Chapitre 1
Helloooo,
Voici le tout premier chapitre de "La clémence", j'espère qu'il vous plaira. Si vous ne comprenez pas vraiment, c'est normal. Si vous avez des interrogations n'hésitez pas à me les poser, je serais plus que ravie de vous répondre.
Bonne première lecture,
-G
:)
_________________________________________
Il n'y avait pas de doute, l'automne s'était déjà bel et bien installé dans la ville. Les feuilles commençaient déjà à brunir et s'étalaient lentement, mais sûrement, sur le trottoir étroit du centre-ville. Les températures oscillaient encore entre vingt et vingt-deux degrés, ce qui permettait encore de se promener en veste ou bien t-shirt, pour les moins frileux de tous.
Lyly enroula son foulard autour de son cou, le regard orienté vers la fenêtre, et se tourna afin de faire un bref signe de la main à Suzanne assise à l'autre bout de la pièce quasiment déjà vide. Elle attrapa son sac en bandoulière, le passa inconsciemment sur son épaule et sortit. Aujourd'hui, la plupart de ses collègues avaient quitté les lieux avant elle, ce qui était plutôt étonnant. Peut-être étaient-ils partis tôt pour aller faire quelques courses en prévision du repas du lendemain. Repas auquel elle n'allait pas se rendre. Personne ne lui en voulait, c'était déjà ça, cela la rassurait même un peu, mais Lyly savait très bien à quel point Suzanne souhaitait l'y voir venir. Elles auraient pu passer une belle soirée, oh que oui ! Mais elle n'en avait pas vraiment envie. Elle avait d'autres préoccupation plus importantes. Et puis, elle avait autre chose de prévu.
Elle poussa la porte de sa main et arriva sur le trottoir. L'air tiède s'abattit sur son visage et elle baissa les yeux vers les feuilles qui craquelaient sous la semelle de ses chaussures. Les klaxons des voitures se multipliaient depuis dix-sept heures, comme si chacun avait décidé de quitter son bureau ou bien son école au même moment, créant ainsi un gigantesque bouchon et son lot de pollution sonore sur sa droite.
Heureusement pour elle, elle n'avait pas besoin de prendre la voiture pour se rendre dans ces locaux, sauf si elle venait de chez Ashley, ce qui rallongeait grandement le temps de son parcours. Venir à pied lui permettait également de ne pas se lancer à la recherche d'une place de parking dès neuf heures du matin. Voir Suzanne tourner pendant dix minutes avant de trouver un emplacement neuf cent mètres plus loin l'avait quelque peu écœurée de la voiture. Venir en marchant jusqu'ici était le seul moyen qu'elle avait trouvé pour rester zen et commencer la journée du bon pied.
Lyly longea les bâtiments en briques et traversa le passage piéton les mains dans les poches. Cette saison lui plaisait. Et même si elle n'avait pas imaginé un seul instant rester ici jusqu'au mois d'octobre, cela lui avait semblé comme une évidence. Ashley, quant à elle, avait été étonnée de voir sa cousine annuler tous ses projets, et John, même s'il en avait pensé pas moins, ne lui avait jamais manifesté son incompréhension ou bien son inquiétude. Pourtant, Lyly le voyait très bien dans son regard. Même s'il tentait de le cacher, celui-ci semblait très inquiet pour elle. Peut-être ne savait-il pas comment le formuler, ni comment le lui avouer, Lyly n'en savait rien, et elle ne lui avait jamais posé la question. Poser la question reviendrait à devoir faire face à la réalité, et elle ne savait pas si elle était capable d'en discuter avec quelqu'un, hormis monsieur Kurmin, qu'elle voyait toujours.
Son psychologue ne l'avait jamais lâché. Et même si elle s'était légèrement renfermée sur elle-même après l'accident et qu'elle avait ignoré les appels de monsieur Kurmin pendant des semaines, elle était parvenue à reprendre le dessus. Il était probable que le fait de rencontrer son psychologue dans un centre-commercial par hasard l'avait beaucoup aidé. Lyly s'en souvenait très bien. Il l'avait abordé de lui-même alors qu'elle entrait dans un magasin, lui avait demandé comment elle se sentait, puis il lui avait proposé de s'asseoir à ses côtés cinq minutes, ce qu'elle avait accepté par politesse. Ils étaient alors restés assis l'un à côté de l'autre durant trente bonnes minutes, et lorsqu'elle s'était relevée du banc, monsieur Kurmin était parvenu à lui caler un rendez-vous la semaine d'après.
Ce psychologue était un sacré phénomène. Passer le pas et oser s'ouvrir à ce professionnel lui avait beaucoup apporté. Bien plus que ce qu'elle aurait pu imaginer, en réalité.
Lyly passa la porte de chez sa cousine une demi-heure plus tard, éreintée. Passer la journée devant son écran avait été plus éprouvant que la veille, peut-être était-ce parce qu'elle avait très mal dormi. Ou parce qu'elle avait dû se lever un peu plus tôt que d'habitude.
— Ah ! La plus belle est arrivée ! s'exclama John en déboulant depuis le salon.
— Salut, John.
Il l'enlaça rapidement et s'arrêta face à elle.
