« Laissez-moi traverser votre ville, sales êtres inférieurs, ou vous tâterez de ma magie ! »

Cassian ne put retenir un soupir d'exaspération en arrivant devant la ville d'Echo alors que des rebelles armés jusqu'aux dents en bloquaient l'entrée. S'il n'avait eu aucun souci à passer lors de sa première visite, c'était grâce à Cristal Rose ayant prévenu ses compagnons.

Il savait qu'il n'aurait aucun mal à rentrer à nouveau mais actuellement, ce n'était pas lui le problème. C'était l'homme encapuchonné devant les gardes qui venait de se faire pousser dans la neige d'un violent coup de pied.

— Traite-nous encore d'inférieurs, étrangers, et c'est toi qui vas tâter de nos lances !

— Vous OSEZ me pousser ?! Vous n'avez pas la moindre idée de qui je suis !

— Donne-nous ton nom alors, qu'on sache quoi écrire sur ta pierre tombale.

— Je suis Vyrr Loraelyan Rhapsody, haut-elfe royal du pays de Rhapsodia et j'exig-

L'elfe s'interrompit lorsque les pointes des lances touchèrent sa cape couverte de neige. Il regarda les rebelles avec mépris même s'il était encore assis dans la neige, attendant que ces derniers ne cèdent.

« Alors l'elfe ? Elle est où ta magie ? »

Cassian, observant la scène de loin, fronça les sourcils non pas à cause de la situation mais parce qu'il était « obligé » d'intervenir. Il n'en avait clairement pas envie et se serait bien rangé du côté des rebelles, vu les paroles hautaines de l'elfe, mais la femme de la forêt avait tellement insisté qu'il devait agir.

« Eh les gars, on se détend. » commença Cassian en arrivant vers eux avec nonchalance.

— Tu es celui qui est parti avec la cheffe hier, c'est ça ? Toi tu peux passer mais pas cet elfe impertinent.

— Je suis sûr qu'il ne pense pas vraiment ce qu'il dit...

— Si totalement, affirma Vyrr en se relevant. Les humains tout comme les nains sont des êtres inférieurs. C'est scientifiquement et historiquement prouvé.

— Sérieusement, tu ne peux pas m'aider un peu ? chuchota Cassian en roulant des yeux.

— Et toi aussi, ne me tutoie pas, sale humain ! Je mérite le resp-

*PAF*

Le chasseur ne put se retenir de donner un coup de poing dans le visage de l'elfe. Un coup si puissant que ce dernier tomba à nouveau dans la neige, le nez en sang. Les rebelles se mirent à rire en cœur, félicitant Cassian avant que celui-ci ne leur demande une autorisation spéciale pour entrer dans la ville avec l'elfe. Prétextant qu'il allait lui régler son compte à l'abri des regards et le dépouiller de son argent à la taverne.

Les gardes crurent au mensonge du brun, le laissant passer avec l'elfe qu'il trainait presque derrière lui comme un animal mort. Ce dernier tenta de se débattre et de crier lorsque Cassian lui fit manger son gant pour qu'il se taise jusqu'à arriver à la taverne.

Le nain Baldrog fut surpris de revoir le chasseur en compagnie d'un elfe et lui servit sans poser de question de copieux déjeuners accompagnés de thés aux pitayas. Le tout payé par l'elfe sans qu'il n'ait son mot à dire.

Ne tenant pas en place et le nez encore en sang, le chasseur décida de le calmer instantanément en le lui arrangeant grâce au chant guérisseur de sa mère :

Quand tu perdras ton chemin

Voyageant toute la nuit

Je chanterais sous la pluie

Te protégeant du chagrin

En entendant ces mots, Vyrr arrêta de grogner et observa les yeux grands ouverts l'homme venant de soigner la blessure qu'il avait causée. Il retira son gant de la bouche de l'elfe, le secouant pour y retirer la bave et tendant une serviette de table à ce dernier pour qu'il essuie les traces de sang.

« Je ne m'excuserais pas, ça me démangeait trop. » justifia Cassian avant de couper sa viande séchée accompagnée d'un œuf au plat bien chaud.

Les yeux violets scrutateurs de Vyrr ne perturbèrent pas son repas jusqu'à ce qu'il prenne la parole :

— Je suis le haut-elfe Vyrr Lor-

— Loraelyan Rhapsody, l'interrompit Cassian, je sais. Tu es un héritier du trône de Rhapsodia et d'après les couleurs de ta famille, très loin d'accéder un jour au pouvoir.

— Tu es bien renseigné... Héritier de Leonidia.

— Et toi fin observateur. Mais ma dague aux armoiries de ma famille ne fait pas de moi un prince. J'aurais pu la voler à une personne de sang royal, par exemple.

— Une dague elfique enchantée par mes soins, remis en main propre à ta mère Sissi, ça m'étonnerait.

Le chasseur s'arrêta de boire, son geste suspendu dans les airs lorsque Baldrog vint à leur table et lui déposa une lettre, en plus d'une tasse de thé pour l'elfe.

« C'est une missive qui vient de la capitale pour toi, elle est arrivée ce matin et ça avait l'air urgent. » déclara le nain avant de retourner à son service.

Cassian ne perdit pas de temps à l'ouvrir, reconnaissant immédiatement l'écriture de son cousin Jeremiah. Ce dernier lui racontant les dernières nouvelles de Voile-d'hiver mais surtout la préparation aux combats armés contre les rebelles et l'activité des forges du royaume doublé. Avec un détail à la fin de cette missive qu'il connaissait déjà : l'arrivée d'un certain haut-elfe aux intentions cachées mais liées à leur famille.

