Chapitre 1 : Le monstre
— Espèce de monstre...
Les murmures des orphelins suivaient Cassandre alors qu'elle descendait le grand escalier du hall d'entrée. Ses camarades se pressaient contre la rambarde en fer pour éviter qu'elle ne les touche par mégarde. Comme si elle était sale, ou porteuse d'une maladie contagieuse. En effet, les mains de Cassandre qui dépassaient des manches longues de sa robe grise étaient zébrés d'étranges traits noirs, dénotant sur sa peau pâle. On devinait également sous le fin tissu de sa robe que les traits remontaient encore plus haut sur sa peau, au moins jusqu'aux coudes.
A première vue, cela aurait pu faire penser à de l'encre, ou des tatouages. Seulement voilà. Ce n'était pas de l'encre, mais quelque chose d'inhabituel, d'anormal. De très sombre. Mais ce n'était pas non plus une maladie. Personne ne savait ce que c'était, ni pourquoi Cassandre portait cela sur la peau .
Les marques avaient commencé à se répandre sur la peau de Cassandre le jour où ses parents étaient morts, d'après ceux qui l'avaient emmenée à l'orphelinat. Pour cette raison, aucune famille n'avait jamais voulu adopter la jeune fille, lui préférant une autre fille ou un autre garçon. Les autres étaient normaux.
Cassandre tira un peu plus les manches de sa robe sur ses mains, et passa au milieu de ses camarades, la tête baissée sur ses chaussures.
La méchanceté des autres lui faisait mal. Elle ne se souvenait pas du tout de ses parents, car ils étaient morts trop tôt. Alors elle pouvait dire qu'elle avait jamais reçu de soutien de la part de personne. Pas même des adultes. Tout le monde la détestait. À cause de ces marques qui s'enroulaient autour de ses bras comme des serpents.
Les mains de Cassandre tremblaient lorsqu'elle arriva devant la porte du bureau de la directrice. Elle prit une inspiration et toqua contre le bois tandis que des question tournoyer dans sa tête. Nous étions samedi. La directrice la convoquait seulement le dimanche, pour exécuter quelques petites expériences sur elle. Alors pourquoi, aujourd'hui, la directrice lui demandait-elle de venir dans son bureau ? Voulait-elle étendre ses expériences du dimanche à tous les jours de la semaine, à tous les weekends ? Cassandre ne le savait pas, et cela lui faisait peur.
— Entrez, fit une voix mielleuse de l'autre côté du battant.
Cassandre serra les poings, tourna la poignée et pénétra dans le bureau de la directrice qu'elle détestait. Et qui la détestait elle-aussi. La jeune fille garde à les yeux rivés au sol. Elle savait qu'elle n'avait pas le droit de regarder les autres dans les yeux, parce qu'elle était un monstre. Quelque chose qui ne devait pas exister.
— Vous m'avez demandée ? demanda Cassandre d'une petite voix.
Elle parlait toujours à voix basse, d'un ton à peine plus élevé qu'un chuchotis. La jeune fille croisa main derrière son dos pour en cacher les tremblements. Elle risqua un œil vers le bureau. Une femme y était assise. Ses cheveux gris étaient tirés en un chignon sévère sur sa nuque. C'est très était dur comme de la pierre. Cassandre ne l'avait jamais vu sourire. Mais peut-être souriait-elle aux autres orphelins ?
La directrice de l'orphelinat jeta à Cassandre un regard plein de dégoût et de mépris puis elle jeta un paquet aux pieds de la jeune fille.
— Ramasse, ordonna-t-elle sur un ton froid à l'image de son visage.
Cassandre se baissa et ramassa ce que la femme lui avait lancé. Elle déplia la boule marron et découvrit des gants. Elle releva des yeux surpris vers la directrice sans pouvoir s'en empêcher. Cette dernière lui jeter un regard noir, et Cassandre baissa aussitôt les yeux sur ce cadeau.
— Merci Madame, murmura-t-elle.
La directrice pinça les lèvres avant de rétorquer :
— Je ne le fais pas pour toi, espèce de monstre, mais pour les autres enfants et pour moi. Nous en avons tous assez de voir ces...ces choses sur tes bras.
On aurait pu penser, en attendant cette phrase, que Cassandre se scarifiait. Mais non, la directrice parlait bien des ténèbres qui marquaient la peau de la jeune fille. Seulement, Cassandre n'y était pour rien. S'il n'en tenait qu'à elle, ces traits auraient déjà disparu depuis bien longtemps. Elle les détestait autant que les autres, autant que la directrice. Parce que ces étranges marques l'avaient empêchée de s'intégrer, d'avoir des amis, d'avoir à nouveau une famille, d'être enfin aimée. Même d'être appelée par son prénom.
— Excuse-toi.