Comme d'habitude, celui-ci tentait de lui sourire. Peut-être était-il lui même certain de parvenir à la tromper, mais c'était un échec cuisant. John non plus ne parvenait pas à passer à autre chose. Et comme d'habitude, il allait lui demander comment avait été sa journée, au lieu de lui demander comment elle allait elle. Cela faisait des lustres que John et sa fiancée ne le lui avaient pas demandé.
— Comment a été ta journée ?
Lyly posa son sac sur le sol et fit mine de rien.
En réalité, elle aurait aimé qu'ils osent. Qu'ils tentent de lui montrer que tout allait aller pour le mieux. Mais au lieu de cela ils la prenaient avec des pincettes, ce qui lui renvoyait en plein visage la dure réalité de son quotidien. Ils tournaient autour du pot, ne posaient pas les questions directement, ce qui la replongeait aussitôt dans la vie alambiquée qu'elle avait décidé de vivre ces derniers temps, dans cette vie qu'elle tentait de gérer malgré tout. Aurait-elle imaginé tout arrêter comme cela? Non. Aurait-elle imaginé se rendre dans ces locaux, jour après jour ? Encore moins. Mais cela avait été nécessaire. Et elle faisait semblant de ne pas remarquer la gêne de John et Ashley pour éviter toute prise de tête ou conversation houleuse.
— C'était assez monotone, et j'ai un sacré mal de crâne...
— C'est sûrement à cause des écrans ! répondit Ashley en descendant les escaliers. Tu as appelé un ophtalmo ?
— Pas encore. Et je ne suis pas trop pour vu que je vois très bien.
— Faire une visite peut pas te faire de mal, reprit sa cousine. Ça se trouve ta vue a baissé et tu l'as pas remarqué !
— Je sais bien que c'est à cause des écrans, insista Lyly, mais j'appellerai quand j'aurai un moment.
John acquiesça et se tourna vers Ashley qui venait de s'arrêter à ses côtés.
— Du coup... Pour la fête... hésita-t-il.
Le concerné s'arrêta et attendit que sa fiancée prenne la relève, mais elle se contenta d'analyser sa cousine qui semblait très fatiguée.
— Tu as bien dormi ?
Lyly fut étonnée de la question de sa cousine.
— Oui, ça a été, pourquoi ?
— Tu as l'air... Est-ce que tu vois toujours ton psy ?
— Oui, toujours.
Ashley parut légèrement soulagée et se tourna vers John.
— Pour en revenir à ce que tu disais, elle refit face à Lyly, la fête qu'on avait organisé avec Justin... Tu penses pas qu'on devrait l'annuler ? Je veux dire, peut-être que ce serait mieux de la faire un peu plus tard... Ou dans quelques mois... Parce que...
— Vous avez un imprévu ?
— Non ! s'exclama Ashley. Non, du tout ! Mais on pensait que...
— Ça fera du bien à tout le monde, la coupa Lyly. Et puis Justin voyage pas mal depuis qu'il est revenu ici, ça sera l'occasion de le revoir.
— Tu es sûre ? demanda John.
— Totalement.
Lyly leur sourit et reprit son sac afin de passer la lanière sur son épaule.
— Je vais devoir y aller. John, tu as le jeu ?
— Ouais ! Attend, je vais le chercher.
Il disparut dans le salon, laissant Ashley et Lyly l'une en face de l'autre.
Cela faisait longtemps qu'elles ne s'étaient pas retrouvées toutes les deux, sans John à leurs côtés. Et à ce moment très précis elle eut envie de lâcher son sac et de la serrer fortement contre sa poitrine. Elle aurait aimé la rassurer, lui dire que tout finirait par s'arranger, qu'elle ne devait pas autant se tracasser pour elle, mais Lyly n'en eut pas le temps puisque John réapparut, un jeu de Playstation dans la main.
Il le tendit à Lyly qui le rangea aussitôt dans son sac.
— Ashley l'a retrouvé hier soir en faisant le ménage, il avait pris la poussière derrière le meuble. Il avait sûrement glissé ou un truc de ce genre... Théo me l'avait prêté il y a longtemps...
— Merci, John. Elle tenta de sourire pour dissiper le malaise qui venait brusquement de s'installer à l'annonce du prénom de Théo. Il faut vraiment que j'y aille, j'ai quelques courses à faire. Mais j'insiste, n'annulez pas la fête, d'accord ?
Ashley acquiesça la tête d'un air dubitatif.
— On se voit bientôt !
Lyly leur fit une vive accolade et sortit de la maison sans se retourner.
Quand elle sentit la porte se refermer derrière elle, elle sentit la pression de ses épaules s'envoler brusquement et elle se surprit à expirer lentement de soulagement.
Elle aimait Ashley et John. Beaucoup. Mais leur relation avait légèrement changé ces derniers mois. Lyly ressentait bien qu'ils faisaient de leur mieux, et elle ne leur en voulait pas. Mais leur attitude lui rappelait toujours la brusque réalité. Ce qu'elle vivait, jour après jour. Pourtant, il ne fallait pas autant s'inquiéter. Pas pour elle. Certes, elle ne savait pas toujours comment gérer la situation, mais elle avait énormément évolué ces derniers mois, et ce n'était pas le moment de faire marche arrière.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top