xvi. Sacrifice
Nous marchons quelques minutes sans vraiment savoir où nous allons. Au bout d'un certain moment, nous entendons des tambours. Je vois également des torches vaciller au loin. Je dépasse alors mes amies et me met à courir en direction de l'agitation, relevant les pans de ma robe avec mes mains. Je me cache derrière un bosquet, surplombant la petite fête des monstres en contrebas. Lucy et Susan me rejoignent.
Je vois alors Aslan commencer à monter les escaliers. Des créatures toutes aussi laides les unes que les autres s'excitent de chaque côté en poussant des cris de gorets qu'on égorgerait. Aslan fend la foule. Il inspire la crainte chez ces monstres, tous s'écartent sur son passage.
C'est alors qu'elle apparaît. Grande et droite, ses mains sont jointes devant elle et son menton est levé avec fierté. Jadis, reine actuelle de Narnia, me fascine une fois de plus. Cependant, je ressens également une montée de haine à sa vue. Si je n'écoutais que moi, je serais déjà allée l'étrangler à mains nues.
— Voici donc le Grand Lion ! s'exclame-t-elle haut et fort en regardant Aslan s'avancer.
Je ne comprends pas ce qu'il se passe. Pourquoi la Sorcière attendait-elle Aslan ? Parlait-elle de cela lorsqu'elle évoquait la parole du Lion, tantôt ? La venue d'Aslan avait-il un rapport avec le sauvetage d'Edmund ? Que devait-il lui donner en échange ?
À côté de moi, Susan et Lucy restent silencieuses.
Soudain, un minotaure administre à Aslan un coup du plat de sa hache. J'étouffe un cri en plaquant ma main contre ma bouche. Le Lion tombe à terre et ne se relève pas, sûrement sonné.
— Ligotez-le ! ordonne Jadis.
Aussitôt, une dizaine de monstres se mettent à grouiller autour Aslan avec d'épaisses cordes noires et exécutent l'ordre de la Sorcière. Je regarde ce malheureux spectacle, impuissante.
Les monstres s'apprêtent à le hisser sur la Table de pierre mais la Sorcière les arrête.
— Attendez ! Avant, j'aimerais qu'il soit tondu.
Je sens la haine bouillir en moi. Il ne pouvait pas y avoir de situation plus humiliante que celle-ci.
Le nain, sbire de la Reine, s'avance avec un poignard et coupe une première touffe de la crinière d'Aslan et la lève au-dessus de sa tête en signe de victoire. Rapidement, tous les monstres s'y mettent et Aslan se retrouve bien vite dépourvu de sa magnifique couronne dorée.
— Amenez-le moi, à présent, ordonne la Sorcière.
Aslan se fait traîner sur les dalles et soulever par les monstres pour qu'il soit amené aux pieds de la Sorcière. Cette dernière lève une main et l'agitation excitée prend fin. Les monstres commencent à frapper le sol avec le manche de leurs armes, dans un rythme de cérémonie satanique. La Reine se penche sur Aslan et je ne parviens pas à entendre ce qu'elle lui glisse à l'oreille. Je serre le poings, quelques larmes perlant au coin de mes yeux.
La Sorcière se relève alors et déclare :
— Ce soir, la puissante magie sera seulement apaisée ! Mais, demain... Demain nous reprendrons Narnia pour toujours !!
Les cris augmentent d'intensité tandis que la Reine lève une lance. Elle baisse les yeux vers Aslan.
— Maintenant que tu le sais... désespère...
Je vois la peur et la désolation dans le regard d'Aslan tandis qu'il accroche le mien. Il écarquille les yeux. Je ne réagis pas. Je ne parviens pas à bouger, sachant pertinemment ce qui va suivre.
— ... Et... meurs ! hurle la Sorcière en abaissant son arme dans le flanc du Lion.
L'impact me fait sursauter. Automatiquement, deux larmes se mettent à couler sur mes joues. J'entends Lucy se retenir de crier. Elle se blottit contre Susan, toutes deux sanglotant. Mon regard se trouble et se remplit de larmes tandis que je fixe la Sorcière.
— Ce n'était qu'un chat... et il est mort !!
Je ferme les yeux, fondant en larmes. Susan passe un bras autour de moi et me serre contre elle. Je me laisse aller à ma tristesse sur son épaule.
L'armée de la Sorcière ne met pas longtemps à déguerpir. Ils vont sûrement se préparer pour la grande bataille.
Lorsque nous sommes sûres que nous ne risquons plus rien, nous descendons de notre vigie et nous rejoignons le cadavre du Lion.
Désespérée, je passe mes mains dans sa fourrure et me remet à pleurer. Je sanglote contre son flanc. Lucy dégaine sa fiole de Cordial, la potion permettant de guérir toutes les blessures.
— C'est trop tard... souffle Susan. Il est mort...
Lucy verse de nouvelles larmes. Susan s'approche d'elle et la prend dans ses bras.
