37 - Unique repère

« Quitte cette chambre et mon pays perd son accord avec le tien. »

Jeremiah déglutit face à cette vision que lui offrait Vivianne Vaeryl alors qu'elle avait investi sa chambre à une heure tardive pour se dévêtir et succomber à son désir.

La princesse régente était presque nue devant lui, sa peau de porcelaine caressée par un drap de fourrure. La lumière de la cheminée donnait des reflets dorés à ses longs cheveux châtains clairs alors qu'elle penchait la tête sur le côté, lui donnant un air mignon malgré la dureté de ses paroles.

Le prince Leonidi dû se l'avouer : elle était d'une beauté troublante. Le genre de femme que l'on souhaitait protéger, en apparence fragile mais qui pouvait, dans la nuit, vous poignarder.

C'était bien une princesse du nord et il était même curieux d'en savoir plus sur son éducation à Stolheilm.

— Vivi ? demanda-t-il d'une voix douce. Que fais-tu ici et dans cette... nudité ?

— Je t'ai vu faire les yeux doux à une de mes conseillères aujourd'hui.

Jeremiah ferma les paupières et se retint de soupirer alors qu'il enlevait son manteau et ses chaussures en silence.

Il ne pouvait pas effacer de son esprit la cruauté dont avait fait preuve sa future femme. Certes, il l'avait trompée et ce n'était pas la première fois de sa vie qu'on le punissait pour cela, mais c'était allé trop loin. Cette servante ne méritait pas de mourir à cause de son appétit sexuel.

— Je suis un prince, déclara-t-il, je me dois d'être avenant avec mes interlocuteurs surtout si je suis amené à travailler régulièrement avec eux lorsque nous serons mariés.

— Je le conçois bien. C'est pour ça que je suis là ce soir. Pour calmer cette maladie qui te ronge.

— Mon infidélité n'est pas une malad-

— Chut, l'interrompit Vivanne en laissant glisser la fourrure le long de ses bras. Je suis prête à m'offrir à toi avant notre mariage.

« Mais moi je ne veux pas de toi comme ça. Je ne veux pas être forcé. » pensa Jeremiah en tirant sur le col de sa chemise.

— Pas ce soir, dit-il finalement, j'ai l'esprit tourmenté.

— Je saurais t'apporter une distraction satisfaisante.

— Vivi... Est-ce que tu as déjà couché avec un homme ?

— Il y a une première fois à tout.

« Et en plus elle est vierge... Je n'ai pas envie de passer ma nuit à la former. »

Jeremiah n'avait qu'un souhait : revoir son meilleur ami. Boire avec Cassian, rire avec lui, évoquer des souvenirs de jeunesse, raconter ses histoires de Don Juan et l'écouter parler de ses aventures de chasseur solitaire à la poursuite de créatures fantastiques.

Loin de son pays, de ses habitudes et du soleil, le prince Leonidi s'était éloigné malgré lui de son unique repère et avait maintenant peur de l'avenir.

Il se voyait de moins en moins comme l'époux de la future reine de Givreciel.

Taras Faraelyne lui avait proposé un avenir bien plus ambitieux et intéressant mais où il devait faire des sacrifices. Trahir son père le roi... jusqu'à le tuer et prendre sa place sur le trône de Leonidia.

Un pari osé et qu'il ne pouvait accepter qu'avec un simple rituel que lui avait enseigné le bibliothécaire avant son départ. Mais il avait toujours des doutes.

Le claquement de doigts de Vivianne le sortit de ses pensées, ses yeux détaillant le corps maintenant entièrement nu devant lui.

Un corps parfait, sans cicatrices, quelques taches de rousseur ici et là et une taille fine. Comme de nombreuses nobles qu'il aimait séduire, elle avait ce qu'il fallait pour lui plaire.

— Je veux le faire ce soir.

— Pourquoi es-tu si pressée ?

— Parce que nos troupes partent dans deux jours pour la première ville rebelle et j'ai envie savoir ce que procure une immense sensation de plaisir.

— Dans deux jours ?! s'exclama-t-il.

— Le temps presse, Jeremiah. Je veux terminer cette guerre avant l'arrivée de votre père. Notre mariage se déroulera après notre victoire sur les rebelles. J'ai envie de voir la tête de Cornélia sur une pique et la fourrure de son loup géant au pied de mon trône de nouvelle reine !

Deux jours. Deux mots qui tournaient en boucle dans sa tête alors que la princesse caressait ses joues avec délicatesse. Il n'aurait pas le temps d'écrire une missive à Cassian pour le prévenir.

Il était temps pour lui de quitter la sécurité de Voile-d'hiver pour s'aventurer à l'Ouest... Mais Vivianne ne le laisserait pas partir. Il en était persuadé.

Alors il fallait qu'il soit malin : il allait épuiser cette vierge pour la faire sombrer dans un profond sommeil.

Jeremiah, une lueur de détermination dans les yeux, attrapa les mains de Vivianne pour les faire passer sur sa nuque. Il la colla contre son torse d'un coup, la faisant sursauter et rougir, avant qu'il n'embrasse ses lèvres avec fougue.

Qu'elle comprenne pourquoi il aimait tant les plaisirs de la chair.

Le temps était compté mais il ne devait pas avoir l'air pressé, juste « passionné ». Il baisait sa bouche jusqu'à lui en couper le souffle, ses mains caressant le corps nu de sa partenaire, jouant avec la pointe de ses seins et osant même se glisser sur son intimité.

Vivianne gémissait à chaque mouvement, perdant la tête tant l'acte semblait irréel. Toute sa jeunesse, elle avait souhaité connaitre un tel engagement, une telle fusion des corps que passer à l'acte avec Jeremiah était plus que satisfaisant.