— J'étais l'un des professeurs de ta mère lorsqu'elle est venue étudier à Rhapsodia dans sa jeunesse. Elle était revenue me voir quand elle était enceinte de toi et comme cadeau de naissance, j'ai accepté d'enchanter la dague qu'elle voulait offrir à ton père.

— Je vois...

— C'est en entendant ton chant que j'ai tout de suite fait le lien. Ça et ma rencontre avec ton cousin à Voile-d'hiver. Savoir que tu as un peu de sang elfique dans tes veines et surtout que tu es le fils d'une de mes élèves, ça m'oblige à m'excuser sur la façon dont je t'ai parlé.

— Moi, je ne m'excuserais toujours pas de mon coup de poing.

— Aussi sauvage et méfiant qu'un animal. Je comprends que malgré mon charisme, je n'inspire pas la confiance.

Vyrr se mit à lui raconter son arrivée à Voile-d'hiver, sa rencontre avec Vivianne et son départ pour l'ouest. Parti à deux et à cheval avec son escorte Emilyne, ils s'étaient fait avoir par la tempête de neige nocturne et avaient fini séparés. Vyrr n'avait même pas pris la peine d'aller jusqu'à Emyth qu'il avait enchaîné les kilomètres jusqu'à l'épuisement total de sa monture de location.

L'elfe avait alors abandonné son cheval aux premières lueurs du jour et continué le chemin à pied jusqu'à arriver à midi tapante devant les portes d'Echo. Bien évidemment fatigué et sur les nerfs, ce qui n'avait pas aidé dans ses réponses face aux gardes rebelles.

— Pourquoi courir jusqu'à l'ouest ? demanda Cassian en finissant son assiette.

— Et toi ? Pourquoi ne pas rester au château avec ton cousin le prince ?

— Je suis un chasseur. Je ne suis pas fait pour la vie entre quatre murs.

— Sois honnête avec moi et j'en ferai de même.

Cassian frotta sa barbe en fixant l'elfe jouant avec ses bagues en or, se demandant s'il pouvait lui faire confiance et ça malgré le fait qu'il connaissait très bien sa mère. Il était en mission secrète pour le roi d'un autre pays et en parler à un représentant d'une puissance d'un continent étranger n'était pas la meilleure des idées.

Lorsque Vyrr prit les devants et ça, peu importe les conséquences :

— J'avais une confiance aveugle en ta mère donc je vais te faire part de mes intentions si tu me jures sur ta vie que tu n'en parleras à personne, pas même à ton cousin.

— On verra.

— Je suis ici en toute illégalité. J'ai quitté Rhapsodia avec le seul bateau de ma famille pour explorer le monde, profitant de l'agitation à la nomination d'un nouveau roi à la tête de mon pays. J'ai prétexté venir à Givreciel dans le cadre de recherches mais en réalité je ne suis là que pour rencontrer Cornélia Vaeryl et comprendre.

— Comprendre quoi ?

— Comment est-ce qu'elle a réussi à fédérer autant de clans en si peu de temps ? Pourquoi est-ce que les gens croient en elle et ont foi en ses actes ? Qu'est-ce qu'elle y gagne ? Ce qui m'a attiré ici, c'est la méfiance et la curiosité.

— Ce sont ses actes qui ont surement conquis son peuple.

— Ne sois pas naïf. Tu as rencontré cette femme, n'est-ce pas ? Est-ce que tu lui fais confiance ?

— Oui.

— Alors que tu viens de la rencontrer ?

Soudain, Vyrr laissa s'insinuer le doute en Cassian.

L'elfe avait raison. Pourquoi le chasseur toujours méfiant des autres et dont la confiance était difficile à gagner avait cédé en voyant la cheffe des rebelles ? N'était-ce lié qu'à une attirance étrange entre eux ou la solution était bien plus complexe ?

— Vivianne Vaeryl a beau n'être qu'une princesse régente, elle a l'air de faire un travail correct pour les habitants de la capitale et ses alentours... Alors pourquoi la naissance de la rébellion sans discussion entre les différents partis ?

— Tu penses que Cornélia manipule ses partisans pour régler ses comptes avec sa demi-sœur pour le pouvoir ? Pourtant le peuple de Givreciel se bat contre la domination de Stolheim. Ils ont une réelle raison d-

— Est-ce que tu sais pourquoi Stolheim a attaqué Givreciel, il y a de cela 17 ans ?

Cassian était pendu aux lèvres de l'elfe prenant une grande gorgée de son thé, faisant trainer la révélation. Le chasseur n'avait jamais compris le coup d'État de Stolheim, pays du nord mais du continent opposé, et s'était dit comme la majorité que c'était une guerre de ressource et pour étendre son territoire.

« Une semaine avant le coup d'État, la principale ville portuaire de Stolheim a été entièrement détruite par le souffle glacial d'un dragon. »

❄ Prochain chapitre déjà disponible ! ❄

Qu'avez-vous pensé de la rencontre (musclé) entre Cassian et Vyrr ? Du lien de ce dernier avec la mère de Cassian ? De ce que Vyrr recherche et enfin de la révélation sur le coup d'état ?

N'attendez pas plus longtemps pour en connaître les détails !

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