Chapitre 3 - Gazette et vacances

Être à nouveau entre ces murs et marcher dans ces immenses couloirs vides a quelque chose d'irréel. La dernière fois que c'est arrivé, Harry courait comme un dératé, pressé de pouvoir s'expliquer avec McGonagal.

Les escaliers mouvants, il ne se souvient même pas les avoir empruntés. Les couloirs vides, il n'a aucun souvenir de les avoir parcourus. Tout ce dont il se rappelle, ce sont les gargouilles devant le bureau de la directrice. Alors qu'il s'attendait à devoir parlementer longuement avec elles, les créatures s'étaient effacées et lui avaient ouvert la voie vers le court escalier en colimaçon.

C'est à bout de souffle et avec un point de côté, qu'Harry s'était effondré contre la porte du bureau directorial bien plus qu'il n'y avait frappé. La voix de la vieille dame l'avait invité à entrer et le fait qu'elle n'ait pas paru surprise de le voir arriver dans cet état lui avait fait craindre le pire.

— C'est faux ! s'était-il exclamé. Tout est faux !

Sans sourciller, Minerva avait hoché la tête et replié le journal qu'elle était en train de lire. La Gazette du Sorcier. Cette foutue Gazette. La photo à la une avait tellement été agrandie que même d'où il se trouvait, Harry pouvait reconnaître son avatar de papier courir au milieu des décombres garnissant l'atrium du Ministère et se précipiter dans les bras du Maître des potions pour l'embrasser comme s'il revenait du front – ce qui était un peu le cas.

— Ainsi, vous n'entretenez pas une relation avec Severus ? avait interrogé la vieille sorcière, comme si la photo qu'elle tenait entre ses mains ne prouvait pas le contraire.

Courbé en deux, les mains posées sur les genoux, Harry avait grimacé. Ah, il était beau l'ex-attrapeur avec sa condition physique délétère.

— Non, avait-il sifflé, ça, c'est la vérité, mais tout le reste n'est qu'un tissu de mensonges.

Minerva avait soupiré et, d'un mouvement de baguette magique, avait fait apparaître du thé et des biscuits sur son bureau.

— Venez vous asseoir, Harry.

Pantelant, le jeune homme avait obéit. La gorge sèche, il avait refusé les biscuits, mais s'était précipité sur sa tasse encore brûlante. La langue douloureuse à cause de son empressement, il avait repris la parole.

— Rien de ce que dit ce torchon n'est vrai. Severus ne m'a fait boire aucune potion pouvant s'apparenter de près ou de loin à de l'Amortentia. Je n'ai pas non plus consommé de drogue moldue et, évidemment, la guerre ne m'a pas rendu frappadingue. Après, il est vrai que lui et moi, nous...

Harry s'était interrompu et mordu les lèvres, comme pour s'empêcher de parler, puis avait reprit, un peu frustré qu'elle ne l'ait pas fait taire elle-même.

— Ça a commencé après que j'aie eu obtenu mon diplôme. Enfin, il est vrai qu'on s'était rapprochés avant, à cause de mes blessures, tout ça, mais il ne s'est rien passé tant que j'étais élève ici. Je peux vous le promettre.

Ou, tout au moins, lui, n'a rien fait, avait-il manqué d'ajouter.
Et comme McGonagal n'ajoutait rien, il s'était remis à stresser.

— Laissez-moi tout vous expliquer, avait-il supplié, bien qu'il n'ait eu aucune idée de ce qu'il aurait pu ajouter de plus.

Devant lui, la sorcière avait déplié son journal sur le bureau et tous deux avaient ainsi pu visionner une nouvelle fois l'image d'Harry se précipiter pour enlacer celle de Rogue au milieu des blessés, de la fumée et de la poussière.

— Ce ne sera pas la peine, avait alors énoncé la directrice sans élever la voix. Sauf si vous y tenez.

Abasourdi par son ton froid et détaché, Harry avait bégayé tandis qu'une chape de plomb lui tombait sur la tête.

— Je... Bien sûr que j'y tiens ! Je ne veux pas que vous croyiez une seule de leurs élucubrations. Ni que viriez Severus !

Enfin, alors qu'il ne l'espérait plus, la directrice lui avait offert un sourire.

— Je ne compte faire ni l'un, ni l'autre.

Certain, cette fois, d'avoir raté un détail important, Harry s'était interrompu, stupéfait.

— J'avoue que je ne comprends pas...

— Voyons Harry, je vous ai connu plus rapide, l'avait-elle rabroué. Severus m'a déjà tout raconté. Il m'a envoyé un hibou juste après la soirée chez les Weasley.

— Oh...

Comme toujours, l'homme avait eu une longueur d'avance sur lui, et Harry n'avait pu s'empêcher de se sentir irrité à cette seule pensée.

