47 - Affrontement divin
La Valkyrie Impure tranchait des membres avec une facilité déconcertante, suivant la course folle de sa maitresse entre les rues d'Emyth.
La prise de la ville était plus compliquée que prévu et durait depuis le lever du soleil. Les rebelles connaissaient par cœur chaque rue et recoin mais le nombre très conséquent de soldats, autant stolheimien que givrecielien à la solde de Vivianne, retardait la conquête d'Emyth.
En entendant au loin un groupe de soldat, Cornélia entra dans une maison en fracassant la porte d'entrée et en se cachant sous la fenêtre. Les observant avec attention et comme un animal préparant un plan d'attaque.
Elle se retourna vers le centre de la pièce et croisa le regard de deux enfants peureux et d'une femme les serrant dans ses bras pour les protéger. La cheffe des rebelles cacha son arme sanglante derrière son dos et se força à leur sourire avant de s'excuser pour l'irruption.
— E-est-ce qu'elle va nous sauver ? demanda la femme d'une voix tremblante.
— Oui. Elle va vous libérer.
— Par la grâce, que Silja soit loué ! Merci ! Espérons que la déesse arrive vite !
Cornélia plissa les yeux et dut se mordre la langue pour ne pas reprendre la femme. C'était elle la sauveuse, pas Silja. Elle qui se battait depuis des années pour libérer son peuple, pas la déesse prisonnière de l'okril ayant causé leur malheur.
« Vous devriez évacuer la ville. Si la déesse arrive, il y a des chances pour que tout soit détruit. » se contenta-t-elle de répondre avant de quitter la maison et de partir à la poursuite du groupe armé. Les surprenant par l'arrière pour mieux tous les tuer.
Elle était fatiguée de courir dans tous les sens et d'entendre la détresse de son peuple. Invoquer la forme draconique de sa mère pour régler cette bataille était facile mais non sans conséquence : comme à Brise-Lac il y a des années, le dragon était incontrôlable et si des ennemis perdaient la vie, des innocents se retrouveraient également figés par le souffle de glace fatal.
« N'est-ce pas un mal nécessaire pour progresser dans cette guerre ? » pensa-t-elle à voix haute tout en retirant sa lame du ventre d'un des soldats.
« Cornélia ! » s'exclama une des guerrières la croisant au détour d'un chemin. « Ma chef de clan Sirielle m'a chargée de vous retrouver pour vous informer que toute la partie sud et ouest était évacuée. La ville devrait être totalement vide dans deux bonnes heures ! »
La cheffe dévisagea la femme armée d'une hache couverte de sang s'étant agenouillée par respect. Elle leva les yeux au ciel en fronçant les sourcils avant de déclarer sans trembler :
— Nous n'avons pas deux heures. Informe ton clan et les autres que j'ai décidé d'invoquer le dragon blanc et de geler la ville.
— Pardon ?! Mais enfin j-
— Tu souhaites ne pas obéir à mon ordre ?
—Jamais je ne me permettrais mais si vous faites ça, nous perdrons toute une partie de la ville ainsi que les habitants n'ayant pas évacué.
—Les villes se reconstruisent et les gens se remplacent. Ils étaient au courant de l'attaque et n'avaient qu'à fuir. Maintenant, va.
La guerrière aurait pu montrer de la colère face à ces propos mais comme tous ceux ayant juré fidélité à Cornélia, elle était aveuglée par le pouvoir du « sang » et se contenta de hocher la tête. La cheffe la regarda partir en soupirant, regrettant une seconde la dureté de ses mots avant de se reprendre et de se rappeler de son rôle.
Il n'y avait jamais eu de place pour les faibles dans ses rangs et elle devait être la plus dure de toutes pour les emmener jusqu'à la capitale et libérer le pays.
Une dizaine de minutes plus tard, Cornélia arriva à la place centrale du village et ne manqua pas de la nettoyer en tuant tous ceux passant devant elle. Elle grimpa sur une petite fontaine ne fonctionnant plus depuis des années à cause du froid et joignit ses mains ensemble.
Priant sa mère Silja, de lui accorder son aide avant de chanter la complainte de Givreciel permettant de délivrer l'esprit draconique de la déesse prisonnière. Les larmes ruisselaient naturellement sur ses joues et plus elle y mettait son cœur, plus l'air autour d'elle devenait glacial.
Certains ennemis s'étaient même arrêtés non loin d'elle, fascinés par le spectacle et la voix de cette femme couverte de sang.
Et c'est lorsqu'ils entendirent le bruit de battements d'ailes qu'ils comprirent enfin ce qu'elle venait de faire : traversant les nuages, un immense dragon aux écailles immaculées et aux yeux d'un bleu profond descendit des cieux pour survoler la ville.
Son rugissement bestial terrifia tous ceux présents mais surtout les rebelles qui étaient conscients du choix de leur cheffe : si elle avait invoqué le dragon, c'était qu'elle considérait que c'était le moyen le plus efficace pour gagner quitte à faire des sacrifices.
Mais alors que Cornélia se réjouissait en voyant la créature voler au-dessus de sa tête, prête à cracher son souffle de glace sur ses ennemis, la bête fut heurtée par une immense lance envoyée en plein dans sa gueule.
