Chapitre 15 : promesses et journalisme

À partir de ce moment-là, Harry tient presque sa promesse de ne plus courir partout comme il le faisait jusque-là. Ainsi, il n'assiste plus Severus qu'occasionnellement lors des entraînements du club de duel. Il a même renoncé aux tournois d'Échecs sorciers initiés par quelques élèves de septièmes années, ainsi qu'aux remédiations en potions données par Slugorn. Les premières avaient de toute façon une saveur très fade sans Ron pour l'écraser tel un cancrelat et il n'assistait aux secondes que pour faire plaisir au vieux sorcier collectionneur de prodiges.

Pour combler le vide laissé par ses nombreuses défections, il a accepté d'encadrer la toute nouvelle équipe de voltige sur balai et il a ajouté deux soirées d'entraînements inter-maisons pour les équipes B de quidditch. La petite Serpentard boulotte qu'il a repérée en début d'année s'en sort désormais si bien qu'il est à deux doigts de demander son transfert pour une autre maison – à tout hasard, Gryffondor ? – dès la rentrée prochaine si le nouveau capitaine s'avère aussi stupide que l'actuel et qu'il continue de refuser les filles dans son équipe. Stefen Romford, le capitaine de Griffondor, qui vient régulièrement lui prêter main forte, lui a d'ailleurs confié qu'il intégrerait Ory à son équipe dès aujourd'hui s'il en avait la possibilité. Ça a bien sûr conforté Harry quant aux capacités de la petite deuxième année, mais aussi aux siennes en tant que recruteur. Il pourra toujours tenter de se lancer dans cette carrière si aucune équipe ne veut de lui comme attrapeur quand il aura quitté le château, au retour de Mme Bibine.

Avec un programme au final pas beaucoup plus léger qu'avant, bien qu'il tente de faire croire le contraire à tout le monde, il ne se rend compte que les vacances de Noël ont débuté que le jour où il voit les élèves descendre avec leurs malles. Il s'était attendu à ce que l'un ou l'autre gamin reste au château pour les fêtes – comme chaque année, en fait – mais le départ du Poudlard Express lui confirme que ce qu'il croyait impensable s'est produit : même les orphelins – plus si rares depuis la fin de la guerre – ont trouvé un endroit où passer le réveillon.

— C'est fantastique, s'exclame Minerva, assise à son bureau. Ça me fait si plaisir que tous nos élèves puissent passer ce moment en famille.

— Même les septième année, remarque Harry, le souvenir de sa propre année de terminale toujours bien présent à l'esprit.

— La Gazette ne doit pas y être pour rien, soupire Flitwick, une petite tasse de thé fumant entre les mains.

— Comment ça ?

— Vous n'avez pas vu la une ridicule d'il y a trois jours ? s'étonne Pikines.

La bouche de Minerva se tord alors qu'elle repose sa propre tasse sur le bureau.

— J'ai résilié mon abonnement il y a plusieurs mois, avoue-t-elle.

À ses côtés, Severus grogne et Orlanda reprend son explication.

— Une fois de plus, notre cher professeur de potions et notre entraîneur hyperactif en étaient le sujet.

— Hé ! Je n'ai rien d'hyperactif ! s'offusque le concerné.

— Ce n'est pas ce que pensent les élèves qui ont été interviewés, le contre Pikines en sortant la gazette incriminée de sa poche. D'après eux, et après une période de crise où les retenues ont fusé et où les points se sont envolés, vous êtes redevenus plus proches que jamais et, je cite « au vu de l'énergie débordante du professeur Harry », désolée Potter, mais ils ne vous appelleront jamais M. Potter, « il ne serait pas étonnant de les voir s'embrasser sous le gui ou à minuit le soir du vingt-quatre. »

— Qui sont les abrutis qui ont été raconter ça à cette feuille de chou ? s'agace Rogue.

Pikines hausse les épaules en signe d'ignorance et Minerva soupire.

— Aucun élève n'est venu se plaindre de ça, pourtant...

— En réalité, je crois que beaucoup d'entre eux seraient ravis d'assister à un tel spectacle.

