xvii. La Grande Bataille

   Aussitôt la nouvelle annoncée, nous allons quérir Oreius. Nous nous rassemblons ensuite au-dessus d'un plan.

   — Le Gué de Beruna se trouve à trois lieues d'ici, derrière ces collines, nous rapporte Oreius en désignant les petites bosses qui coupent le ciel en deux, au loin. Il nous faudra environ trois heures pour y parvenir.

   — Alors il vaut mieux partir maintenant, conseillé-je. Aslan nous ordonne de nous y rendre pour l'aube... La Sorcière n'attendra pas. Elle doit déjà être en route.

   — Sans Aslan, je ne suis pas sûr que nous parviendrons à grand chose... soupire Peter.

   — Tu plaisantes ? lance Edmund. Il y a une armée entière qui n'attend plus que tes ordres. C'est à toi de nous guider.

   — Je... Je n'y arriverais pas, répond Peter en baissant la tête.

   — Aslan avait foi en toi !

   J'hoche doucement la tête, acquiesçant aux paroles d'Edmund.

   — Et il n'était pas le seul, reprend ce dernier.

   Peter relève les yeux vers lui.

   — L'armée de la sorcière approche, Sire, intervient alors Oreius. Quels sont vos ordres ?

   Peter semble réfléchir un instant.

   — Rassemblez les troupes, déclare-t-il d'une voix décidée. Si c'est la guerre que veut la Sorcière, elle l'aura.

   Un sourire éclaire mon visage fatigué. Nous réagissons immédiatement et nous nous dispersons aux quatre coins du camp pour préparer la longue marche qui nous attend.

    Je m'en vais revêtir une longue robe verte foncée, beaucoup plus agréable à porter et dans laquelle je suis plus libre de mes mouvements. En apercevant du coin de l'œil un enchevêtrement de longs rubans rouges sombre, il me vient une idée. Je saisis mes deux poignards à ma ceinture et, à l'aide d'un ruban, je fais un nœud autour de leur manche. J'attache l'autre extrémité du tissu autour de la paume de ma main et ressors à l'extérieur de ma tente. Je lance un poignard devant moi. Le ruban se tend, et l'arme tombe au sol. Je tire alors progressivement sur le tissu, et mon poignard revient dans ma main. Je souris, plutôt fière de moi. Avec ceci, je ne perdrais pas de temps en allant chercher mon arme et je ne prendrais pas le risque de la perdre ou de me la faire voler.

    En attendant, je détache les rubans de mes mains et les range précautionneusement dans une besace en cuir que je passe autour de mes épaules.

   Une fois que tout être prêt, nous ne perdons pas de temps à nous mettre en route. J'ai une pensée pour Susan et Lucy, qui sont restées auprès d'Aslan. Je me dis que c'est sans doute mieux ainsi.

   Les troupes se dirigent alors vers Beruna, sous le commandement d'Oreius. Je marche en tête, aux côtés de Peter et Edmund qui sont au summum du stress. Je dois dire que je ne suis pas très détendue non plus, mais mon manque d'heures de sommeil se fait ressentir plus que tout et je parviens difficilement à avancer. Derrière moi, une créature mi-lion, mi-aigle répondant au nom de Griffon veille au grain. Il doit sentir ma fatigue et me demande souvent si tout va bien. Au début, je lui assure que oui mais au bout d'un certain moment, je ne parviens plus qu'à hocher doucement la tête.

   — Ma Reine, permettez-moi de vous proposer mon dos pour dormir, me dit-il alors. Vous serez bien calée entre mes ailes !

   Je pense d'abord à refuser, ne souhaitant pas l'embêter, mais il a l'air de proposer ça de bon cœur alors je me vois difficilement lui dire non. Surtout qu'il a très bien remarqué que je n'ai envie que de ça.

   Je grimpe alors à califourchon sur son dos et bascule en avant pour m'allonger entre ses ailes. Griffon avait raison. Je suis vraiment très bien calée. Le léger roulement de ses épaules tandis qu'il marche me berce et je m'endors en quelques secondes seulement.

~●~●~●~

   Je suis réveillée alors que nous arrivons en haut de la colline qui surplombe le Gué de Beruna. Nous nous y arrêtons un instant.

   — Griffon ! appelle Oreius. Peux-tu aller voir ce qui se passe du côté de la Sorcière ?

   — Tout de suite ! Votre Majesté, m'interpelle-t-il, il vaudrait mieux que vous descendiez pour votre confort.

   — Si tu n'y vois pas d'inconvénients, mon ami, je serais très heureuse d'effectuer cette mission avec toi !

   — C'est un honneur, votre Majesté. Accrochez-vous !

   Il plit alors ses pattes avant et bondit dans le vide. Je me retiens de pousser un cri d'effroi. Je tente du mieux que je peux de me tenir en arrière pour ne pas basculer dans le vide. Alors que nous arrivons près du sol, Griffon déploie enfin ses ailes et les fait battre plusieurs fois pour prendre de l'altitude. Un sourire éclaire mon visage tandis que nous planons au-dessus de l'étendue verte qui nous serviras bientôt de champ de bataille.

   — Tout va bien, votre Majesté ? me demande Griffon.

   — Même plus que bien ! je m'exclame.

   — Voulez-vous prendre de la vitesse ?

   Je me penche légèrement en avant et m'accroche un peu plus.

   — C'est parti !

   Griffon réagit automatiquement et accélère. Nous fendons l'air durant plusieurs minutes. Je tente d'ouvrir les bras pour profiter pleinement de cet instant magique.

   — Attention, je descends ! me prévient Griffon.

