Chapitre 5 • La confiance rendra aveugle l'inflexible
En ce jour de fin novembre, un froid mordant balayait les plaines aux alentours de Londres. Le soleil ne pointait pas encore le bout de son nez qu'une silhouette se découpait dans le décor qui se recouvrait tout doucement de son manteau de givre. Les herbes figées crissaient sous les bottines en cuir. Un éternuement brisa le silence annonciateur de l'hiver qui approchait à grand pas en cette fin d'automne.
L'homme se frictionna les mains et poussa un râle qui en disait long sur la condition de ce réveil précoce. Arrivé en ce lieu où régnait la nature en maître lui avait pris trois jours de calèche à partir de sa demeure familiale à Londres. Les chemins cabossés avaient malmené le véhicule et ses occupants et renforcé l'air maussade du propriétaire déjà établi par la grisaille qui les suivait. Le confort de la ville lui manquait, car l'auberge où il séjournait, avec son majordome et son cocher, laissait à désirer. Les campagnards n'avaient aucun goût et sentaient mauvais le purin macérant.
Les rayons solaires inondèrent l'horizon de la plaine, Carthew dut se protéger de la main les yeux pour ne point être ébloui. La pellicule blanche se colora d'une nuance pastel orangée. Un peintre aurait été subjugué par la beauté, le noble, lui, souriait, car il fixait enfin les colonnes tant convoitées.
Il était sorti secrètement de la taverne pour se perdre dans le désert vert qui à cet instant, avant l'aube, se teintait d'un gris délavé. Il avait maudit tous les ancêtres de sa famille pendant l'heure de marche laborieuse. Le paysage n'avait pas changé d'un iota, figé dans l'amertume labyrinthique selon les dires de William, et donc, impossible pour le citadin de se repérer dans ces océans céladon décharné et argenté.
Par miracle, à la lumière du jour levant, son chemin était tout tracé. Posées sur une bute dépourvue d'arbres, des pierres tels les doigts d'un géant se dressèrent vers le ciel. Voulaient-ils attraper les nuages ? Un friand d'art aurait été pétrifié devant la splendeur du jeu de lumière au ras qui auréolait les menhirs, mais le baronnet n'était pas féru de peinture.
À travers les interstices, Carthew distinguait sans mal une tablette de pierre aux quatre pieds imposants. Confiant, revigoré, le noble amorça sa descente vers le bosquet à traverser au pied de la colline ; il s'attaquera ensuite à la pente montante. Il serra contre lui la sacoche brune en bandoulière, ajusta sa veste humide de la rosée, se désola de l'état de ses chaussures, puis le regard fier, commença son ascension vers sa réussite.
Son pied mouillé n'accrocha pas le caillou lisse qui repoussa impudemment la semelle de sa carapace. Le nanti perdit l'équilibre, exécutant une danse disgracieuse pour finir, quand même, les fesses dans l'herbe givrée. Il ne put retenir les injures trop longtemps bloquées dans sa gorge. Ses cris furent accueillis en réponse par le croassement d'un corbeau qui s'envola de son perchoir, furieux d'être dérangé.
— Vous ne passez pas inaperçu, railla Shade quand Carthew arriva au cercle de pierre.
Le baronnet ne répondit pas à la pique et il se contenta de s'intéresser aux édifices. Les cinq rochers taillés naturellement en pointe se dressaient avec prestance autour de la tablette. Ils imposaient tellement par leur taille que William se sentit comme une fourmi face à la montagne. Intrigué, le nanti s'approcha d'une des piques ; d'étranges inscriptions gravées à même la stèle lui rappelaient l'écriture rencontrée dans les nombreux livres en lien avec le Caché. Cette langue si mystérieuse qui l'avait accompagnée depuis des semaines.
— Hâtons-nous ! Je n'ai pas encore envie d'attendre une éternité pour le moment propice à notre rituel si nous ratons celui-ci, argumenta le roturier impatient devant l'admiration du noble.
— Il n'y a point le feu, l'ami. Il faut attendre encore que le soleil soit dans l'axe de cette colonne pour que la tablette soit dans l'ombre de l'astre levant, répondit calmement Carthew, plongé dans la contemplation des gravures.
