Chapitre 7 - Rébellion et projet solitaire

Comme prévu, l'abruti qui sert de capitaine à l'équipe de Serpentard a refusé Ori Dorricott. Tout comme il a refusé les trois autres filles qui se sont présentées lors des sélections.

Peut-être parce qu'il apprécie la jeune joueuse, ou peut-être juste parce qu'il enrage de voir que Severus se fiche d'avoir, une fois de plus, nommé un parfait connard à un poste à responsabilités, Harry décide de prendre les choses en main lui-même.

Ainsi, jeudi à la première heure, il se présente chez Minerva et lui expose l'idée qu'il a eue pendant la nuit : une équipe B pour chaque maison. Composées de joueurs qui auraient pu prétendre à être titulaires, ces équipes bis permettraient surtout de pouvoir remplacer les élèves malades ou blessés lors des compétitions officielles. D'ailleurs, il serait également possible de leur organiser des matchs à part, qui ne compteraient pas forcément pour la coupe des maisons, mais qui offriraient aux étudiants quelques occasions supplémentaires de se réunir pour les encourager.

Il insiste sur le fait qu'il s'occupera de l'entraînement de ces quatre nouvelles équipes, ce qui n'occasionnera aucun désagrément pour les capitaines ou pour qui que ce soit d'autre.

— Bien sûr, si ceux-ci veulent les intégrer à certains de leurs entraînements, ils en auront le droit. Je pense même que ce serait à encourager, mais ce ne sera pas obligatoire.

McGonagal écoute avec attention sa proposition, et la passionnée de quidditch qu'elle est hoche même la tête à de nombreuses reprises, ce qui semble être plutôt bon signe. Pourtant, quand elle lui donne enfin sa réponse, Harry déchante.

— Albus a toujours refusé qu'il y ait une seconde équipe, ou même de simples remplaçants officiels.

Dégoutté, Harry se force à ne pas l'interrompre, même s'il en crève d'envie et qu'il se sent se ratatiner sur lui-même un peu plus à chaque parole qu'elle ajoute. Est-ce que, vraiment, personne n'est de son côté dans cette école ? Être prof n'a rien à voir avec ce qu'il avait imaginé.

— Cela dit, ajoute la directrice, je n'ai jamais compris pourquoi ça semblait lui poser un problème. Nous avons soulevé l'idée à de nombreuses reprises, Rolanda* et moi, mais il a toujours fait la sourde oreille.

Le poids qu'il sentait sur ses épaules encore une demi-seconde plus tôt s'envole soudain et Harry relève la tête dans sa direction, des étoiles dans ses yeux fatigués.

— J'aurais aimé qu'elle soit là pour donner son aval, mais comme elle y était favorable à chaque fois que nous en avons discuté toutes les deux, je pense que ça ne la dérangera pas si vous commencez le travail sans elle. Par contre, Harry, vous avez bien conscience que vous allez devoir gérer quatre entraînements de plus par semaine ? Ce n'est pas rien.

Harry bondit de sa chaise. Les mains étalées sur le vaste bureau dégagé de la directrice, il approuve d'un hochement de tête.

— Ça ira, j'en suis sûr. Et je connais suffisamment les capitaines de Griffondor, Serdaigle et Poufssoufle pour savoir qu'ils accepteront avec joie d'intégrer les nouveaux à leurs entraînements. Surtout qu'avec deux fois plus de joueurs, ils pourront faire de vrais matchs, ce qui ne pourra que leur être bénéfique.

McGonagal lui sourit en retour, visiblement satisfaite.

— Je vois que vous y avez déjà bien pensé. Ça me conforte dans l'idée que j'ai bien fait de vous proposer ce poste, Harry.

Satisfait pour, lui semble-t-il, la première fois depuis trop longtemps, Harry rejoint la Grande Salle le sourire aux lèvres. En s'auto-désignant comme responsable des quatre équipes supplémentaires, il s'est assuré d'avoir son mot à dire lors des sélections. Et comme il a assisté à toutes celles ayant déjà eu lieu, il a une bonne idée des joueurs et joueuses qu'il souhaite voir les intégrer. Le capitaine des Serpentard refusera de jouer avec les remplaçants, mais quelle importance ? L'année prochaine, il sera parti et si Severus se décide à être moins stupide, peut-être que, pour la première fois depuis longtemps, l'équipe des verts se mettra à jouer réglo et ne sera pas composée que de crétins dégénérés.

