Épilogue


Le Roi de France fut retrouvé étranglé en compagnie du ministre de l'Intérieur, Ferdinand Lacave. Ce dernier s'était fait sauter la cervelle après avoir tué son souverain. Le fait que l'un des deux soit en tenue cuir n'échappa pas à la presse, qui en fit les choux gras avant même l'enterrement des deux corps. Que le monarque ait été un hétérosexuel endurci ne semblait pas interpeller qui que ce soit dans l'histoire. Les traces de tortures ne furent pas communiquées par le commissaire Delor, en revanche. Pas plus que les « à mon amour » imprimés sur le ventre du souverain. S'il remarqua la similitude avec une autre affaire, il n'en pipa mot. Il était trop futé pour ça.

Seule au pouvoir, sans enfant, la Reine Marguerite se laissa une année de deuil avant de prendre un nouveau mari. Henry de la Rose en fut particulièrement ravi, surtout que dans l'intervalle, il avait pu se remettre de sa mésaventure. Ce mariage lui avait couté tous ses ongles des mains, des pieds, il avait failli mourir noyé plusieurs fois et il avait oublié une partie des sévices qu'il avait subis. Mais il allait bien, comme le Marquis de la Rose qu'il était. La Souveraine, elle, se souviendrait toujours de ce qui lui avait été fait. L'une des premières lois promulguées avant son remariage fut celle de la dépénalisation de l'adultère pour la femme. Elle avait proposé de pénaliser celui des hommes, mais le sénat avait largement préféré l'autre version de la loi. Allez savoir pourquoi...

L'affaire du Roi ne fut jamais mentionnée dans les dossiers des Couturières. Pas plus que l'assassinat de George Villardière, de trois des agents de la Couronne, du ministre de l'Intérieur et d'un certain nombre d'individus impliqués dans la disparition de Henry et de Louise.

Les Rose devinrent la famille la plus puissante du royaume, une fois que le fils de la Marquise eu épousé la Reine. Un mariage d'amour. Marguerite l'avait bien mérité. Henry aussi.

Nul ne demanda à Rose de la Rose ce qu'il s'était passé. Les seuls à savoir étaient madame Red, qui avait agi en mémoire de son grand-père, et la Tulipe. L'anglaise vouait une admiration sans bornes à la vieille femme, aussi avait-elle décidé de devenir son apprentie en techniques de torture. Lorsqu'elle apprit que le vrai maitre en la matière était le chef des Couturières, elle tomba éperdument amoureuse de lui. La différence d'âge ne semblait pas la gêner. Lui non plus, d'ailleurs.

À propos, la Tulipe devint le chef des agents de la Couronne et des Couturières. Un emploi à plein temps qui, dans les années qui suivirent, régla bien des problèmes de communication interservices. Les hommes découvrirent que les femmes avaient plus d'un tour dans leur sac. Et pas qu'en matière de charmes.

Louise continua sa vie avec son mari et sa fille. Béatrice était toujours aussi joyeuse. Henry eut des enfants avec Marguerite. Yvette commença à devenir sourde, ce qui était assez compliqué à gérer pour une femme aveugle. Clara et Norbert eurent bien du travail pour s'occuper d'elle, en plus d'une Rose vieillissante.

Charles disparu, ses enfants en sécurité, elle déclina doucement, mais gaiement. Elle devenait aussi sourde que Yvette. Les deux se lançaient des piques en permanence, comme les deux bonnes vieilles copines qu'elles étaient.

Bref, il fallut cacher tous les fusils à pompes, couteaux et autre objet d'armement de la maison, car le phénomène Rose égara un jour, par mégarde, une grenade dégoupillée dans le jardin. Cela fit bien rire une famille somme toute peu normale, mais soudée.

Et quand la Marquise rejoignit son époux, dix ans plus tard, elle se félicita d'avoir plein de choses à lui raconter.

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