L'Heureux Présage



PDV de Shisui

« -Elle s'est endormie, m'informa-t-il alors qu'il se vêtait d'un nouveau kimono.

Je nous servis une coupe de saké. J'essayais de paraître aussi désintéressé qu'à mon habitude, mais la colère que j'éprouvais envers moi-même m'irritait.

« -Comment était-ce ? demandai-je alors. Différent d'avec ta favorite que tu t'apprêtes à vendre à Suna ?

-Ce n'est pas dans tes habitudes de me lancer des piques si insolentes, Shisui, remarqua-t-il en s'installant dans son divan. »

Je ne trouvais pas pertinent de répondre, parce que je m'étais déjà aventuré sur une pente glissante. Je me fis violence pour éviter à mon regard de bifurquer vers l'alcôve qui abritait le lit du souverain, et sa concubine endormie. Je m'adossai à un mur, boudant mon verre d'alcool.

« -A ce propos, reprit-il avec un calme olympien. Refuses-tu toujours de te trouver une épouse ? Sasuke et moi-même sommes nous les seuls condamnés à perpétuer le sang du clan ?

-C'est bien assez, répondis-je froidement. Il y a encore bien assez d'Uchiwa sur cette Terre.

-Je préférerai vraiment (et il insista sur le mot vraiment) que tu te trouves une épouse.

-Tu sais très bien que c'est impossible, insistai-je à mon tour.

-Izumi ne reviendra pas, trancha-t-il. »

C'était me porter un coup bas. Je pris une grande inspiration et soufflai doucement mon agacement. Cette conversation n'avait pas de sens, ni lieu d'être, comme beaucoup de choses en ce moment. Je me détachai du mur et visai la sortie. Je n'avais plus aucune raison de m'attarder. L'air se chargeait de tension. Nous avions besoin de passer la nuit là-dessus.

« -Avant de partir, me retint-il, Il y a eu un souci lors du protocole de sécurité ?

- Aucun.

- Son rouge à lèvre était défait.

- Eh bien, souris-je avec audace, peut-être que j'ai un peu trop forcé sur l'échantillonnage de son fard.

- Je vois. »

Et je quittai pièce. Fin de l'acte. Y'aurait-il des représailles ? Oserait-il ? Au final, j'avais hâte de découvrir la réponse. Je savais que le point de rupture arriverait tôt ou tard. Je ne m'attendais pas à ce qu'il soit provoqué par une étrangère. Le fait était que nous étions trop d'Uchiwa, que cela attisait toujours le malheur. Pourtant, réfléchis-je alors que je regagnais mes appartements, Itachi avait toujours été comme un frère, une âme sœur même, un pilier dans ma vie. Moi, dont le père avait disparu si brusquement, je m'étais trouvé une nouvelle famille aux côtés de l'empereur. Nous étions indissociables, mais les intérêts de l'empire passaient avant ceux du clan. Je pensais que nous étions tombés d'accord sur cette évidence.


PDV de Sakura

Je me réveillai en sursaut. J'avais fait un sale cauchemar. Je suais encore ma frayeur. J'enroulais mes bras tremblant autour de mon buste, cherchant à me réconforter au milieu de ce grand lit vide. Des flashes désagréables harcelaient ma mémoire, passant en rafales saccadées devant mes yeux. Ma tête allait exploser. Mes mains pressèrent mes tempes dans le but de les soulager. Un long gémissement franchit mes lèvres gercées, c'était douloureux. J'avais l'impression d'avoir les symptômes du patient que l'on privait de son addiction.

« -Sakura ? »

Sasuke. C'était le prince Sasuke ! Sa voix familière mit fin à mes tortures et je me concentrai sur sa provenance. Un peu plus loin, dans la pièce principale des quartiers de l'empereur. Je me redressai vivement sur le lit, attirée par cette lueur d'espoir.

« -Sasuke-sama ! Je suis ici ! »

Et son ombre se découpa aux limites de l'alcôve, à contre-jour.