   — Wow ! je m'exclame en me raccrochant à son cou.

   Il descend en piqué sur quelque mètres. J'aperçois au loin l'armée de la Sorcière.

   — Elle est là ! je m'exclame.

   Mon sourire disparaît.

   — Ils sont beaucoup trop nombreux ! Comment va-t-on faire ?? je demande à Griffon.

   — Pour l'instant, nous allons revenir auprès des troupes ! me dit-il. Le Roi Peter saura quoi faire !

   Griffon fait alors demi-tour et se redirige vers notre armée, aussi vite qu'il le peut. Lorsque nous arrivons, il plane un peu au-dessus des soldats. Cela me permet de faire la comparaison avec l'armée de la Sorcière. Nous sommes clairement en infériorité numérique.

   Griffon vient ensuite se poser à côté de Peter et Oreius.

   — Ils arrivent, votre Altesse, dit-il. Ils sont bien mieux armés et plus nombreux que nous !

   Peter lève les yeux vers moi. Je confirme d'un hochement de tête.

   — Il ne suffit pas d'être nombreux pour vaincre, intervient Oreius.

   — Non... Mais je pense que ça aide un peu, soupire Peter.

   Nos regards se dirigent vers l'horizon. L'armée de la Sorcière s'avance petit à petit. Bientôt, ils occupent toute la plaine qui s'étant à quelques nombreux mètres de nous. Je déglutis.

   Le silence règne pendant quelques secondes. Peter jette un coup d'œil derrière lui et reporte ses yeux vers la Sorcière. Il dégaine son épée et la dresse devant lui. Des exclamations s'élèvent de nos rangs. Les soldats de la Sorcière réitèrent la chose et se mettent à courir vers nous. J'ai des sueurs froides tandis que mon pouls s'accélère. Nous ne pouvons plus reculer, désormais.

   Peter abaisse son épée. Je lève la tête vers le ciel. Aussitôt, des dizaines et des dizaines de griffons fendent les airs en portant de lourdes pierres qu'ils lâchent sur l'ennemi.

   Griffon, celui que je chevauche depuis pas mal de temps, se met à s'agiter.

   — Vous feriez mieux de descendre, votre Majesté, vous serez plus utile en bas ! me dit-il. Si cela ne vous dérange pas, je reviendrais vous prendre plus tard !

   Je descends rapidement de son dos.

   — Ça ne me dérange absolument pas, Griffon ! N'oublie pas que les soldats de la Sorcière ont aussi des arcs, fais très attention à toi !

   — C'est promis, votre Majesté !

   Et il s'envole. Je le regarde un instant et lève les yeux vers Peter.

   — Es-tu avec moi ? demande-t-il à Oreius.

   — Jusqu'à la fin.

   Il baisse ensuite les yeux vers moi.

   — Il te faut une monture, Aby ! s'exclame-t-il.

   Je me tourne vers nos troupes. Un ours, nous ayant certainement entendu, s'avance s'avance.

   — Je serais ravi de remplir ce rôle, votre Altesse, dit-il d'une voix grave et profonde.

   — Et je t'en suis reconnaissante, je réponds.

   Il vient se placer à côté de moi et s'abaisse juste assez pour que je grimpe sur son dos.

   — Je ne te fais pas trop mal ? je lui demande.

   — Pas le moins du monde, vous êtes aussi légère qu'une plume.

   — Merci beaucoup de me rendre ce service, mon ami.

   — Je vous en prie, votre Altesse. C'est tout naturel.

   Peter me regarde alors en souriant.

   — Tâche de ne pas te faire tuer, me dit-il.

   — Je te retourne la consigne, je réponds en haussant un sourcil.

   Il hoche la tête fermement et relève son épée.

   — Pour Narnia, et pour Aslan !! s'écrie-t-il avant de dévaler la pente avec Oreius.

   — Pour Narnia ! je répète en écho.

   L'ours rugit et s'élance à la suite de Peter et Oreius. D'une main, je me tiens à sa fourrure et de l'autre, je dégaine mes poignards liés à mes mains grâce aux rubans que j'ai noué.

   Nous galopons sur la plaine, déterminés à ne faire qu'une bouchée de la Sorcière et de ses soldats. Les foulées de l'ours sont beaucoup plus lourdes que celles d'un cheval mais sa rapidité m'étonne. Rapidement, je me sens en confiance. Lorsque je vois l'armée ennemie, je remarque plusieurs sortes d'animaux tels des loups et des tigres blancs. Il y a même quelques ours polaires. Je me dis qu'il est hors de question que je tue un animal, je laisse ça aux autres. Mais, quant aux harpies et autres créatures hideuses... pas de pitié.

   Je regarde droit devant moi tandis que nous nous approchons de plus en plus des troupes ennemies.

   L'impact est brutal. Nous rencontrons les soldats de la Sorcière avec force et violence. L'ours n'hésite pas à lancer des coups de pattes à droite et à gauche, tandis que je lance mes poignards dans le vide. Grâce aux rubans, je les dirige vers les ennemis, leur tranchant la gorge au passage. Évidemment, il y a beaucoup de lancers ratés. Mais je remonte toujours le ruban et le relance. Je n'abandonne pas.

   Je n'en ai pas le droit.

j'espère que ce chapitre vous a plu !! n'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé :) après celui là, il reste encore 2 chapitres + l'épilogue et le premier tome est fini ! j'enchaînerai direct avec le deuxième (Le Prince Caspian, mon préféré hehe) parce que j'ai déjà bien avancé dessus 😋 bisous bisouuuus

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