xv. Adieu
Au loin, je vois arriver une barque. J'attends mes compagnons de pied ferme sur la plage, gardant mes mains liées devant moi. Je les observe tandis qu'ils accostent, et m'avance vers eux avec un grand sourire.
— Mes amis... Bienvenue aux portes du pays d'Aslan.
Aussitôt, je vois leurs visages se figer en une expression de stupeur. Lucy est la première à réagir en se jetant sur moi.
— Aby, tu es vivante !!
Je l'accueille dans mes bras en riant. Edmund est le deuxième à s'approcher. Il m'enlace sans rien dire, les yeux remplis de larmes. Je dépose un tendre baiser sur sa joue. Mes yeux dévient ensuite vers Caspian, qui semble vraiment bouleversé.
— Aby, tu... tu es là... J'ai cru que je ne reverrais jamais...
Je m'empresse de le rejoindre et lui offre une étreinte réconfortante. Caspian sanglote contre mon épaule, et me serre contre lui comme si sa vie en dépendait. Je pose ma main sur sa joue et lui relève la tête pour le regarder droit dans les yeux.
— Je te l'ai dit. Je suis là. Je serais toujours là. Tu ne comptais tout de même pas rentrer sans moi ? Je ne te lâche plus, Caspian. Plus jamais.
Il me sourit. Je redresse la tête pour l'embrasser tendrement. C'est un baiser magnifique, bien que mouillé de larmes. Et pas que les siennes, je dois l'avouer.
— Je t'aime, Caspian.
Il me regarde longuement, avant de m'embrasser à nouveau.
— Je t'aime encore plus.
Nous échangeons une énième étreinte avant que mon regard ne se pose sur un jeune garçon derrière nous.
— Eustache ! C'est vraiment toi ?
Il hoche timidement la tête. Je quitte les bras de Caspian pour venir l'enlacer.
— Je suis si heureuse de te voir ! Comment vas-tu ?
— Je vais bien... me dit-il.
— Tant mieux, je réponds avec un grand sourire.
— Tu sais, Aby... J'ai eu très peur quand je ne t'ai pas vu dans le bateau.
— Mais je suis là, maintenant. Tout est bien qui finit bien.
Il hoche la tête. Je passe ma main sur sa joue avec tendresse, avant de me tourner vers les autres. Derrière eux se tient Aslan, sa crinière dorée brillant au soleil.
— Re-bonjour, grand-père, dis-je, amusée.
Caspian et les Pevensie se retournent immédiatement vers lui. Aslan s'esclaffe. Edmund me regarde avec curiosité.
— Grand-père ? questionne-t-il.
— C'est une très longue histoire... j'explique en revenant vers eux.
Je leur raconte alors mon séjour au Pays d'Aslan, et les révélations de ma mère. Ils restent tous silencieux à la fin de mon récit, l'air impressionné.
— Si je m'attendais à ça... murmure Caspian.
— C'est pourtant la vérité, dit Aslan en s'approchant de nous. Abigail fait partie de ma descendance directe.
— Ça explique la métamorphose, alors, fait remarquer Edmund.
— Tout à fait. C'est un don qu'elle a acquis de par son courage sans égal et sa loyauté à toute épreuve. Je suis très fier de ce qu'elle est.
Je ne peux qu'esquisser un sourire, beaucoup trop émue pour dire quoi que ce soit.
— Je suis également très fier de vous, reprend Aslan. Vous avez très bien œuvré. Vous êtes venus de loin... et votre voyage s'achève ici, aux portes de mon pays.
— Mon père est-il dans ce pays ? demande Caspian.
— Tu ne peux le découvrir que par toi-même, mon garçon. Mais sache que si tu continues, tu ne pourras revenir.
Caspian semble réfléchir un instant, contemplant la vague. Puis, il prend ma main. Je le regarde avec curiosité.
— Tu as fait beaucoup de sacrifices pour moi. Tu me donnes plus que ce que je pourrais t'offrir. Je ne peux détruire ça. De plus, je ne peux abandonner ce pour quoi mon père est mort. J'ai toujours couru après ce qu'on m'avait prit au lieu de m'occuper de ce que j'avais reçu. J'ai reçu un royaume. Un peuple.
Caspian se tourne vers Aslan, déterminé.
— Je vous promets d'être un bon Roi.
Le Grand Lion me regarde un instant, avant de reporter son attention sur Caspian, qui tient toujours ma main.
— Tu l'es déjà, lui assure-t-il.
Je souris. Mes yeux ne peuvent se détacher du visage de Caspian, qui hoche la tête en remerciement. Je suis si fière d'être à ses côtés.
— Les enfants... reprend-t-il en se tournant vers les Pevensie.
— Il me semble que ce serait bien qu'on rentre chez nous, dit Edmund.
Lucy se tourne vers lui, surprise.
— Mais je croyais que tu aimais être ici...
— C'est vrai... Mais j'aime notre monde. Et notre famille, ils me manquent. Et ils ont besoin de nous.
Lucy baisse la tête. On entend soudain une petite voix. C'est Ripitchip, qui vient s'incliner devant Aslan.
— Votre Majesté... Aussi loin qu'il m'en souvienne, j'ai toujours rêvé de connaître votre pays. J'ai vécu de nombreuses et glorieuses aventures en ce monde, mais rien n'a jamais pu émousser ce désir. Et bien que m'en sachant indigne, avec votre permission, je souhaite rendre mon épée pour avoir la joie de voir enfin votre pays... de mes propres yeux.
Je souris, émue.