« -Je viens te raccompagner au Pavillon Pourpre, sur ordre de l'empereur.

-Est...est-il encore là ?

-Non. Ses obligations requièrent sa présence assez tôt. Debout, maintenant. »

J'arrangeai mon hanfu froissé du mieux que je pus, resserrant la ceinture, et quittai la couche du souverain. Mes jambes étaient en coton, et je n'osais dire au brun que j'aurais de la difficulté à marcher. Je ne souhaitais pas qu'il pense que je n'étais pas opérationnelle pour le tournoi qui aurait lieu en fin de journée. Lui resplendissait vêtu dans son armure sombre aux pièces métalliques si raffinées. Je remarquai son éternel katana qui pendait à sa taille, ainsi que plusieurs kunaïs. Je devais ressembler à une souillonne comparée à sa prestance.

« -Dépêchons-nous, dit-il dans une injonction glaciale. »


PDV de Itachi

« -Où en sont les préparatifs du Tournoi ? questionnai-je sérieusement.

-Les inscription sont closes. Et la Forêt des Âmes sera prête pour le coucher du soleil, le sceau sera retiré, répondit Shikamaru avec un calme et ennui, Il y aura cette année quatre groupes. »

Je remarquai que la concentration de mes autres conseillers était troublée par la présence de Shisui. Ce dernier demeurait dans l'ombre et, contrairement à son habitude, n'avait pas fait de remarques. Son silence de glace et ses yeux clos semblaient peser sur leurs consciences comme un danger proche. Pour ma part, son arrivée en plein Conseil, m'avait étonné. Suite à notre désaccord nocturne, je croyais qu'il préférerait briller par une absence significative.

« -J'ai appris que vous participiez, général Hatake, dit Hiashi avec désinvolture et un léger ton moqueur.

-C'est mon binôme, précisa mon garde du corps, ouvrant l'œil.

-C'est insensé, reprit Hyûga d'une voix sévère, Vos obligations ne sont-elles pas ailleurs ?

-Avez-vous peur que nous ayons à affronter votre neveu et votre fille ? répliqua sèchement Shisui.

-Pardon ?! s'écria-t-il.»

Je tournai mon regard concerné vers un Shikamaru qui venait de pousser un profond soupir.

« -Il n'y a pas de règles qui interdisent les femmes célibataires d'y participer, se justifia le stratège sous mon œil glacial.

-Elle est fiancée au prince Uchiwa ! gronda le patriarche. C'est inadmissible ! Votre Majesté, il faut mettre un terme à cette mascarade. Ma fille ne participera pas au Tournoi.

-Il y a une règle, en revanche, qui stipule que toute participation qui n'est pas annulée quarante-huit avant le début du Tournoi est définitive, insista Nara.

-C'est idiot ! Votre Majesté ! me sollicita encore Hiashi.

-Retirez le nom d'Hinata Hyûga des participants, ordonnai-je clairement au shinobi des ombres qui se contenta de hocher la tête. »

La situation s'était encore envenimée à cause d'une réflexion de mon bras-droit. Depuis quand était-il au courant de la participation de la jeune Hyûga au Tournoi ? Pourquoi ne pas m'en avoir immédiatement référé ?Danzô se redressa lentement, captant mon attention. Il avait un air neutre malgré ses lèvres plissées d'une éternelle contrariété. En tant que Ministre de la Maison Impériale, il régissait toutes les affaires internes au palais et à la famille régnante. Il exerçait déjà sous le règne de mon père et paraissait affaibli. Il prit la peine, selon le protocole, de s'incliner devant moi avant de s'adresser à l'assemblée :

« -Concernant la concubine Karin, du clan Uzumaki. Elle aimerait s'exprimer devant le conseil.

-A quel sujet ? Les femmes sont interdites lors du Conseil impérial, intervint Inoishi Yamanaka.

