6 - La fidélité d'un peuple

— Tu as bien fait de me l'emmener, un peu plus et il mourrait d'hypothermie.

— Il a dit être l'ami de Viktor. Même si c'est un mensonge, j'avais besoin de savoir qui était cet homme. Et puis ça aurait été du gâchis.

— Du gâchis ?

— C'est qu'il a une belle gueule et qu'il est bien foutu sans ses habits...



Cassian se réveilla en sursaut, une goutte de sueur dégoulinant de son crâne alors que la chaleur suffocante de la chambre inconnue le forçait à s'enfuir. Il observa d'un rapide coup d'œil les lieux, une pièce aux murs de pierre et au sol en bois avec un simple lit et un pot de chambre.

Le chasseur retira la montagne de fourrure le couvrant et se leva de son lit, remarquant qu'il avait été déshabillé et que seul son pantalon en lin marron couvrait son corps. Il toucha son torse avec attention afin de vérifier s'il avait une quelconque blessure, mais rien.

Il se massa les tempes, tentant de retrouver la mémoire jusqu'à enfin se souvenir des derniers événements : l'eau glaciale de l'étang l'avait eu alors qu'il était face à une femme entièrement nue et armée d'une épée.

Pressé de retrouver le reste de ses vêtements et surtout ses armes, il quitta la chambre et descendit les escaliers l'amenant au rez-de-chaussée d'une taverne vide.

« Ah ! Il est enfin réveillé ! » s'exclama une voix qu'il n'arriva pas à trouver.

Soudain, un nain à la barbe rousse sortit de derrière le comptoir, un sourire chaleureux aux lèvres. Il dévisagea le chasseur de la tête au pied avant de siffler.

— Vous êtes un sacré morceau, vous !

— Qu'est-ce que je fais là ? D'ailleurs où suis-je ? Et pouvez-vous me rendre mes affaires ?

— Calmez-vous mon bon monsieur, je suis Baldrog, le tavernier en chef du village d'Echo. Vous êtes ici en sécurité et ma femme est en train de finir de sécher vos affaires.

— Cela fait combien de temps que je dors ?

— Moins de 24h.

Cassian se laissa tomber sur la chaise la plus proche, caressant sa barbe trop épaisse à son goût lorsque la porte de la taverne s'ouvrit violemment.

Une jeune adolescente referma la porte en retirant sa capuche, libérant ses longs cheveux châtains et exposant ses yeux bleus. Elle sortit l'arc dans son dos ainsi qu'une flèche de son carquois, visant le chasseur ne bougeant pas d'un centimètre.

Car même menacé, il ne ressentait aucune peur face à cette enfant tremblante car il sentait à son aura qu'elle n'était pas une tueuse.

— Cris, on est dans une taverne ici ! s'exclama le nain en tapant du poing sur une table.

— Cet homme, il l'a vue nue ! Jamais je ne pardonnerais un tel affront de la part d'un étranger !

— Tu sais, presque le pays entier l'a vue nue alors un étranger de plus ou de moins...

— C'est une question d'honneur, Baldrog ! Je vengerais la cheffe !

Cassian se redressa, regardant l'adolescente le viser, et ne bougea pas. Et il eut bien raison de ne pas la craindre car la flèche tirée dans sa direction avait atterri à plus d'un mètre de son corps, dans le mur en bois derrière lui.

Celle appelée « Cris » par le tavernier fit une grimace en regardant son tir raté. Le nain ne put s'empêcher de rouler des yeux au ciel avant de la prier de lâcher son arc mais elle retenta un tir, qui rata de plus belle.

— Quand on ne sait pas se servir d'un arc, on évite d'en utiliser un.

— Tais-toi étranger !... Raaaah ça m'énerve !

Fatigué de cette comédie et pressé de récupérer ses affaires, Cassian bougea enfin, attrapant une des flèches derrière lui, et se rapprocha de la jeune fille qui recula jusqu'à toucher le comptoir. Ses mains tremblaient mais pourtant, il sentait qu'elle maîtrisait sa peur et qu'elle ne faiblirait pas devant lui.