Ne se doutant pas un instant que l'homme lui procurant du bien ne souhaitait qu'une chose : s'enfuir.

Tout en se déshabillant, il allongea la princesse sur son lit avant de la lécher de haut en bas jusqu'à s'attarder sur son sexe pendant de longues minutes provoquant des cris de plaisirs chez elle capable de réveiller tout le château.

Vivianne eut son premier orgasme non solitaire, ses poings serrant les draps jusqu'à les tordre tellement la sensation était divine. Elle n'eut pas le temps de reprendre son souffle qu'elle vit Jeremiah entièrement nu grimper sur elle.

La beauté de ce Don Juan était comme elle l'avait imaginé et elle prit plaisir à l'observer lui sucer la pointe des seins et embrasser sa peau. Elle trouvait que tout allait beaucoup trop vite mais étant sa première expérience, elle se dit que cela devait être « normal ».

Après avoir glissé un doigt en elle, la faisant gémir, Jeremiah ne perdit pas plus de temps et la pénétra avec cette fois-ci de la retenue. Il la voyait grincer des dents en sentant la douleur et ne voulait pas lui faire mal même s'il ne prenait que peu de plaisir à coucher avec elle.

Il prit un moment à l'habituer, allant lentement puis de plus en plus vite lorsqu'elle lui fit comprendre que le plaisir surpassait la douleur de la première fois. Le prince se donna pour elle, pour la faire crier de plus en plus, l'embrassant avec passion et jouant avec son clitoris pour vite la faire jouir.

Ce qu'il réussit au bout d'une dizaine de minutes alors qu'elle enfonçait ses doigts dans le lit et que l'orgasme la submergeait tellement qu'elle en avait les yeux exorbités. Son corps couvert de sueur se relâcha lentement jusqu'à la somnolence et Jeremiah remercia le ciel qu'elle ne remarque même pas que lui n'avait pas joui.

Frustré mais trop tendu par la situation, il remit son plaisir à plus tard et attendit allongé à côté d'elle dans le lit. C'est lorsqu'il entendit son souffle régulier et qu'il l'appela par son prénom sans qu'elle ne réagisse qu'il poussa un soupir de soulagement.

Le prince se rhabilla en vitesse sans faire de bruit et quitta sa chambre presque en courant. Il rejoignit les écuries de Voile-d'hiver, prit sa monture et partit en pleine nuit noir au galop à travers les plaines de Givreciel.

Il s'était équipé à la va-vite mais avait pris le temps de consulter une carte pour estimer la position de son cousin ou du moins, des villages rebelles. La présence d'un tel homme au statut royal traversant le pays à l'aveuglette serait surement rapidement connue de la cheffe des rebelles et donc de Cassian.

C'est avec cette certitude qu'il traversa le village d'Emyth sans s'y arrêter, faisant halte près un lac non loin pour soulager sa monture, avant de reprendre sa route jusqu'au village d'Echo alors que le soleil se levait à peine sur les toitures gelées.

Le prince Jeremiah fut arrêté à l'entrée de la ville par des gardes rebelles mais c'est quand il leur dire qu'il était le cousin de Cassian Nyrh, que les deux hommes devant lui se turent et s'échangèrent un regard entendu.

— Cassian, ce n'est pas l'amant de la cheffe ? demanda l'un à l'autre.

— Celui-là même. Le chasseur qui a fait fuir un loup-de-givre. Il paraitrait même qu'il en a tué un dans une forêt du nord !

— C'est bien mon cousin, certifia le prince s'impatientant.

— Ah mais c'est pas le type qui a quitté la ville bourré comme un trou hier matin ?!

— Mais si ! 'Parait qu'il a bu toute la nuit à la taverne et qu'il a refusé d'y rester dormir en disant qu'il préférait dormir à même la terre. L'alcool a complètement ravagé son esprit ma parole !

Jeremiah massa ses tempes de ses doigts gantés avant de demander la direction qu'avait pris son cousin. Les gardes lui indiquèrent le nord en direction de la ville de Brise-Lac et il repartit aussitôt. Il fit tout de même une halte à mi-chemin dans une ferme d'élevage de moutons avant de repartir et d'arriver dans la ville à moitié gelée en début de soirée.

Le vent piquait sa peau et cela faisait longtemps qu'il n'avait pas connu un voyage en solitaire aussi « éprouvant ». Remontant toujours plus l'estime qu'il avait pour son cousin et son quotidien.

C'est en traversant la ville quasiment désertique qu'il repéra un cheval sous le porche de ce qui semblait être une ancienne taverne. Il s'y arrêta, traversant le bâtiment poussiéreux et montant à l'étage jusqu'à retrouver celui qu'il cherchait.

Son cousin était là, assis contre un lit de fortune, une bouteille d'alcool dans la main et une barbe bien trop longue révélatrice de son état actuel.

Cassian lui renvoyait un triste souvenir en mémoire : cet instant où Jeremiah l'avait découvert seul dans la forêt, allongé sur le sol à observer les feuilles aux couleurs de l'automne. Il avait assuré qu'il allait bien, que ça ne lui faisait rien mais à chaque mot prononcé, une larme coulait sur ses joues.

Le souvenir déprimant de cet instant où son cousin avait appris la mort de sa mère malade. La douleur n'était pas la même mais pourtant, Jeremiah sentait que son meilleur ami n'était pas loin du désespoir.



Qu'avez vous pensé de ce chapitre avec Jeremiah ? Du forcage de Vivianne pour coucher avec lui ? De ses sentiments envers son cousin et lorsqu'il le retrouve ?

Vos théories sur la suite ?

❄️ On se retrouve mardi prochain pour un nouveau chapitre. N'hésitez pas à me soutenir en votant et donnant votre avis en commentaire ! ❄️

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