La voie froide de la directrice ramena Cassandre à la dure réalité.
— Je vous demande pardon.
Les lèvres fines de la directrice s'allongèrent en un petit rictus satisfait. Elle prenait un malin plaisir à martyriser la pauvre Cassandre.
— Va-t'en, maintenant.
Cassandre ne se le fit pas dire deux fois, et se faufila rapidement hors de la pièce, ses longs cheveux bruns flottant derrière elle.
Elle remonta les marches quatre à quatre, comme si elle avait le Diable à ses trousses en enfilant maladroitement ses gants. Les autres orphelins la regardèrent passer avec un dégoût à peine dissimulé.
Ils étaient tous rassemblés dans le hall, certains assis sur les marchés de l'escalier, les yeux rivés sur l'horloge près de la porte. Il était quatorze heures moins cinq. Les familles n'allaient pas tarder à arriver, et Cassandre savait que, si la directrice la voyait encore là, ç ase passerait mal pour elle le lendemain, pendant leur...seance. Elle n'avait pas le droit d'assister aux choix des familles. Elle n'avait pas le droit d'être choisie. La directrice la gardait cachée comme une honte, mais Cassandre la comprenait, car elle-même avait honte d'être celle qu'elle était.
Certaines filles quitteraient l'orphelinat aujourd'hui. Cassandre se figea sur la dernière marche, un pied en suspens, en réalisant cela. Elle, elle ne partirait jamais. Elle savait qu'elle dégoûtait la directrice, mais elle savait également que cette dernière conservait n plaisir malsain à la tourmenter tous les dimanches.
La directrice tentait de faire disparaitre les marques. Cassandre se souvenait de toutes les fois où elle avait fait ça, même de la toute première fois, alors qu'elle était seulement âgée de trois ans. Ça avait commencé par une éponge qui lui frottait la peau. La directrice pensait qu'il s'agissait seulement des vestiges de l'accident, jusqu'à ce qu'elle remarque que cela ne partait pas. Elle l'avait plongée dans l'eau bouillante, lui avait crié dessus comme si Cassandre était responsable de ces marques et qu'elle pouvait les enlever simplement en le souhaitant.
Mais voilà. Presque quinze années avaient passées depuis le premier "nettoyage" et les marques de Cassandre ne faisaient que s'étaler un peu plus chaude jour sur la peau de la jeune fille, comme pour défier la directrice, qui continuait de penser que Cassandre le faisait exprès. Mais pour qu'elle raison Cassandre le ferait elle exprès ? Pour demander de l'attention ? C'était ridicule. Jamais elle n'avait demande à être torturée tous les dimanches et à être continuellement rejetée de la sorte.
Cassandre secoua lentement la tête. La pendule sonna quatorze heures piles. La jeune fille sauta sur le palier, et se cacha derrière un pan de mur pour regarder la protection d'entrée, qui ne tarda pas à s'ouvrir. Plusieurs hommes et femmes pénétrèrent à l'intérieur de l'orphelinat. La directrice affichait un sourire moelleux qui n'éclairait pas ses yeux. Elle jeta un coup d'oeil méfiant vers l'étage, et Cassandre se poussa juste à temps hors de son champ de vision et poussant un soupir de soulagement, le cœur battant à tout rompre.
Puis elle se précipita dans le grenier. Cet espace n'avait jamais été aménagé, et Cassandre dormait ici depuis que la directrice lui avait interdit de côtoyer les autres filles.
En fait, la solitude plaisait à Cassandre. Elle préférait être seule plutôt qu'avec des gens qui lui planteraient un couteau dans le dos à la première occasion, parce qu'elle était différente.
La jeune fille se hissa difficilement sur une poutre. Les gants avaient l'avantage de la protéger des échardes de bois, ce qui était agréable après toutes ces années à s'arracher morceaux de bois des paumes de mains.
A travers la lucarne, Cassandre put observer certains enfants partir avec une toute nouvelle famille. La jeune fille s'assit en équilibre sur la poutre et enroula ses bras autour de ses genoux en les regardant afficher un sourire heureux. Elle esquissa un sourire triste. Même si personne ne l'aimait, elle était heureuse pour tous ces enfants qui venaient de trouver une famille.
- Ils partent tous et moi, je reste..., murmura-t-elle doucement en collant son front à la vitre.
Hello ! Comment allez-vous ?
Je ne suis pas du tout satisfaite de ce premier chapitre, mais bon. J'espère qu'il vous plaît (ou qu'il n'est pas trop nul en tous cas !).
N'hésitez pas à me faire part de vos avis ! Prochain chapitre demain ! ❤️❤️
PS : Merci à Greg_Sora, Mya_castelle, Ecrivaine_en_plume et Plume_en_Argent pour le choix du prénom !!!
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