Mais bon, pour ça, encore faudrait-il que l'homme accepte de comprendre ce qu'il a tenté de lui expliquer trois jours plus tôt.

En arrivant dans la Grande Salle, l'enthousiasme d'Harry s'est un peu refroidi. Il faut qu'il parle à son compagnon. Pas seulement de cette histoire de quidditch, mais aussi et surtout d'eux. Il soupire en découvrant qu'il est le premier professeur et hésite même quelques instants à aller s'asseoir aux côtés des quelques élèves déjà attablés plutôt que d'avoir à se retrouver seul à la grande table. Aucun des gamins présents, pourtant, ne fait partie de ceux qu'il connaît bien, alors, pour éviter de les mettre dans l'embarras, il rejoint sa place et fait venir à lui son pichet de jus de citrouille matinal.

Il ne faut que quinze minutes avant que la salle ne se remplisse et, bientôt, il se retrouve entouré de ses collègues, tous occupés à discuter de choses sans le moindre intérêt. L'épouvantard trouvé dans une vieille malle oubliée dans un couloir du sixième, le procès de trois mangemorts en cavale sur lesquels les aurors ont enfin mis la main, et des potins, des ragots et encore d'autres on-dit stupides à propos de sujets inintéressants au possible.

Quand un hibou laisse tomber un exemplaire de la Gazette devant McGonagal, il n'y prête pas attention. Quand les murmures dans la Grande Salle se font plus assourdis, il n'y prend pas garde. Mais quand Pikines lui donne un coup de coude en lui faisant passer son propre exemplaire du Torchon des Sorciers, il sort enfin de son état végétatif et lui lance un regard noir.

— Aieuh ! Qu'est-ce qui vous prend ?

— Ça pourrait t'intéresser.

Elle lui désigne le journal d'un coup d'œil, puis porte son attention sur les mille et quelques élèves qui leur font face. À ce moment, Harry remarque qu'ils sont nombreux à avoir la tête tournée dans leur direction et il n'est pas mécontent que le regard de Pikines – bien plus noir et efficace que le sien – les fasse se détourner.

Avec une appréhension qu'il a fini par associer à la Gazette au fil des ans – et ces derniers mois tout particulièrement – il s'attarde sur l'info qui fait les gros titres.


« L'Élu et l'ancien mangemort : La fin de leur relation contre-nature ? »

Allons bon, qu'est-ce que ces fouille-merde ont encore été leur inventer ? Avec écœurement, Harry se rend en page 4 et découvre, outré, une photo de lui et Severus prise dans les couloirs du château. Sur celle-ci, on les voit s'adresser quelques mots puis repartir chacun de leur côté. Le professeur de potion a un air grave et lui-même semble furieux et remonté. Elle date du soir précédent, quand Severus a voulu lui parler, mais qu'encore énervé par leur dispute, Harry a choisi de l'ignorer. Qui est l'abruti qui a pu la prendre ? Il ne se rappelle pas qu'il y ait eu qui que ce soit d'autres avec eux à ce moment-là.

Le pire, pourtant, reste à venir. Un article gerbant écrit par un journaliste sans foi ni loi et alimenté par une petite vipère répugnante qui se cache dans la masse des élèves gentiment assis qui prennent leur petit-déjeuner.

« C'est une information qui nous vient d'un élève de Poudlard qui souhaite rester anonyme, qui vient de nous parvenir. Le jeune héros du monde sorcier, celui qui a défait le plus grand Mage Noir de tous les temps, notre Élu adoré, Harry Potter, aurait enfin mis un terme à la relation malsaine qu'il entretenait avec l'ex-mangemort nationalement connu, Severus Rogue.

Après avoir blanchi le nom de son ancien professeur de potion lors du procès qui envoya plus de quatre cents mangemorts à Azkaban il y a un an et demi, le garçon-qui-a-vaincu s'était rapproché du meurtrier soi-disant repenti. De retour à Poudlard pour y réaliser sa dernière année d'étude avec un an de retard, Harry Potter, déprimé à cause de la guerre... »

Une envie pressante de vomir – à moins que ce ne soit de tout casser ? – s'empare un peu plus de lui à chaque nouvelle ligne et Harry relève la tête. Sa moue de dégoût s'est accentuée et il va réduire la Gazette en cendre, quand Orlanda Pikines revient à la charge. D'un doigt, elle tapote le bas de l'article avec insistance.

