Chapitre 6 - Déjeuner et sélection

Le lundi matin, Severus se présente enfin au petit-déjeuner. Il échange quelques mots avec Minerva puis se tourne vers Harry et ce dernier l'entend soupirer avant qu'il ne se décide à lui ré-adresser la parole.

— Tu as mes deuxième année en première heure, c'est juste ?

Harry ouvre la bouche, prêt à râler, mais se retient au dernier moment. Au lieu de ça, il affecte un ton désintéressé et répond en se resservant en jus de citrouille.

— Alors on fait comme s'il ne s'était rien passé ? Bien, comme tu veux.

Dans les yeux de Severus, une lueur d'incompréhension s'allume, mais Harry, qui a déjà repris la parole, ne la remarque pas.

— J'ai entendu dire qu'il y avait quelques bons éléments parmi les deuxièmes. Tu devrais peut-être assister à l'entraînement et souffler quelques noms au crétin que tu as choisi comme capitaine cette année encore.

Il sent qu'il aurait dû éviter d'ajouter cette ultime pique, mais il le pense sincèrement ; les capitaines de Serpentard ont toujours été les pires tocards. À croire que Severus se complaît à l'idée de traîner parmi des gens infectes.

L'homme, pourtant, choisi de ne pas relever. Il se sert un thé amer qu'il n'agrémente ni de lait ni de sucre et l'avale aussitôt, sans même grimacer quand l'eau bouillante s'écoule le long de son œsophage.

— Impossible. J'ai cours, moi aussi.

Bien sûr, ça va de soi, mais ça n'arrête pas Harry.

— Les sélections n'ont pas encore eu lieu, je peux conseiller aux meilleurs de s'y présenter. Elles auront lieu mercredi, à...

— Je sais très bien quand elles se tiendront, le coupe Rogue. Et maintenant, si tu m'expliquais ce qui me vaut cette humeur massacrante ?

Harry s'étouffe avec sa cuillère de porridge. Le hoquet le prend par surprise et il faut plusieurs claques assenées dans son dos par le professeur Sinistra, qui se trouve à sa droite, pour lui éviter de mourir bêtement devant 1200 élèves et une dizaine de ses tout nouveaux collègues.

— Tu te moques de moi ? chuchote-t-il une fois que tous ont repris le cours de leur petit-déjeuner. On s'est disputé, samedi, et on n'a pas reparlé depuis. Ça ne t'a rien fait ? C'était une journée normale, ça, pour toi ? C'est comme ça que tu imaginais notre premier week-end ?

Il a beau tenter d'être discret, sa voix se brise sur la dernière phrase et plusieurs regards curieux se tournent vers eux en attente d'une potentielle crise du couple le plus improbable de Grande-Bretagne.

Rogue les remarque, et un seul de ses célèbres regards noirs suffit à les faire se détourner. Quand il pose à nouveaux les yeux sur Harry, pourtant, ses épaules s'affaissent.

— C'est bientôt l'heure du premier cours. Je propose que nous continuions cette discussion à midi, dans mes appartements. Je nous y ferais servir, si ça te convient.

Encore une fuite. Ça énerve tellement Harry qu'il se lève d'un bond. Sa chaise racle bruyamment le parquet et de nouvelles paires d'yeux viennent s'ajouter aux premières, qui ont recommencé à les dévisager.

— Faisons ça, abdique-t-il avant de quitter la grande salle au pas de course et sans même un dernier regard en arrière.


Quand ses élèves arrivent au terrain de quidditch, Harry en a déjà fait le tour à fond de balle une cinquantaine de fois. Ça lui a un peu vidé la tête, et c'est plus calme et presque souriant qu'il vient se poser au milieu d'eux.

— Bienvenue à votre premier cours de quidditch de l'année, les accueille-t-il. Sachant que les sélections pour intégrer votre équipe auront lieu dans deux jours, je propose à celles et ceux qui souhaiteraient y assister de commencer par un petit match sur la partie gauche du terrain. Pendant ce temps, les autres exécuteront quelques exercices simples qui me permettront de visualiser un peu le niveau de votre classe. Est-ce que ça vous convient ?

