xix. Couronnement
— Êtes-vous sûr que tout va bien se passer ?
— Souhaitez-vous que je vous donne ma parole ?
Je réfléchis un instant et finis par hocher positivement la tête.
— Alors je vous la donne. Je vous promets que tout va bien se passer. Vous ferez une magnifique Reine, Aby. Il n'y a aucun doute là-dessus.
Je souris timidement.
— Je vous crois sans aucun doute. C'est en moi que je ne crois pas...
Renard bondit sur le lit, à côté de moi, et pose sa patte sur mon bras en signe de réconfort.
— Vous êtes la plus belle, la plus prestigieuse, la plus courageuse et la plus admirée de toutes les Reines que Narnia a pu avoir. Il n'y a pas de raisons pour que ça se passe mal.
Ses paroles me mettent du baume au cœur. Je le prends dans mes bras et le serre contre moi.
— Merci d'être présent pour moi, je dis dans un souffle.
— C'est tout à fait normal, votre Altesse. Mais en attendant, beaucoup d'autres personnes sont présentes pour vous aujourd'hui. Et elles ne demandent qu'à vous voir monter sur ce trône. Qu'en dites-vous ? Vous me suivez ?
Je reste silencieuse un instant. Je connais déjà ma réponse, j'ai juste besoin de m'assurer qu'elle est la bonne.
— Oui, je réponds après quelques secondes de réflexion.
Renard retrousse ses babines en un sourire sincère. J'arrive presque à lire de la fierté dans son regard.
Nous sortons de ma chambre. Je plisse une dernière fois ma robe bleue ciel. Il m'escorte jusqu'aux grandes portes de la Salle du Trône. Aslan, Peter, Susan, Edmund et Lucy nous y attendent.
— Je dois me dépêcher de rejoindre le premier rang, me glisse Renard. Ainsi, j'aurais tout le loisir de vous contempler avec cette merveilleuse couronne.
— Vous ne restez pas avec moi ? je me mets à paniquer.
— Vous n'avez pas besoin de moi pour traverser une salle, Aby. Nous nous retrouverons après. Respirez un bon coup, et pensez à ce que je vous ai dit. Tout va bien se passer.
J'hoche fermement la tête. Renard me quitte pour entrer dans la salle par une petite porte discrète sur la gauche. Aslan et les Pevensie me regardent arriver avec un grand sourire.
— Tu es vraiment resplendissante, Aby ! me lance Lucy avec des yeux pétillants.
Les autres acquiesçent, l'air étrangement stupéfait.
— Merci, je souris, gênée. Vous êtes magnifiques, tous les quatre.
Susan s'avance vers moi et me prend dans ses bras. Rapidement, les autres Pevensie nous rejoignent dans notre étreinte.
— Vous êtes prêts ? murmure Susan.
Tous ensemble, nous hochons la tête. Peter se tourne vers Aslan.
— Allons-y, nous dit le Grand Lion.
Nous nous plaçons à ses côtés, Peter et Edmund à gauche et Susan, Lucy et moi à droite. Je marche au plus près de lui, ma main dans sa crinière. Le savoir près de moi me rassure.
Les grandes portes s'ouvrent. Nous pénétrons solennellement dans la salle. Mon angoisse augmente lorsque je vois toutes ces personnes, les yeux rivés sur nous avec un immense sourire aux lèvres. Ils attendent tellement de nous, les décevoir serait un désespoir pour moi.
Arrivés au bout de l'allée, je me surprends à contempler les cinq trônes qui siègent au centre de la pièce. Ils sont fait de marbre blanc, tout comme les colonnes qui les entourent. Mon cœur se gonfle de fierté.
Nous montons les trois marches qui permettent d'y accéder. Les Pevensie se dirigent directement vers leurs trônes respectifs. Je reste légèrement en arrière, me mettant à paniquer. Et si au final, ce n'était pas ma place ??
Tandis que je tente de calmer ma respiration suffoquante, Susan fronce les sourcils et me fait signe d'un mouvement de tête de venir m'asseoir sur le trône restant, celui du milieu. J'inspire profondément, relâchant toute la pression que j'ai accumulé en entrant dans cette salle. Mon cœur cognant dans ma poitrine, je m'avance vers le trône central et me retourne vers l'assemblée, qui se met à applaudir.
Aslan vient prendre place devant nous.
— À la splendeur de l'océan oriental, je vous présente la Reine Lucy, la Vaillante, déclare-t-il au public.
Mr et Mme Castor, suivis timidement par Mr Tumnus, apportent les cinq couronnes qui nous sont destinées. Le faune saisit celle de Lucy, un diadème finement taillé dans l'argent, et lui pose sur la tête, un sourire ému au coin des lèvres. Lucy se redresse, rayonnante.
— À la grandeur de la forêt occidentale, le Roi Edmund, le Juste, annonce Aslan tandis que Mr Tumnus pose la couronne argentée sur sa tête.
Edmund nous offre un sourire qui me fait chaud au cœur.
— À l'éclat du soleil méridional, la Reine Susan la Douce.
