Chapitre 12 - Fièvre et courrier
Pour ce que la nuit fut aussi douce que folle, le réveil, lui, est lourd et douloureux. L'effet de la potion dissipé, Harry se lève courbaturé, le corps bouillant, le cerveau en ébullition. Il doit s'y reprendre à trois fois avant de parvenir à s'extirper du lit et titube jusqu'à la cuisine où se trouve Severus, affairé devant un nouveau chaudron.
— Bien dormi ? s'enquiert celui-ci sans relever la tête, juste conscient de l'arrivée de son amant grâce au son de ses pieds frottant contre le plancher.
Au vu de leurs acrobaties de la nuit, il se serait attendu à un débordement d'énergie dont le jeune Griffondor est désormais coutumier. Ou peut-être à un bâillement sonore, témoin d'une fatigue plus que légitime. Devant le peu de réaction suscitée par sa question, pourtant, il relève les yeux de son chaudron. Harry est arrêté au milieu de la pièce, les yeux cernés et injectés de sang, il vacille sur ses jambes dénudées. Il n'a pas un regard pour Severus, ne semble même pas avoir conscience de sa présence.
Alors, sur le sol de la cuisine, la fiole que l'homme tenait entre ses doigts s'écrase sans un bruit. Les morceaux de verre se répandent dans toutes les directions et le liquide opalescent qu'elle contenait s'évapore comme au ralenti, en de denses volutes irisées. Sous le regard médusé d'un Rogue qui a perdu le peu de couleur qu'il possède, Harry vient de s'évanouir.
Les trois jours qui suivent, le jeune entraîneur délire, alité à l'infirmerie. Severus vient le voir entre chacun de ses cours, mais son état, loin de s'améliorer, semble au contraire empirer à chacune de ses visites. Alors, le matin du quatrième jour, il est décidé de l'envoyer à Sainte Mangouste. La cheminée de l'infirmerie est raccordée au réseau et le lit du patient y est installé sous les regards inquiets de Madame Pomfresh ainsi que des professeurs McGonagal, Rogue, Pikines et Flitwick.
— Son état m'inquiète, avoue la professeure de défense.
— C'est arrivé si soudainement, embraie Minerva.
— C'est peut-être une maladie moldue, propose Filius. Leur santé est si fragile. Peut-être que le fait qu'Harry soit un sang-mêlé...
— Ne soyez pas ridicule ! gronde la voix de Rogue alors qu'il s'avance dans l'âtre avec son compagnon.
Appuyée à la tête d'un lit inoccupé, Pikines secoue la tête.
— Je ne pensais pas à ça, Filius, plutôt au fait que ce soit arrivé juste après le match de dimanche.
La poudre de cheminette s'écoule à travers ses doigts pourtant serrés aussi fort que possible de Severus et il la dévisage d'une mine approbative.
— Ça vous a marqué aussi ?
— Il aurait été difficile de faire autrement.
Le pot de poudre de cheminette encore dans les mains, Pompom les toise tout deux et soupire.
— Vous discuterez de ça plus tard ! Severus, dépêchez-vous, ce pauvre garçon est sur le point de reprendre conscience. Ses divagations pourraient renseigner les médicomages. Tenez, reprenez un peu de...
Avant qu'elle n'ait pu terminer sa phrase, une explosion retenti et la pièce est plongée dans le noir le plus total. Le professeur Flitwick émet un petit cri de surprise, tout comme le directrice. Un juron agacé résonne dans le conduit de cheminée et le pot de poudre de cheminette échappe à Mme Pomfresh tandis qu'elle s'écrie qu'on vient de la bousculer.
Il ne faut que quelques secondes pour que l'épaisse fumée magique se dissipe, mais le spectacle que découvrent les quatre sorciers alors qu'elle s'estompe juste assez pour leur permettre de le deviner, les rend tous muets.
Dans son lit magico-médicalisé, Harry s'est redressé. Il les regarde tous avec étonnement, passe la langue sur ses lèvres humides, puis ses yeux s'écarquillent encore davantage quand il comprend où il se trouve.
— Qu'est-ce qui s'est passé ? bafouille-t-il alors que ses jambes glissent déjà en dehors du lit.
Severus est tenté de le secouer tout en lui posant l'exacte même question, mais Orlanda Pikines le prend de vitesse. En deux pas, elle est devant la cheminée et tire le lit pour l'en faire sortir. Bousculés, les projets d'Harry sont mis à mal et il se retrouve à nouveau allongé, les draps blancs repoussés sur les cuisses.
— C'est à nous de te poser cette question ! Comment as-tu fait pour t'en remettre d'un coup ?
Elle semble furieuse et Severus craint soudain qu'elle ne s'en prenne à Harry, mais déjà Pomfresh la repousse pour se glisser entre eux deux.
— Écartez-vous, ordonne-t-elle, j'ai besoin de l'examiner.
Un sort de diagnostique plus tard, l'infirmière leur annonce qu'en-dehors de quelques carences dues à son alimentation par cathéters magiques, Harry se porte comme un charme.
— Ça j'aurais pu vous le dire moi-même, s'agace le concerné en quittant le lit. Vous allez m'expliquer ce qui s'est passé, maintenant, ou vous allez me laisser deviner ? Et où sont mes vêtements, par Merlin ?