-Une annonce de la plus haute importance, que vous aimeriez entendre de sa bouche, Votre Majesté.

-Faîtes-la entrer, décidai-je. »

PDV de Sakura

Quelque chose n'allait pas. Un sentiment étrange venait d'apparaître dans mon esprit alors que je collais pathétiquement l'ombre du prince Uchiwa. Je n'osais dire à voix haute ce que j'avais déduit tout bas : nous n'étions pas en chemin pour le Pavillon Pourpre qui se trouvait au bout de la grande avenue du palais impérial. Non, il avait bifurqué bien avant, par une route discrète et secondaire qu'empruntaient les domestiques et lesshinobis de roture. Pourquoi ? J'aurais souhaité le savoir. Et puis, j'avais ce besoin urgent de plonger dans un bain, de me décrasser, d'être seule, de souffler.

Admirant autour de moi, je constatais que je n'avais jamais évolué dans cette partie du complexe. Les dépendances habituelles étaient légions : écuries, greniers, dépôt d'armes, postes de garnisons. Toutefois, ci et là fleurissaient quelques pavillons un peu vieillots, à la peinture écaillée. L'un d'eux s'imposait par ses lanternes estampillées d'un tourbillon orangé, un symbole vaguement familier. Elles entouraient les toitures du bâtiment, ballotées par la brise du printemps.

C'était notre destination.

« -Nous devons presser le pas. Ils seront bientôt là.

-Qui « ils » ?

-La garnison du capitaine Yamatô. »

Oh non, pas lui. Un des êtres malfaisants de cet empire, que je conspuais par-dessus tout. L'instigateur de mes malheurs, le....

« - Le prince Uzumaki aimerait te voir avant son départ pour les frontières, annonça-t-il ensuite, sobrement. »

Mes yeux pétillèrent d'un éclat nouveau et tout fut emporté comme un ouragan dans mon âme. Les dernières recommandations de Tsunade-sama ressurgirent des tréfonds de mon désespoir. Rencontrer Naruto Uzumaki et contacter le vieux Jiraiya au pays des Sources chaudes.

« -Le général Hatake habite également ce pavillon, » expliqua-t-il « Toutefois, il est au Conseil avec l'empereur. C'est votre chance à Naruto et à toi. »

Nous entrâmes alors dans l'ombre du Pavillon, grimpâmes à la volée les marches de bois pour traverser le perron et passer les portes de bois peintes. La fraîcheur des lieux nous recueillit en son sein dès nos premiers pas entre les murs. Ici, pas d'odeur d'encens mais un courant d'air permanent permis par les nombreuses ouvertures et fenêtres de l'antichambre.

« -Par ici. »

Pas le temps de m'attarder sur la décoration, il me fallut tracer à la suite de mon gardien qui connaissait l'endroit. Quelques minutes de marche suffirent à rejoindre les appartements du prince à la tête de melon. Et Sasuke y pénétra sans même prendre la peine de nous annoncer. Quel malpoli. N'avait-on pas éduqué le sang princier aux bonnes manières ?

« -Sas'ke ! Sakura-chaaan ! » s'écria la tête blonde, empêtrée dans son armure cuivrée. Il avait du mal à attacher certaines parties de son uniforme ce qui offrait un portrait à la fois comique et touchant. Visiblement, il n'avait pas de domestiques pour s'occuper de ces futilités. On aurait presque cru à un roturier malgré le faste de sa chambre et son titre royal.

« -Naruto...sama... soufflai-je, un peu surprise par son immense sourire. Est-ce que je peux vous emprunter votre bain ?! m'exclamai-je soudainement, parce que je ne tenais plus. Impossible. J'avais besoin de me laver. Je sentais la femelle fécondée à des kilomètres à la ronde. C'était une plaie. Il perdit son air radieux pour une mâchoire décrochée et hocha la tête. Il ne m'en fallut pas plus pour me précipiter dans la salle d'eau et actionné le robinet en laiton. Sans me soucier de savoir s'ils pouvaient me voir ou non, je me débarrassai de mon hanfu. Habit à brûler au plus vite, quelque part où on ne pourrait jamais retrouver les cendres. Je me sentais à la fois coupable et victime.


