[17 ans plus tard]

L'agitation de la ville à 8h du matin, les cris des vendeurs de poissons et des enfants ne voulant pas aller à l'école, les bonnes femmes et leurs commérages... La capitale de Leonidia, Odyssey était rempli de tous ces éléments qui rendaient la vie insupportable pour les gens aimant le calme.

Cassian serra son oreiller autour de sa tête pour atténuer le bruit mais rien à faire, il allait devoir se lever bien plus tôt que prévu.

« Je dois quitter ce pays à tout prix. »

Il se leva de sa couche à même le sol et se dirigea avec difficulté jusqu'à la seule vasque remplie d'eau de sa chambre délabrée, lui servant également de « douche ». Il enfila son pantalon en coton noir, sa tunique bleu nuit et ses bottines en simili cuir. Il attacha sa ceinture double et termina avec ses brassards en acier.

Cassian vérifia la sacoche en cuir à sa ceinture ainsi que son fourreau et son épée et enfin sa dague en métal enchanté. Un symbole de sa fonction de chasseur mais également et, grâce aux ornements sur le pommeau, symbole de ses liens avec la famille royale Leonidi.

Il sortit de sa chambre et se retrouva les rues bruyantes d'Odyssey. La chaleur de l'été rendait les odeurs du marché aux poissons écœurantes ce qui le forçait chaque matin à parcourir la moitié de la ville avec un foulard sur le nez.

Le jeune homme s'arrêta devant une estrade où se déroulait un spectacle qu'il avait du mal à tolérer : une vente d'hippogriffe sauvage. Les nobles de Leonidia s'arrachaient à prix d'or les plus beaux hippogriffes qui défilaient chaque matin devant eux et s'en servaient pour épater le beau monde, faire des courses, miser sur leur champion et après utilisation, les abattre sans pitié.

Il était contre le braconnage d'animaux communs ou fantastiques et ça, malgré le fait qu'il soit un spécialiste dans la traque et la capture de ce genre de bête. C'était un des meilleurs pour retrouver des manticores, des chimères et autres créatures divines.

Il participait activement au commerce qu'il haïssait et en venait à se détester de plus en plus mais c'était actuellement la seule chose qu'il pouvait faire pour vivre libre et indépendant de sa famille.

En arrivant devant la place du palais royal, il se plaça contre le grillage et attendit pendant quelques minutes avant de prendre un chemin longeant les murs du palais.

Après plusieurs minutes de marche, il entra par une grille discrète mais tout de même surveillée par un garde royal. Cassian montra sa dague et put entrer avec aisance avant de déambuler dans des couloirs crasseux.

Il arriva enfin dans une partie du palais méconnu de la population, un grand hall décoré de rideaux rouge et doré devant lesquels se tenait un serviteur du roi qui vint le chercher. En à peine deux minutes, il se retrouva dans la salle de trône, devant le roi et l'un des princes de Leonidia.

— Majesté, dit-il en s'agenouillant.

— Ne t'agenouille pas devant moi Cassian, répondit le roi avec bienveillance. N'oublie pas que nous avons le même sang. Je t'ai appelé car j'ai une mission pour toi.

— Je vous écoute, mon oncle.

— Notre émissaire a réussi à se rendre à Givreciel et à négocier notre venue.

Cassian ouvrit grand les yeux et regarda le prince à la droite du roi qui lui hocha la tête.

— Le pays n'était-il pas bloqué par la mer gelée ?

— Un large passage a été entièrement dégagé pour accueillir une flotte entière de navires. Comme tu le sais, ce pays est plongé dans un hiver éternel depuis dix-sept ans et reste coupé du monde par ses grandes chaines de montagnes au nord, sud et à l'ouest. C'est le moment pour nous de reprendre nos anciens accords avec eux.

— N'est-ce pas le roi de Stolheim qui dirige le pays ?

— Indirectement. Il a confié la régence à la dernière héritière des Vaeryl, une princesse qu'il a élevée depuis le coup d'État et qui lui obéit aveuglément. Dans quelques jours, toi et Jeremiah partirez vers Givreciel. Un de nos accords était qu'un fils de la famille Leonidi épouse l'héritière des Vaeryl mais comme Keith s'est déjà marié il y a deux ans, il ne reste plus que Vivianne et Jeremiah.

— Ah, répondit-il en fronçant les sourcils. Pourquoi ma présence est-elle souhaitée ?

— Tu es comme ton père, Cassian, un tueur de dragons.

Un titre totalement erroné car le seul « dragon » qu'il avait pu tuer était une wyverne apeurée. Mais la particularité de sa dague enchantée lui permettait de transpercer n'importe quelles écailles et de tuer plus aisément un dragon, ce qui lui avait donné cette réputation dans le milieu.

« On nous a rapporté une rumeur comme quoi le dragon blanc que ton père avait « tué » est bien en vie. Ce n'est qu'un bruit de couloir mais je veux en être sûr. »

Je le vois venir comme une montagne.

— On raconte aussi que le sang de dragon confère un grand pouvoir... Immortalité ? Rajeunissement ? Personne n'en a aucune idée mais je veux ce pouvoir avant que les souverains des autres royaumes ne se réveillent et se battent pour l'obtenir. Je veux être le premier.

