Chapitre 4 : Lettre inconnue

Les brûlures avaient disparu.

Cassandre regarda ses bras d'un air interloqué puis secoua la tête en pensant qu'il s'agissait d'une hallucination. Mais non. Elle enfonça brusquement ses doigts dans sa chair, mais ne ressentit rien de particulier.

La jeune fille fronça les sourcils. Comment était-ce possible ? Puis elle se souvint des ténèbres qui s'étaient enroulées autour de ses bras, de tout son corps. L'avaient-elles... soignée ? Cassandre ne voyait pas d'autre explication. Elle devait pourtant faire attention à ce que la directrice ne remarque rien. Il fallait qu'elle joue la comédie pour ne pas que ce soit suspect... Est-ce que cette nouvelle expérience avec la directrice avait réellement existé, d'ailleurs ? Ou Cassandre avait-elle tout imaginé ?

Cassandre se redressa. Elle était toujours au sous-sol. Ce qu'elle avait vécu ne pouvait pas provenir de son imagination. C'était impossible, mais comment ces brûlure auraient-elles pu disparaître ainsi ?!

Aucune importance. Les brûlures avaient disparu, et elle n'avait plus mal. C'était tout ce qui comptait. Peu importait le reste.

La jeune fille se mit sur ses deux jambes avec difficulté. Elle se stabilisa contre un des murs de pierre, le souffle court. Elle n'avait peut-être plus mal, mais elle se sentait très faible. Remonter toutes les marches jusqu'au grenier serait une épreuve. Elle fit quelques pas dans la pièce pour dénouer ses muscles puis se dirigea vers les quelques marches qui la séparait de la lumière du jour. Elle les gravit lentement, mais arriva finalement en haut.

Sans vraiment y croire, elle testa la poignée. La porte s'entrouvrit dans un horrible grincement. Cassandre se figea. Elle qui n'avait pas le droit de faire le moindre bruit, c'était raté. Elle pesta en silence dans sa tête, se traitant de tous les noms, puis jeta un coup d'œil au-dehors. Il n'y avait personne. Il faisait nuit, car tout était sombre. Elle avait dormi plus longtemps qu'elle l'aurait pensé...

Elle se glissa dans le hall et emprunta les escaliers en évitant les marches qui grinçaient. Personne ne devait la voir. Bon, c'était bête, parce que tous les orphelins pouvaient la voir pendant la journée, mais si elle ne respectait pas les ordres, elle s'attirerait les foudres de la directrice, ce qu'elle souhaitait éviter à tout prix.

La montée fut laborieuse, et Cassandre vacilla plusieurs fois, mais elle tint bon et arriva jusqu'à l'échelle du grenier. Son souffle se fit rauque. Les quelques barreaux seraient encore plus difficiles, car elle n'avait plus d'équilibre. Mais elle ne pouvait pas rester plantée dans le couloir. Soit elle montait, soit elle redescendait jusqu'au sous-sol. Et il était hors de question qu'elle y retourne. Il ne lui restait donc qu'une option. Elle posa son pied sur le premier barreau et s'accrocha. Se hisser était compliqué mais Cassandre réussit le défi jusqu'au moment où son pied dérapage, et qu'elle lâcha prise, se raccrochant au dernier moment, évitant la chute d'une minuscule seconde. La jeune fille regarda le sol à quelques centimètres de son visage et expira bruyamment.

Elle remonta, faisant des pauses entre chaque barreau, et arriva en haut. Elle s'écroula dans le grenier, sur la couverture étendue au sol. Après quelques minutes de repos bien méritées, Cassandre se redressa mais se figea en entendant un froissement étrange. Elle se leva complètement et aperçut une lettre qui dépassait de dessous sa couverture. Elle la saisit après une légère hésitation et se rassit sur le sol en bois, en tailleur.

Cassandre passa lentement ses doigts sur le papier gaufré de l'enveloppe, puis dessina le contour du cachet qui la maintenait fermée. Cette lettre était-elle pour elle ? Mais qui l'avait mise ici ? Et pourquoi lui envoyer une lettre, à elle ?

Le sceau rouge représentait un corbeau. La jeune fille n'avait jamais vu cet emblème. Elle creusa dans sa mémoire, puisant dans ses maigres connaissances. Elle n'avait pas le droit d'assister au cours comme les autres orphelins, mais au fil des années, elle avait trouvé des méthodes pour pouvoir écouter le cours sans se faire remarquer. Donc elle savait lire, et elle avait pu écouter beaucoup de cours d'histoire, par exemple. Mais cet oiseau...elle ne l'avait jamais vu dans les cours. Elle se souvenait du professeur qui avait listé tous les emblèmes des différentes familles, mais pas de cela... Car, si cette famille possédait un sceau comme celui-ci, cela signifiait qu'elle était haut placée dans la société. Cassandre était fière de ses déductions.

Elle lissa l'enveloppe un peu froissée, savourant la sensation du papier sous ses doigts. C'était la première fois qu'elle tenait du papier dans ses mains. La sensation était agréable. C'était léger, et cela sentait bon.

Cassandre hésitait. Avait-elle le droit d'ouvrir l'enveloppe ? Avait-elle le droit d'en lire le contenu ? Elle avait l'impression de tenir un trésor précieux entre ses mains. La directrice lui en voudrait, si elle lisait cette lettre sans autorisation...

Oui, mais... La directrice n'avait pas besoin d'être au courant que Cassandre avait trouvé une lettre dans le grenier, sous sa couverture. Non ?

Fébrilement, Cassandre décacheta l'enveloppe, en faisant bien attention à ne pas déchirer le papier. Elle sortit une lettre couverture d'une écriture ronde et penchée et la déplia soigneusement, l'étalant sur le sol pour mieux la regarder. Elle devait lire. Ou déchiffrer les mots qu'elle connaissait et tenter d'en comprendre le sens. La jeune fille observa attentivement, mais ne comprit que peu de mots : Cassandre, orphelinat, partir, adoption...
Adoption ?!

Cassandre se pencha jusqu'à presque coller son nez au papier. Quelqu'un voulait peut-être l'adopter ? Mais, dans ce cas, que faisait cette lettre dans le grenier ? Pourquoi ne pas l'avoir déposée chez la directrice ? A moins que...la directrice refuse de la laisser se faire adopter ?

Un frémissement de rage secoua Cassandre. Personne n'avait le droit que sa vie !

Cassandre retourna la feuille et sursauta. Devant elle s'étalait...une carte. Elle en avait déjà vu une, que le vieux professeur d'histoire avait montré à la classe, une fois, qui représentait le monde. Celle qu'elle avait devant les yeux ne ressemblait pas à cela, mais Cassandre comprenait que c'était similaire. Elle suivit les lignes tracées au crayon de son index, reconnaissante envers la personne qui avait pris le temps d'inscrire tout cela. Il y avait une flèche rouge qui passait à travers les lignes. Elle partait d'un rectangle qui portait l'inscription "orphelinat" suivi d'un nom en majuscules, que Cassandre ne comprit pas.

Cassandre replia soigneusement la carte. Elle avait la certitude que quelqu'un voulait l'aider, peut-être même l'adopter, mais que, pour cela, elle devait quitter l'orphelinat elle-même. Un inconnu l'aidait dans l'ombre. Elle ne savait pas si elle pouvait faire confiance à cette personne, qui que ça puisse être, mais elle préférait tenter sa chance plutôt que de rester plus longtemps les bras croisés, à la merci de cette directrice sadique.

Elle partirait ce soir. C'était décidé, et rien ne pourrait la faire changer d'avis.

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