— Le dernier paragraphe.

S'il y a une bonne nouvelle dans tout ça, se rend compte Harry, c'est qu'elle va à l'essentiel. Pas de discussion inutile ou de phrase à rallonge. Est-ce qu'elle aurait compris qu'il n'est pas son plus grand fan ou était-elle déjà comme ça l'année passée, en cours ? Il est incapable de le dire.

« Il semblerait donc que depuis une semaine, maintenant, les deux professeurs s'évitent au point de ne même plus s'adresser la parole.

Notre contact au sein de l'établissement ajoute même que « depuis le début de l'année, ils sont restés discrets à propos de leur relation. Je n'ai jamais eu l'occasion de les voir s'embrasser ou même juste se tenir la main, mais les regards complices qu'ils se lançaient étaient suffisamment explicites pour que nous n'ayons pas besoin de plus pour confirmer les rumeurs qui courent à leur sujet. C'est qu'il est de notoriété publique que les deux hommes se détestaient encore il n'y a pas deux ans, alors voir Harry Potter rire aux blagues de Severus Rogue (Enfin, il semblerait que ce soit des blagues ? Ni moi ni mes amis n'avons jamais pu nous tenir assez près pour en être certains) c'est assez inédit. »

Est-ce le traitement médiatique dont à bénéficié leur relation hors normes qui a eu raison de leurs sentiments qu'on imagine difficilement autres que balbutiants, ou une prise de conscience subite de notre jeune héros qui est à l'origine de cette rupture ? Nous ne le saurons certainement jamais, sauf si ce dernier se décide enfin à accepter une interview pour notre bonne vieille Gazette.

L'invitation est donc lancée (encore une). En espérant que, cette fois, elle arrivera à bon port. »

— Ils manquent pas d'air, gronde Harry en refermant le journal avec hargne. Et si j'attrape la face de goule qui a été leur raconter ces conneries...

— Alors, c'est faux ?

Pikines ne semble pas réellement intéressée par sa réponse et Harry a plutôt l'impression qu'elle ne l'a interrogé que pour paraître polie. Seulement, si en temps normal elle aurait été la dernière personne sur l'épaule de qui il serait venu s'épancher, il doit aussi reconnaître que cette semaine, il s'est senti bien seul et que l'idée de parler de ses malheurs à quelqu'un le titille.

Entouré comme il l'a toujours été – par Ron et Hermione dans un premier temps, mais aussi par Dumbledore et le reste des Weasley, puis par Severus lui-même dans un second – il ne s'était jamais rendu compte que même dans les moments où il avait tenté de s'isoler, il ne l'avait pas vraiment fait. Il ne l'avait pas pu. Et heureusement, parce qu'être seul, en fait, il déteste ça.

— Bien sûr que c'est faux, souffle-t-il. On a peut-être quelques différents, mais c'est pas pour ça qu'on ne s'aime plus.

— Et Severus, il le sait ?

Harry plisse les yeux et dévisage la sorcière d'un œil mauvais. Vraiment, il n'y a rien à faire, même si tout le monde l'adore, à lui, elle ne lui revient pas.

— C'est quoi cette question ?

Elle hausse les sourcils – là où une personne normale aurait haussé les épaules – et souffle sur sa tasse de thé bouillant.

— Rien de précis. Juste qu'en vous regardant évoluer ensemble, on ne dirait pas que vous filez le parfait amour. Vous ressemblez à deux collègues qui se supportent tout juste.

Harry sait que c'est vrai et il ne devrait même pas avoir à s'en émouvoir puisqu'il s'agit précisément de ce que Severus souhaitait. Pour éviter les remarques et faire peut-être même taire les rumeurs, il lui a demandé dès le premier jour de ne pas être trop familier avec lui en dehors de leurs appartements. L'ennui, c'est qu'Harry n'a jamais pu s'y résoudre. Il ne l'a pas embrassé, a évité de trop le toucher ou même de le regarder en douce avec ses yeux stupides d'amoureux idiot, mais n'est jamais parvenu à se montrer froid avec lui. Ça lui aurait rappelé trop de mauvais souvenirs.

