« Les pierres rouges, blanches et noires dont parle Platon rappellent incontestablement celles que l'on peut trouver, aujourd'hui, dans l'actuelle Santorin.

Les recherches sous-marines menées par le commandant Cousteau sont venues confirmer l'ampleur de la catastrophe volcanique, qui peut seule expliquer l'énigme archéologique que posait le déclin brutal de la Crête minoenne au XVIe siècle avant notre ère. »

A nouveau j'étais plongé dans la lecture trouvant de nouveaux arguments pour parer ceux de Namjoon qui passait maintenant son temps aux côtés du commandant. Il lui dictait la route à suivre pour arriver au Açores tandis que j'étais persuadé que cet idiot avait totalement tort de nous faire voyager dans cette direction. Enfin, j'avais fait quelques calculs de positions il y a de ça deux nuits, et j'avais su dire que nous serions bientôt arrivés. Aujourd'hui, au vu du fait que les bruits de moteurs se faisaient moins fort, je savais que nous arrivions à destination. De ma cabine j'entendais sans cesse les bruits de métal et de combustion qui provenait des moteurs, et chaque matin depuis une semaine bientôt je me promenais sur le pont en tentant d'effacer le bourdonnement de mes oreilles. Comme tous les matins d'ailleurs je lisais sur le pont et irrémédiablement des membres de l'équipage ou des hommes de mains venaient pour se moquer. L'on se moquait de mes lunettes, de ma coiffure, de mon corps mince, de tout à vrai dire. Tout était un bon sujet de moquerie surtout lorsqu'il s'agissait de me dire que je ne méritais pas ma place sur ce bateau. Cela je l'entendais tous les jours, tous les jours au moins un homme armé venait me rire au nez en soulignant ma faiblesse physique, mes problèmes de vue ou simplement la faiblesse de ma voix. Voilà, c'était cela ma vie sur le bateau, je survivais parmi des hommes qui étaient d'un tout autre monde que moi. Ces hommes ressemblaient plus à Namjoon, voilà pourquoi il se plaisait ici. Il était considéré comme un vrai dieu parmi tout ce beau monde et chaque fois qu'il passait à côté d'un membre d'équipage celui-ci se tenait exagérément droit dans ses bottes. Il devait être très craint, comme admiré des femmes. Elles adoraient lui courir après pour lui parler de tout et de rien, et lui il s'amusait à jouer avec elles. Il obtenait d'elles, tout ce qu'il voulait et lorsqu'il avait eu ce qu'il désirait il ne leur adressait plus un mot. Ne vous méprenez pas, il ne couchait pas avec elles, il obtenait d'elles surtout des faveurs. Je n'ai jamais vraiment su ce qu'elles faisaient pour lui, mais en tous cas c'était assez dangereux pour ne pas qu'il le fasse lui-même. J'étais persuadé qu'il cachait quelque chose et même si je lisais sans relâche je ne pouvais m'empêcher de vouloir savoir ce qu'il cachait. C'est alors, qu'au dernier jour de navigation, après avoir lu d'autres arguments contre son hypothèse que l'île puisse se trouver aux Açores je m'étais décidé à en savoir plus à son sujet. Il m'avait déjà menacé de mort, en fait il le faisait chaque soir lorsque nous travaillions ensemble, donc je n'avais plus vraiment peur. Dès que je lui disais que nous devions fouiller la mer Egée il me menaçait de me trouer la peau, de m'étrangler, de me torturer, à force j'avais fini par croire qu'il ne le ferait pas. Au début j'avais très peur, mais au bout de quelques jours je ne faisais plus que feinter la peur pour ne pas l'énerver plus. Son sourire était toujours satisfait lorsqu'il croyait desceller de la crainte dans mes yeux, il était d'un sadisme sans faille.

Le jour de notre arrivée aux Açores, j'avais pris la décision de rendre visite au commandant de bord. Lorsque je suis entré dans la petite pièce d'où il dirigeait le bateau je me mis à trembler. Derrière la barre se tenait un homme aux épaules plutôt larges et aux cheveux châtains. Il ne faisait pas peur à vrai dire, il avait plutôt l'air amical, je tremblais tout de même me disant que d'une minute à l'autre Namjoon pouvait arriver et s'il me voyait discuter avec le commandant je risquais clairement la mort. J'avais pourtant prit mon courage à deux mains en prenant une profonde inspiration, puis je m'étais dirigé vers l'homme qui tenait la barre. Lorsqu'il me vit il tapota mon épaule amicalement et m'invita à parler.