Ce lieu respirait une atmosphère chargée de mystères et de puissance, chaque cellule du corps du Sir vibrait d'être en contact brut avec le Merveilleux. William avait dû chercher dans des anciennes cartes reliées au Monde Caché pour dénicher ce mégalithe reculé. Les humains n'avait aucune trace de cet endroit, invisible pour ceux qui n'étaient pas familiers au Surnaturel.
Il se détacha de la colonne, bien malgré lui, pour s'avancer vers la tablette. Il défie les boucles de sa sacoche et en sortit l'objet de leur désire : l'œuf couleur suie qu'il déposa soigneusement sur la pierre plate. Dépourvue d'inscription, elle intriguait par sa ressemblance avec le miroir d'un lac sans remous. À l'abri des rayons solaires, elle prit une teinte grise, se plongeant dans le monde des ténèbres.
Absorbé, Carthew en oublia la présence de Shade, un pas en arrière du noble. Il ferma les yeux, déglutit sa salive et se remémora la formule du mantra qu'il avait douloureusement entreprit depuis des jours à apprendre par cœur. Quand il fut satisfait, il ouvrit ses paupières et plaça ses mains en coupe renversée au-dessus de l'œuf. La chevalière autour de son cou s'illumina faiblement.
Il commença par murmurer l'incantation pour augmenter son volume sonore au fur et à mesure des répétitions. Lors de la première, aucune réaction se dessina à la surface noiraude. Puis subitement, les aurores boréales apparurent par vagues douces qui entreprirent de se déchaîner sous l'insistance des paroles rituelles.
Un vent taquin s'ajouta à la partie. D'abord docile, il fit frémir les quelques feuilles qui perdaient leurs couleurs flamboyantes prisonnières des brins d'herbes. À l'allure de ses bourrasques plus intenses, il leur proposa une danse dès plus endiablée dans ses fils invisibles. Les ballerines tantôt inertes tournoyaient autour d'un Carthew complètement obnubilé par la réaction de l'œuf.
Le courant d'air continua sa progression, il se permit de se chamailler un instant avec les mèches de la toison châtain de William avant de venir s'enrouler autour de ses manches. Méfiant, le farceur aérien toisait avec curiosité l'objet noiraud dans un tourbillon. Sous le contrôle de l'incantation, le vent s'aventura à la découverte de l'œuf, le touchant de ses bras imperceptibles, les flammes verdâtres à sa surface s'estompèrent subitement.
Un craquement fut rendu dans le silence surnaturel. Un sourire victorieux se dessina aux commissures du baronnet. Une joie immense empli son cœur, jamais, au grand jamais, il n'avait été aussi satisfait de ses recherches, il allait pouvoir enfin rabaisser le caquet de ces nobles prétentieux.
À la dernière syllabe récitée, Carthew était comblé d'un profond contentement qui le gorgeait d'une envie démesurée et irrésistible de s'esclaffer grossièrement. Il amorça le geste de se retourner vers son acolyte quand il discerna un objet dur, fin et froid plaqué contre sa jugulaire. Paralysé, il déglutit et sentit un raclement cisaillant contre sa pomme d'Adam.
— Que... commença-t-il à formuler tandis que le reste de sa question mourut.
— Merci de votre précieux sacrifice, susurra à son oreille une voix si familière transformée sous l'accent de l'impatience.
Le noble hoqueta, ria nerveusement, voulut s'assurer des véracités des propos de Shade, mais la lame affûtée s'enfonça aisément dans sa gorge. Le mouvement fut net, précis et rapide. Le regard hagard, William se retrouva à demi, les mains pressant son larynx sectionné. Il croisa le regard du maraud. Froid, il avait perdu l'assurance que le nanti lui connaissait ; les traits du visage du roturier se creusèrent d'inquiétude à la limite de la névrose obsessionnelle. Il ne fixa pas Carthew, son attention était portée sur l'œuf qui craquait au contact du sang qui suintait du poignard suspendu au-dessus de sa tête.
