Je suis de retour

Empereur. Voilà le mot que j'essayais de lui faire deviner, en vain. J'avais renoncé de peur que mon manège ne la déconcentre. Elle terminait de nettoyer les plaies du nerf optique à l'aide d'un scalpel de chakra. La finesse et la précision de ce dernier m'émerveilla. Sakura-san possédait une maîtrise que j'étais loin d'égaler. Lorsque mon père avait annoncé mes connaissances en ninjutsu médical, il n'avait pas jugé bon d'expliquer qu'elles étaient élémentaires.

« -Hinata-sama, souffla le médecin rose, en essuyant son front du revers de son avant-bras. Pourriez-vous faire les pansements ? Un pour chaque œil. J'ai mis tout le matériel nécessaire sur le chariot.

-O..oui ! Affirmai-je à la hâte.

-Nous avons terminé ici, Votre Majesté, annonça-t-elle ensuite après s'être inclinée vers le second patient. Même s'il ne nous voyait pas, nous nous sentions obligées d'exprimer ces marques de soumission. »

Il se redressa de son fauteuil et elle alla le guider vers la table d'opération. J'aurais aimé lui conseiller d'attendre un peu avant de se lancer corps et âme dans une seconde intervention. Il nous fallait du repos. Mais je la vis déterminée. Ses mains ne tremblaient pas alors qu'elle les trempait dans une bassine d'eau fraîche pour les laver. Elle s'occupait du champ opératoire avec fermeté et soin, ne présentant aucune hésitation malgré la sensibilité de tels organes. Celui-là fut moins résistant, dès l'inoculation de l'anesthésiant, il poussa un cri de douloureux :

« -Hinata-sama ! Venez le maîtriser s'il vous plaît ! M'ordonna-t-elle et je délaissai tout pour me précipiter vers eux et maintenir le blessé.

-Tout..tout va bien ? Demandai-je, inquiète.

-Il est plus sensible, car sa maladie est plus avancée, répondit-elle, la mâchoire crispée et la voix blanche. »

Tout à coup, je me mis à songer que nous, femmes insignifiantes, avions la destinée de ces puissants hommes entre nos mains. Celui qui avait décidé injustement de mon sort en me vendant à son cadet, qui m'avait refusé et qui m'obligeait à courber l'échine, n'était plus qu'un amas de chair et de souffrance sur le billard Je déglutis difficilement. Mes prunelles vacillantes croisèrent à nouveau celles Sakura-san et je crus déchiffrer le même genre de pensées.

◊◊◊

« -Je ne sens plus mes yeux.

-L'anesthésique fait encore effet, c'est normal. »

L'épuisement pesait sur ma nuque courbaturée et mes doigts tremblaient désormais de fébrilité. Les opérations avaient pris fin. Au-dessus de nous, le puits de lumière s'était assombri annonçant l'arrivée de la nuit. Hinata avait allumé des lampes aux quatre coins de la salle. Et maintenant? Imperturbable, le garde personnel s'était assis sur la plaque d'acier qui le soutenait et rattacha ses longs cheveux noirs. Je détaillais les cernes légères qu'il arborait sous son regard condamné. La pâle peau de son torse présentait encore des traces de sueurs. Il avait étonnamment bien encaissé les premières douleurs. Enfin, ses symptômes étaient moins critiques. Le cas de l'empereur était bien plus inquiétant, selon moi.

« -Combien de temps, avant le retrait des pansements ?

-Une bonne semaine, Votre Majesté. Pour être honnête, Hinata-sama est assez compétente pour entretenir ces derniers durant ce laps de temps-là, déclarai-je en espérant que mon subtil sous-entendu ait atteint la compréhension de mon interlocuteur. Votre traitement consistera à une injection de la protéine végétale une fois par mois. Injection que Hinata-sama, j'insiste, saura faire sans problème.

-Souhaites-tu déjà repartir ? »

Quelque chose dans son attitude, sa voix, avait changé. Il paraissait soudainement moins distant.

