50 - La peur de Vivianne

« Cornélia ! Nous venons de perdre Volkan et ses hommes ! Ils devaient ouvrir la marche sur la cité ! Que faisons-nous ?! »

À peine le temps de retirer son épée d'un corps encore chaud, la cheffe des rebelles n'eut pas le loisir de répondre à son guerrier qu'il se fit transpercer par une lance stolheimienne. Lance qui quelques secondes après se retrouva dans la tête de son possesseur.

La bataille était sanglante, éreintante et beaucoup trop longue. Le gros de l'armée stolheimienne se battu avec autant de fougue que les rebelles et Cornélia remercia le destin d'avoir détruit les flottes du roi Stolh car sans ça, elle aurait assurément perdu la guerre.

Mais malheureusement, même s'ils continuaient à avancer vers les portes de Voile-d'hiver, les pertes avaient été bien plus nombreuses que prévu.

Volkan avait péri sous les coups d'une hache d'un Prodige stolheimien et venait à peine d'être vengé par Cornélia. Une vengeance qui accentua sa douleur d'il y a quelques jours et la força à s'arrêter pour reprendre son souffle.

« Pourquoi est-ce que tu m'as abandonné maman ? Pourquoi Viktor m'a abandonné ? Pourquoi Cassian m'a abandonné ? »

Soudain, alors qu'une partie de ses soldats étaient arrivés à moins d'un kilomètre des portes de la capitale, un nuage noir apparut dans le ciel et frappa de plein fouet l'armée. Colorant la neige de rouge et créant un champ de cadavre, tous stoppé par une nuée de flèches tirées depuis le château.

« Pourquoi est-ce que je me retrouve seule face à la mort ? » pensa Cornélia avant de se redresser et de prendre son épée à deux mains.

Elle regarda autour d'elle, faisant un rapide constat qu'ils ne tiendraient pas plusieurs salves de flèches et n'arriveraient jamais à entrer dans la ville sans un miracle.

Alors elle joignit à nouveau ses mains en plantant son épée dans la terre et se mit à chanter. Certains de ses guerriers la remarquant virent la protéger afin qu'elle reste concentrée et réinvoque le dragon blanc ayant disparu plus tôt sous les salves de tire de flèches d'okril.

Mais elle avait beau donner tout son cœur à l'ouvrage, elle ne sentait aucune réponse de la part de Silja. Il ne faisait pas plus froid et la neige tombait à peine plus fort.

Les larmes coulaient sur ses joues alors qu'elle serrait les dents de frustration, se mordant même la lèvre pour se donner plus de conviction dans sa prière lorsqu'un hurlement lointain se fit entendre.

Un hurlement de loup.

Au loin et venant du nord depuis Yolmin, le loup géant blanc, nouveau dieu de la faune hivernale était prêt à aider sa demi-sœur pour reprendre Voile-d'hiver à ses occupants.

Mais si la présence de Viktor sous sa forme divine soulagea toute l'armée, Cornélia ne ressentit qu'un sentiment de trahison.

Il l'avait abandonné et revenait pile au bon moment, comme un sauveur, pour bien se faire voir des givrecieliens et légitimer son pouvoir. Assurant la prise de la capitale et ayant un prétexte pour revendiquer le trône à la place de sa sœur.

Cornélia pensait exagérer sur les intentions de son frère mais elle avait senti qu'il avait changé depuis qu'il avait gagné en puissance : Viktor avait perdu une partie de son humanité et s'était allié aux dieux.

Alors peut-être était-il maintenant plus sensible au fait qu'elle utilise le sang et la forme divine de sa mère pour manipuler son peuple et atteindre son objectif. Peut-être que la pensée de Fenrir et sa clairvoyance lui avait été transmise et il s'était rendu compte que les actions de Cornélia l'empêchaient de monter sur le trône.

Que comme Vivianne, elle n'en était pas légitime.

Malgré sa colère muette, elle regarda le loup géant courir vers les portes de la ville et ignorer les pluies de flèches se logeant dans sa fourrure immaculée. Il défonça avec violence les portes en bois massif, continuant son avancée alors que les archers se mirent à tirer des flèches enflammées dans la ville sous les ordres de Vivianne.

Les rebelles purent pénétrer dans l'enceinte de la capitale, regagnant assez d'espoir grâce à la puissance de Viktor pour continuer leur combat face aux soldats présents à Voile-d'hiver.

La prise de la ville et l'avancée jusqu'au château dura à peine quelques heures, laissant aux rebelles le temps de se réorganiser, de s'occuper des blessés et d'arriver jusqu'aux hauteurs des Vaeryl.

Viktor servait de bouclier aux nombreuses flèches et ça même si sa fourrure était maintenant colorée de rouge. Et alors qu'il allait défoncer les portes du château, Cornélia courue jusqu'à lui en brisant les flèches de son épée, pour s'entretenir une ultime fois avec lui.

— Viktor ! Arrête d'encaisser, tu vas mourir à peine entré dans la cour !

— Je ne suis plus aussi faible et un dieu ne peut mourir, répondit-il d'une voix grave la faisant trembler une seconde.

— Que comptes-tu faire ?! Tu veux le trône pour toi, c'est ça ?! Tu oublies notre promesse et tout ce que nous avons accompli ?

— Ton objectif est ta vengeance. Tu veux la tête de Vivianne.

— Et toi, qu'est-ce que tu veux ?

