L'Antique Temple du Feu

PDV de Sasuke Uchiwa.

Cette première déception manqua de me faire regretter l’engagement pris auprès de Sakura Haruno. Si elle ne ressaisissait pas, nos chances de remporter cette première manche seraient réduites à néant. Au mieux, nous en sortirions perdants, au pire notre petite mascarade serait dévoilée au grand jour. Le temps jouait contre nous et les maladresses de ma partenaire également. Aussi, j’avais pressé le pas. Si je pouvais éviter d’inutiles affrontements avec des ennemis, je ne m’en priverais pas.

Le temple du Feu devait être atteint dans les plus brefs délais. Au travers des feuillages fournis et sombres, son architecture s’imposa à nous après une heure de marche par sentiers improvisés. Les battements de cœur de la concubine me parvinrent, assourdissants, dès qu’elle rejoignit mes côtés. Je me rendis compte, confus l’espace d’une seconde, qu’elle avait réussi à maquiller son accoutrement, son identité, mais pas son parfum fleuri.

« - Comment fait-on pour entrer ? s’enquit-elle d’une voix déterminée.

-Par le toit effondré, il va falloir grimper, les autres entrées sont condamnées, répondis-je en observant le bâtiment en ruine que la végétation luxuriante dévorait sans aucun scrupule. »

Les murs s’effritaient soumis à la pression des branches et racines qui acculaient leur mortier centenaire. Escalader la paroi allait être périlleux et requérait une maîtrise du chakra que je n’étais même pas sûr de posséder. La moindre erreur, le moindre déplacement de poids et tout s’effondrerait.

« -Je vais y aller. Faîtes le guet, imposa-t-elle.

-Pardon ?! crus-je bon de tempérer, agacé par son petit ton autoritaire.

-Vous êtes plus lourd que moi, plus équipé. Vous seriez plus utile ici à distraire nos adversaires avec un genjutsu par exemple ? »

Le fond de la proposition méritait certes que je m’y attarde, mais la forme concédante m’irritait au plus haut point. Mes yeux sombres se fixèrent au sommet ruiné de la tour sacrée et un soupir froid m’échappa. Partagé entre l’inquiétude et le sentiment que la situation échappait à mon contrôle, je dus me résigner.

« -Bien. Mais je te laisse une demi-heure. Passé ce délai, je viens te chercher si tu n’es pas revenue.

-Il ne m’en faudra pas tant »

Et je la sentis sourire contre son masque de fer. Pourquoi devait-elle se montrer aussi prétentieuse que la lune ? Elle recula de quelques pas et s’élança pour sauter contre la paroi avec dextérité. Quelques poussières de mortiers retombèrent, mais le chakra qu’elle malaxait parfaitement à la plante de ses pieds lui avait permis de garder un contrôler absolu sur son poids et la contrainte exercée contre le mur fragilisé. Puis, elle se mit à courir à la verticale, précise et légère jusqu’à disparaître au sommet, regagnant les entrailles du temple.

 

Bordel. Voilà qui allait être la demi-heure la plus longue de mon existence.

 
PDV de Shisui Uchiwa.

Malgré ma position privilégiée aux côtés de l’empereur, je n’avais pas été mis dans la confidence concernant l’emplacement des parchemins menant à la victoire. Cette partie de chasse m’avait échauffé, à vrai dire. Trop longtemps, Itachi m’avait tenu loin des champs de bataille et ma récente maladie oculaire ne m’avait laissé d’autre choix que celui de l’oisiveté politique. Toutefois, j’étais guéri et la guerre pointait à nos portes. Ce tournoi était un prétexte fabuleux pour repousser mes limites et me remettre en scelle. D’un autre côté, je devais garder un œil sur le cadet héritier du clan.

Neji et moi avions abandonné l’idée de la carte dès le départ. Nos dôjutsu combinés feraient bien l’affaire, inutile d’en douter. C’était lui qui avait repéré l’antique temple du Feu tombant en ruine. Son dégoût d’être mon binôme s’exprimait avec tension, mais son désir de vaincre était plus grand. Aussi, il coopérait avec une certaine docilité.