« -Eh bien....j'ai mes propres patients qui sont en attente de traitement. Et je dois être présente pour le retour de mon Maître.

-Tu pourras repartir demain matin. Mais un shinobi surveillera ta maison, afin que tu ne fuis pas et que tu puisses revenir en cas de complications. »

Un marché équitable, ou presque. Tsunade-sama allait me trucider en apprenant la mise sous surveillance de sa résidence. J'espérais simplement que le ninja qui hériterait de cette tâche délicate ne serait pas Sai. Ou Yamato-taïchou. Je ressentais de mauvaises ondes. Elles provenaient du garde impérial, qui s'était crispé suite au dialogue. Hinata plus blême que jamais, secouait la tête vers moi. Et ce sale pressentiment me revint : l'impression désagréable de passer à côté d'un élément important. Mais impossible de déterminer lequel. C'était comme avoir un mot sur le bout de la langue, sans savoir le prononcer.

Que voulait-elle me dire déjà ? Je n'avais pas su le deviner et je risquais sans doute de le regretter - si mes pensées n'étaient pas, à ce moment, entièrement tournées vers mon retour à la maison.

La conclusion fut la suivante : J'aidais le garde à renfiler son armure ténébreuse. J'apercevais encore les figures de démons effrayantes gravées dessus. Il ne me remercia pas, s'étant contenté de suivre mes instructions et mes gestes. Sitôt cela accompli, je laissai la suite entre les mains de mon infirmière et quittai la pièce après moult courbettes à l'adresse de Sa Majesté.

A la sortie, j'eus droit au comité d'accueil. Par pitié. Mon masque de chirurgien était baissé sur ma gorge, encore tâché de sang. Naruto et Sasuke se présentèrent en premier, évidemment.

« -Alors ?! Alors ! Me pressa le premier, en criant.

-Ca s'est bien passé. »

Blanc. Silence absolu. Derrière eux, je crus entendre un ou deux soupirs de soulagement.

« -D'ici une semaine, l'empereur recouvrira ses moyens visuels, commentai-je.

-Et son sharingan ? M'interrogea froidement le cadet.

-Il sera 100% opérationnel. Cas contraire, je ne mérite pas d'être la disciple de la légendaire Tsunade. »

J'en faisais trop, et alors ? Cet homme me provoquait perpétuellement. Son charisme et sa position n'excusaient en rien qu'il prenne des airs supérieurs avec moi. Je détestaisça. J'avais mes limites, leur élasticité étaient grandes, mais pas incassables. Il s'apprêtait à me répondre lorsque la porte du bloc improvisé s'ouvrit en catastrophe sur la belle Hinata.

« -Ôji-sama, Sa Majesté souhaite vous parler.

-.... »

Et il disparut dans la salle tandis qu'elle en sortait. J'en profitais pour me détourner vers elle et m'incliner avec sincérité.

« -Merci pour votre assistance, Hinata-sama. Vous avez de réelles capacités.

-Mer...merci, rougit-elle en abaissant ses yeux de perles.

-Mon devoir ici étant terminé, je vous laisse à vos paisibles existences de château. »

Au revoir. Non ! Adieu. Je ne remettrai plus jamais les pieds ici. A moi les cochons de Shizune, le saké trop fort de mon maître, ma chambre en bordel, ma forêt et ma montagne. Pas d'étiquette, pas de révérences exagérées, pas de sama à tout bout de champs et surtout pas d'hypocrisie. Une véritable cure de liberté m'attendait. Un jour et une nuit auraient suffi à me dissuader de la moindre ambition à la cour impériale.