PDV de Sasuke

« -Que fais-tu ?

-Bah....je regarde si tout va bien héhé, répondit-il dans un petit ricanement niais. »

Je pris une grande inspiration pour réprimer mon agacement et conserver ma patience. Il eut droit à une légère tape derrière son crâne. Ce n'était pas le moment de reluquer Sakura Haruno dans son bain. N'avait-il pas des préparatifs à accomplir ? Son armure était à moitié attachée et il comptait évidemment sur moi pour terminer le travail.

« -Aïe, Sasuke. Eh, tu pourrais te détendre.

-Arrange ton armure, crétin, dis-je froidement. »

Il maugréa une protestation et se remit en quête de ses sangles. Pour ma part, je pénétrai silencieusement la pièce où la toute rose prenait une toilette sans doute méritée. Je serai les poings, incapable de concevoir à nouveau la nuit qu'elle avait dû passer aux côtés de frère aîné. Son corps était plongé dans l'eau assombrie par de nombreuses plantes et fleurs, et je fus immédiatement entouré d'un parfum de végétation douce et fleurie. Elle avait sur le minois un air préoccupé et frottait sa peau avec ténacité, jusqu'à s'en faire rougir. Les vapeurs chaudes nous enveloppaient, conférant à l'atmosphère un aspect étrange.

« -Naruto part pour les frontières cette fin de matinée. La technique de henge semble compromise. »

Elle sursauta soudainement au son de ma voix et plaqua ses bras devant une poitrine que je ne distinguais de toute manière pas.

« -Nous trouverons de quoi te déguiser.

-Me...déguiser ? répéta-t-elle, d'une voix assez contrariée.

-C'est le meilleur moyen, insistai-je.

-Oï ! SASUKE ! hurla mon faux frère en déboulant dans la pièce. Il manqua de glisser sur le parquet humide. Enfoiré ! Tu en profites pour reluquer Sakura-chan !

-Ca te pose un problème ?

-Tu ne manques pas d'air, toi et tes leçons.... ! »

Mes prunelles bifurquèrent immédiatement vers Sakura qui venait de se lever. D'ici, je pouvais ressentir sa colère. Je ne pus m'empêcher de déglutir discrètement en admirant les gouttes d'eau ruisseler sur l'ombre de ses courbes. Et si la brume ambiante permettait d'occulter sa nudité, il y avait des lignes qui apparaissaient, outrageuses et tentatrices.

« -SORTEZ MAINTENANT TOUS LES DEUX ! » cria-t-elle et son poing, chargé de chakra, s'écrasa impitoyablement contre le torse de Naruto dont le corps vola jusqu'à la salle principale avec un fracas assourdissant. Je poussai un soupir et tournai les talons pour aller porter assistance à l'autre prince le temps qu'elle se remette de ses émotions. Et surtout, moi, me remettre des miennes. Mon homologue gémissait à terre, au milieu de débris qui furent autrefois une table basse en bois laqué. Il se massait le thorax et je lui tendis un bras auquel il arrima sa main.

« -Elle frappe vachement fort ! souffla-t-il. Je vais éviter de la contrarier. »

Pour seule réponse, mes lèvres étirèrent un sourire fugace. J'avais compris qu'elle n'avait dosé qu'une infime part de sa puissance dans ce coup, afin de ne pas blesser Naruto. Une telle maîtrise du chakra s'avérait exceptionnelle. Si j'arrivais à utiliser intelligemment cette qualité, peut-être pourrions-nous sortir vainqueurs du premier tour. Peut-être.