« Nous sommes arrivés ? »
« Oui, ce n'est pas trop tôt. Une semaine pour atteindre les Açores alors que nous venions de Barcelone c'est un record de lenteur. Je ne comprends pas pourquoi Namjoon a autant retardé l'arrivée. »
« Ne pensez-vous pas qu'il est incertain que la ville engloutie soit ici et que donc il voulait retarder l'arrivée pour aussi retarder sa défaite ? »
« C'est fort probable, Jungkook pourrait le tuer si nous ne sommes pas au bon endroit. »
« Nous n'y sommes pas. »

Le commandant sursauta et un sourire rectangulaire se traça sur ses lèvres. Il indiqua rapidement aux autres matelots dans la cabine de se charger du bateau avant de me guider vers ses appartements. Il me fit asseoir sur une des chaises qu'il possédait avant d'en prendre une et de se mettre face à moi. Je n'avais vu un sourire si grand, si large et si rectangulaire, c'était très étrange. Il avait retiré son chapeau si je peux appeler la chose ainsi, avant de poser ses mains sur mes épaules.

« Tu es l'autre historien ! Moi et Jimin t'attendions avec impatience ! »
« Pardon ? »
« Je t'explique, cela fait des semaines que Jungkook patauge pour trouver la cité perdue. Il était tellement désespéré qu'il a menacé de tuer Namjoon s'il ne trouvait rien de probant dans les prochaines semaines. Malheureusement ce débile de grand blond reste campé sur ses positions et jamais il n'admettra qu'il a tort. Pourtant, j'ai entendu dire que Jungkook hésite entre ton point de vue et celui de Nam, il dit que la mer Egée n'est peut-être pas un mauvais endroit où chercher. Nous avons failli changer de route mais Namjoon a mis son grain de sel. Maintenant nous sommes ici. Mais ! Maintenant tu es avec moi. »
« Je n'ai toujours pas compris veuillez m'excuser... »
« En rapide, on a besoin de toi pour doubler Namjoon et Jungkook. »
« Quoi ? »
« Oui, on ne serait que trois certes, mais cela veut dire que l'on aura des parts plus grosses du trésor. »
« Je ne suis pas là pour l'argent mais pour les recherches. »
« Alors en restant avec eux tu ne risques pas de faire beaucoup de recherches. A ce que j'ai entendu tu ne feras même pas de fouille sur terrain. »

Plissant les yeux je me mis à soupirer. Je savais bien que rester en compagnie de Jungkook ne me donnerai pas une grande gloire dans cette histoire, mais en même temps j'avais bien cru que nous puissions collaborer tous ensemble pour rechercher la ville engloutie. Apparemment ce n'étais pas dans leurs plans alors il fallait bien que je change les miens. Après un instant j'avais hoché de la tête et le commandant retint une exclamation de joie. Il me traîna rapidement hors de la cabine serrant entre ses longs doigts ma chemise blanche. Il me fit dévaler de longs escaliers, en monter d'autres et me fis courir presque pendant tout le processus, avant de me poster devant un garçon, à peine plus petit que moi, qui possédait de nombreuses armes accrochées à sa taille et dans son dos. Il était l'un des hommes de mains et son physique musculeux était l'une des choses les plus impressionnantes chez lui si l'on oublie qu'il était couvert d'armes énormes. C'est alors que le commandant se mis à parler dans un charabia que pourtant l'autre garçon comprenait. Il hochait de la tête et parfois me regardait en coin. Il avait l'air satisfait et à la fin du charabia du commandant il attrapa ma main et la secoua dans un salut. Sa force avait ébranlé tout mon corps et j'avais senti une douloureuse pression sur mes doigts, il avait clairement de la poigne. Enfin, il relâcha ma main et préféra disparaître plus loin sur le point pour rejoindre trois hommes qui portaient des bouteilles de plongées dans leurs bras. Ils chargeaient ces bouteilles sur un petit zodiac qu'ils avaient arrêté à côté du bateau accosté. D'ailleurs je n'avais même pas remarqué que nous étions arrivés à une terre et qu'au loin se profilaient des bâtiments et des villes. Enfin je pouvais me sentir droit dans mes chaussures sans avoir envie de rendre mon déjeuner car la mer se faisait houleuse. J'avais voulu plus que tout au monde poser le pied à terre mais alors que je m'apprêtais me pencher par-dessus le bastingage le commandant me tira en arrière et me murmura à l'oreille.