— Je dois lui parler, décide-t-il en se levant.

— Ça va être compliqué, fait alors la voix de Minerva. Il n'est pas au château.

— Comment ça ? Il est où ?

Hochant la tête, la vieille sorcière lui offre son sourire le plus compatissant.

— J'ai bien peur de ne pas pouvoir te le dire, Harry.

— Il ne vous l'a pas dit ?

— Si, mais s'il a décidé de ne pas te le dire, à toi, je ne peux le faire à sa place.

Sonné, Harry se laisse retomber sur sa chaise. Ses jambes sont aussi molles que s'il avait reçu le sortilège de jambesencoton. Alors comme ça, Severus ne lui fait pas assez confiance pour lui dire où il va quand il quitte l'école ? Et si cet élève fouineur ne s'était pas trompé et que leur relation était bel et bien terminée ? Non, impossible, jamais Severus n'aurait décidé ça seul de son côté. Et puis il lui a dit qu'il l'aimait il n'y a pas quinze jours, alors...

— Oh, Merlin...

Tandis qu'il prend conscience d'une chose qui lui avait échappé jusque-là, le monde se met à tourner autour d'Harry. À tourner très vite.
Bon, il est vrai que depuis son entrée dans le monde des sorciers à ses onze ans, celui-ci a toujours tourné autour de lui, mais jamais il ne l'a fait littéralement.

En un battement de cils, le flou qui s'est emparé de sa vision devient noir et la gravité cesse d'avoir de l'influence sur son corps. Le haut, le bas, la droite et la gauche, plus rien de tout cela n'a de sens pour lui, et le mouvement qu'effectue son corps pourrait aussi bien être dirigé vers l'une de ses directions, comme vers aucune ou toutes à la fois. Car plus rien n'a de sens – véritablement – à cause de l'océan du coton dans lequel vient de tomber son cerveau.

Un autre battement de cils plus tard, la lumière revient. D'abord vive et agressive, elle lui brûle la rétine, le force à refermer les yeux aussi sec. Un nouvel essai voit les couleurs revenir et, enfin, après une infinité de temps où plus rien n'a eu d'importance, quelques sons percent le mur d'ouate qui le maintient à l'écart de ce monde trop empressé.

— Harry ! Harry, mon garçon, vous m'entendez ?

Dans son champ de vision encore en partie brumeux, les visages de McGonagal, Pikines et Flitwick se mélangent en une vision des Enfers.

— Harry, fait le petit professeur alors que son visage se détache de la bouillie formée par ceux de ses collègues. Buvez. Ça vous fera du bien.

Incapable de protester, Harry s'exécute et avale d'une traite le flacon rempli d'un liquide orangé qu'il lui tend. Aussitôt, il sent ses forces lui revenir et en un quart de secondes, il est debout.

— Vous devriez aller voir Pompom, et annuler vous entraînements de la journée, s'inquiète la directrice.

— Ça ira, merci. Ça va déjà beaucoup mieux, en fait. Ce tonic est vraiment très fort, professeur. Vous ne devriez peut-être pas le garder pur si c'est pour vous, ajoute-t-il à l'attention de Flitwick, en lui rendant sa flasque.

Le petit professeur le regarde avec des yeux immenses, hésitant entre se sentir vexé par la remarque ou mettre Harry en garde contre ce qui l'attend, mais il choisit juste d'éclater de rire.

— Vous n'étiez pas censé le boire en entier, jeune homme !

N'entendant pas l'avertissement dans ces paroles, Harry hausse les épaules et se retourne vers Minerva.

— Quand revient-il ?

— Eh bien, il a cours demain matin, donc il devrait être de retour avant 10 h.

— Il va passer la nuit à l'extérieur ?

La directrice présente ses paumes en signe d'ignorance et Harry, qui ne s'est jamais senti plus en forme de sa vie, les quitte, pressé de rejoindre le terrain de quidditch.

* J'ai découvert que le prénom de Mme Bibine était Rolanda bien longtemps après avoir décidé d'appeler la prof de DCFDM Orlanda. C'est un hasard que leurs prénoms soient si proches, n'y voyez vraiment rien de plus

**

Il semblerait que j'ai quelques heures de retard, les gens. Toutes mes confuses !
J'espère que vous ne m'en voulez pas trop ^^


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