Alors il cassa en deux une des flèches devant les yeux ébahis de l'adolescente qui se retenait de baisser les yeux sur le corps musclé et à demi nu du chasseur.

— Et bien quelle agitation ! s'exclama une femme en entrant par le fond de la pièce. Cris ? Qu'est-ce que tu fais ici ?... Tu devrais éviter de chasser les mêmes proies que la cheffe.

— Q-Quoi ?! s'écria l'adolescente, les joues s'empourprant. M-Mais non ! J'étais venu lui régler son compte et-

— Est-ce que je peux récupérer mes affaires ? l'interrompit Cassian en soupirant.

S'il aimait être un chasseur c'était pour la solitude et la moindre agitation autour de lui l'énervait au plus haut point.

La femme lui sourit en posant la pile d'équipement de Cassian avant de rejoindre son mari nain. La jeune fille colérique l'observa remettre ses habits alors que Baldrog tenta d'apaiser les tensions en repartant à zéro en demandant le nom de l'étranger.

— Cassian. Chasseur d'animaux et de créatures fantastiques. J'ai profité du convoi exceptionnel de Leonidia pour arriver sur vos terres. Si l'on ne me pose pas de problème, je n'en créerais point. Je suis juste à la recherche d'informations sur la présence de wyvern.

— Ah ! s'exclama Baldrog, les yeux s'illuminant. J'adore les créatures fantastiques ! J'en ai écrit tout un recueil et pour ce qui est de leur localisation, vous êtes tombé au bon endroit ! Maddy, tu peux nous servir à boire ? Cris, tu t'installes ou tu repars ?

— Je m'en vais. répondit-elle simplement en jetant un regard noir à Cassian avant de claquer la porte.

Les boissons servies à table et le chasseur entièrement rhabillé, il put enfin remercier les taverniers de s'être occupés de lui pendant sa convalescence. Malgré son air un peu sauvage, Cassian n'oubliait pas ses manières royales quand il jugeait la situation opportune.

Même s'il avait failli à sa tâche la nuit précédente dans l'étang.

— Est-ce que vous pouvez me dire qui m'a ramené ici avec toutes mes affaires ? Le village est à quelques kilomètres de la forêt où je me trouvais et ça a dû être contraignant pour cette personne.

— C'est la même personne que vous avez surprise dans l'étang gelé, répondit Maddy, l'histoire a déjà fait le tour du clan rebelle ! Survivre après avoir énervé Cornélia, c'est un miracle !

— Cornélia ?

— La cheffe des rebelles, dit Baldrog en finissant son verre. Une femme qui a plus de couilles que n'importe quel roi de ce continent et qui n'hésiterait pas à sacrifier sa vie pour les givrecieliens et leur liberté.

— Le pire cauchemar de Viviane Vaeryl !

« Alors c'est elle... La source de tous les problèmes de Givreciel. Une femme qui contrôle toute la partie ouest du pays, les plus gros gisements d'okril et qui jouit de la plus grande fidélité de la part du peuple. Si une telle personnalité a autant de pouvoir, elle pourra m'aider à trouver le dragon blanc que je cherche tant à capturer pour mon oncle. » pensa Cassian en terminant son verre.

Tous les trois continuèrent à parler jusqu'à aborder le sujet des créatures magiques et de leur recherche. Le chasseur n'évoqua pas son désir de retrouver le dragon blanc mais conserva en mémoire tous les éléments sur la faune fantastique du pays que connaissait le nain Baldrog.

C'était suffisamment d'informations pour retourner au château et préparer son périple vers les terres rebelles à la recherche de la créature divine.

Mais avant d'envisager une capture d'un tel animal, il devait sympathiser avec les rebelles et leur cheffe Cornélia. Et il se doutait que la tâche ne serait pas de tout repos...



Nouveau chapitre déjà disponible !

Que pensez-vous de ce chapitre et du réveil de Cassian ? De sa rencontre avec les taverniers... mais surtout avec Cris ? Est-ce que j'ai besoin d'en dire plus sur elle ? ;)

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