Prologue
- Fantine!
Etait-ce la pluie, qui ruisselait ainsi sur les joues de la jeune fille? La pluie, abondante et lourde, couleur d'huile, fardeau dont se délestaient les dieux? La pluie, condensée en gris nuages qui peuplaient les cieux?
Non, ce n'était pas cela, Eurydice le savait. La pluie ne vous dévorait pas les yeux et ne marquait pas vos joues au fer rouge. La pluie était bénigne, les larmes, elles, étaient des plaies béantes.
-Fantine! Ce nom, comme un coup de gong, l'éveilla, alors même qu'il sortait de sa bouche. Elle courut vers les cavaliers, qui portaient tous deux la fille à bout de bras. Elle ne vit d'eux que leurs heaumes métalliques et leurs plastrons empreints de boue. Fantine, elle, vivait bien, tandis que les deux soldats impériaux l'attachaient à une mule.
" Eurydice, je..."
Les derniers mots qu'elle adressa à son amie. Le soldat à sa gauche lui décrocha un furieux coup de poing.
- Tais-toi, vermine! Et toi, prévint-il, pointant son index boudiné sur Eurydice, si tu t'approches un tant soit peu, je te fous un coup dans ta sale petite face de laideronne.
Il ricana, découvrant des gencives répugnantes, imbibées de sang et de viande. Ses yeux étaient cruels, plissés sous de lourdes paupières.
- Prenez moi, dit l'adolescente, rassemblant tout son maigre courage, prenez moi à sa place. Laissez la tranquille!
- Tu rigoles? rétorqua le soldat d'un air méchant. Tu ne vaux rien, elle seule peut nous intéresser.
- Alors... Libérez la! Elle a une maison et du travail dans la Réserve, vous savez? Et puis... elle a moi!
- Ecrase, ordonna l'homme hideux d'une voix malveillante. Tu es laide, veux tu te cacher?
Elle ne répondit, faisant face à son adversaire, debout, pieds nus empreints de boue. Il lança une pierre, qui toucha son épaule; elle ne bougea point. Elle pleurait silencieusement. Une seconde vint marteler ses bras, une autre ses côtes, une autre encore sa joue. Digne, elle n'amorçait pas le moindre mouvement. Seules ses lèvres bougeaient.
- Libérez-la! Libérez-la ou...
Elle n'acheva sa phrase, laissée en suspens. Une dernière, plus lourde et tranchante que les autres, atteignit son front. Elle chuta lentement, face contre terre, inconsciente. Les hommes lui jetèrent quelques coups de pieds dans la cage thoracique, la faisant rouler sur le sol. La dernière chose qu'elle entendit, perdue dans son fiévreux néant, fut le bruit des sabots de leurs chevaux contre les pavés, qui se dispersaient peu à peu.
Emmenant avec eux sa Fantine.
Heeeeeeeeeeeeeeey hey hey!
Voici le premier chap d'une nouvelle histoire, dont vous connaissez pour certain les personnages. Avertissement: cette fic sera probablement la plus sombre de mes écrits, c'est pourquoi elle est classée mature. Je la déconseille donc à toute personne particulièrement sensible! Sinon, comme vous le voyez, je n'ai pas encore de couv. Si quelqu'un est motivé-e pour m'en faire une, je suis preneuse!
bye!
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