◊◊◊

Mon futur époux était sauvé. Avant d'aller s'écraser dans le lit sans même prendre la peine de se changer, Sakura me l'avait assuré. Elle n'avait vraiment aucune manière. Toutefois, je serai capable de tout pardonner aujourd'hui. Mon destin reprenait son cours alors qu'il avait été interrompu par la maladie de l'empereur. Bientôt, les préparatifs du mariage débuteraient. Ils prendraient encore des mois, et les festivités se prolongeraient des jours entiers. Oula. Je devais calmer ma respiration. Je ferai ma première apparition publique en tant qu'impératrice de l'empire du Feu. J'étais partagée entre appréhension et joie. Finie la solitude, j'aurais droit à mes dames de compagnie, sérieusement triées sur le volet. Je pensais déjà à Hinata Hyuuga. Elle serait parfaite dans ce rôle. Oh, un peu cruel peut-être - mais la considérant comme une potentielle ennemie, je préférais l'avoir près de moi.

« -Mhhh ? » marmonna la toute rose en se tournant sur le flanc, pour mieux me voir.

-Oh rien, je parlais toute seule ! Cela m'arrive. »

Effet indésirable quand on était esseulée si longtemps. J'aurais apprécié avoir le médecin pour servante, également. Mon fiancé accepterait-il de m'offrir cette fleur ? Il était impensable que le sort nous sépare. Nous étions amies, désormais.

« -Ne dormez-vous pas, Ino-sama ?

-Il est encore bien tôt !

-Je préfère dormir tôt, pour me réveiller rapidement et retourner chez moi. »

Discrètement, je liais mes mains dans un mundra afin de tenter une nouvelle intrusion dans son esprit. Et une nouvelle fois j'échouais, ce qui me consterna. Je m'étais heurtée à un mur mental solide, mais au-delà de ce mur, j'avais eu le temps d'apercevoir la figure du Prince Sasuke. La préoccupait-il ?

« -Vous avez fait la rencontre des deux princes ?

-Mh, mh. Naruto-sama et Sasuke-sama...comment peuvent-ils être princes tous les deux, ils ne sont pas frères quand même ?!

-Non ! Riai-je, amusée par cette idée cocasse. C'est une longue histoire. Cela remonte à la dernière grande guerre. Mais, ils sont très présents et aident l'empereur à asseoir son autorité partout dans l'empire. Ils effectuent des missions secrètes, qu'on oserait guère donner à la plupart des shinobis par manque de confiance.

-Naruto est trop exubérant à mon goût, se confia-t-elle avec une adorable grimace sur le minois, il ressemble à melon. Et l'autre est assez désagréable.

-C'est un Uchiwa, approuvai-je, mais je suis persuadée qu'il y a une manière de l'aborder.

-Je vous en prie, gardez-la pour vous. Cela ne m'intéresse pas du tout d'amadouer le prince Sasuke ou qui que ce soit d'autre. »

Ce fut à mon tour de froncer les traits. Je m'immisçais près d'elle, posant une fesse sur le bord du lit. Comment une femme pouvait être aussi farouche ? Etait-ce là l'éducation de toutes les plébéiennes ?

« -Bien, tu ne garderas guère ton ruban blanc toute ta vie. Un moment, il brûlera.

-Je ne suis pas pressée que cela arrive. Si je me marie, je devrais renoncer à poursuivre ma carrière de médic-nin. Au revoir le chakra, au revoir les entraînements, au revoir mon rêve de surpasser Tsunade-sama.

-C'est...ton rêve ? Dis-je, assez perplexe.

-N'en avez-vous pas, des rêves ? » Oh, je la sentais agacée. Un sourire se dessina sur mes lèvres fardées. Je dus tout de même réfléchir à la question.

« -Si. Mon rêve, c'est de tomber amoureuse d'un homme qui soit aussi amoureux de moi. »

A ma réponse, je la vis attraper l'oreiller pour le presser contre sa tête et y étouffer un gémissement de désespoir. Là, elle me vexait.