« Jimin est d'accord pour partir ce soir. Pendant la nuit il nous faudra nous faufiler d'accord ? Aujourd'hui je vais aller louer un bateau et nous partirons. Nous nous engagerons rapidement vers la mer Egée. »
« C'est cela que vous disiez toute à l'heure ? »
« Oui, ce sont des codes pour que personne ne comprenne de quoi nous parlons. Si le patron apprenait que nous allons faire bande à part il nous ferait tuer par Namjoon. Mais heureusement, nous sommes discrets. »
« D'accord. Allez chercher le bateau, quant à moi je vais observer les fouilles depuis le bateau, au moins j'aurais l'air impliqué dans les recherches. »

Le commandant hocha de la tête avant de me murmurer son prénom et de disparaître. C'est vrai cela, il ne m'avait même pas donné son identité et j'étais déjà prêt à disparaître sur les eaux avec lui. Il se nommait Kim Taehyung, cela lui allait plutôt bien, le prénom sciait au personnage. Enfin bon passons. Après avoir, sûrement commis une erreur en voulant doubler Jungkook, je mis les pieds sur le pont de la proue. Là j'avais une vue prenante sur le petit Zodiac que l'on chargeait en bouteilles d'oxygènes, en matériel de plongé et en armes. Je suppose qu'ils s'attendaient à trouver sur le site de fouille des ennemis ou simplement la police des mers. Je ne voulais pas être mêlé à cela, je pris donc la direction opposée au Zodiac et me mis à chercher l'une des femmes que Namjoon avait utilisées. Malheureusement, avant d'en trouver l'ombre d'une Jungkook se posta face à moi et se mis à sourire comme jamais. Il montrait ses dents parfaitement blanches et droites, mais ce sourire était malsain, il laissait transparaître tous les mauvais sentiments possibles et imaginables. Il ne me voulait clairement pas du bien, et lorsque je me rendis compte qu'il me faisait descendre du bateau pour m'emmener face au Zodiac je compris de suite. Je me mis à me débatte, le suppliant de me laisser observer de loin, mais il ricana et me poussa dans le bateau. Y était déjà assis l'explorateur aux cheveux blonds. Il soufflait sur une mèche rebelle tandis que je m'asseyais face à lui, l'arme du patron se postant face à mon front. Il s'agissait de la première fois que l'on me menaçait à l'aide d'une arme à feu et je n'avais pas hésité à m'asseoir dans le petit bateau lorsque le canon s'était pointé sur mon front. J'étais paniqué et suais à grandes eaux sous le soleil de plomb. Devant moi, Namjoon avait revêtu un simple t-shirt bleu marine et un pantalon de tissu sombre. Il était séduisant et même si ses yeux étaient remplis de haine j'aimais regarder son visage. D'ailleurs celui-ci rougissait sous le soleil et je trouvais la couleur pourpre de ses pommettes des plus attirantes. S'il n'avait pas été un malfrat je suis sûr que j'aurais pu tomber sous le charme de ses traits. Malheureusement ma raison me rappelait souvent à l'ordre et chaque fois que je le trouvais attirant mon cerveau me disait qu'il était capable de me trancher la gorge sans sourciller. Alors j'oubliais sa beauté et pensais à autre chose. Lorsque je me rendis compte que je le fixais bien trop dans ce petit zodiac, à attendre que l'on s'en aille, je me mis à penser à Taehyung et Jimin. J'allais vraiment me jeter dans cette histoire au risque de me mettre à dos toute une armée ? Apparemment oui, ce n'était pas comme si je ne l'avais pas déjà à dos. De plus, je risquais ma vie tous les joues en marchant sur le même parquet que des tueurs et des miliciens. Je n'étais pas un garçon à problèmes et sûrement que j'aurais dû revoir mes priorités. J'aurais sûrement dû rester dans ma bibliothèque de Valladolid ou jamais quitter ma province de Norvège. Cela aurait sûrement pu m'éviter tous ces ennuis.