Le rouge monte aux joues de la vieille directrice. De honte ou d'agacement, c'est difficile à dire au vu de son air contrarié qui pourrait n'être que feint.

— Voyons, Orlanda...

— Je vous assure ! Imaginez combien ils pourraient revendre une telle photo. Et même sans ça, tout ce qui peut mettre Severus de bonne humeur est vu comme un cadeau du ciel par nombre d'entre eux. Car plus la chauve-souris des cachots est heureuse, moins elle est tentée d'enlever des points de façon arbitraire.

— Vous semblez vachement bien renseignée, râle Harry.

Lui qui s'imaginait être le prof le plus apprécié des élèves vit mal cette trahison. Quel genre de dégénéré peut préférer s'ouvrir à cette femme froide et autoritaire plutôt qu'à lui, qui était encore un des leurs quelques mois plus tôt ?

Plus pragmatique, Severus souffle du nez en se massant les tempes.

— Si ça ne vient pas des élèves...

Le visage glacial de Pikines se métamorphose quand elle hoche la tête d'un air désolé. Et si elle en pinçait vraiment pour Severus ? Après tout, depuis le jour de leur réconciliation, elle refuse de lui révéler ce qu'elle était venue lui dire avant qu'il ne leur tombe dessus. Peut-être venait-elle lui conseiller de laisser tomber parce qu'elle serait bien plus assortie que tous les Harry Potter du monde aux bras de l'homme ?
Elle prétend que vu qu'ils ont discuté ensemble tous les deux, elle n'a rien de plus à ajouter. Mais si ça se trouve, elle est en train de préparer un plan d'attaque pour être prête lors de leur prochaine dispute ? Même quand Harry l'interroge au sujet de Drago, elle hausse les épaules et soutient que l'information qu'elle détenait s'est, depuis, révélée fausse.

— Ça vient de leurs parents, conclu Severus.

— J'en ai peur.

Elle pose sa main de bûcheron sur son épaule et l'homme ne s'écarte même pas. Il y a vraiment quelque chose chez elle qui échappe à Harry.

— Peut-être que je devrais leur envoyer une lettre, propose McGonagall. Il n'y a aucune loi qui interdit à deux professeurs d'entretenir une relation au sein de l'école.

Severus soupire une nouvelle fois et se lève pour faire quelques pas, obligeant enfin Pikines à retirer ses serres de son épaule.

— Minerva, vous avez conscience que ce serait inutile si les deux professeurs n'étaient pas Harry et moi, n'est-ce pas ?

La vieille directrice hoche la tête, embêtée.

— Évidemment.

— Alors vous devez savoir que cette lettre ne changera rien.

Elle acquiesce, mais ne baisse pas les bras pour autant.

— Mais nous devons faire quelque chose !

— Le devons-nous vraiment ?

— Severus ?

Las, le professeur s'arrête derrière le siège d'Harry et s'y appuie, ses épaules voûtées comme s'il y portait le poids du monde.

— Je me dis qu'ils finiront bien par se lasser, ou par oublier.

— À ta place, je n'y compterais pas trop, le corrige Pikines. Tu sais comment sont ces vautours.

— Laissons passer les vacances, décide Severus. Je suppose que nous devrons faire nos preuves, mais ce ne sera pas en allant mendier un peu de tolérance en porte-à-porte. C'est absolument hors de question.

Minerva soupire, mais accepte de leur accorder un délai. Et comme ils se retrouvent sans un seul élève à surveiller, il est décidé que chacun pourra passer ses vacances où bon lui semble. Une occasion rêvée de retourner au loch.


Harry est occupé à ranger ses quelques affaires – toutes, ou presque, dispersées dans les appartements de Severus – dans sa malle, quand il s'interrompt, une de ses robes de quidditch en mains.

— Ça fait bizarre de se dire que personne ne va passer Noël ici, cette année.

— Ce n'est pas tout à fait exact. Certains professeurs ne quittent pas le château. Minerva, déjà, mais aussi Slugorn, Sinistra, Pince, Hagrid bien sûr, et probablement quelques autres, le corrige Severus, penché sur un de ses petits chaudrons portatifs.