Plus le liquide vital s'écoulait des doigts du Sir, plus les forces l'abandonnaient. Il s'effondra à genou au pied de la tablette, sa vision se brouilla. Un goût de rouille lui happait le fond de sa langue. Un froid mortel rampait dans son corps tandis que sa bouche se remplissait de sang chaud. Ses mains tremblaient et la pression qu'elles exerçaient sur sa gorge s'estompa au point d'une giclure rouge colora le pantalon de Shade. Dans un élan de survie, Carthew s'intima de tenir bon, mais l'espoir d'une aide n'était qu'éphémère, une envie que son esprit se construisait pour s'accrocher au fil de sa vie.
Le maraud lâcha impudemment son arme qui tomba mollement dans l'herbe, puis, l'homme de main se retourna vers le nanti. Ses yeux vert-doré s'étaient dangereusement assombris, ils traversaient Carthew comme s'ils faisaient face à un être d'éperdu d'intelligence, bon à donner de son sang, un animal égorgé en sacrifice un jour de fête. Et c'était le cas dans l'esprit de Shade.
Il attrapa les poignets de noble pour les écarter de la plaie. Bataille perdue d'avance pour William qui céda avec peu de résistance vu son manque de force. Spectateur de sa chute, il assista pour sa dernière prestation à l'abreuvage d'un œuf de pierre orchestré par un être hystérique d'impatience. L'objet ovalaire, telle une sangsue des marais, se délectait du sang de baronnet.
Entre la vie et la mort, mais bien plus proche de la Faucheuse, William essayait désespérément d'attraper un pan de vêtement de Shade. Avec ses doigts engourdis et sa vision trahissante, il ne brassait que de l'air. Sa gorge remplie du liquide pâteux mélangé à sa salive ne produisait que des sons proches d'un gargouillis.
Carthew s'effondra dos au sol, ses yeux vitreux observaient la lente transhumance des nuages grisâtres dans le ciel. Les sons lui semblèrent à des lieux de lui, il crut entendre Shade s'esclaffer : « Maître ! Votre réveil est proche ! ». Le Sir ne sentait plus ses pieds, ni ses doigts ainsi que ses jambes... peu à peu il perdit les sensations de son corps, seul son esprit resta actif, s'accrochant comme un forcené à cette enveloppe charnelle dépérissante.
Un rire opulent résonna en dernier aux oreilles bourdonnantes du noble. Une rancœur de sa cuisante humiliation anima les dernières parcelles de son esprit vif ; une pensée fugace s'imposa alors que son âme quitta son corps : Je vous maudis !
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Shade, donc le sort de Carthew importait peu, versa le sang récolté sur l'œuf noiraud. Celui-ci s'anima au contact du liquide carmin, il craquait pour éclore ; une ellipse se désolidarisa comme un pétale se déployant. Elle fut très vite rejointe par une jumelle, puis une autre sœur... la corolle s'épanouit. La manifestation d'une fleur obscure raviva le roturier qui s'extasia devant son cœur vulnérable. Une perle d'eau sombre s'y détacha, bravant la gravité, elle flotta en suspension au-dessus de l'efflorescence.
Alors que William poussaient ses derniers soupirs, la larme nourrie grossissait à vue d'œil et prit forme humaine. Encore instable, seul l'éclat de ses yeux perçants se dégageait de la brume obscure. L'être posa sur le monde un regard de triomphe et il ne put retenir un rire qui résonna dans la plaine.
— Je vous attendais, Maître, déclara Shade tout en se courbant.
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Suis-je entre rêve et réalité ? pensa Carthew.
Une nuit sans lune le tenait en son sein, elle ne lui permettait point de s'orienter. Incapable de percevoir une autre forme à part son propre corps, le noble s'aventura dans l'obscurité à tâtons.
Pendant sa marche ténébreuse sur un sol qui résonnait dans un claquement sec à chacun de ses pas, William se remémora la dernière scène de sa misérable vie. Telle une pièce de puzzle qui s'imbriquait sans résistance, il comprit que Shade lui avait menti sur bien des sujets, mais ce qui restait en travers de la gorge du nanti était son silence sur sa constitution. Pourquoi avait-il ignoré les innombrables indices qui pointaient du doigt l'appartenance de l'homme de main au Caché ? Berné par sa propre gourmandise, Carthew avait tu la petite voix de sa conscience qui criait haut et fort la vérité. Il était maintenant trop tard pour s'en vouloir, il lui était impossible de faire marche arrière.