— Je ne veux plus mentir au peuple de Givreciel et je veux apporter la paix entre les bêtes et les hommes.

— Où est passé le frère que j'aime tant ?

— Les gens changent et tu devrais faire de même.

La cheffe des rebelles grogna à cette simple réflexion mais ne put en dire davantage lorsque la porte céda enfin. De nombreux soldats déboulèrent sur eux mais les troupes rebelles purent rejoindre leur cheffe à temps pour l'aider et livrer leur dernière bataille.

La Valkyrie Impure tranchait tout ce qu'elle trouvait sur sa route mais dans sa fougue contre le dernier Prodige stolheimien présent dans le camp ennemi, elle commença à perdre en puissance.

Cornélia faisant face à un exemple parfait de guerrier fidèle à sa patrie et prêt à mourir pour les convictions de son roi et de la princesse régente. Une fidélité qui mettait à mal la cheffe jusqu'à la désarmer face à l'ennemi.

Son épée perdue dans le tumulte du combat, elle dû se résoudre à fuir et laisser le sort de ce Prodige à son frère Viktor venant le dévorer de ses crocs.

S'appuyant à l'écart de la bataille pour reprendre sa respiration, elle constata une douleur dans son ventre et regarda sa vieille blessure d'il y a peu s'étant rouverte.

Elle commençait à avoir peur. Peur de ne pas en finir avec Vivianne. Peur de perdre le trône pour lequel elle s'était battue tant d'années au profit de son frère devenu dieu.

Peur de ne jamais revoir Cassian et ne jamais avoir d'explication sur son absence.

Des images d'elle enfant dans la cour royale lui revenaient en mémoire et elle enviait ce temps où elle était insouciante. Où seul l'amour de sa mère lui suffisait jusqu'à ce qu'elle lise les mots du garçon solaire.

Jusqu'à ce que le malheur s'abatte sur le royaume.

Soudain, elle eut une intuition. Par instinct, elle retourna vers la sortie du château et regarda vers les falaises proches de la mer. Là où les ruines de l'ancien phare se dressaient et où personne n'aurait eu l'idée de passer.

L'unique endroit connu de la famille royale pouvant servir de passage conduisant à la plage et donc, à la fuite en cas de siège.

« Je te sens, Vivi. Je sais que tu n'as pas l'étoffe pour te battre et attendre ta mort. Tu es en train de me fuir, d'échapper à ton destin. » murmura-t-elle avant de marcher avec difficulté en direction du phare, une dague à la main.

Et son intuition fut bonne, pour le plus grand malheur de Vivianne.

Quelques heures avant, en apprenant la future défaite de l'armée stolheimienne, la princesse régente décida d'opter pour la fuite avec sa cour. Elle envoya tous ses nobles et conseillers par le passage secret entre les falaises depuis l'ancien phare, ignorant les murmures la traitant de peureuse et fausse dirigeante.

Elle tenait à tuer Cornélia mais sa vie était bien plus importante.

Le temps d'évacuer le château, la princesse se tenait encore au phare à faire la dernière évacuation sous le regard presque mauvais de Jeremiah.

Le prince n'avait plus rien dit depuis leur dernière discussion et se contentait d'observer en silence les actions de celle qui devait être sa future femme... Si l'accord tenait toujours après la mort de son père le roi.

« Dépêchons-nous Jeremiah ! » s'écria-t-elle en retroussant les manches de son manteau. « Un bateau nous attend pour fuir à l'est jusqu'à Stolheim. Nous reviendrons prendre Voile-d'hiver avec une armée bien plus imposante ! »

Le silence de Jeremiah et son calme agaça la princesse qui décida d'enfin réagir face à son futur époux :

— Bon Dieu, Jeremiah ! Qu'est-ce qu'il t'est arrivé pour que tu sois si serein alors que nous sommes envahis ?! Tu as perdu ton père, ton cousin est peut-être mort et tu restes parfaitement calme !

— Parce que je suis confiant sur l'avenir. Tout se passe exactement comme nous l'avions prévu.

— Qui ça nous ?!

— Cassian et moi. Toute cette guerre est guidée par notre plan. Sans ça, la flotte serait arrivée à temps et les rebelles auraient perdu.

— Tu n'as aucun impact sur ce conflit et encore moins sur la perte de n-

— Vraiment ?

Son regard s'assombrit, faisant reculer Vivianne par crainte lorsqu'elle entendit son nom crié au loin par Cornélia. Elle sursauta en voyant sa sœur avant de se reprendre en constatant que cette dernière était blessée.

Elle avait une chance de la tuer. Une petite chance mais tout de même présente.

« Enfin... Après tant d'années... L'erreur de la nature se présente devant moi. Vulnérable et à peine armée. Où sont tes partisans, Connie ? Ce peuple qui t'est tant fidèle ? »



❄ CHAPITRE SUIVANT DÉJÀ DISPONIBLE !❄

Chapitre tout en action avec la prise compliqué de Voile-d'hiver ! Que pensez-vous de ces affrontements ayant marqué Cornélia ? De l'arrivée de Viktor et de son souhait de reprendre le pays en main à la place de sa sœur ?

De la tentative de fuite de Vivianne et de la réaction de Jeremiah ? Et où donc se trouve Cassian dans un moment si tendu ?

❄N'attendez plus pour lire la suite mais n'oubliez pas de voter pour ce chapitre s'il vous a plu et de donner votre avis en commentaire !❄

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