vous le médecin ? S'éleva une voix féminine, assez tranchante et autoritaire.
J'eus beau scruté les alentours, aucune trace de sa propriétaire. Quand j'y réfléchissais, j'avais plutôt l'impression que ces mots avaient raisonné dans ma tête. Cet endroit allait me rendre folle.
« -Ne sois pas aussi agacée, poursuivit-elle avec une pointe d'amusement. Bienvenue dans mon humble pavillon. Voilà depuis des semaines que je n'ai pas de compagnie.
-Désolée de vous déranger. C'est un ordre de l'empereur...j'aurais aimé faire autrement ahm...en fait... »
Enfin, mon attention remarqua un paravent imposant aux estampes colorées duquel émergea une silhouette. Elle portait un kimono magnifique, couleur émeraude, et brodé de fleurs de cosmos en or. Son obi était d'un rouge coquelicot où se mêlaient des fils de dorure et de préciosité. Son corps était de toute beauté, gracile, à la taille fine et soumis à une figure angélique au regard dur comme le diamant. Et cette chevelure blonde, si longue, entremêlée avec brio dans son ruban blanc engendra en moi une jalousie honteuse.
« -Merci, soupira la future impératrice.
-Que...quoi ?
-De penser que je suis belle. »
Hein ?!
« -Mon nom est...
-Sakura Haruno, termina-t-elle avec lassitude. Mon futur époux a déjà de drôles de caprices. Faire loger son médecin, ici. Je suis Ino, du clan Yamanaka. Tu es ici dans la zone la plus sécurisée de l'empire. »
Le tutoiement était assez invasif et agressif par ici. Ces impolitesses répétées s'ajoutèrent à mon irritation exacerbée par une lourde fatigue. Mes yeux fixaient le lit avec désespoir.
« -Fatiguée ? Affamée ? J'ai tout ce qu'il faut. Alors ! »
Elle m'invita d'un geste à prendre place dans un fauteuil garni et je m'y affalai d'une vilaine façon ce qui sembla l'amuser davantage. Shannarô ! Je n'étais pas une bête de foire.
« -Alors quoi ? M'impatientai-je devant ses airs énigmatiques.
-De quoi souffre l'empereur mh ?
-Il ne vous l'a pas dit ? M'étonnai-je. Comment pouvait-on dissimuler ce genre d'informations à sa future épouse ?
-Il ne m'a jamais vue ou rencontrée, soupira-t-elle avec tristesse en détournant le regard. »
Le choc. Devant ma gueule béante de stupeur, elle s'empressa de continuer, assez gênée :
« -Enfin, cela se réglera bientôt. Dès que vous l'aurez guéri !
-Je ne peux pas vous répondre. Secret médical oblige.
-Oh... »
Si je violais le secret professionnel et la déontologie, Tsunade-sama me massacrerait. Je ne prendrai jamais le risque, pas même à l'autre bout du monde. Elle finirait par le savoir. Elle finit toujours par être au courant de mes conneries. C'était un sixième sens chez elle. Ino se releva à la hâte et alla chercher un plateau sur une table plus loin, pour me l'apporter. De l'eau fraîche, des dango : le bonheur absolu.
« -Buvez, mangez. Alors, comment est-il ?
-Quoi..qui ? Interrogeai-je la bouche déjà pleine de nourriture.
-L'empereur !
-Ah...mh, très froid.
-Est-il beau ? »
En réalité, je ne m'étais pas trop attardée sur le physique de mon patient. Mes derniers souvenirs diraient qu'il n'était pas si mal. J'avais toujours pensé que les rois et les souverains étaient des vieux schnocks pervers et mal lunés. Celui-ci paraissait assez jeune et en pleine possession de ses moyens.