« -Dormons, maintenant, » décidai-je alors que je n'avais pas sommeil du tout. Une profonde angoisse creusa mes tripes. Je me sentis si vide, soudainement. Et un picotement dérangea mon orgueil. Mes yeux clairs tombèrent sur la silhouette de Sakura. Un voile de jalousie assombrit mon esprit quelques secondes. A mon tour, j'allais m'allonger lentement à ses côtés et je fixais le plafond décoré, incertaine quant à mon avenir, à mes rêves et à ce que je désirais réellement.

◊◊◊

Toujours pas de Sai, ni de Yamato-taïchou à l'horizon. Je poireautais depuis une bonne vingtaine de minutes dans le merveilleux jardin extérieur. J'avais même hésité à cueillir certaines de ces plantes pour mon maître. Le soleil était déjà haut dans le ciel et mes valisettes patientaient plus sagement que moi, à mes pieds. Lorsque je perçus une ombre froide me recouvrir, je détournai mon attention pour découvrir avec stupeur la stature impeccable du garde personnel de l'empereur. Alors, c'était lui qui allait m'accompagner. Un aveugle pour escorte, quelle magnifique idée. On se demande qui des deux devrait guider l'autre au cours du voyage. Encore une brillante suggestion de Sa Majesté.

« -Vous savez, Sakura-san, articula-t-il sereinement, Un aveugle développe d'autres sens. Grâce à votre parfum, je peux exactement déterminer votre position. Votre cœur bat trop vite, ce qui m'indique avec précision où planter ma lame. »

Je ravalai péniblement ma salive. Avait-il lu dans mes pensées ? Son ton était calme, mais d'une dureté effrayante. Encore un bon compagnon route que j'allais avoir là.

« -Je ne vous pensais pas diminué, mentis-je poliment.

-Tout le monde le pense.

-Pardonnez-moi, alors. Mais avouez que ce n'est guère rassurant de prime abord, de voir son escorte aveugle. De plus, vous devriez vous reposer. Que faîtes-vous donc là, le lendemain d'une opération aussi lourde. »

L'autorité dans ma voix l'avait emporté sur le repenti. Merde, quoi. J'avais passé des heures à le rafistoler, ce n'était pas pour qu'il aille gaiement batifoler sur les routes.

« -Une volonté de l'empereur. J'ai besoin de mettre vos soins à l'épreuve. Concernant l'escorte, c'est une faveur que l'on vous fait. Vous pourriez tout aussi bien rentrer seule.

-Si cela me garantissait que vous retourniez vous reposer, sans problème, affirmai-je dans un soupir contrarié. Comment ça tester mes soins, shannarô !

-Vous souciez-vous toujours du sort d'inconnus ? Demanda-t-il de manière glaciale.

-Premièrement, quand ces inconnus sont empereurs, oui. Je me sens un peu obligée, puisqu'une mini-armée est venue m'imposer un ordre impérial. Deuxièmement, en tant que médecin, j'ai une déontologie à respecter. Troisièmement, chaque vie compte. Retournez vous reposer. Hinata-sama doit changer vos pansements.

-Est-ce un ordre ? S'impatienta-t-il, un peu de surprise s'entendait dans sa voix.

-N'êtes-vous pas habitué à en recevoir ? Claquai-je, agacée. »

Je me penchai afin de récupérer mes mallettes et mettre un terme à la discussion. Je rentrerai seule. Avant même que mes doigts n'atteignent les anses de mes bagages, il m'agrippa le bras pour m'en éloigner. Son geste n'était pas brutal, quoiqu'un peu sec. Contre ma peau nue, sa paume se resserrait faiblement. Je relevai sur lui, un regard outré. Encore une fois, son sugegasa* occultait ses traits dans une ombre profonde. Je ne pouvais que deviner ses lèvres fines pincées de colère, et ses longs cheveux noirs.

« -L'empereur m'a ordonné de vous escorter à bon port. Je lui obéis. »

A l'aide d'un mouvement irrité, je me dégageai de son emprise et me mit en route. Il n'avait qu'à me suivre, puisqu'il mettait les recommandations de l'empereur avant celles de son médecin. C'était la dernière fois que j'opérais leurs yeux. Il ne faudrait plus rien me demander.