— Il savait que ça sortirait ce matin, alors il a anticipé, avait-il grincé.

La directrice avait approuvé d'un hochement de tête et ne lui avait pas laissé davantage le temps de s'appesantir sur son sort.

— Je n'approuve pas cette relation. Votre différence d'âge, vos antécédents, rien ne parle en votre faveur. Mais vous êtes tous deux majeurs et je ne suis la mère d'aucun de vous.

Elle avait alors soupiré si fort que l'espace d'un instant Harry avait craint de la voir se transformer en dragon, ou peut-être même en éolienne.

— J'espère juste que vous savez ce que vous faites, car à moins d'un événement de l'ordre du retour du Seigneur des Ténèbres cette relation va faire les choux gras de la Gazette pendant des mois.

Et bien sûr, elle avait raison.

Deux jours plus tard, lassé de ne plus pouvoir sortir sans se faire harceler, Severus lui avait offert le cadeau qu'il lui avait promis s'il obtenait un optimal à son examen de potions. Un voyage en Méditerranée.

Harry avait proposé d'en payer la moitié. Son coffre débordait de richesse et Severus n'était pas réputé très riche, mais celui-ci avait ri quand il le lui avait suggéré.

— J'ai enseigné pendant vingt ans sans avoir ni loyer ni nourriture à payer dix mois sur douze, penses-tu vraiment que j'ai pu tout dépenser lors de mes rares moments de répits ?

Harry n'avait pas insisté, même si en son for intérieur il se demandait surtout si moments de répits il y avait vraiment eu. Car même pendant les onze années pendant lesquelles Voldemort avait officiellement disparu, il doutait que l'homme ait pu vivre comme n'importe quel autre sorcier.

Alors ils étaient partis sur-le-champ grâce à Mr Weasley et au portoloin qu'il leur avait obtenu.
Italie, Grèce, Balkans, Tunisie. Que des endroits superbes où personne ne les connaissait. Ils avaient un peu fréquenté les communautés sorcières de leurs différents points de chute, mais s'étaient surtout mêlés aux touristes moldus. Pour la première fois de leur vie, aussi bien l'un que l'autre, ils prenaient des vacances – de vraies vacances – et rien ne pouvait leur sembler plus doux que de paresser au soleil, main dans la main, sans avoir à se soucier de voir débarquer des ex-admirateurs furieux.

Pendant un mois et demi leur vie s'était résumée à boire des cocktails sur la plage, à visiter de vieux bâtiments en ruine – chose que Severus appréciait bien plus qu'Harry – et à faire l'amour dans leurs chambres d'hôtel. Un programme que le jeune sorcier aurait volontiers adopté pour le restant de ses jours.

Mais l'été s'était terminé et l'homme avait indiqué vouloir rentrer. Ils avaient alors fait leurs bagages – la mort dans l'âme, pour Harry – et avaient rejoint la maisonnette au bord du loch. Ils n'y avaient passé qu'une seule journée avant que Severus ne le quitte pour retourner à Poudlard. Sans la lettre de McGonagal, Harry y serait resté toute la semaine à déprimer sur son sort.


Tournant la tête sur la gauche, Harry surprend le regard de Severus posé sur lui, et une nouvelle fois, il se met à angoisser. Ces six semaines ont été les plus merveilleuses de sa vie, mais peut-être que ça n'a pas été le cas de l'homme qui marche à ses côtés. Peut-être qu'il attendait septembre avec impatience pour être enfin débarrassé de lui ?

Il voit Severus jeter un œil en arrière. Aucune trace de Rusard, le vieux concierge doit jouir de ses dernières heures de tranquillité dans son bureau, à moins qu'il ne soit en train d'installer des pièges dans les passages secrets pour attraper les élèves qui voudraient les emprunter dès le premier jour de l'année ? Minerva n'est plus en vue non plus, elle les a les abandonnés devant la grande salle, pressée de mettre la touche finale aux horaires des étudiants comme des professeurs. Alors le maître des potions se penche dans sa direction et, rapide comme un éclair de feu, il lui vole un baiser avant de se remettre en route comme si de rien n'était.

Il veut sa mort, c'est sûr.


**

Hey les gens !

Écrire au passé n'est vraiment pas quelque chose que j'apprécie, surtout quand je dois intégrer ça dans un texte au présent, du coup, j'espère ne pas avoir laissé passer trop de fautes d'accord dans le petit flash-back au début.

Sinon, point de vue écriture, si je continue mon blocage sur le début du tome 2 de Manoir Wand, il n'est pas impossible que je me fasse un petit marathon de la complainte ce mois-ci. J'avoue que de n'en publier qu'un chapitre par semaine est frustrant même pour moi. Donc, si je parviens à doubler mon avance, je doublerai aussi le rythme de publication ^^

Des bisous.


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