Sakura réapparut parmi nous deux, vêtue d'un yukata masculin emprunté sans honte. Ses grands yeux émeraudes fixaient le shinobi blond avec insistance. Je terminais de l'aider à sangler les dernières pièces de son armure.

« -Mon Maître, la légendaire Tsunade, » débuta-t-elle d'une voix chevrotante. « m'a dit que vous auriez un moyen de contacter le vieux Jiraiya. Afin de le prévenir qu'elle est emprisonnée à Tanzaku.

-Tu connais le vieux pervers ?! s'écria-t-il, abasourdi.

-C'est-à-dire que non, mais mon Maître, oui. Elle pensait qu'il pourrait l'aider. Je vous en supplie, Naruto-sama ! insista-t-elle en s'inclinant brusquement.

Elle avait une personnalité assez changeante pour venir supplier l'homme qu'elle venait de frapper deux minutes plus tôt ; Les femmes étaient décidemment des créatures assez étranges, faites différentes des hommes. Uzumaki parut réfléchir alors qu'il admirait la concubine. Je me contractai. Ils arrivaient.

« -Sakura. Nous devons y aller, ordonnai-je subitement.

-Attendez...Naruto-sama ! » protesta-t-elle tandis que je venais de la faire basculer dans mes bras pour la porter. Je me dépêchai vers la terrasse au pas de course. Dans mon dos, l'autre prince annonça d'une voix forte :

« -Je le ferai ! Promis ! »

Au moment où j'effectuais un bond agile pour atteindre le toit d'une dépendance proche, Yamatô-taishou et ses hommes venaient se présenter dans la chambre. Nous l'avions échappé de peu. Et contre mon torse, la tête rose s'était mise à pleurer. J'avais toutefois l'impression que ses larmes n'avaient rien à voir avec de la tristesse, mais plutôt du soulagement.


PDV de Shisui

Karin était magnifiquement vêtue d'un kimono de soie pourpre et dorée. La peau dévoilée de ses épaules paraissait satinée et laiteuse comme le reste de son teint de poupée. Sa coiffure était tressée et parsemée du ruban rouge des concubines. A travers ses longs cils noirs, elle nous matait d'un regard franc et assumé. Elle aurait pu faire une impératrice redoutable. Sa beauté fit ressurgir ces instincts d'homme que j'avais voulu enfouir depuis le décès d'Izumi et qui s'étaient brutalement éveillés au contact de Sakura. Toutes les prunelles présentes étaient acquises au magnétisme de la favorite qui venait d'effectuer une révérence gracieuse.

« Votre Majesté, » salua-t-elle, « Messieurs les ministres. »

Itachi lui fit signe de se redresser.

« -Qu'as-tu à dire, Karin ? demanda-t-il. Tu déranges mon Conseil en pleines affaires.

-Votre Majesté, je venais vous annoncer ma grossesse. Les médic-nins de la Cour Impériale viennent de me le confirmer tôt ce matin. Danzô-sama tenait à vous informer lui-même, mais je préférais que vous l'entendiez de ma bouche et ainsi vous rassurez sur mon état de santé. »

Le père de l'Impératrice venait de blêmir d'un coup et désormais, les ministres s'échangeaient des œillades incertaines. Seul Shimura-san demeurait imperturbable. Inoichi dama le pion à l'empereur pour s'adresser directement à la concernée :

« -Vous venez ici en ce lieu sacré pour nous annoncer la future naissance d'un bâtard !

-C'est inadmissible, qu'allons-nous dire au Roi Gaara ?! rajouta Hiashi Hyûga. »

Pour une fois que les deux rivaux tombaient d'accord. Cela prêtait à sourire. Pourtant, ils connaissaient les règles du jeu. Le concubinage était légal et autorisé et les enfants nés du concubinage pouvaient prétendre à l'héritage de leur géniteur. Avaient-ils peur que leurs enfants perdent toute prétention au trône ? Dans le cas de Yamanaka, je pouvais le comprendre. La situation s'annonçait passionnante. Que répondrais-tu, Itachi ? Toi, dont le désir d'être père avait surpassé tes ambitions.