« - Cependant, Shisui-dono, c’est hors de notre zone. Nous risquons la disqualification…précisa-t-il avant de rajouter rapidement, Attendez….je vois le prince Sasuke et son co-équipier.

-Que manigancent-ils ? souris-je avec un certain amusement. La victoire m’importait peu, mais les actions du jeuneUchiha, si.

-Le partenaire du Prince s’est élancé à l’assaut du Temple. Seul.

-Fort intéressant. »

Je comptais agir vers leur direction lorsque la poigne du Hyûga m’entrava le bras avec fermeté.

« -Vous n’y pensez pas, Shisui-dono, nous serions disqualifiés. Répéta-t-il avec insistance.

-La victoire ne m’intéresse pas, répliquai-je avec une certaine bienveillance dans la voix.

-Ce n’est pas mon cas. Comprenez bien que je ne vous ai pas choisi.

-Vous auriez perdu aux côtés de votre cousine, Neji-san. Reconnaissez-le. »

Je le vis abdiquer au regard qu’il abaissa vers le sol, furieux et à ses doigts qui se desserraient autour de mes vêtements.

« -Je vais laisser un clone auprès de vous. Et j’échapperai à la vigilance des vôtres aux abords de la forêt. Le Temple n’estqu’à deux kilomètres, j’y serai rapidement. Un simple contrôle de routine. Cela vous convient-il ? »

Mes explications patientes vinrent à bout de ses doutes. Il se laissa emporter par un soupir frustré et approuva à contrecœur. Quant à mes lèvres, elles n’arrêtaient pas de dessiner sur ma figure calme un sourire des plus carnassiers. Voyait-il la lueur affamée dans mes yeux obscurs ?  Qui était donc ton nouveau coéquipier, Sasuke-kun ?

 

 

PDV de Sakura Haruno.

Descendre dans les boyaux en ruines du temple me parut bien plus périlleuxqu’en escalader la paroi amochée. Et cette armure qui pesait le poids du monde sur mes épaules, je suffoquais. Le prince ne m’avait abandonné sa confiance que pour une demi-heure. Il était hors de question de traîner en errances touristiques. D’ailleurs l’endroit était sinistre, délabré et humide. L’odeur environnante me retournait le cœur et je dus m’habituer à la pénombre permise par le puit de lumière que le toit effondré avait créé. Les lieux ne semblaient pas si grands et surtout étaient encombrés de débris en tout genre, dont les vestiges pourrissaient ici depuis des décades.

Je jurai à l’instant où mon pied buta douloureusement contre l’un d’entre eux.Merde. Quelle idée de dissimuler un parchemin dans une bâtisse si sordide ! De quoi me faire regretter le confort du Pavillon Pourpre. La sueur brillait chaudement autour de mes yeux, et mon masque de guerre alourdissait mon souffle.

J’eus le réflexe de le retirer et l’air poisseux agressa mes voies respiratoires. L’odeur était insoutenable, un désagréable mélange de souffre et de pourriture. Si ce temple avait été sacré un jour, il devait être maudit aujourd’hui. J’étais au centre de la pièce principale dont les poutres principales en bois se décomposaient à moitié au sol, à moitié en l’air. Mes yeux filèrent vers une sortie dérobée d’où parvenait un courant d’air frais.

J’allais m’y diriger, précipitée, lorsqu’une silhouette en émergea. J’en discernais les contours obscurs. Au creux de sa main, elle jouait avec le parchemin que nous convoitions tant. Bordel. D’un pli de mon armure, je détachai vivement un kunaï et me mis en garde sans plus attendre.

« - Je m’attendais davantage à l’arrivée du Prince Uchiha, déclama l’ombre que je ne reconnaissais pas, mais à sa voix rauque, cela devait être un homme.

-         Vous allez me donner ce parchemin ! m’écriai-je et l’écho de mes mots résonnèrent à travers la pierre millénaire. »

Il eut un rire odieux et dans un haussement d’épaules lança le parchemin vers moi. Le sésame précieux roula lentement sur le dallage brisé avant de heurter la pointe de mes chausses. J’étais en train de me demander pourquoi me le léguait-il avec tant de facilité quand je découvris la supercherie. Mes yeux s’écarquillèrent mais il était trop tard, les inscriptions sur le vélin se mirent à luire. Un explosif.