◊◊◊

-HARUNO SAKURAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA !

Bam. La terre s'ébranla sous nos pieds. En parlant de pied, le coup légendaire de celui de Tsunade venait d'atterrir à quelques centimètres. Elle avait fait exprès de me louper, évidemment. Sinon, je ne serai plus de ce monde à l'heure actuelle. Mon maître campait fermement sur ses jambes, décolleté plongeant, portée sur hauts talons. Ses yeux tranchants fusillèrent le garde impérial.

« -ALORS !

-Je vous laisse. Ma mission ici est terminée.

-Ahm...Tsunade-sama, tentai-je dans un sourire désespérée.

-Rentre tout de suite, nous devons parler après. Quant à toi. » fit-elle à l'adresse de mon escorte.

Toi. Plus de secrets quant à l'origine de mes impolitesses répétées au palais. J'avais été élevée par l'experte en matière de familiarité. Heureusement, Shizune-senpai était venue contrebalancer cet extrême en m'inculquant quelques notions de courtoisie.

« -Tu avais intérêt à me la ramener vivante.

-Vous n'aviez qu'à être présente au moment où votre empereur vous ordonnait de venir, lâcha-t-il sobrement. »

Vite. Je pressai le pas et me réfugiai dans notre demeure. Je ne voulais pas assister à la colère de Tsunade-sama. Il avait osé lui donner la réplique. Il aurait mieux fait de se taire. Dès que je franchis les portes, le sol trembla de nouveau après un coup violent. Mes yeux se fermèrent jusqu'à entendre la voix bien connue de mon aînée. La toute brune s'était précipitée pour m'enlacer, soulagée. Et je lui rendis volontiers son étreinte. Indifférente aux sauts d'humeur de sa belle-sœur, elle m'entraîna dans la cuisine à l'arrière de la maison, pour que nous soyons au calme. Un cochon se promenait tranquillement dans la pièce et fait cocasse, il portait un ruban autour de son cou gras. Bien, bien. Encore une fantaisie de Shizune.

« -Alors, alors ?

-L'utilisation répétée de son dôjutsu a abîmé ses nerfs optiques. J'ai dû administrer la protéine de Tsunade-sama et procéder à l'ablation de la calcification du nerf afin de lui redonner toute sa vitalité. Tout se jouera sur le post-opératoire, mais ils ont les compétences qu'il faut là-bas.

-Seigneur..souffla-t-elle en portant sa main à son front, quel stress !

-A qui le dis-tu, mais saches que j'ai failli ne pas revenir.

-Je suis sûre que tu exagères...

-Non ! Ce palais est horrible. Les gens sont hypocrites, sourient toujours même quand l'heure est grave. Il faut s'incliner devant tout le monde, limite autant marcher direct à quatre pattes. Ou en rampant, tiens. »

Elle ne commenta guère mon ressenti et poussa un soupir désabusé en secouant la tête.

« -Sakura !! »

Tiens, mon maître était revenu. Et elle me prit immédiatement dans ses bras, soulagée. Elle eut le soin de m'examiner sévèrement ensuite. C'était tout elle, une boule de contradictions. Je pris mon courage à deux mains et m'inclinai devant elle.

« -Pardonnez-moi, Tsunade-sama, mais l'empereur a exigé que nous soyons mises sous surveillance. Je...je n'ai pas su empêcher.

-Nous allons déménager sur-le-champ, décida-t-elle, d'une voix autoritaire.

-Qu..quoi ?! M'étranglai-je.