Susan échange un regard avec moi. Je lui souris de toutes mes dents.
— À la lumière du ciel septentrional, voici le Roi Peter, le Magnifique.
Peter se voit offrir une grande couronne dorée et se relève fièrement. Je ressens une immense bouffée de joie en les voyant tous acclamés à leur juste valeur.
— À la croisée de tous nos chemins, je vous présente la Reine Abigail, la Fidèle, déclare alors Aslan.
Je relève la tête. Mr Tumnus s'approche de moi. Je me baisse juste assez pour qu'il puisse poser sur mon crâne la lourde couronne dorée qu'il tient entre ses mains.
Dit comme ça, mon prénom me semble prestigieux. Un semblant de fierté monte en moi. J'ai réussi à accomplir quelque chose d'important avec l'aide de mes amis. Peter, Susan, Edmund et Lucy sont les premiers véritables amis que j'ai eu de toute ma vie. Avec eux, je me sens beaucoup moins seule. À Narnia, je me sens être quelqu'un.
— Quand on a été Reine ou Roi de Narnia, on l'est pour toujours, reprend Aslan. Puisse votre sagesse nous honorer jusqu'à ce que les étoiles nous tombent du ciel. Longue vie à la reine Abigail ! s'exclame-t-il, suivi de toute l'assemblée. Longue vie au roi Peter ! Longue vie à la reine Susan ! Longue vie au roi Edmund ! Longue vie à la reine Lucy !
Les applaudissements durent plusieurs longues minutes.
Les festivités ne tardent pas à commencer. Je me prends rapidement au jeu, dansant avec mes amis et grignotant les petits mets prévus à cet effet. Mais, alors que j'aperçois Aslan près des portes grandes ouvertes, je cours à sa rencontre.
— Aslan ! Où allez-vous comme ça ?
— Je rentre chez moi.
— Comment ça ? Ce n'est pas ici, chez vous ?
— Non. Cair Paravel est votre château désormais.
— Oh. Je vois. Alors, je dois vous dire au revoir... ?
Il me sourit.
— Nous nous reverrons bientôt. Sois en sûre.
— Je vous crois, alors. Mais, si je peux me permettre, avant que vous ne partiez...
— Oui, mon enfant ?
— Pourquoi, la Fidèle ?
— Toi, qu'en penses-tu ? me demande-t-il malicieusement. Tu es censée te connaître un peu mieux que moi...
— Je n'en sais rien... Je pensais que, peut-être, vous pourriez m'éclairer.
— Eh bien, vois-tu... Tu as toujours été dévouée à notre cause, sans pour autant abandonner tes amis. Ici, cela signifie que tu ne manques pas à ta parole. Tu restes sincère, et tu viens en aide à ceux qui ont besoin de toi. Le peuple de Narnia, votre peuple, sait parfaitement qu'il peut compter sur toi. Est-ce assez clair, désormais ?
Je reste silencieuse un instant, assimilant ses mots.
— Oui... Oui, je comprends. Merci, Aslan. Merci pour tout.
— C'est moi qui te remercie, mon enfant.
Il m'adresse un signe de tête et s'éloigne dans les couloir du château. Je fais volte-face pour revenir profiter de la fête. Susan m'entraîne dans une danse endiablée au centre de la pièce. Après ça, j'invite Edmund à venir avec nous. Je lui attrape les mains et nous tournons sur nous-mêmes plusieurs fois, nous étourdissant rapidement. Essoufflée et morte de chaud, je me dirige vers un balcon où je me fais rapidement rejoindre par Renard.
— Tout va bien, votre Majesté ?
— Oh, je t'en prie... C'est Aby. Simplement Aby.
— Vous savez très bien que cela n'a jamais été le cas... Encore moins maintenant que vous portez cette splendide couronne.
— Cela ne change en rien la personne que je suis. Et tu es mon ami.
— Vraiment ? questionne-t-il en haussant un sourcil. Vous m'en voyez flatté...
— Oui, vraiment. D'ailleurs, tu ferais mieux d'abandonner rapidement le vouvoiement, sinon cela va me mettre en rogne.
— Je n'oserais pas offenser sa Majesté...
Je lui jette un regard noir, fronçant les sourcils.
— D'accord, d'accord... s'esclaffe-t-il. Vous... Tu as gagné.
— J'aime mieux ça, je réponds avec un sourire satisfait.
— Et donc... Que comptes-tu faire, désormais ?
— Je n'en sais rien... Je suppose que l'on va devoir rentrer chez nous...
Le soleil se couche sur l'océan. Et à ce moment précis, je me rends compte que... je n'en ai pas vraiment envie.
j'espère que ce chapitre vous a plu ! c'était le dernier du premier tome, il ne manque plus que l'épilogue. je ne marquerais pas de pause en le tome 1 et le tome 2, vu que j'ai bien avancé sur celui-ci :)
n'hésitez pas à me dire ce que vous avez pensé de ce dernier chapitre !
j'ai juste une question : est-ce que vous voulez que je poste l'épilogue aujourd'hui, ou que j'attende comme un chapitre normal ?
je vous embrasse fort ❤
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