L'enthousiasme des petits Serpentard termine bien vite de gommer ce qui restait de sa mauvaise humeur, et pendant deux heures, il prend plaisir à les encourager à donner le meilleur d'eux-mêmes.

Vingt minutes avant la fin du cours, il ajoute trois élèves prometteurs au groupe occupé à se préparer et autorise le reste de la classe à rejoindre les vestiaires. Il assigne à chacun un rôle, quitte à bouleverser un peu les arrangements pris au départ par les gosses.

— Toi là, l'attrapeuse, c'est quoi ton nom ?

Une gamine trop balourde pour le poste fait virevolter son balai avant de se poser face à lui d'une manière que même un géant ne pourrait qualifier de légère.

— Ori, m'sieur. Ori Dorricott.

— Ori, tu voles vraiment bien, et je crois pouvoir affirmer sans me tromper que tu es la plus agile de cette classe, mais ça ne suffira pas pour occuper le poste d'attrapeur. Il te manque la vitesse et... euh... une certaine propension à risquer ta vie pour pas-grand-chose, comme dirait ton directeur de maison.

À l'écoute de ce qu'elle prend pour un étalage injuste de ses défauts, la petite Serpentard perd son sourire et ses yeux se voilent d'un trop-plein de larmes qu'elle ne retient plus pour longtemps. Elle est sur le point de sauter sur son balai pour fuir aussi vite et loin que possible de ce coach stupide et cruel, quand celui-ci reprend la parole.

— En revanche, comme je l'ai dit, tu es agile et j'ai rarement vu une si jeune joueuse avec un tel équilibre. Pour maximiser tes chances d'entrer dans l'équipe, j'aimerais que tu joues ce match en tant que batteuse.

Ses larmes disparaissent aussi vite qu'elles sont apparues, et Harry l'envie d'avoir cette capacité. Mais cette pugnacité qu'il devine chez elle est un indice supplémentaire qu'il a fait le bon choix en lui proposant ce poste. La jeune fille proteste un peu pour la forme, mais une fois en l'air avec sa batte, il surprend un sourire furtif au coin de sa bouche.

Oui, à n'en pas douter, il a fait le bon choix.


Assis face à Severus, dans la petite cuisine de celui-ci, Harry mange en silence le repas préparé par l'armée d'elfes de maison de Poudlard. Sur l'antique table en bois, dégagée pour l'occasion, s'étalent nombre de plats succulents dont ils ne pourraient venir à bout, même en plusieurs semaines.

Las que le seul son à venir troubler la monotonie du lieu soit celui des couverts dans leurs assiettes, Harry s'éclaircit la gorge avant de prendre la parole.

— Ori Dorricott ferait une excellente batteuse. Tu devrais en parler avec ton capitaine.

Il est hors de question qu'il soit celui qui amène sur la table le sujet dont aucun d'eux n'a envie de parler. Pas une nouvelle fois.

— Ori Dorricott ?

Severus semble étonné, mais se reprend aussitôt, en profitant au passage pour se resservir de seitan rôti.

— Oh, oui, je vois. Mais c'est une fille...

— Finement observé.

— Ce que je veux dire, c'est qu'il n'y a jamais eu de filles dans l'équipe de Serpentard.

— C'est terriblement sexiste et rétrograde, note Harry avec un regard désapprobateur. Franchement, c'est nul. Je ne te pensais pas comme ça...

— Mais je ne suis pas comme ça, souffle Rogue en déposant ses couverts et en roulant des yeux. Ce sont les capitaines successifs qui le sont.

— Et tu peux me rappeler par qui ils sont nommés ?

Severus roule des yeux une fois de plus. Gêné par la question ou dérangé par sa futilité, Harry ne parvient pas à le savoir. Quand il reprend la parole, c'est de la voix de celui qui estime qu'on l'agresse gratuitement et ne répond que contraint et forcé.

— Moi...

Satisfait, au moins pour un temps, Harry approuve et porte à sa bouche quelques légumes étranges probablement cultivés par Hagrid.

