xiii. Le combat d'une vie

   Le lendemain, après avoir passé une nuit avec le ventre rempli, nous remontons sur le bateau sans attendre. Nous nous mettons rapidement en route et nous dirigeons droit le Passeur d'Aurore vers l'île Obscure, où nous pénétrons directement.

   Nous n'y voyons pas à deux mètres. Nous sommes entourés de brume. Je serre mon médaillon dans mon poing pour me redonner courage.

   La fumée verte vient directement nous prendre d'assaut. Devant moi, une silhouette apparaît. Je reconnais ma mère. Je fais un pas vers elle, mais son regard est vide. Ce n'est qu'une illusion, un fantôme. Elle n'est pas réelle. Je ferme les yeux, me concentrant pour faire le vide dans mon esprit.

   — Tu es faible, Abigail... je l'entends me dire. Tu me déçois.

   — Allez-vous en... je marmonne.

   — Tu n'es pas digne d'être ma fille.

   — Taisez-vous, vous n'êtes pas réelle !! je m'exclame en me bouchant les oreilles.

   Je reste ainsi de longues secondes. Un rire narquois retentit. Quelques larmes ont commencé à rouler que mes joues. Je sens deux mains se poser sur mes épaules. Je sursaute.

   — Tout va bien, c'est moi...

   Je reconnais la voix de Caspian. Je me blottis contre lui.

   — Ce n'est rien. Tu es plus forte que le mal, Aby. Tu sauras le vaincre.

   Je ne réponds rien, essayant de calmer mes sanglots. Nous entendons soudainement des cris lointains. C'est une voix d'homme.

   — N'approchez pas ! dit-elle d'un air menacant. N'approchez-pas !

   — Qui êtes-vous ? questionne Edmund à voix forte.

   — Nous n'avons pas peur de vous ! renchérit Caspian, ses bras toujours autour de de mes épaules.

   — Ni moi de vous ! répond la voix caverneuse.

   Edmund récupère sa lampe torche et éclaire les rochers. Une silhouette décharnée apparaît sur l'un d'entre eux. C'est un vieil homme habillé de guenilles.

   — N'approchez pas ! répète-t-il.

   — Nous ne partirons pas ! répond fermement Caspian.

   — Vous ne triompherez pas de moi ! fait le vieillard en levant une lame au-dessus de sa tête.

   — Caspian ! Son épée !! s'exclame aussitôt Edmund.

   Caspian s'approche de la balustrade pour observer de plus près.

   — Seigneur Rhoop ?! fait-il alors, surpris.

   Le vieillard, prit de panique, tente de s'enfuir.

   — Vous ne me possèderez jamais !!

   — Baissez vos armes ! ordonne Caspian. Hissez-le à bord, vite !

   — Eustache ? j'appelle mon ami à voix forte. On aurait besoin d'un coup de main !

   — C'est comme si c'était fait ! répond-t-il en venant attraper le Seigneur entre ses pattes.

   Il le dépose sur le pont du bateau. Aussitôt atterri, ce dernier se relève d'un bond et nous menace de son épée.

   — Arrière, démons !

   — Non, Messire ! Personne ne vous veut de mal. Je suis Caspian, votre Roi.

   Le Seigneur se tourne vers lui, complètement abasourdi.

   — Caspian ?... Oh, Monseigneur... Vous n'auriez pas dû venir, il est impossible de sortir d'ici ! Vite ! Vite, faites demi-tour avant qu'il ne soit trop tard !

   — On a l'épée, allons nous en ! dit Edmund.

   Caspian hoche la tête et Drinian reprend immédiatement la barre.

   — Ne pensez à rien ! s'exclame alors le vieillard. S'il devine vos craintes, il les rendra réelles !

   Je tâche de garder ma tête vide. Il faut juste qu'on sorte de là. Je pense à Aslan.

   — Oh, non...

   Je me retourne vers Edmund. Nous échangeons un regard.

   — À quoi as-tu pensé de si terrible ?? questionne Lucy.

   — Je suis désolé... dit-il immédiatement.

   Il se précipite vers la balustrade pour regarder par-dessus bord. Quelques secondes plus tard, une violente secousse fait trembler le navire et nous tombons tous à la renverse. Je me relève aussitôt et essaie d'apercevoir ce qui nous a fait tanguer. Une longue silhouette semble glisser sous la surface. Mon sang se glace.

   — GAEL ! hurle soudainement Lucy.

   Je me retourne. La gamine est prostrée près de la balustrade. Derrière, dans l'eau, se dresse une gigantesque créature à l'allure d'un serpent. Je réprime un haut-le-cœur. Soudain, Eustache s'attaque à lui, s'accrochant à sa tête répugnante. Ripitchip enfonce son épée près de ses yeux, mais se voit bientôt projeté vers les cordages. La créature réussit à entraîner Eustache sous l'eau. Je hurle de terreur.

   — Non, Eustache !!

   Il faut que je fasse quelque chose, il faut que je le sauve... Il faut que j'agisse.

   Je pense de nouveau à Aslan. Je sens une douce chaleur se propager dans mon corps. Sous mes yeux, le serpent remonte. Il envoie Eustache contre un rocher. Ce dernier réplique en crachant une gerbe de flamme, carbonisant la tête de la créature.

   — Arrière, créature du diable !! s'écrie le Seigneur Rhoop en jetant son épée par-dessus bord.

   La lame vient se loger dans l'épaule d'Eustache. Je grogne de colère, et me jette sur le vieillard. Il se retrouve bientôt coincé sous mes pattes puissantes de lionne. Je pousse un rugissement qui le laisse complètement hagard. Je m'écarte et me tourne vers mes amis. Tous ont leurs yeux braqués sur moi, ébahis.