« -Général Hatake ?

-Oui, Votre Majesté ?

-Vous remplacez le capitaine Yamatô pour le départ aux frontières. Annoncez à ce dernier qu'il est désormais responsable de la protection personnelle de Karin.

- Bien reçu, affirma Kakashi, sans l'ombre d'un émoi.

-Laissez-nous désormais, ordonna-t-il aux conseillers. »

A contrecœur, ils durent se lever un à un et quitter les lieux. Quand Danzô et moi-même nous apprêtions à faire de même, le souverain nous retint. « Pas vous. » Et nous fûmes glacialement invités à rester pour les règlements de compte. Dès que les portes claquèrent sur le départ des oreilles indésirées, Itachi s'adressa à son amante sur un ton glacial :

« -Il n'était pas nécessaire d'œuvrer à cette mise en scène. Tu me ridiculises devant mes ministres, et tu te mets inutilement en danger.

-Je...suis navrée, je pensais que vous seriez ravi de l'apprendre de ma bouche, s'excusa-t-elle avec déférence.

-Je te félicite, reprit-il avec un léger sourire. Tu honores tes devoirs de concubine. Ces nombreuses nuits en ma compagnie auront finalement porté leurs fruits. Fais-en sorte de te ménager, désormais et veille à ta santé.

-Merci, Itachi-sama. En revanche...j'aurais préféré que Shisui Uchiwa devienne mon...

-Je préfère, reprit-il en la coupant, que Shisui-san reste éloigné de mes concubines pour le moment. Il a d'autres missions plus importantes. »

Le message subliminal était, ma foi, très clair. Mon ami et souverain avait sans doute très bien compris mon désir récent. Je demeurais imperturbable.

-Laisse-nous, maintenant, Karin. »


PDV de Sakura

Il me redéposa délicatement sur le plancher de mes appartements. Son sharingan luisait encore. Il en avait usé pour plonger les kunoichi qui montaient la garde du Pavillon dans un genjutsu afin que nous puissions traverser les jardins de l'Est jusqu'à ma chambre.

Tenten m'accueillit, toute blême et visiblement morte d'inquiétude. Après une courbette à l'attention du prince, elle se dépêcha de m'examiner.

« -Sakura-sama ! Comment allez-vous, j'ai cru que vous ne rentreriez jamais.

-Je vous laisse, prévint Sasuke. »

Il disparut dans un écran de fumée. Ne demeura plus que son odeur à laquelle je devenais particulièrement sensible. Contre toute attente, je fis un sourire à la domestique dans le but de la rassurer.

« -Mmh ! Je vais bien...

-Tchh, il n'y a que vous pour sourire bêtement après une nuit éprouvante, me sermonna-t-elle et je reconnus dans ce timbre de voix, une similarité avec Shizune.

-Kurenaï-senseï n'a rien dit... ?

-Elle est excitée comme une puce, me coupa-t-elle gravement. Il paraît que....Karin attend un héritier de l'empereur ! Face à la nouvelle, Yûhi-san vous a complètement oublié tant elle était bouleversée. C'est la consécration d'une concubine. Nul doute que la vie de Karin va changer désormais ! »

Je me laissai tomber sur le siège de ma coiffeuse, complètement sonnée par la nouvelle. Mon cerveau entra en ébullition sous les commentaires incessants de la brunette. Si....Karin attendait un enfant, alors....ItachiUchiwa acceptera-t-il toujours de l'offrir au Roi Gaara ? L'entente ne serait-elle pas remise en cause ? Ne risquais-je pas de la remplacer ? Un frisson désagréable remonta le long de mon échine, jusqu'à la racine de mes cheveux. Ressaisis-toi, Sakura. La voix de Tsunade-sama venait de transcender mes doutes. Je devais m'en tenir au plan et fuir d'ici, le plus vite possible.