« Il vient aussi l'autre ? »
« Oui, je compte le faire plonger »
« Et bien je ne lui apprendrais pas comment plonger, nous avons peu de temps pour fouiller les eaux et je n'ai pas le temps de faire un cours de plongée sous-marine à une crevette anorexique. »

Anorexique ? Moi ? Je n'étais pas si maigre... Si ?

« Eh bien il ne nagera pas, je ne vais tout de même pas l'envoyer se noyer alors qu'il ne sait pas garder en bouche un détendeur. »
« Je crois même qu'il n'a jamais rien eu en bouche. »

Namjoon se mis à rire de sa blague grasse alors que Jungkook le suivait dans ce même rire. Ils avaient l'air fier de leur humour grivois et loin d'être amusant tandis qu'un des hommes de mains avait allumé le moteur. Après une longue pétarade nous partîmes un peu plus loin sur l'étendue salée. La mer était lisse et parfaite pour plonger. Certes, je n'avais jamais plongé mais je connaissais les conditions parfaites pour le faire. Dans les meilleures conditions la mer devait être calme, le ciel dégagé et l'eau claire. Aujourd'hui ces trois éléments étaient réunis et lorsque nous fûmes arrivés à un point bien éloigné de la côte l'homme de main stoppa le bateau. Aussitôt, ou presque, Namjoon se leva et empoigna une tenue de plongée. Il retira uns à uns ses vêtements me laissant goûter des yeux à son corps sculpté. J'avais regardé avec envie ses abdominaux musclés et ses épaules larges, avant de baver sur ses cuisses musclées. Sans m'en rendre vraiment compte mon regard remonta le long du maillot de bain que le grand blond portait et en voyant la bosse qui était formée sous le tissu j'avalais de travers. Bien évidemment Jungkook avait vu mon regard et avait montré à l'Apollon à quel point j'étais fasciné par son corps, cet Apollon se tourna donc très lentement vers moi avant de se pencher face à moi. Il tenait mon menton entre son index et son pouce et enfin, un sourire malsain ornant ses lèvres pulpeuses, il me poussa à la renverse. L'eau m'avait fouetté le dos alors que je me mis à couler. Paniqué j'avais battu des pieds et des mains, avant de revenir à la surface. Là, je me mis à cracher de l'eau salé par le nez et la bouche comme un enfant qui ne savait pas nager. Sur le bateau, les trois hommes riaient à s'en arracher les cordes vocales. On me laissa même remonter sur le bateau sans aucune aide ce qui me prit littéralement cinq minutes. Le temps que je remette les pieds sur l'embarcation Namjoon était déjà prêt et s'était jeté à l'eau. Il avait disparu dans les profondeurs de l'eau turquoise, tandis que le sel sur ma peau me brûlait autant que le soleil. J'avais désespérément besoin d'ombre mais au milieu de cette mer je n'avais aucune chance d'en trouver. Jungkook, lui, avait eu l'intelligence de prendre avec lui une ombrelle et de la crème solaire, moi je grillais comme un steak sur le feu. Pendant ce temps, Namjoon nageait et nous faisait parvenir quelques ballons gonflés à l'air à la surface. Il avait pris avec lui des sacs qu'il gonflait à l'aide ses bouteilles d'oxygène, c'était ingénieux, mais cela consommait son oxygène, c'était mauvais. Chaque chose qu'il faisait parvenir je me devais de les analyser et bien souvent cela ne témoignait pas de l'existence d'une civilisation ancienne. Il s'agissait de morceaux de statuettes, de bijoux brisés ou des choses dans ce genre. Rien qui ne témoigne qu'une civilisation a disparu sous les eaux. Dans un sens j'avais été heureux de savoir que j'avais eu raison, mais dans l'autre je me sentais triste pour Namjoon. Il avait été si persuadé de trouver quelque chose que j'étais dépité de voir qu'il ne trouvait rien.