— Il savait parfaitement ce qu'il faisait, dit-elle.
Elles viennent ensuite s'allonger contre Aslan, comme moi quelques instants auparavant.
— Il faut prévenir les autres, dit alors Susan.
— On ne peut pas le laisser comme ça ! réplique Lucy.
— Il le faut, Lucy... Il faut prévenir tout le monde.
Je me redresse.
— Je vais y aller.
Les deux Pevensie lève la tête vers moi.
— Aslan m'a confié une mission. Je dois l'effectuer. Vous pouvez rester ici, si vous le voulez... J'irais prévenir tout le monde.
Susan pose une main sur mon épaule. Nous nous enlaçons. Lucy se rajoute à l'étreinte. Je me lève ensuite et sort l'un de mes poignards de ma ceinture. Je coupe les cordes qui ont servi à ligoter Aslan et les laisse tomber contre la pierre.
— Sois prudente, Aby, me dit Susan.
— Je vous le promets.
Et je me mets en route. Je m'enfonce à nouveau dans la forêt et prends le chemin en sens inverse, courant à perdre haleine. Il faut que je sois au campement le plus vite possible, ou tout sera perdu.
Après un certain temps, je ralentis ma course. Je ne reconnais plus rien. Je tourne sur moi-même plusieurs fois, essayant d'apercevoir quelque chose de familier, en vain. Ma respiration s'accélère et je me mets à paniquer.
— À L'AIDE ! je hurle. S'IL VOUS PLAÎT !
Seul le silence me répond. Une légère brise fait se soulever les feuilles mortes, instaurant une ambiance glaçante. Mon cœur tambourine dans ma pointrine.
— S'IL VOUS PLAÎT, AIDEZ-MOI !! je continue, la voix tremblante. PETER !! EDMUND ! C'EST ABY ! VENEZ M'AIDER !...
Je n'ai en guise de réponse que l'écho de ma propre respiration et le bruit sourd de mes battements de cœur.
Je me suis perdue. Aussi facilement et simplement que ça.
Je décide de faire quelques pas sur la gauche, puis renonce. Inutile de m'attirer encore plus d'ennuis.
Un craquement retentit derrière moi. Je me retourne brusquement et plisse les yeux. Je porte ma main à ma ceinture, m'apprêtant à dégainer mon poignard. Un deuxième bruit, plus sonore, parvient jusqu'à mes oreilles. Je me fais la plus silencieuse possible, allant même jusqu'à m'accroupir, gardant tous mes sens en alerte.
C'est alors qu'une forme allongée bondit de derrière un buisson. Je sursaute et balance mon poignard à l'aveuglette.
— Eh ! Doucement, ma Reine ! Vous ne me reconnaissez pas ?
J'ouvre les yeux. Renard se tient devant moi, un sourire amusé au coin des babines. Surprise, j'écarquille les yeux.
— Bonjour, Aby, me dit-il.
Sans un mot, je me précipite vers lui et le serre contre moi.
— Je suis si heureuse de vous voir ! Vous avez réussi à me retrouver !
— Cela vous étonne ? Les renards possèdent une très bonne ouïe. Et puis... je vous avais promis que nous nous reverrions.
Je souris.
— Mais... Pourtant, vous n'étiez pas au camp d'Aslan lorsque nous sommes arrivés... ?
— Je rassemblais quelques derniers fidèles pour la grande bataille.
— Oh, oui... Avec toutes ces émotions, j'en avais presque oublié la mission qu'Aslan m'a confié.
— Quelle est-elle, votre Majesté ?
— Prévenir tout le monde que la bataille aura lieu à l'aube, au Gué de Beruna.
Les yeux dorés de Renard s'assombrissent.
— Alors, il n'y a pas une minute à perdre. Suivez-moi, Aby !
Il fait volte-face et disparaît derrière le buisson d'où il est apparut. Je récupère mon poignard et me lance à sa suite. Il se retourne de temps à autre pour s'assurer que je suis toujours derrière lui. Je ne le quitte pas des yeux, refusant de me perdre à nouveau.
Lorsque nous arrivons au campement, le silence règne. Je panique un instant avant de me rappeler qu'il est très tôt dans la matinée.
Je me dirige sans attendre. vers la tente des garçons. Ils dorment à points fermés.
— Peter ! je l'appelle en le secouant. Peter !
Il grogne et ouvre les yeux avec difficulté.
— A- Aby ? Que se passe-t-il ? Où étais-tu passée ?
Dans le lit d'à côté, Edmund se réveille à son tour.
— Je suis désolée de vous réveiller aussi tôt... Mais l'heure est grave.
Les deux Pevensie échangent un regard inquiet.
j'espère que ce chapitre vous a plu !! même s'il est pas mal tendu et triste :/
on a déjà atteint les 2k sur cette histoire, c'est juste complètement what the fuck mais je vous remercie du plus profond de mon cœur 💕💓
vous êtes les meilleeeurs !!
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