« -Tenten-san, intervins-je, l'obligeant à arrêter de parler.

-Oui ?

-J'aurais besoin que vous me couvriez ce soir. Je dois m'absenter.

-Je....pardon ? Pourquoi ?

-Je vous expliquerai tout, promis-je. Mais soyez ma couverture, s'il vous plaît.

-Bi...bien, je ferai de mon mieux ! affirma-t-elle en levant fièrement le biceps. Mais, Sakura-sama, ne soyez pas aussi naïve à demander ce genre de faveur à n'importe qui. Et elle ponctua son conseil d'un clin d'œil entendu. Et vous devriez vous changer ! Je vais vous aider. »

N'avais-je jamais vécu ma vie de manière aussi risquée ? Mon intuition avait fait de Tenten un ange gardien dissimulé sous les traits d'une servante. Je voulais croire qu'elle ne me trahirait pas et qu'elle me porterait secours, comme Sasuke-sama avait accepté de le faire. Chers dieux, si vous étiez encore de ce monde, exaucez ma prière. Je vous en supplie du plus profond de mon âme. Faîtes-moi quitter cet Enfer. Dehors, le beau soleil du printemps s'effaçait au profit de nuages sombres et menaçants. L'averse ne tarderait pas. Elle nous toucherait tous.


PDV de Temari

« -C'est un contretemps fâcheux, » lâcha froidement Gaara.

Il croisa ses bras dans une posture à semi-contrariée. L'annonce venait de la bouche de l'empereur. Karin ne pourrait pas être offerte à Suna – ce qui était pour moi, un véritable soulagement. Les négociations reprenaient donc sur un fond de tension encore plus palpable. Pauvres fous. Ils avaient laissé miroiter à mon frère l'accomplissement d'une de ses volontés, avant de le lui retirer.

« -Quelle alternative proposez-vous ? reprit-il, en s'adressant à son homologue.

-Sakura Haruno. »

Et c'était Shikamaru Nara qui avait pris la parole. Je supposais donc que ces mots devaient coûter à Itachi Uchiwa.

« -Toutefois, » précisa le stratège. « -Elle se présentera à Suna dans neuf mois, une fois qu'une probable grossesse aura été écartée.

- Vous êtes...sérieux ? articula le roi. »

Encore faudrait-il que, durant ces neuf mois, elle ne soit pas conviée dans la couche du souverain. Et le cas échéant, qu'adviendrait-il, si elle était enceinte également ? Quelle compensation seraient-ils prêts à offrir en dédommagement ?

« - Itachi, » interpella mon aîné.

Et le froid que cette familiarité imposa nous glaça tous. Mes prunelles croisèrent celles de Nara dont la figure pâle criait au secours. Mon expression ne devait franchement pas être mieux.

« -Vous me livrerez soit l'une, soit l'autre, à la fin des cérémonies, dans deux jours. Je me fiche de savoir qu'elles soient enceintes ou non. Nous élèverons l'enfant dans la famille royale, à Suna. C'est ma seule et unique condition pour l'Alliance militaire entre nos deux pays. Vous pouvez toutefois choisir de ne pas accéder à ma requête. Auquel cas, si une guerre avec Kiri se déclenche, nous fermerons nos frontières. »

L'empereur ne répondit pas. Tel l'aigle au milieu de son nid, il siégeait sur son trône et nous transperçait de son sharingan tout juste éveillé à l'entente de son prénom. Je déglutis péniblement. Et de concert avec les émotions de l'Uchiwa, la luminosité du jour fut voilée par d'épais nuages. Jusqu'alors baignées dans les couleurs chatoyantes du pavillon, nos silhouettes se ternirent. Gaara avait toutes les cartes en main. Il aurait pu s'arrêter là, repartir avec ce qu'il souhaitait, mais non. Son instinct de prédation lui réclamait le coup de grâce :

« -A moins que...vous offriez à Suna la légendaire Tsunade. »