Où était-il au juste ?
Il lui semblait marcher pendant des heures et des heures durant. La soif, la faim avaient déserté les caprices de son corps, la fatigue était, elle aussi, inexistante. Le monde dans lequel il se situait n'appartenait plus à celui des humains, mais où avait-il atterri ?
Perdu, incapable de comprendre le pourquoi il avait débarqué ici, Carthew se laissa entraîner dans les ombres de sa psyché. Il commençait à dérailler en l'absence d'un brin d'humanité. La folie guettait et s'invita dans l'esprit tumultueux du nanti. Une folie douce et sournoise.
Une perle de lumière irradia dans le tréfond, éloignant les ténèbres qui grignotaient l'âme de William. Comme un insecte ahuri, le baronnet se guida vers la source ardente. Abattu, il ignorait ce qu'il allait y trouver, mais c'était toujours mieux que rester dans cette nuit infinie.
Quand il fut à porter de main de la goulette cristalline, il tendit les doigts avant de se rétracter au dernier moment. Les souvenirs récents fusèrent et hantèrent sa mémoire avec voracité, à tel point que son crâne pulsait douloureusement. Sa naïveté et son imprudence de ces derniers mois l'avaient conduit en ce lieu mystérieux, en passant par la case trépas. Allait-il en payer le prix fort s'il continuait sur cette voie-là ?
— Je perçois que vous apprenez quand même de vos erreurs, humain !
Cette voix, aussi glaciale que le vent hiémal, brisa le silence de la nuit. Comme une appellation muette, la température, jusqu'alors parfaite pour Carthew, chuta dangereusement. Pris de panique, le noble recula et heurta un mur invisible ou, simplement, son corps refusa de bouger. Enfermé dans un étau invisible, il fut spectateur.
La larme luisante se tordit, se brisa en milles éclats de poussière pour former une brume. Elle prit de l'ampleur, tantôt rassurante, tantôt terrifiante, un orage éclata à l'intérieur puis s'apaisa aussi mystérieusement qu'il était apparu. Le nuage se rigidifia, les formes d'une silhouette élancée se sculpta dans le coton.
Une femme se dressa face à Carthew. Drapée d'une toge blanche qui recouvrait l'entièreté de son corps sauf une épaule ainsi que son bras, elle flottait et illuminait d'une clarté bleutée la noirceur environnante. La transparence du tissu laissait paraître les courbes généreuses de l'apparition tandis que le bas de sa robe finissait dans une brume. Sa longue chevelure argentée et raide ondulait dans l'air autour de sa silhouette. La dame aurait pu incarner la grâce-née si son masque de fer recouvrant l'intégralité de son visage ne figeait ses traits dans une expression neutre à la limite de l'altier.
— Avez-vous conscience de votre acte, petit humain ? reprit la voix qui provenait de la jeune femme.
— Qui êtes-vous ? finit par articuler Carthew dans un ultime effort sous l'oppression de la prestance de l'apparition.
Le spectre féminin l'observa derrière son ornement métallique. Était-il réellement fabriqué de fer ? Plus le noble le détaillait, plus les reflets du masque l'intriguaient. Des flocons incrustés miroitaient aux mouvements désapprobateurs de la propriétaire ; même dans sa chevelure, la neige parsemait les filaments d'argent.
— Je ne suis que l'Esprit Hivernal de la Natūre.
Natūre, ce nom n'était pas inconnu au baronnet, il avait lu plusieurs documents traitants de cette personne. Son excellente mémoire ne mit point longtemps à lui divulguer les informations. Pétrifié, l'homme se liquéfia devant l'une des facettes de l'Entité régnante sur le Merveilleux, il essaya de se reprendre sur sa conduite, en balbutiant des propos incompréhensibles. Le sentiment d'être minable, incompétent et une erreur de la nature lui prit aux tripes à la pensée d'accaparer du temps si précieux de cette illustre immortelle. Il se rendit compte de l'ampleur de sa démarche et attendit la réprimande qu'il méritait, non sans arrondir les angles.