Les yeux écarquillés et suivant la trajectoire de l'arme, Connie put voir pour la première fois une déesse de la guerre à l'œuvre. Postée sur un toit en dalle à quelques mètres d'elle, une très grande et massive femme aux longs cheveux blancs couvrant ses yeux, avait le bras tendu vers le dragon et se contenta de siffler pour faire réapparaitre sa lance dans sa main.
Alvasi du clan Prideblaze venait enfin d'intervenir.
Patientant à l'écart de la ville depuis des heures, elle attendait le moment où sa consœur Silja se montrerait pour mieux l'affronter et la ramener à la raison : les dieux, sauf de la guerre, n'avaient pas à participer aux conflits des humains. Silja n'avait pas le droit de s'impliquer autant et elle se devait d'être remise en place par la violence.
« SILJA ! » s'écria Alvasi, « Aurais-tu oublié la raison de notre présence dans ce monde ? Aurais-tu oublié les sacrifices de nos créateurs ? Nous avons tous un rôle à jouer et le tient n'est pas sur un champ de bataille ! Contente-toi de vivre au-dessus des nuages, comme avant ! D'apporter l'hiver partout dans le monde et d'hiberner le reste de l'année. Laisse-nous la guerre ! »
La seule réponse que l'esprit draconique put donner fut un hurlement provoquant la colère de la déesse de la guerre. Cornélia observa la scène depuis le sol, constatant qu'Alvasi n'avait toujours pas remarqué que le dragon face à elle n'était qu'une partie de Silja.
« Vivre parmi les races inférieures t'a tellement retourné le cerveau que tu n'es plus capable de me répondre ? Tu t'es laissé attendrir par ces primitifs incapables de communiquer entre eux et l'amour t'a aveuglé, encore et toujours. Tu me déçois et tu ne mérites pas mon respect. »
Mais alors que la déesse allait reprendre sa forme originelle, le dragon blanc s'éleva dans le ciel pour mieux fondre sur elle et détruire de nombreuses habitations. Provoquant des cris de terreur tout autour d'eux et une crainte chez Cornélia que le combat entre divinités ne détruise non seulement la totalité de la ville mais également toute son armée.
« CORNÉLIA ! »
Cette dernière sursauta en entendant la voix de Volkan arrivant au loin en esquivant les corps au sol et en faisant tâter de sa hache aux soldats de passage. Elle arriva jusqu'à lui non sans faire de même avec son épée.
— Que fais-tu ici ? lui demanda-t-elle d'un ton énervé. Tu devais rester au sud de la ville avec ton clan !
—Je sais bien mais je l'ai vu ! Il est là ?
—Qui ? Cassian ? Il s'est réveillé ?!
— Non ! Votre frère Viktor ! Il est venu se battre contre cette déesse !
— Le froid te fait délirer Volkan. Même si Viktor était là, il n'aurait aucun pouvoir face à un dragon. Même si maintenant il...
Cornélia s'interrompit en voyant l'expression de surprise du guerrier tendant son doigt vers l'endroit où les deux dragons s'étaient effondrés.
Alors qu'Alvasi était devenue aussi imposante que la forme draconique de Silja, aux mêmes teintes d'écailles mais aux yeux rouge sang, elle fixait la créature s'étant interposée entre elles : un immense loup blanc.
Viktor Vaeryl sous sa forme divine était aussi impressionnant qu'un dragon et dégageait un magnétisme digne de son statut. Nouveau dieu de la faune hivernale, il se présentait sans peur devant une déesse inconnue et ayant soif de combat.
— Tu n'es pas Fenrir, déclara le dragon blanc et bleu qu'était devenu Alvasi. Elle est trop discrète pour intervenir dans un conflit et pas assez puissante pour avoir une telle taille. Qui es-tu, nouveau dieu ?
— Je suis Viktor Vaeryl, fils de Fenrir et de l'ancien roi de ce pays.
—Vaeryl... Comme la petite princesse ? Alors tu es devenu dieu ? Ça en fera un de plus à raisonner.
Alvasi ne lui laissa pas le temps de répondre qu'elle le repoussa de ses grandes pattes et sauta à la gorge du dragon blanc. Un combat destructeur fit rage entre les deux dragons mais également le loup tentant de repousser la déesse de la guerre.
Cornélia de son côté, en profita pour accélérer l'évacuation totale de la ville, laissant les divinités se battre malgré l'inquiétude perçue pour Viktor.
Elle n'avait jamais vu son frère dégager autant de charisme et de confiance. Autant de fierté que d'inquiétude à le voir aussi puissant car s'il lui tournait le dos, il n'aurait aucun mal à revendiquer le trône.
Il ne le ferait pas... en théorie.
Car de tous les partisans de Cornélia, son frère était le seul à connaitre ses secrets et à ne pas être manipulé. Le seul ayant sa liberté et dont la fidélité pourrait évoluer.
Le seul qui blesserait profondément son cœur s'il la trahissait en prenant sa place sur le trône.
La guerre commence à devenir divine...! Que pensez-vous des sentiments de Cornélia et de ses décisions pendant les affrontements ? De l'arrivée d'Alvasi et surtout de celle de Viktor contre elle en nouveau dieu ? Comment va se terminer ce combat d'après vous ?
❄On se retrouve mardi prochain pour deux nouveaux chapitres. En attendant, n'hésitez pas à voter et donner votre avis en commentaire !❄
https://youtu.be/0WMYL6HuUoI
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