Après des heures à griller sous le soleil, Namjoon refit enfin surface. Je n'avais jamais vu quelqu'un tenir autant de temps en plongée et lorsqu'il retira son masque tout en se laissant flotter j'avais osé hoqueter de surprise. Il avait les cheveux plaqués sur le front et ses yeux étaient si dilatés que le noir de son iris ne m'apparaissait pas. Après un instant et de nombreuses inspirations d'air frais, il remonta sur le bateau. Il ne prit que quelques minutes à monter à cause des bouteilles tandis que mon corps seul j'avais pris un temps fou. Lorsqu'il fut totalement sur le bateau il retira la combinaison entière et s'assit sur le banc face à moi, son corps encore luisant d'eau salée seulement habillé de son maillot de bain. Il se frotta le visage avec vigueur avant de serrer les dents et de grogner de mécontentement.

« J'ai rien trouvé. Il va falloir ravitailler en oxygène et plonger plus loin. »

Jungkook ne répondit rien et fit seulement remarquer au grand blond que son doigt était entaillé. Il soupira simplement et laissa son doigt dans l'état. Le sang coulait abondement et honnêtement ce saignement ininterrompu me donnait froid dans le dos. Je pris alors la trousse de soin qui se trouvait non loin de moi et je m'approchai du grand blond. Il ne me repoussa pas et me laissa m'agenouiller face à lui. Après avoir cherché ce dont j'avais besoin je me mis à désinfecter la plaie, je l'entendais rire à mon initiative mais je m'en contrefichais. Oui, j'étais sûrement trop sensible, trop courtois, ou même trop bien élevé pour eux, mais je m'en fichais. J'étais ainsi et même si Namjoon représentait un être immonde je l'aidais sans rechigner. Je ne suis pas du genre à me moquer des plus démunis, et je ne suis pas non plus du genre à faire du mal à mes ennemis. Voilà pourquoi j'avais enroulé son doigt dans un joli pansement transparent, avant de me rasseoir à ma place. Après cet acte Namjoon ne fit plus une seule remarque à mon sujet et examina seulement ce qu'il avait remonté. Il soufflait douloureusement à cause de la plongée tandis que nous avions repris le chemin vers le port. Il ne s'était pas rhabillé et mes joues étaient aussi rouges que des tomates mûres, mes oreilles mêmes chauffaient à cause de la gêne. Je n'avais jamais regardé le corps à moitié nu d'un autre homme avant ce jour, mais je croyais bien qu'il n'existait pas plus belle merveille.

Après quelques minutes je pu mettre pied à terre et me réfugier dans ma cabine. J'avais pris une longue douche gelée pour calmer les brûlures qui avaient envahi toute ma peau si sensible aux rayons solaires. Après la douche, j'avais couvert mes coups de soleil d'une crème hydratante non sans laisser couler des larmes de douleur sur mes joues. Mon corps entier était douloureux et brûlé ; autant par le sel que le soleil. Je n'aurais jamais cru autant souffrir à cause d'une longue attente silencieuse dans un bateau, mais si, j'avais souffert comme jamais. J'avais même souffert psychologiquement, j'avais eu l'impression d'être humilié. J'avais l'impression que les hommes autour de moi n'avaient qu'un seul but dans la vie c'était celui de me faire me sentir plus bas que terre. Me jeter à l'eau et se moquer de mon inexpérience pouvait paraître comme un acte anodin mais cela me faisait mal. Je savais que je n'étais pas à ma place, et que j'aurais mieux fait de rester derrière mes livres, mais ce sont eux qui ont fait appel à moi alors j'en souffrais. Je ne voulais pas l'admettre au début, mais en réalité je souffrais lorsque l'on se moquait de mes lunettes, que j'ai bien eu de la chance de ne pas perdre dans l'eau d'ailleurs, je souffrais aussi lorsque l'on faisait des références à l'inexistence de ma vie sexuelle. Je n'avais jamais été fier d'être puceau à vingt-cinq ans mais c'était ainsi et jamais personne n'avait touché mes lèvres comme mon corps. Beaucoup diraient que je voulais simplement me réserver pour la bonne personne mais non, je n'avais juste pas trouvé la personne qui aurait juste voulu poser un doigt sur mon corps.