L’onde de choc fut brûlante, embrasant ma conscience d’une vague percutante qui me coupa le souffle. Ce qui restait de toit s’effondra sur nous. Alors, j’allais périr si bêtement ? Ecrasée par le poids ancestral de toute cette masse ? Un sursaut de combattivité réanima mon esprit.Tsunade-sama. Son visage m’apparut, auréolé de détermination que je mordis à pleines dents. Je le sentais. Tout ce chakraqui méticuleusement s’amoncelait depuis bientôt trois ans dans mon corps. Mon poing se serra. Shannarô ! Ma force me permit de détruire les vestiges menaçants. Ils retombèrent en petits morceaux autour de moi, alors qu’essoufflée par l’émoi, je visai de mes prunelles l’ennemi qui n’avait pas bronché. Visiblement, on n’était jamais mieux servi que par soi-même.

PDV de Ino Yamanaka

Alors que je m’éventais paresseusement, mourant d’ennui sur l’estrade impériale, un grondement sourd secoua le sol. Oh, ce n’était pas un tremblement de terre à proprement parler. Juste une légère secousse, vaguement perceptible. Et au loin, dans la forêt, un nuage de fumée s’éleva, défigurant le paysage paisiblejusqu’alors. Je me redressai pour mieux voir, agitée de curiosité.  Des clameurs de surprise et d’intérêts écloraient autour de moi. Courtisans et observateurs se délectaient du spectacle : y’aurait-il des morts ? se demandaient-ils déjà, affamés d’un voyeurisme sordide. Je partageais la même fébrilité.

Mon époux, lui, n’avait pas bronché. Il semblait las de cette formalité qu’était assister au Tournoi. J’aurais dû me douterqu’une simple détonation ne l’aurait pas impressionné. Des hérauts du clan Hyûga s’étaient empressés de s’agenouiller devant nous, poing dans la main, tête courbée en guise de soumission.

« -Heika-sama, l’explosion provient de l’antique Temple du Feu. Son Altesse, le prince Sasuke, s’y trouve ainsi que son partenaire. Mais nous n’avons pas pu définir avec certitude l’origine de l’explosion.

-Disposez, ordonna le sombre empereur après les avoir écoutés attentivement, songeur. »

Je me rassis avec lenteur, sans le quitter des yeux, intriguée par son indifférence. Ne craignait-il pas pour la vie de son jeune frère ? Quel genre de monstre pouvait ne pas s’émouvoir du sort de l’un des siens ? Je me surpris à me renfrogner, agacée.

« - Vous ne vous inquiétez pas pour le prince Sasuke ?

-Il faut croire que partout où mon jeune frère se trouve, il y a de l’agitation, répondit-il simplement en s’accoudant avec nonchalance à l’accoudoir laqué de son trône.

-Mais…insistai-je, contrariée, il pourrait mourir.

-Souhaites-tu aller lui porter secours ? demanda-t-il sèchement, sur un ton rhétorique qui ne supportait aucune réplique. »

Le silence reprit ses droits sur cette nouvelle humiliation.


PDV de Sasuke Uchiwa.

Suite à l’explosion, le mur s’était davantage fragilisé. Mes yeux stupéfaits fixaient avec impuissance les ruines menacer de s’écrouler. Mes pensées s’étaient figées sur le sort que la déflagration avait dû réserver à Sakura. Une colère noire brisa mes sens ; tout me paraissait amplifier, jusqu’à ma propre respiration.

Je pris la décision de m’élancer pour la secourir quand une ombre arrêta net mon élan.

Shisui venait d’apparaître, le regard sanglant paré au combat. Son agressivité passive me fit me mettre en garde rapidement.

« -Laisse-moi passer, réclamai-je avec une impatience froide.

-Ton compagnon est sûrement mort. Et je t’empêche sans doute de connaître fin similaire en t’arrêtant ici, expliqua-t-il calmement. »

Toujours cette stoïcité et cette arrogance déclamée avec bienveillance. La colère se mua en fureur et la fureur devint haine. Comment osait-il se dresser sur mon chemin ? Je serrai fermement le poing.