   — Aby... C'est bien toi ?...

   — Nous n'avons pas le temps pour les explications, Caspian. Il nous faut partir d'ici au plus vite.

   — Mais... Aby...

   — Faites ce que je dis ! je rugis sévèrement. Virez de bord !!

   Drinian s'empresse d'obéir. Malheureusement, le monstre revient à la charge. Il s'enroule autour du bateau, et dresse sa tête hors de l'eau. Edmund convient alors avec Caspian de lui tendre un piège et de l'emmener s'écraser contre les rochers. À l'aide de sa lampe torche, Edmund attire l'attention du serpent vers la proue. Le monstre mord à l'hameçon. Caspian dirige le bateau vers un grand rocher. Je reste à ses côtés, attendant le résultat.

   Une violente secousse ébranle le bateau. La répugnante créature pousse un cri de douleur, avant de se laisser couler au fond de l'eau. Je reviens vers Caspian.

   — Dépêche-toi de nous sortir d'ici. Eustache a presque terminé.

   — Terminé quoi ?? me répond Caspian, complètement paniqué.

   — Plus tard les questions ! Vite !

   Mais mes espérances sont de courte durée. Le serpent jaillit une nouvelle fois de l'eau. Son abdomen luit d'une étrange lumière jaune, avant de s'ouvrir en deux, laissant apparaître de nombreuses griffes, qui tremblent comme la queue d'un serpent à sonnette. Il se dresse devant nous, menaçant, et se jette sur le bateau, la gueule ouverte. Edmund se trouve juste en-dessous. Je fais une course rapide jusqu'au centre du pont et me jette sur mon ami, l'emmenant rouler plus loin. Je me relève sur mes quatre pattes et secoue la tête.

   — Tâche de ne pas mourir.

   — D- D'accord...

   Je m'éloigne et reviens vers Caspian. Le serpent a attrapé le mât dans sa gueule.

   — Caspian, je vais faire quelque chose de très stupide. Promets-moi juste que tu t'enfuiras aussitôt.

   — Mais, Aby...

   — Promets le moi !! je rugis, la voix tremblante.

   Caspian me regarde avec intensité, mais finit par hocher la tête. Il s'agenouille pour être à ma hauteur et prend ma tête entre ses mains, avant d'embrasser le haut de mon crâne.

   — Je t'aime, dit-il.

   — Je t'aime aussi. Mais pour l'instant, j'ai besoin que tu m'écoutes attentivement...

   Je lui expose mon plan. Il ouvre la bouche pour répliquer à plusieurs reprises mais je l'en empêche.

   — Est-ce que j'ai été assez claire ??

   — Oui, mais...

   — Très bien, alors au travail. PRÉPAREZ LES HARPONS ! j'ordonne à l'équipage.

   Ils obtempèrent, et se retrouvent bientôt avec une dizaine de pointes entre les mains. Je me poste devant eux, les yeux rivés sur le monstre.

   — TIREZ !

   Les harpons sont jetés au-dessus de ma tête, et les lames viennent se loger dans l'abdomen de la créature.

   — Maintenant, attirez-le vers nous ! Tirez de toutes vos forces !!

   L'équipage obéit, et courbe l'échine du serpent. Sa tête se rapproche du bateau. Je me prépare en fléchissant les pattes. Lorsqu'il est assez proche, je m'élance en avant, traverse le pont et bondis par-dessus la balustrade. Je sors mes griffes et viens m'accrocher au corps du monstre. Je grimpe jusque sur sa tête, où je m'empresse de lui crever l'œil qui lui reste. La créature pousse un hurlement de douleur et se cambre en arrière.

   — LÂCHEZ, MAINTENANT ! je hurle à l'équipage.

   Ceux-ci se regardent sans comprendre.

   — DÉPÊCHEZ-VOUS DE LÂCHER LES HARPONS, OU VOUS ALLEZ MOURIR !

   Je jette un regard suppliant à Caspian, tout en gardant mes griffes enfoncés dans la peau visqueuse du monstre. Il me regarde fixement. Je vois ses mains trembler.

   — Faites ce que la Reine Aby vous a dit ! ordonne-t-il d'une voix brisée.

   Je le remercie d'un regard.

   — MAINTENANT !

   Aussitôt, tous les marins lâchent les cordes retenant les harpons. Le serpent est projeté en arrière. Je ne jette plus un regard vers le bateau. Caspian a intérêt d'avoir compris mes ordres.

   — À nous deux, sale bête ! je grogne en plantant une nouvelle fois mes griffes dans son enveloppe.

   Il pousse un cri de douleur. À l'aide de mes pattes arrières, je me traîne le long de son corps visqueux, laissant d'énormes traces dans sa peau. La fumée verte qui émane de lui est bientôt si épaisse que je n'y vois plus rien. Mais je ne m'arrête pas, même si sa résistance musclée m'épuise grandement. Je désintègre son corps à coups de griffes et, après de longues minutes à batailler contre lui, il ne reste bientôt qu'une forme complètement décharnée du serpent de mer. Il coule comme une pierre, et je me retrouve prisonnière en-dessous de son corps. Trop épuisée pour me débattre, je me laisse couler avec lui. Mes poumons se remplissent d'eau. Et bientôt, tout devient noir.


........... euuhh, salut ? 😅

je viens en paix, ne m'engueulez pas svp je vous aime

déjà, désolée de poster que aujourd'hui mais j'ai complètement oublié hier ://

j'ose pas dire que j'espère que ce chapitre vous plaît quand même parce que j'ai l'impression que je vais me faire crier dessus 😅

alors euh, bah je vous retrouve bientôt pour le prochain chapitre!! bisous, je vous aime même si vous me détestez maintenant 💙💙💙

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