— Pikines ? l'interroge Harry avec une grimace à peine cachée.

— Orlanda ? Je ne sais pas. Pourquoi ?

— Oh, vous avez l'air proches. Je me disais que tu étais le mieux placé pour savoir ce qu'elle comptait faire de ses vacances.

Severus dépose délicatement une peau de serpent à la surface du liquide argenté qui tournoie devant lui, puis se retourne, intrigué.

— On t'a donné l'impression d'être proches ? On se parle à peine, pourtant.

Harry lève les yeux au ciel, agacé par son propre comportement immature, mais ne parvient malgré tout pas à retenir sa langue.

— Je sais pas. Tu la laisses te toucher, ce qui est extrêmement rare, donc je me disais...

— Tu te disais ?

Harry hausse les épaules et détourne le regard. Il ne supporte pas les sourcils froncés de son compagnon.

— Ben, que vous deviez être proches.

— C'est vrai qu'on s'entend bien, avoue Severus. En revanche, je ne vois pas à quel moment j'aurais bien pu la laisser me toucher.

Harry se retourne vivement pour répondre, mais s'arrête avant d'avoir prononcé un mot. Il ne peut quand même pas lui reprocher la main sur l'épaule. C'est d'un ridicule.

— Vraiment ? J'ai dû me tromper, alors.

Severus esquisse une grimace à son tour et vient rejoindre son jeune compagnon au milieu du salon. Il pose ses mains en coupe autour de son visage et le force à le regarder en face. Ses pupilles sont dilatées – comme elles le sont en permanence depuis quelque temps – mais en dehors de ça, rien ne semble différent chez lui. Il pourrait facilement pénétrer ses pensées et découvrir ce qui le tracasse, mais il a bien compris que ce ne sont pas des choses que l'on peut faire quand on est en couple avec quelqu'un. Pas si l'on veut éviter une dispute et des cris, en tout cas. Il ne pense pas qu'Harry le quitterait réellement s'il le faisait, mais il serait capable de lui tirer la gueule pendant plusieurs mois.

— Tout va bien ? demande-t-il plutôt.

Harry approuve avec un petit sourire, puis vient chercher ses mains sur ses joues pour les embrasser.

— Tu es sûr ? insiste Severus.

— Certain. Je suis juste un peu fatigué, je crois.

Il aimerait le croire, mais ce serait lui demander de faire preuve d'un peu trop de complaisance, ou de naïveté. Deux qualificatifs qui n'ont jamais été très appropriés pour le définir.

— C'est censé me surprendre ?

Les pupilles d'Harry se dilatent davantage et il abaisse leurs mains aux doigts toujours entremêlés.

— Malgré ta promesse, tu n'as pas du tout levé le pied. Tu as juste remplacé tes anciennes activités par plus de quidditch. Tu pensais vraiment que je n'allais pas m'en rendre compte ?

Pour toute réponse Harry grogne. Il veut s'écarter, mais Severus ne lui lâche pas les mains. Ils auront cette discussion autant de fois que nécessaire pour que la vraie réponse s'impose enfin dans sa bouche.

— Est-ce que tout ça a un rapport avec les potions que tu achètes sur le Chemin de Traverse ?

Harry manque de s'étouffer. Ses yeux s'écarquillent, sa bouche s'entrouvre et il fait un pas en arrière. Severus est tenté d'en faire un vers lui pour pouvoir garder ses mains dans les siennes, mais il est assez intelligent pour savoir que ça ne résoudra rien de le séquestrer, alors il le relâche et Harry recule d'un pas supplémentaire.

— Je... que... Quoi ? Comment tu sais...

— Les parchemins que tu as reçus pendant que tu étais inconscient, ils venaient de là.

— Oh ! réalise Harry qui s'autorise à respirer à nouveau. Ça... C'était... euh, rien.

L'homme hausse un sourcil et croise les bras devant lui. Une attitude qui aurait terrifié le petit Harry de première année et prodigieusement énervé celui de cinquième.