« - Tu n’en sais rien.

-         Ne sois pas stupide, déclare forfait et rebrousse chemin.

-         Itachi ne t’a-t-il donc mandé à ce Tournoi quand dans le but de m’y défaire ? déduis-je, les dents serrées et le souffle écourté par mon ire.

-         Ce mariage, le tien, doit avoir lieu.

-         Je n’ai pas le temps ! Laisse-moi passer ! insistai-je et mon regard dévia vers le bâtiment avec anxiété. »

Sakura était encore prise au piège et si je ne lui portais pas secours…chaque seconde comptait. Son parfum me revint en mémoire, soudainement. Aussi illogique et absurde que cela pouvait être, les fragrances de sa peau et de sa chevelure inondèrent mes souvenirs. Et avec horreur, je constatais que ce souvenir commençait à s’estomper, progressivement, fatalement. Il s’éteignait comme la flamme d’une bougie que l’on aurait privé cruellement d’oxygène. Dans un réflexe précis, je dégainai mon katanaet me précipitai sur Shisui. Qu’il dégage de ma route.

Le choc de nos deux lames fut douloureux, mais je tins bon. Sharingan danssharingan, nous nous fixions et je dus reconnaître que sa pupille me surpassait. Je n’aurais pas la possibilité de le vaincre sur ce terrain et je devais à tout prix le divertir dans l’espoir de me sauver vers le Temple.

Sakura Haruno.                                                                      

A terre, j’expirai avec difficulté. Monninjutsu n’avait pas fait le poids face à un adversaire dont j’ignorais tout, jusqu’aux traits de son visage occulté derrière un masque étrange. Il m’avait enjambé, me laissant pour morte. Au sol, mes membres tremblaient d’impuissance. Je n’avais pas épuisé toute ma réserve de chakra et mon regard désespéré visaient désespérément la sortie par laquelle l’ennemi avait fait son entrée. J’avais la certitude qu’il n’était pas en possession du parchemin. Il ne portait aucun bandeau shinobi, ne représentait aucune nation. Mon cerveau était en phase d’ébullition et mes pensées surchauffaient. Quelque chose clochait, merde.

Je rassemblai ce qu’il me restait de force pour m’élancer sur mes pieds et courir vers le tunnel d’où l’air frais s’échappait. Je priais pour que, dans mon dos, l’inconnu n’ait pas l’idée de m’achever. J’injectai davantage de chakra à la plante de mes pieds pour augmenter ma vitesse, les débris se brisèrent sous mes pas de course.

Après des mètres qui me parurent interminables, je m’engouffrai dans le passage obscur et une brise froide m’enveloppa. Aucune trace de mon adversaire précédent. Avait-il fui ? Cela me conforta dans l’idée qu’il n’en avait pas après les parchemins, ni la victoire dans le Tournoi.  Je repris une marche moins effrénée, pour parcourir un long couloir en aussi mauvais état que le reste. Je me déplaçai presque à tâtons, la pénombre ne permettait de voir qu’à un mètre.

 

Une demi-heure était-elle déjà passée ?

Je finis par jurer en me heurtant à une voie sans issue. Le prochain passage était bloqué par des gravas conséquents. Je n’étais pas certaine de souhaiter briser ce mur contrariant. L’explosion avait déjà mis à mal la structure ruineuse du bâtiment : risquer un énième choc pourrait transformer cet endroit en tombeau et m’enterrer vivante. Je tâtai alors les parois à la recherche d’une voie alternative. D’où avait bien pu sortir l’étranger ?! me questionnai-je soudainement, étonnée. Etait-ce lui qui avait condamné ce chemin ?  La pierre qui constituait le temps souffrait d’humidité, je sentais parfois le long de ma paume de la mousse végétale. Et le courant d’air était toujours perceptible.

Alors, ce fut comme une évidence qui me frappa de plein fouet.

Un Genjutsu.

Un fin sourire échappa à mes lèvres gercées.

A suivre…

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