-J'ai un ami de longue date, Jiraiya. Il habite au Pays des Sources chaudes. Il nous réservera un bon accueil et nous serons loin de l'emprise d'un souverain abusif. Je craignais depuis longtemps d'être dérangée, et voilà. Cela n'arrêtera plus, crois-moi. Je ne veux pas être réquisitionnée comme médecin impérial, ou pire que toi tu le sois. Je préfère courir le risque de fuir et si un shinobi nous en empêche, nous saurons nous défendre. Oh, je n'aurais pas dû être si saoule ! Mais je venais de perdre aux jeux, ahm... »

Elle coupa là, constatant le regard inquisiteur de son assistante. Quant à moi, je me sentais libérée d'un poids. Fuir était lâche, mais parfois salvateur. Je reconnaissais que nous serions en paix loin de Konoha. Elle dut repérer mon air complaisant puisqu'elle rajouta :

« -Nous partons dans une semaine. Le temps de vendre cette bicoque...et les animaux qui vont avec. Et non, Shizune, je ne me trimballerai pas avec un troupeau de cochons sur les routes ! » L'euphorie me fit complètement oublier les risques encourus en désobéissant au souverain. Un sourire éclatant vint percuter mes lèvres et nul doute que mes yeux devaient resplendir de bonheur. Enfin. Tadaima*.

◊◊◊

« -A quoi penses-tu ?

-A la manière dont elle me parlera, quand on l'apportera ici, devant moi.

-Je ne sais pas. Après tout, c'était ton idée stupide. N'as-tu pas d'autres choses auxquelles tu devrais penser. Comme les préparatifs de ton mariage ? Les négociations d'alliance avec le royaume de Suna ? La guerre qui menace d'éclater avec le pays de l'Eau ? » soupirai-je, avec un sourire moqueur en coin.

Discussion d'aveugles. Je devinais pourtant aisément ses airs crispés. La même moue capricieuse qu'au temps de notre enfance. Il n'aimait pas être contrarié, ni qu'on lui refuse ce qu'il désirait ardemment. Bientôt, la petite Hinata viendrait défaire nos pansements. Pour la dernière fois. Nous entendîmes de concert la porte s'ouvrir.

« -Heika-sama , » salua la voix polie de Sai. « Vous m'aviez ordonné de vous prévenir au moindre...

-Fais donc, le coupa l'empereur.

-La légendaire Tsunade a réussi à vendre sa maison et son bétail. La transaction sera signée demain.

-Apporte-moi mon sceau et de quoi écrire. »

Je soupirai. Saï était un espion hors pair. Il appartenait à l'élite et il était étonnant de l'avoir mis sur une mission aussi secondaire et insignifiante. Et l'autre qui s'empressait de rédiger son ordre, une fois de plus. Dire que je ne le comprenais pas serait mentir et mon visage s'assombrit. Je ne sus combien de temps, je restais là, à ressasser mes pensées et mes souvenirs sinistres jusqu'à ce que la voix de mon précédent interlocuteur me fasse regagner la réalité.

« -J'exige que mon frère, Sasuke transmettre cet ordre. Convoque-le, Sai.

-Pitié....lançai-je, il sera furieux d'être pris pour un ninja de moindre rang.

-Il n'aura pas le choix. Je lui fais confiance. Il me la rapportera.

-Bien, Heika-sama, confirma notre espion et je l'imaginais sans peine s'incliner sobrement. Et dès qu'il quitta la pièce, c'est-à-dire que son chakra ne se faisait plus ressentir, la discussion reprit et pour une fois, je ne lançais guère les hostilités.

-Le roi Gaara est invité à mes noces. Un bon moyen de négocier, à ce moment-là. Quant aux préparatifs, ce n'est pas à moi de m'en préoccuper. Cette union n'est pas la plus espérée.

-Le clan Yamanaka est actuellement le plus riche et le plus prometteur. La fille est jeune, belle, féconde. J'insistai à mort sur le dernier mot. Parce que c'était stratégiquement important. En l'absence d'enfant, le prince héritier demeurait Sasuke. »

A son tour de pousser un profond soupir de lassitude. Au fond, il adorait son jeune frère. C'était plutôt l'inverse le problème. Et cette haine, doublée d'une rivalité mal assumée, pouvait mener l'empire au bord d'une nouvelle guerre civile.

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