xiv. Renaissance
Grâce à Eustache, l'île Obscure disparaît progressivement. On ne voit bientôt plus que l'étendue de la mer, et le ciel bleu. Au loin, des dizaines de barques remplies d'hommes et de femmes se dirigent droit vers le Passeur d'Aurore. Pour beaucoup, c'est le symbole de retrouvailles heureuses. Mais pour Caspian, l'heure est à la perte. Aby n'est pas remontée de son combat contre la créature. Pourtant, il fixe l'eau, plein d'espoir. Ses yeux brillent de larmes. Une main se pose doucement sur son épaule.
— Elle a fait ça pour nous sauver, lui dit Lucy, d'un ton plein de réconfort.
En réalité, elle ne parvient pas à y croire elle-même. Sa meilleure amie, sa sœur de cœur, est partie pour toujours.
Non loin d'eux, Edmund contient également ses larmes. Une énorme boule obstrue sa gorge. Il considérait Aby comme une sœur, une jumelle, une confidente. Et il l'a perdu.
Les mains accrochées désespérément à la balustrade, Caspian se met à trembler violemment. Il laisse aller sa tristesse dans de violents sanglots. Sa moitié, la femme de sa vie, ne pourrait plus jamais se tenir à ses côtés, prendre sa main pour le réconforter, ou lui dire les mots qu'il a besoin d'entendre. Elle ne sera plus là quand il aura besoin de sa présence. Il l'avait à peine retrouvé qu'elle était déjà repartie. Et c'était de sa faute. Il aurait dû l'en empêcher. Mais il l'aime tellement qu'il n'a pu se mettre en travers de sa route.
Caspian sait qu'elle l'a fait pour eux. Pour sauver l'équipage, ses amis, et pour ramener les Narniens disparus. Car elle agissait toujours pour les autres. C'était une des raisons qui avait fait qu'il était éperdument tombé amoureux d'elle. Comment pourrait-il survivre, maintenant qu'elle était partie ?...
... Mais, pendant que le Passeur d'Aurore était en deuil, le Pays d'Aslan fêtait une renaissance.
J'ouvre les yeux. Mon regard se perd aussitôt dans l'immensité du ciel. Je reste longtemps ainsi, reprenant mes esprits. Je me redresse avec une grimace. J'ai mal à chaque muscle de mon corps. En jetant un œil à mes mains, je m'aperçois que j'ai repris forme humaine. Toujours assise dans l'herbe, je décide de jeter un œil autour de moi. Je suis entourée d'immense plaines fleuries, de forêts verdoyantes, de ruisseaux chantants. Tout le paysage est à couper le souffle. Au loin, j'aperçois une chaîne de montagne. Au-dessus de ma tête, le soleil brille de mille feux. J'entends les oiseaux chanter, sifflotant de douces mélodies. Je me sens apaisée.
Je vois soudain approcher trois silhouettes. Je reconnais celle du milieu comme étant celle d'Aslan. À gauche, c'est une femme aux longs cheveux sombres comme les miens. Et à droite...
— Renard ! je m'exclame. C'est bien toi, mon ami !
Mon compagnon des anciens jours se met à courir vers moi et bondit dans mes bras grands ouverts. Il blottit sa tête dans mon cou.
— Oh, Renard, tu m'as tant manqué... je souffle, émue.
— Tu m'as manqué aussi, Aby...
Il dresse son museau vers moi et gratte ma joue du bout de sa truffe. Je souris. Aslan et la femme arrivent à leur tour.
— Bonjour, ma chère Aby.
— Bonjour Aslan... Venez-vous m'apporter des explications quant à ma présence ici ?
— Oui... Mais ce n'est pas moi qui vais te les donner.
Il lève la tête vers la femme aux cheveux sombres. Son visage doux m'est familier. Elle m'offre un grand sourire.
— Bonjour, ma douce Aby...
Je me relève aussitôt, les larmes aux yeux.
— Maman... C'est toi ?
Elle hoche la tête, les yeux brillants. Je fais quelques pas vers elle. Elle m'accueille dans ses bras. Nous nous laissons tomber à genoux, versant de nombreuses larmes. Elle caresse mes cheveux en murmurant des mots doux.
— Ma fille, je suis si fière de toi... Tu es tellement forte, et tellement belle... Oh, ma petite chérie, tu as tellement grandi...
— Tu me manques tous les jours, Maman... je sanglote. Tous les jours...
— Oh je sais, mon cœur, je sais... Tu me manques aussi tous les jours...
Lorsque nous réussissons à calmer nos sanglots, je remarque que Renard et Aslan sont allés s'allonger un peu plus loin. Ma mère et moi essuyons nos larmes.
— Ma chérie, tu dois avoir mille questions à poser...
— Oui, Maman... Mais d'abord, qu'est-ce que tu fais là ?
— Je vais tout t'expliquer... Je ne viens pas du même monde que ton père, Aby. Je suis née à Narnia. Ici-même, au pays d'Aslan. C'est lui qui m'a donné la vie.
— Cela veut dire que tu es sa fille ?