— Mon pays fut créé pour des cœurs nobles comme le tien... qu'ils appartiennent à des créatures petites ou grandes, lui répond Aslan.
— Votre Majesté... répète Rip en s'inclinant de nouveau.
— Nul ne le mérite plus que lui, dit Caspian.
— Oh, mais je...
— C'est vrai, assure Edmund.
Ripitchip les remercie d'une révérence. Lucy s'avance et s'agenouille devant lui.
— Puis-je ? demande-t-elle d'une voix tremblante.
— Oh, eh bien j'imagine que...
Lucy n'attend pas la fin de sa phrase et le prend dans ses bras. Ils échangent une longue étreinte témoignant de leur amitié.
— Adieu, Lucy, lui dit Ripitchip.
La jeune fille se lève, laissant place à Eustache, dont les épaules se soulèvent au rythme de ses sanglots.
— Ne pleurez pas, lui dit Rip.
— Je ne comprends pas... Je ne te reverrais plus, alors ? Plus jamais ?
— Quelle magnifique énigme vous faites, Eustache, répond Ripitchip en souriant. Et quel noble héros. Ce fut un grand honneur de combattre aux côtés d'un si valeureux guerrier... et d'un si bon ami.
Il s'incline une dernière fois devant lui, avant de se mettre à trottiner vers Caspian et moi.
— Je vous souhaite de régner longtemps, nous dit-il. J'ai été très heureux de vous connaître, ma Reine.
— Adieu, Ripitchip. Prends bien soin de toi, là-bas.
— C'est promis.
Il hoche la tête et s'éloigne, trottinant vers la grande vague. Il grimpe alors dans un petit bateau qui se trouvait là, et se met à ramer jusqu'au sommet. Je l'observe jusqu'à ce qu'il disparaisse de l'autre côté. J'essuie discrètement les larmes sous mes yeux, et échange un regard avec Aslan. Il s'avance ensuite vers Lucy et Edmund.
— C'est la dernière fois que nous venons, n'est-ce pas ? demande la jeune Pevensie.
— Oui, répond Aslan. Vous avez grandi, ma chère petite, comme Peter et Susan.
— Vous viendrez nous voir, dans notre monde ?
— Je veillerai sur vous, toujours.
— Comment ?...
— Dans votre monde, on me donne un autre nom. Il vous faut apprendre à me connaître sous ce nom. C'est pour cette raison que vous avez été appelés à Narnia. Pour que, m'ayant connu un petit moment ici, vous puissiez mieux me reconnaître là-bas.
— On se reverra, alors ?
— Oui, mon enfant. Un jour...
Aslan se tourne alors vers la vague et pousse un rugissement, créant ainsi un tunnel dans l'eau. Edmund, Eustache et Lucy s'avance alors vers nous.
— Vous êtes comme une famille pour moi, dit Caspian. Cela vaut aussi pour vous, Eustache, il ajoute en voyant ce dernier s'effacer.
— Merci, répond le garçonnet en souriant.
Edmund serre alors Caspian dans ses bras. Puis, Lucy s'avance pour faire de même. Pendant leurs adieux, je me dirige vers Eustache.
— Alors mon grand, prêt à affronter le monde ?
— Je crois... J'espère.
— J'en suis sûre.
Il me sourit légèrement. Je le prends dans mes bras.
— Je t'aime beaucoup Eustache, sache-le. Et je sais que tu sauras faire les bons choix.
— ... Merci, Aby.
Je lui souris et lui embrasse la joue. Je le vois rougir légèrement. Je me tourne ensuite vers Edmund. Nous nous enlaçons longuement.
— Adieu, Aby. Sois heureuse, c'est tout ce qui m'importe.
— Pour moi aussi, Ed. Et continue de veiller sur Lucy et Eustache. Ils ont besoin de toi.
Il hoche la tête avec un sourire.
— À bientôt, je lui dis avec émotion.
Il m'embrasse le front. Je me dirige ensuite vers Lucy, qui se jette aussitôt dans mes bras.
— Tu vas tellement me manquer, Aby... Mais je sais que tu seras heureuse ici, alors moi aussi je serais heureuse.
Je la regarde dans les yeux, essayant de contenir mes larmes.
— Tu es comme une sœur pour moi, Lucy. Je ne t'oublierai jamais.
Nous nous enlaçons à nouveau. Edmund vient se joindre à notre étreinte. Nous restons ainsi tous les trois, front contre front.
— Je vous aime tant, leur dis-je dans un murmure.
— On t'aime aussi, Aby, répond Lucy.
— Oui, acquiesce Edmund. Assez fort pour penser à toi tous les jours.
Lucy et Edmund se dirigent vers le tunnel. Eustache reste en arrière le temps de quelques secondes, et se tourne vers Aslan.
— Est-ce que je reviendrais ?
— Narnia peut encore avoir besoin de toi.
Eustache sourit et rejoint ses cousins. Je viens prendre la main de Caspian. Je garde mes yeux fixés sur eux jusqu'à ce que la vague se referme totalement.
Je souris, repensant à tout ce que nous avons traversé ensemble. Ils sont ma famille. Et qu'importe la distance, ils le resteront à jamais.
Mais j'ai une nouvelle famille avec Caspian. Et savoir que je vais rester à ses côtés jusqu'à la fin de mes jours me rend heureuse.
Les yeux larmoyants, je me tourne vers lui. Il caresse ma joue du bout de ses doigts.
— Qu'est-ce qu'on fait, maintenant ? me demande-t-il.
Je me dresse pour l'embrasser tendrement.
— On rentre chez nous.
We could be the Kings and Queens of anything if we believe 💙
#NarniaFamily 💙
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