— Tu penses que je ne serais pas capable de les faire ? Ou tu ne veux pas que je sache de quoi il s'agit ?

S'il ne le connaissait pas si bien – ou juste s'ils ne s'étaient pas déjà disputé à ce sujet sans que Severus ne le sache – Harry aurait pu penser que l'homme était vexé. Mais la légère étincelle qui brille dans son regard, elle, lui indique plutôt qu'il est blessé, et pas mal inquiet.

Il pourrait réagir violemment, l'accuser d'avoir fouillé dans ses affaires – ce qui est presque aussi grave que s'il l'avait fait dans sa tête – mais ils sont sur le point de partir pour rejoindre la maison au bord du loch. Cette scène qu'il se rejoue tous les soirs avant de s'endormir n'a aucune chance de devenir réalité, mais ce n'est pas une raison pour partir fâchés. Alors il endosse le rôle du gamin pris la main dans le sac. Il va trouver un moyen de s'en sortir. Son cerveau marche à 200 à l'heure de toute façon. C'est impossible qu'il ne trouve pas un moyen de s'en sortir.

— Quoi ? Mais non, bien sûr que non ! C'est juste que... euh, tu n'aurais jamais dû voir ce courrier.

On pourrait croire qu'il s'enfonce, mais Severus aime ce côté maladroit qui le caractérise. Il ne peut que l'aimer, bien qu'il ne l'ait jamais affirmé, sinon il ne serait pas tombé amoureux de lui.

— C'est pas ce que je veux dire ! Non, en fait c'est... c'est pour, euh... ton... ton anniversaire.

C'est sa seule chance et Harry le sait. Alors il baisse la tête, déçu. Ses épaules s'affaissent et il se frotte le nez du dos de la main. S'il ne doit qu'une seule fois dans sa vie parvenir à faire avaler un mensonge, c'est maintenant.

— Mon anniversaire est en janvier, répond l'homme, suspicieux. Tu as reçu ses parchemins il y a plus d'un mois.

— Oui, ben, je me renseignais, fait mine de râler Harry. Pour pas être pris de court. Mais bon, maintenant, c'est foutu...

Pris de remords, Severus fait claquer sa langue. Signe d'agacement qui, pour une fois, n'est destiné qu'à lui-même, et Harry dissimule un sourire dans sa main.

— C'est vraiment pour ça ? Pour moi ?

Harry grogne une réponse positive et le Maître des potions soupire en se grattant le front, à la naissance des cheveux.

— Dans ce cas, ne m'en dis pas plus. Je suis désolé d'avoir insisté et je te promets que je ne chercherais pas à en savoir plus.

Satisfait, Harry lui jette un coup d'œil en biais et est ravi de découvrir qu'il semble on ne peut plus sincère. Peut-être que l'époque où il était un piètre menteur est enfin révolue ? Ou alors il y avait une dose de félicis félix dans sa dernière fiole. Radieux, il lui sourit et se permet même de venir l'enlacer en signe de paix. Qu'on l'appelle désormais Harry Houdini, l'homme capable de faire disparaître les sujets fâcheux en une fraction de seconde.

— Mais ça ne règle pas ton problème de fatigue et d'hyper-activité, le relance l'homme, et Harry grimace.

Pas si doué, tout compte fait, le Houdini de supermarché.

***

Les gens !

Comme promis, c'est reparti.
J'ai de quoi tenir jusqu'à la mi-août à raison de deux chapitres par semaine, les mardis et vendredis (je crois que j'ai indiqué mardi et jeudi dans l'annonce de reprise, c'est une erreur, mon but est de répartir les chapitres à peu près équitablement dans la semaine).

J'ai eu un peu de mal à reprendre l'écriture de cette fic pour plusieurs raisons, mais on dirait que le Nano Camp m'a aidé à mettre le coup de collier qu'il me manquait.

Je veux vraiment terminer le premier jet avant la fin des grandes vacances pour pouvoir attaquer la rentrée avec le tome 2 de Manoir Wand, que j'ai très envie d'enfin écrire.

Voilà.
J'espère que l'histoire vous plaît toujours.
Des bisous.



Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top