Shikamaru passa une main tremblante sur sa face, complètement désabusé. Nos espions avaient confirmé la détention de la plus grande kunoichi du monde dans les geôles impériales. Tout comme ils avaient révélé, après des années de récoltes d'informations, les liens qui unissaient Karin à l'ancienne dynastie Uzumaki. Nous étions aussi parfaitement au courant de la relation qu'entretenaient Tsunade et Sakura Haruno. Nos services de renseignements, terriblement efficaces, nous avaient permis de damer le pion plus d'une fois sur l'échiquier international. Toutefois, je venais seulement de comprendre le coup de maître de mon frère.

Une autre paire de sharingan venait d'apparaître, aux côtés de l'empereur, nous surprenant tous. Nous ne l'avions pas remarqué, mais il était tapi dans l'ombre d'un genjutsu depuis tout ce temps. Ce fameux garde du corps dont personne ne connaissait l'histoire. Redoutablement surnommé le mirage de Konoha en raison de ses aptitudes exceptionnelles à maîtriser l'illusion et son dôjutsu. Il était penché à l'oreille de son souverain et y versait des paroles inaudibles.

« -Nous allons y réfléchir, » fut la seule réponse donnée par Itachi.


PDV de Hinata

L'ombre austère de mon paternel s'était étendue à travers les papiers de soie des cloisons de ma chambre. D'autres silhouettes ténébreuses l'accompagnaient, des samouraïs du clan. Je savais qu'ils étaient là pour moi. Fébrile, je me concentrai sur ma broderie, trônant au milieu de mon divan en ébène laqué, rembourré de coussins pourpre. Mes doigts étaient humides à cause de ma transpiration, et ma vue se brouillait.

« -Interdiction formelle qu'elle quitte le pavillon, voire sa chambre. Pas avant la fin du Tournoi, rugit la voix de mon père.

-Oui, Hiashi-sama, chantèrent en chœur les gardes de notre tribu. Ils possédaient tous le Byakugan et avaient été élevés dans la branche secondaire, conditionnés à nous protéger au péril de leur vie. Inutile de préciser que je ne pourrais jamais tous les confronter dans une fuite désespérée.

Le patriarche pénétra enfin mes quartiers, faisant bruisser le son des charmes métalliques accrochés ci et là pour m'assurer prospérité, protection et santé. Nous étions très religieux dans la famille et nos figures arpentaient souvent les temples de la cité impériale pour les rituels ou les prières traditionnelles. J'étais moi-même très superstitieuse. Je n'osais pas relever mes prunelles nacrées. Sa stature glaciale me percutait et pourtant, je le sentais bouillir à l'intérieur.

« -Tu t'es inscrite au Tournoi ?! Ma fille a-t-elle perdu la tête ces derniers temps ?

-J'aurais...commençai-je à bégayer, en pleine transe, j'aurais pu...pu combattre....j'aurais pu combattre !

-Des participants meurent à ce Tournoi ! C'est combat à mort. Hors de question qu'un Hyûga de la branche principale y trouve la mort en déshonorant le clan. Tu n'es pas assez forte. »

Je demeurai silencieuse, incapable de réagir à ces propos humiliants. L'aiguille transperça la chair de mon index, ouvrant une plaie d'où s'échappa un orbe vermeil. C'était la première fois que je manquais de dextérité dans un ouvrage de couture. Mon sang défigura toute ma composition brodée.

« -Je te ferai porter malade auprès de l'Impératrice. Tu es consignée dans tes quartiers jusqu'à la fin du Tournoi. Nous entrerons alors dans un nouveau mois, celui de tes noces avec le prince Uchiwa.

Je ne veux pas. Criai-je de toutes mes forces. Mais mes cordes vocales ne bronchèrent pas, trahissant ma lucidité.

-Ne me déçois plus, Hinata. »

Et il quitta la pièce aussi froidement qu'il y était entré.

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