— Bien. Maintenant que tu as compris, tu pourras peut-être nommer quelqu'un de moins stupide à ce poste l'année prochaine. C'est la dernière année de cet abruti, de toute façon, non ?

Rogue approuve en silence, pas mécontent lui aussi, de savoir que l'imbécile qu'il a nommé capitaine sous le règne de Voldemort devrait enfin quitter le château cette année. Pour peu qu'il ne redouble pas encore, s'entend. Car si c'est un miracle que le garçon n'ait pas fini à Azkaban avec une plainte pour association de mangemorts et cruauté organisée au cul, ça arrangerait tout de même son directeur de maison s'il pouvait débarrasser le plancher en réussissant ses examens. Car, au fond, il n'est pas certain qu'un miracle ait été nécessaire à lui sauver les miches, sa bêtise aussi caractérisée que légendaire en était parfaitement capable toute seule.

— Tu te coupes d'un excellent élément, insiste Harry. Elle a des réflexes, une force de taureau et est agile. Elle a prouvé ce matin qu'elle ferait une excellente batteuse malgré son jeune âge.

— Ce sera peut-être pour l'année prochaine, conclut l'homme, qui n'en a strictement rien à faire. Et à part ça, vas-tu enfin m'expliquer pourquoi tu râles comme ça ?

Alors c'est comme ça ? Il va faire semblant de ne pas savoir ce qui le perturbe ? Attristé par cette constatation, Harry se lève, prend un morceau de pain qu'il trempe dans la sauce d'un autre plat et s'éloigne de quelques pas avant de se laisser tomber dans le fauteuil où il a passé tant de nuits calmes et confortables.

— Tu t'en fiches, en fait...

— Mais de quoi ? Harry, par la barbe de Merlin, je ne comprends rien à tes états d'âme depuis le début de l'année...

Le professeur de potions s'est téléporté derrière son siège. Harry en est certain parce qu'il ne l'a pas entendu se lever, et pourtant il est là, à le regarder de haut. Littéralement, puisqu'il se trouve juste au-dessus de lui.

— Des états d'âme ? C'est vraiment comme ça que tu vois, ça ? Que tu me vois, moi ? On se dispute, notre première vraie dispute, et tu disparais toute une journée, à bouder dans ton coin. On a même pas dormi ensemble après ça. C'était la première fois depuis... depuis des semaines ! Et ça ne te fait rien ?

— Ce n'est qu'une nuit, enfin. Notre relation est-elle à ce point fragile pour qu'elle ne puisse résister à une nuit séparés ?

— C'est vraiment comme ça que tu vois les choses, alors ? Merde. Et moi, qui m'inquiétais...

— Harry...

— Non, ça ira. Merci pour le repas. Même si tu n'y es pour rien, je sais. Je vais y aller, j'ai cours avec mes amis de Griffondor, cet après-midi.

Et sans attendre de réponse, Harry quitte la pièce et claque la porte derrière lui, laissant un Severus stupéfait dans son sillage.


**

Les gens...

Alors, comment dire... Je n'avais pas du tout prévu qu'ils seraient toujours à couteaux tirés comme ça à la fin de ce chapitre. Mais OK, je vous ai expliqué comment j'ai choisi de travailler sur ce second (et dernier) tome, donc d'accord, j'accepte (je vous l'ai expliqué ? J'ai un doute, subitement... À minima, je l'ai fait sur Insta. Ou alors j'ai juste écris l'article et je ne l'ai jamais posté ? Ja sais plus... Bon, je vérifierai pour la semaine prochaine et je vous expliquerais à ce moment-là si ça n'a pas encore été fait;)

Dans tous les cas, je vais les suivre et on verra où ils choisissent de m'emmener. De toute façon, j'ai toujours ma trame principale avec les points importants à aborder ainsi que l'endroit où ils doivent se situer (à peu prés) et pour l'instant, rien n'est en péril. Donc, on continue.

En espérant que ça vous plaise toujours.

Des bisous.


Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top