« -Je ne l'ai pas vu assez longtemps. »
Le silence reprit ses droits. Mon hôtesse impériale me laissa ensuite tout le confort de sa couche. Et je ne mis pas bien longtemps à être emportée par un sommeil de plomb. J'espérais que mon Maître allait bien, qu'elle avait pu décuver en douceur. Shizune-senpai, tenez bon, je reviens bientôt. Pour le moment, je me repose juste. Je suis tellement épuisée. Et me remémorer ces yeux ensanglantés...puis rencontrer autant de monde. Naruto. Et comment se nommait son partenaire, déjà ? Ce brun glacial au regard de pierre ? Ah oui, il ne s'était même pas présenté. Une sale habitude chez les habitants du palais. Mon ultime pensée me fit louper un battement de cœur. Quelque chose ne tournait pas rond. Ma conscience s'envola définitivement au royaume onirique sur une dernière image : celle du garde personnel de l'empereur. Oui, j'avais l'impression de louper une information cruciale.
⁕⁕⁕
Dieu ce que les pensées de cette fille étaient complexes. C'était un véritable défi de demeurer dans son esprit sans se faire refouler. Une chance qu'elle était complètement épuisée. Puis, elle ne payait pas de mine la doctoresse. Son kimono de paysanne ne trompait personne. Un délicieux corps semblait se cacher derrière la toile grossière. Heureusement qu'elle possédait la plus petite poitrine de l'empire ! Ses cheveux roses m'avaient intrigué. D'une longueur honorable, ils étaient tressés simplement et j'avais remarqué le ruban blanc des vierges. Enfin ! Je trouvais qu'elle n'avait pas réellement de manières ; ce qui ne me gênait pas outre-mesure. Cela avait plutôt tendance à me rassurer. Je lui avais menti en avouant à demi-mots que ma solitude se comptait en semaines. En réalité, c'était en mois qu'il fallait aborder le problème. Depuis que mon père avait scellé l'union future. Dans le quartier des Yamanaka, la fête avait duré des jours et des jours. Le prochain empereur aurait du sang Yamanaka. Un grand honneur, un grand destin et la promesse d'un avenir radieux pour ma famille. Nous avions surpassé les Hyûga dont l'héritière était ma principale rivale dans cette course au pouvoir.
Je lui aurais volontiers laissé le fardeau.
Et voilà que Sakura Haruno venait briser mon ennui, devenant l'exception extraordinaire à ma quarantaine. Je n'aurais sans doute guère beaucoup d'amis ces prochaines années...autant essayer de m'en faire une.
Je l'observais dormir, paisiblement, dans mon lit et maculer mes draps de son odeur de plantes diverses. Au fur et à mesure, son sommeil se fit plus agité et je craignis qu'elle ne cauchemarde. Sa chevelure se défaisait, et elle froissait la literie. Impossible de pénétrer son esprit : elle possédait une force mentale assez impressionnante. Il me fallut patienter. Et je tournai en rond, songeant de nouveau à l'empereur et à ses mystères. Elle ne m'en avait pas appris des masses sur cet illustre inconnu. Jusque-là, les seules marques de sympathie qu'il m'avait accordé fut un kimono aux broderies représentant le clan Uchiwa.
Je me morfondais encore lorsqu'une silhouette en armure sombre apparut au seuil de ma chambre.
« -L'empereur m'envoie vérifier que le médecin va bien. » annonça calmement l'étranger. Dire qu'il n'avait même pas pris la peine de s'incliner. Je dus plisser les yeux, sans parvenir à distinguer son visage qui était plongé dans l'ombre de son grand chapeau de paille.
« -Oui. Elle dort. »
Je dus m'écarter lorsqu'il avança, imposant, pour vérifier mes dires. Ce qui était insultant, au passage. Je n'aurais jamais menti à un garde personnel de l'empereur. Je le vis se pencher au-dessus de ma couche. Il resta un moment pris dans sa contemplation.
« -Je lui ai rapporté ses affaires, » déclara-t-il ensuite froidement. « Faîtes-lui savoir qu'elle devra être prête ce soir, pour l'opération. Saï viendra la chercher.
-Bien, fis-je, agacée par le ton qu'il employait. »
Il effectua un signe de la main et disparut dans un mirage, sans un bruit.
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