— Oui, et non. J'ai été élevée par ton grand-oncle Digory. Lorsqu'il est venu ici, à la création du monde, il est reparti avec un nourrisson. C'était moi. Aslan m'avait confié à lui. Digory n'avait que la vingtaine à l'époque, mais il n'a jamais failli à sa tâche. Et Aslan venait me visiter dans mes rêves. J'ai toujours été reliée à lui, d'une manière ou d'une autre. Un jour, il est revenu. Je l'ai suivi à Narnia, pour redécouvrir le monde qui m'avait vu naître. Mais j'étais trop attachée à celui qui m'avait vu grandir. C'est pour ça que je ne suis pas restée. Plus tard, j'ai rencontré ton père. Ta naissance a été le cadeau le plus merveilleux que la vie ait pu m'offrir. Mais bien que je sois la fille du Créateur, je n'échappais pas aux contraintes du monde que j'avais choisi. Comme tu le sais, je suis tombée très malade. Alors Aslan est revenu me chercher, pour m'amener ici.
Je reste silencieuse, assaillie par autant de révélations.
— J'ai toujours su que tu serais destinée à accomplir de grandes choses, Aby, me dit-elle. Aslan aussi en était persuadé. Il a toujours gardé un œil sur toi, de ta naissance jusqu'à aujourd'hui. Il a deviné que tu étais prête quand tu as rencontré les Pevensie. Et te voilà aujourd'hui une Reine de Narnia. Je suis si fière de toi, ma fille...
— Je ne pense pas que tu puisses toujours parler au présent, Maman. Parce que je suis morte... n'est-ce pas ? demandé-je à Aslan.
Ce dernier pose son regard doré sur moi.
— Ton sacrifice signifie énormément de choses, Aby. Il ne fait aucun doute que tu sois ma descendante directe. Ton don le confirme également.
— Vous voulez parler du médaillon ?
— Le médaillon n'était là que pour garder le lien avec moi. Ta transformation, tu l'as puisée au fond de toi.
Je passe doucement mes doigts sur mon bijou. Une douce chaleur en émane.
— Alors... Que dois-je faire, maintenant ?
— Tu es au Pays d'Aslan, ici. Tu peux choisir d'y rester pour y couler des jours paisibles avec Grace. Mais, si tu décides de retourner à Narnia... je crois que l'on pourra exaucer ton souhait, dit le Grand Lion avec un clin d'œil.
Je fais mine de réfléchir un instant.
— J'ai déjà eu un choix similaire à faire. Il m'a torturé pendant des jours et des jours... Et j'ai réussi à prendre une décision.
— Qui est ?
Je lève mes yeux vers Aslan.
— Je choisis Caspian. Il est l'homme dont je suis amoureuse, et il est hors de question que je me passe de lui une seconde de plus. Je sais qu'il a besoin de moi... tout comme j'ai besoin de lui. Je veux goûter au bonheur, moi aussi.
— Je me doutais bien que tu prendrais une telle décision, me répond Aslan. Une fois de plus, tu honores ton nom, La Fidèle.
Je souris. Ma mère pose une main sur ma joue.
— Je suis désolée, Maman... J'aurais tant aimé rester avec toi, mais...
— Ne sois pas désolée, mon cœur. Tu as prit la meilleure décision. Rien ne me rendra plus heureuse que de savoir qu'il fait ton bonheur. Va, ma fille. Vis ta vie pour toi, pour que tu puisses te dire à la fin que tu es pleinement satisfaite de tes choix. Tu me combles de joie tous les jours.
Nous échangeons une seconde étreinte remplie d'émotions.
— Je t'aime, ma fille.
— Je t'aime aussi, Maman.
Je fais ensuite mes adieux à Renard, que j'embrasse tendrement sur le bout du museau.
— Tu as rendu ma vie plus douce, Aby, me dit-il.
— Je n'oublierai jamais tout ce que tu m'as apporté... Tu seras toujours dans mon cœur.
Après ces mots sincères, je me tourne vers Aslan. D'un regard, il enclenche ma transformation. Je suis de nouveau changée en lionne.
— Rugissons ensemble, ma fille, me lance-t-il.
J'hoche la tête, et pousse mon plus beau rugissement. Aslan me répond en écho. Je me sens soudain tomber dans le vide. Un tourbillon de lumière bleue m'entoure, et je ferme les yeux. Lorsque je les ouvre à nouveau, je suis sur une plage de sable blanc, devant une immense vague statique.
— Je suis de retour.
bonjour, bonsoir, bonne nuit les coupains
je poste ce chapitre avec un jour d'avance parce que j'estime que Aby est morte depuis trop de temps déjà.
en vrai non, c'est juste parce que c'est bientôt la fin 😭 c'est l'avant dernier chapitre aïe
j'arrive pas à m'en rendre compte :(
mais bon
j'espère que ce chapitre vous a plu, je sais que c'est très inattendu et tiré par les cheveux (pour ne pas dire nul à chier) mais c'est une idée qui m'est venue en plein milieu de l'écriture du tome 3 (avec le médaillon de Camille) et j'ai pas pu l'exploiter correctement mais c'est entièrement ma faute
je pense réécrire cette histoire parce que je me rends compte que cette histoire aurait pu être bien meilleure ! et surtout grâce à vous qui m'avez donné les meilleures idées 💙
je vous embrasse et vous dit à bientôt pour la suite ! #NarniaFamily
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top