— J'implore votre clémence, oh grande Dame, clama le Sir quand il eut reprit un langage intelligible tout en se courbant bien bas, conscient de sa bavure.
— Le mal est fait, plus rien ne peut le changer, mais l'avenir peut être incertain. Je ne vous laisse point le choix : vous devez réparer vos erreurs.
Surpris, le noble redressa la tête pour contempler le masque impassible d'Hiver. Comment était-ce possible une telle prouesse quand son corps gisait raide et froid dans l'herbe anglaise ? Revenir en tant que fantôme était inimaginable dans l'esprit de Carthew. Hanter Shade à coup de brisure de vitres à son domicile était la seule idée saugrenue qui lui traversa. Qu'attendait réellement la Dame d'un sceptre ?
— Avez-vous conscience de qui vous avez éveillé ?
La négation anima la tête brune de William. Le rire opulent était toujours gravé dans les méandres de sa mémoire, il avait conscience qu'il n'appartenait pas à Shade, mais son propriétaire était inconnu au Sir. Une chose était certaine, cet être ne devait pas être n'importe qui pour qu'Hiver vienne en personne. Des frissons parcoururent l'échine de William, il redouta ce qu'allait lui apprendre l'Esprit.
— La Compagnie a toujours veillé à le maintenir hors d'état de nuire et il a suffi qu'un simple humain cupide et avide pour réveiller Toūt.
Le couperet tomba. Tout comme le nom de l'Entité qui lui faisait face, celui de Toūt ne lui était pas étranger ; cet être laissait trainer dans son sillage de biens sombres nouvelles. Maître des Ombres, il y avait de cela un peu moins d'un millénaire, il ravagea le Monde du Caché et ébranla l'équilibre.
La douche froide accueillit le curieux qui prit entièrement conscience de l'ampleur du désastre qu'il avait orchestré inconsciemment. Perdu, tremblant, le regard hagard, il tomba à genoux et se prit la tête entre ses mains. Dans le flot de peur et de doute qui l'assaillait, une question joua des coudes pour accaparer toute son attention : Comment un humain, quel qu'il fut, pourrait faire front à un être aussi redoutable ? Les plus puissants surnaturels en tremblaient juste en susurrant ce nom.
— Pourquoi... pourquoi ne pas l'avoir anéanti s'il était affaibli dans sa prison ?
Faire reposer tout le poids de la culpabilité sur ses épaules était intolérable, pour lui, il n'était pas le seul fautif dans cette histoire. La Compagnie de la Rose Noire avait eu à sa portée l'être le plus détestable et elle n'avait appliqué aucune sentence finale. Si tout cela avait déjà été achevé bien avant, Carthew n'aurait pas à subir les reproches d'Hiver.
— Est-ce que l'ombre de l'arbre peut être anéantie quand le soleil brille ?
La fureur de noble fut tuée dans l'œuf. La comparaison de l'Esprit ne laissa aucune place à une réplique sanglante. Eux, êtres éphémères et insignifiants de la Terre, aussi bien humains que surnaturels, n'étaient pas en droit de décider du couperet concernant les Entités supérieures.
Que pouvait donc accomplir Carthew, humain de faible constitution et dépourvu de pouvoir ? Le poids du monde alourdit ses épaules qui s'affaissèrent.
— Pourquoi ne l'affrontez-vous pas ? Vous êtes son égal en puissance dans cet univers.
Conscient de sa faiblesse, il chercha désespérément de l'aide auprès d'Hiver. Il ne pouvait voir le bout du tunnel dans lequel le jetait l'Esprit, l'échec n'en était que l'aboutissement. L'appui de Natūre ne serait que bénéfique à sa réussite.
— Nous sommes régis par des lois qui ne nous permettent que de succincts séjours sur Terre, expliqua froidement la Dame avant de conclure d'une voix tranchante, ce n'est pas à nous de réparer vos erreurs !
Découragé, Carthew se sentit désemparé et seul face à sa fatalité. Il se doutait qu'il ne pourrait échapper à la destinée que lui imposait Hiver.
— Vous serez donc notreÉpée face à Toūt, conclut l'Esprit avant de se volatiliser dans une pluie deflocons.
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