Alors que je me glissais dans les couvertures gelées la porte s'ouvrit. Je n'y fis pas attention et posai mes lunettes sur le côté de mon oreiller, je n'avais juste pas envie de voir qui venait d'entrer, c'était sûrement un des cuisiniers qui m'apportait encore le repas car je n'étais pas autorisé à manger avec les autres. Je me mis en boule sous la couverture tout en regardant le mur de la cabine face à moi, dans mon dos la personne tira sur ma couverture et râla d'une voix grave. Cette personne attrapa mes épaules et me plaque dos contre le matelas. La vue complètement floue sans mes lunettes je me mis à fixer le grand blond qui serrait mes épaules. Je plissais les yeux et son visage devint plus clair, je ne voyais simplement pas correctement la finesse de tous ses traits.

« Pourquoi tu chiales ? »
« Parce que j'ai la peau brûlée. »
« On y croit tous, c'est juste parce que tu es faible. »
« Oui, je suis faible, voilà je l'ai avoué tu es content ? »

Il relâcha mes épaules avant d'hocher la tête en signe d'approbation.

« Bien maintenant j'aimerai me reposer et me remettre de l'insolation que je suis en train de vivre. Tu peux partir s'il-te-plaît. »
« T'es trop poli, trop faible, trop maigrichon, trop collé dans tes livres, trop incapable, tu ressembles à une taupe derrière tes lunettes en cul de bouteille, on voit directement que t'es un puceau, t'as un cul pincé de riche tous mes hommes détestent, t'attire pas les femmes parce que t'as la gueule d'une gamine pré pubère, t'attire pas les hommes parce que t'as la gueule d'un gamin, tu as vingt-cinq ans t'en fais dix, t'as la gueule d'un animal écrasé sur le bord de la route. »
« Tu as fini ? »

Il me regarda dans les yeux, avant de frapper du poing contre le bureau. Il m'avait blessé mais rapidement je me rendis compte qu'il cherchait simplement à me faire du mal alors ma carapace passa par-dessus tout. Au bout d'un moment, je n'entendais plus les mots blessants, juste l'harmonie de sa voix et le timbre rauque de celle-ci.

« Tu me dégoutes, j'espère que Jungkook se rendra rapidement compte que tu ne sers à rien et enfin je pourrais te tordre le cou. »

J'hochais de la tête avant de récupérer ma couverture et de me glisser sous celle-ci. Pendant longtemps il n'avait pas bougé, espérant peut-être que je m'excuse mais c'était peine perdue. Il sorti enfin et je pu trouver le sommeil. Lorsque je rouvris les yeux il faisait déjà nuit et il était sûrement temps pour moi de rejoindre Taehyung. Je remplis donc mon sac de toutes mes affaires avant de sortir de ma cabine. Dehors je n'avais jamais rencontré personne, j'avais même pu mettre pied sur le port sans que personne ne remarque mon départ, déjà lorsque je devais être parmi eux ils ne me voyaient pas, alors maintenant comment pourraient-ils voir ma disparition. Plus loin sur le port, deux hommes se tenaient derrière un mur en brique. Lorsqu'ils me virent ils soupirèrent de soulagement. Ils devaient m'attendre depuis déjà un moment et lorsqu'ils virent que j'étais à peine réveillé ils ne me passèrent pas un savon. Ils m'emmenèrent seulement jusqu'à un petit bateau à moteur. Il était à coque dure et il y avait un compartiment où dormir. De nombreuses caisses étaient entassées au fond du bateau. Celui-ci était bien large et avec nous pouvions voyager sans craindre que Jungkook ne ous rattrape. Notre bateau était plus léger et plus rapide, nous avions une marche d'avance.