Les quatre professeurs et l'infirmière se dévisagent, mais Severus fini par lui résumer ces trois derniers jours de mauvaise grâce tandis que Minerva envoie un elfe lui chercher une tenue de rechange. Installée dans un coin, Orlanda les observe tous avec un regard étrange qui n'échappe à aucun d'eux. Filius, quant à lui, piaille autour de son jeune collègue, ravi de le retrouver en pleine forme malgré l'étrangeté de la situation.
— Tu nous as fait peur, conclu Severus, ne se retenant que de peu de lui caresser la tête. Tu m'as fait peur, ajoute-t-il bien plus bas, pour qu'il soit le seul à l'entendre.
En échange, Harry ne peut lui offrir qu'un regard contrit. Lui, se sent en pleine forme et prêt à retourner à ses entraînements.
— Du courrier est arrivé pour toi pendant que tu étais à l'infirmerie, lui apprend Severus au moment de l'abandonner à la porte de ses appartements. J'ai à m'entretenir avec Minerva, je reviendrais te voir après.
Il va partir, quand Harry le retient. Il s'assure que le couloir est vide – ce qu'il est en général, surtout en pleine journée, alors que les élèves sont en cours – et l'attrape par le col pour l'embrasser.
— Je suis désolé de t'avoir inquiété. Ça n'arrivera plus.
— Ça, ça m'étonnerait beaucoup, ricane Rogue. Mais j'apprécie l'intention.
À son tour, il l'embrasse, profitant de sa présence à ses côtés qu'il n'espérait pas de sitôt. Il est tenté de lui proposer d'annuler cette stupide règle qu'il leur a imposé au sujet des marques d'affection en public, mais il n'y parvient pas. S'embrasser devant témoins, ou même juste se tenir la main ou lui effleurer la joue serait l'assurance de se retrouver en une de la Gazette chaque matin. Il ne peut pas lui imposer pareille chose.
Enfin seul, et en plutôt bonne forme considérant les trois jours dont il n'a aucun souvenir, Harry s'assied à la table de la cuisine. D'un geste, il écarte deux parchemins en provenance des boutiques de potions du Chemin de Traverse et déroule celui de Ron.
Harry,
T'as de la chance, nos cours de potions ont commencés cette semaine. J'ai posé ta question à notre prof. C'est une vieille Auror plus très opérationnelle sur le terrain, mais experte dans son domaine. Je t'ai dressé la liste des potions qui correspondent à ta description des effets, mais aucune d'elles n'est vraiment ultra compliquées à faire (enfin, si, pour la plupart elles sont super dures, mais pas infaisables pour un potioniste établi, quoi). Puis leurs ingrédients sont trouvables si on y mets le prix, donc j'ai pas trop l'impression que c'est ce que tu cherches. Désolé.
S'en suit une liste de potions dont Harry a déjà trouvé trace dans les grimoires de Severus ou dont il a appris l'existence en cours. Mais le plus intéressant a été griffonné en toute hâte au bas du parchemin.
J'ai parlé de ta potion à un gars que j'ai rencontré au Ministère. Il est en échange linguistique et vient du Pérou. Il termine sa formation de Maître des Potions en Angleterre, soit disant que c'est un des programmes les plus complets au monde.
Il me dit que ça lui rappelle quelque chose, une potion typique de chez lui. Il a envoyé un hibou longue distance à son maître, au pays. Dès qu'il recevra sa réponse je te la transmettrais.
Fais gaffe, quand même, si c'est ce à quoi il pense, c'est vraiment pas un truc dont il faut s'approcher.
— Sans blague... grince Harry pour lui-même.
Il prend aussi connaissance des deux autres parchemins, mais n'y découvre qu'une redite de la liste transmise par Ron. Il est sur le point de quand même passer commande – dans un but purement scientifique, bien entendu – quand trois coups à peine audibles sont frappés à la porte.
Quand il vient ouvrir, il pense d'abord à une mauvaise blague car le couloir est vide, mais en baissant les yeux il découvre un petit paquet soigneusement emballé. Une ficelle en fait le tour, et au bout de celle-ci pend un minuscule morceau de parchemin qui le met en garde :
Une gorgée au matin.
Pas un mot à SR.
Il a à peine le temps de poser les yeux dessus, que le parchemin s'enflamme, ne laissant bientôt plus aucune trace de l'avertissement.
Sans surprise, le colis contient une fiole identique à celle que lui a fait boire Flitwick il y a plusieurs semaines.
**
Les gens !
Toutes mes confuses pour ce retard !
Il y a quinze jours, je terminais de préparer Manoir Wand (mon histoire originale dont le tome 1 est terminé depuis mai/juin) pour la proposer au Wattys, ce qui fait que je n'avais absolument pas le temps de m'occuper de la Complainte.
Et la semaine passée, bah j'ai pas vraiment d'excuse en fait... Juste, j'ai relu ce chapitre, j'ai vu qu'il y avait plein de choses à corriger et j'ai eu la flemme. Parce que ça faisait des jours, des semaines même, que je faisais que ça sur mon autre texte. Alors voilà, la flemme, quoi...
Pardon ^^"
Mais nous voilà repartis ! Donc y a pas de soucis.
Y a pas de soucis, hein ?
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