— Voulez-vous que je vous l'apporte à Odyssey ?

— Non... Ce serait trop dangereux. Il faudra que tu le captures sur place et que tu le vides petit à petit de son sang. Une mort lente et douloureuse.

Le roi fit un sourire narquois et Cassian du se retenir de ne pas détourner le regard de son oncle.

— Je viendrais en visite officielle à Givreciel avant le mariage, histoire d'officialiser l'alliance passée avec Stolheim. À ce moment-là tu me remettras le sang du dragon.

— Quel sera mon salaire, mon roi ?

— Mon neveu... Tu quémandes de l'argent alors que si tu acceptais tes origines tu serais un homme très riche. Soit, tu seras plus riche que le plus riche des nobles de ce pays. Tu n'auras plus besoin de travailler, je t'offrirais un domaine, des serviteurs et une femme de bonne famille. Tu repasseras à la vie de château tout en restant libre.

❄❄❄

« Le bateau destination Givreciel ! Bateau pour Givreciel ! Pays de l'hiver éternel ! »

Presque toute la ville avait fait le déplacement pour voir les premiers « fous » à tester l'expérience, quitter la chaleur de Leonidia pour l'hiver éternel de Givreciel. C'était le premier départ officiel depuis des années et avec un peu de chance, pas le dernier.

Les gens de tous les milieux sociaux étaient présents : des nobles en quête d'exploration, des gens voulant juste faire du tourisme, des marchands voulant faire fortune, d'autres voulant totalement changer de vie et de pays, etc. Toutes sortes de profils qui devront traverser la mer pendant quelques jours et qui étaient soi-disant prêts à affronter le froid.

Jeremiah, les mains sur les hanches, observait fièrement la foule avant de remarquer Cassian. Ce dernier portait sur son épaule une grosse besace en cuir avec tout son nécessaire de chasseur et le peu de vêtements qu'il possédait.

Il embarqua sur le premier navire, celui escortant les nobles ainsi que quelques conseillers royaux et s'approcha de Jeremiah en faisant une révérence.

— Votre Altesse, dit-il d'un ton moqueur.

— Vous devez être « le tueur de dragons », lui dit Jeremiah en lui serrant la main.

Ils se regardèrent avant de rire aux éclats et de se faire une accolade virile.

— Alors mon cousin ? Ça fait quoi d'avoir vécu sept ans dans la rue après avoir défié ton père ?

— C'est mieux que de se torcher le cul avec de la soie, lui répondit Cassian.

— Trainer avec le peuple t'a rendu vulgaire !

— Dis le type qui m'a appris ce qu'était une catin à 5 ans !

Cassian Nyrh était le cousin du prince Jeremiah Leonidi. Fils de la défunte sœur du roi, Sissi Leonidi et du chef des armées Laurenz Nyrh. Ils avaient passé leur jeunesse ensemble mais avaient été séparés lorsque Cassian voulut prendre son indépendance par rapport à la famille royale et défia dans un combat son père et mentor. Il gagna et put quitter le cocon doré des Leonidi mais quitta aussi son meilleur ami, Jeremiah. Se retrouver ensemble pour une mission dans le pays qui avait marqué leur vie à jamais était un bonheur pour le prince, moins pour le chasseur.

— Je me demande comment est Vivianne maintenant, dit Jeremiah en observant l'horizon. Elle était déjà bien mignonne quand nous étions enfants.

— ...Tu ne l'as vu que quelques minutes lors de cette fameuse soirée il y a dix-sept ans.

— Malheureusement... Tu sais que je dois te remercier ? C'est grâce à toi et ta belle écriture si nos correspondances, lorsque nous étions enfants, l'a fait craquer pour moi. Je m'en voudrais presque de te la prendre.

— Ne t'inquiète pas... Les princesses ne m'intéressent pas.

Le bateau quitta enfin le port d'Odyssey sous les applaudissements de la population. Cassian fut le seul à ne pas se retourner, ne regrettant pour rien au monde sa vie à Leonidia. Il regarda droit devant, fixant l'horizon.

Si je n'avais pas écrit ces lettres pour Jeremiah, si je n'avais pas lu ses réponses, Vivianne aurait pu être mienne. Mon meilleur ami va enfin être avec la petite fille de givre de mon enfance.

Bonjour, la bise, et bienvenu dans cette nouvelle histoire fantasy ! J'espère que ce début vous donne déjà envie et que le voyage à travers le pays de l'hiver éternel vous plaira ! D'ailleurs, que pensez-vous de Cassian, ce nouveau héros ?

Les chapitres seront assez court au début (~ 1500 mots), c'est pour quoi pendant une (courte) période, je sortirais deux chapitres par semaine, toujours le mercredi sauf éventuel changement !

Vous pouvez déjà me faire des retours, balancer la sauce en commentaire et en vote car c'est vous qui faites vivre l'histoire en étant actif. On se retrouve mercredi prochain pour la suite !

❄ N'hésitez pas à donner votre avis en commentaire et voter pour ce chapitre s'il vous a plu ❄