« Monte Yoongi, vite, Namjoon passe souvent dans ma cabine à cette heure-ci pour parler des prochains plans de navigation, s'il remarque mon absence avant que nous n'ayons quitté le port nous serons coulés. »

Paniqué je grimpe sur le bateau et jette mon sac de toile dans un coin du bateau. Jimin, lui aussi a grimpé sur le bateau et s'est installé aux côtés du conducteur. Jimin est toujours lourdement armé et cela me rassure en soi, j'aime me savoir protégé et Jimin a l'air bien prêt à user de ses armes. Après quelques instants nous larguons les amarres et nous dirigeons directement vers l'Espagne. Nous allons traverser toute la mer méditerranée et enfin arriver dans la mer Egée dans quelques jours. Dans les caisses au fond du bateau j'ai trouvé de la nourriture, des couvertures, de l'eau potable, des instruments d'archéologie, et pour finir... des armes. Lorsque je pris entre mes doigts tremblants une arme de poing Jimin apparu dans mon dos et attrapa mes poignets. Il m'aida à pointer l'arme face à mon visage pointant un point au hasard de l'horizon noir d'encre.

« Tu dois le tenir fermement pour encaisser le recul, ensuite tu dois bien viser ce que tu désires tuer, ensuite tu appuies sur la gâchette. »
« N-Nous n'allons tout de même pas les utiliser ? »
« En acceptant de fuir avec nous tu t'es toi-même mis dans la situation la plus mortelle. Si tu veux survivre il faudra te défendre et tuer. »
« J'en suis incapable. »
« Gardes tout de même une arme, je me chargerais d'eux, toi tu la garde au cas où tu es en très grand danger. D'accord ? »

J'hochais de la tête et enfin il se décolla de mon dos. Il me donna un étui pour mon arme et il m'aida à le nouer à ma taille. J'avais l'impression d'être un vrai bandit avec cette arme autour de la taille et je me faisais peur tout seul. Puis, il m'offrit des munitions et un couteau aiguisé. Il m'avait dit que ce couteau ne servirait qu'en cas d'urgence et un drôle de tremblement avait animé ma poitrine, c'était cela quitter l'enfance pour devenir un homme ? Je n'en voulais clairement pas !

La nuit fut longue car je n'avais pas sommeil, j'étais donc resté aux côtés de Taehyung toute la nuit. Il avait dormi toute la journée pour naviguer de nuit, quant à Jimin il s'était endormit dans la calle où nous avions installé des couches. Au lever du soleil Taehyung affirma que nous étions recherchés pour sûr et mon cœur rata un battement. Je savais que cela arriverai mais je n'avais pas le courage de faire face. Au matin, Jimin nous prépara un encas pour la matinée avant qu'il ne me montre une caisse cachée dans la calle. Il s'y trouvait six bouteilles d'oxygène et deux tenues de plongée. Il me montra toute la matinée comment prendre en bouche le détendeur sans m'étouffer, puis il m'apprît comment descendre les paliers, comment gérer ma respiration, comment gérer les douleurs aux tympans et enfin comment remonter sans se blesser. Tout ce qu'il m'apprenait me faisait oublier que loin derrière des hommes cherchaient notre mort, mais chaque fois que sa jolie voix douce s'éteignait le repensais à la voix de Namjoon, je l'imaginais furieux et prêt à planter sa lame de couteau dans mon cœur.

« Enfin, si tu sens que ta cage thoracique se comprime quand tu remontes du descends immédiatement. Pour nager il faut battre des palmes, pas des bras, sinon tu perds de l'oxygène. Ça ira ? »
« Oui, ne t'en fais pas. Merci de m'aider à réaliser mon rêve. »
« Fais de moi quelqu'un de riche et tu obtiendras tout ce que tu veux de moi. »
« Tu fais cela pour l'argent ? »
« Oui, comme tous ceux qui bossaient pour Jungkook, Namjoon fais aussi ça pour l'argent, il n'y a que toi qui t'émerveilles devant deux ou trois cailloux, moi ce que je recherche c'est l'or. Jungkook malgré sa richesse ne voyait que cela aussi, il savait ce qu'il pouvait y trouver et c'est ainsi, le monde vit pour l'argent..."

Dans un soupir je lui souris, je le comprenais, qui ne ferais pas cela pour l'argent en réalité à part l'idiot petit Yoongi ?

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Voilà le chapter II :3

*nose bleed*

Il est PARFAIT avec de grosses lunettes rondes vous trouvez pas? xD