xiii. Duel à mort
— Tu es prêt, Peter ?
Celui-ci hoche la tête. Edmund s'occupe de lui serrer ses attaches, tandis que je vais chercher son heaume. J'attends qu'il soit fin prêt pour le lui poser sur la tête.
— Ça va aller ? je lui demande doucement.
— Il le faudra bien, répond-t-il d'un air déterminé.
Je pince les lèvres.
— On croit tous en toi, Peter. Tu vas y arriver.
— Merci, Aby, me dit-il en me regardant. Vraiment.
J'hésite un instant avant de le serrer dans mes bras. Il répond immédiatement à mon étreinte, et je devine que tous nos différends sont désormais oubliés. Reculant d'un pas, je prends la main de mes deux amis.
— Quoi qu'il arrive, nous devrons rester forts et unis. Narnia a besoin de nous. Montrons leur que nous sommes là pour eux.
Les garçons hochent la tête. Nous échangeons un dernier regard, avant de nous diriger d'un pas décidé vers la sortie.
Dehors, nous sommes accueillis par les cris d'encouragement de nos soldats, qui sont tous rassemblés de part et d'autre du chemin menant à l'arche en ruines, où se déroulera le duel. Glenstorm nous y conduit, son épée dressée en parallèle de son corps. Miraz y attend, entouré de son général et de deux des seigneurs que nous avons vu sous la tente. Ils ont dressé leur drapeau derrière eux.
Miraz se lève soudainement, et baisse la visière de son casque, sa longue épée à la main. Mon cœur se met à battre de plus en plus fort, et je commence sérieusement à angoisser.
Peter s'avance à son tour. Ils descendent tous les deux sur la zone délimitée pour le duel.
— Il est encore temps de capituler, lance alors Miraz.
— Faites comme bon vous semble, répond Peter entre ses dents serrées.
— Combien d'autres hommes devront tomber pour le trône ? tente Miraz.
— Un seul, réplique Peter en abaissant sa visière.
Le temps semble s'arrêter, et ma respiration aussi. Avec un cri de rage, ils s'élancent l'un vers l'autre. Peter s'appuie sur un rocher et bondit sur Miraz, cognant son épée contre son bouclier. Le combat est engagé. J'observe attentivement leurs mouvements, essayant de comprendre la technique de notre ennemi, pour mieux l'appréhender. Soudain, mes pensées dérivent vers Caspian. Où est-il passé ? Je me retourne vers nos compagnons, essayant de le trouver parmi tous ces visages anxieux, en vain. Je reporte mon attention sur le combat, le cœur lourd. À chaque fois que je crois que Peter prend le dessus, Miraz revient à la charge avec un coup d'une force de Minotaure. Il balance son bouclier contre le visage de Peter, qui en perd son casque. J'étouffe un cri. Edmund vient passer un bras autour de mes épaules pour me rassurer.
— Il va y arriver, d'accord ? Il va y arriver.
S'enchaînent alors les coups d'épées, et Peter finit par tomber à terre. Miraz écrase son pied contre le rebord de son bouclier. J'entends un bruit sourd qui me fait frémir. Peter hurle de douleur mais n'en démord pas. Roulant sur le côté, il tente de déséquilibrer son adversaire en visant ses jambes. Cela finit par payer, car il parvient à le blesser à la cuisse et Miraz tombe à son tour. Peter en profite pour se relever.
J'entends alors un hennissement sur ma gauche. Alertée, je tourne rapidement la tête. Ce que je vois ne me déçoit qu'à moitié. Ce n'est pas les filles qui reviennent avec Aslan, mais juste Caspian et Susan. La vue de mon ami gonfle cependant mon cœur de joie.
— Sa Majesté a-t-elle besoin d'une pause ? demande férocement Miraz à Peter.
— ... Cinq minutes, répond Peter.
— Trois ! accorde Miraz.
Et ils repartent chacun de leur côté. Je me précipite vers Peter pour le soutenir. Nous nous approchons des deux nouveaux arrivants.
— Où est Lucy ? s'inquiète Peter.
— Elle a réussi, nous informe Susan. Avec l'aide de Caspian.
Je souris, profondément soulagée.
— Merci, dit sincèrement Peter.
— Vous étiez occupé, justifie Caspian.
— Vous n'êtes pas blessés, au moins ? je leur demande.
— Non. Caspian est arrivé à temps, explique Susan.
Ce dernier hoche humblement la tête. Je ne dis rien, mais l'engouement de Susan à l'égard de mon ami commence à légèrement m'irriter.
— Tu seras mieux là-haut, dit alors Peter à sa sœur en désignant les remparts. Je serais rassuré. Je doute que les Telmarins tiennent parole.
Susan serre la mâchoire. Sans doute préférerait-elle rester ici... Mais elle ne dit rien, et s'avance pour enlacer Peter, qui laisse échapper un gémissement de douleur.
— Désolée... grimace Susan.
— C'est rien, rassure Peter.
— Sois prudent...
— Un petit sourire ? réclame Edmund, les yeux rivés sur nos soldats qui attendent une réaction de notre part.
Peter n'attend pas pour lever son épée, un sourire triomphant aux lèvres, tandis que Susan retourne à l'intérieur de la pyramide. La foule pousse des cris de joie. Caspian se dépêche ensuite de retirer son bouclier à Peter, qui gémit à nouveau.
— Je crois qu'elle est déboitée... nous dit-il.
Edmund se précipite à ses côtés. Je reste légèrement en retrait pour ne pas le déranger.
— Que va-t-il se passer chez nous, si on meurt ici ? demande soudainement Peter.
Mon visage devient grave. Edmund ne répond rien, feignant d'être concentré sur sa tâche.
— Tu as toujours été là pour moi, continue Peter. Et je ne t'ai jamais-
Un craquement sourd retentit et Peter pousse un cri. Je devine qu'Edmund a remis son épaule en place.
— On verra ça plus tard, s'empresse de dire ce dernier avant de retourner chercher son épée.
Peter ne rechigne pas et s'avance à nouveau sur les dalles blanches, acclamé par nos troupes. Le combat reprend, plus férocement qu'avant. J'en profite pour m'approcher de Caspian.
— Penses-tu que nous allons nous en sortir ?
Il baisse ses yeux vers moi, l'air véritablement surpris.
— Aby... Ton assurance a redonné espoir à tous ceux qui se battent à nos côtés... Tu n'as pas le droit de douter maintenant !
— Je sais, mais... mais si j'avais tort ?
— Depuis que tu es arrivée, tu as redonné courage aux Narniens qui se terraient par crainte des Telmarins, tu as mené une révolution sur tous les terrains, tu as pris d'assaut un château impénétrable, tu m'as sauvé la vie plusieurs fois... Tu t'es battue pour que nous gardions espoir jusqu'au bout. Tu as fait honneur au nom que l'on t'a donné. La Fidèle. Tu ne peux pas baisser les bras. Je te l'interdis. Grâce à toi, nous allons gagner cette bataille, et grâce à toi encore, Narnia redeviendra un monde de paix.
Je ne réponds rien, reportant mon regard sur le combat, mais je n'en suis pas moins touchée. C'était les mots exacts que j'avais besoin d'entendre. Discrètement, je prends la main de Caspian. Il la serre entre ses doigts et la caresse doucement de son pouce.
Je me sens immédiatement détendue. Comme s'il était la solution à tous mes problèmes.
Le combat se fait de plus en plus violent et rapide. Mon cœur manque de me lâcher à plusieurs reprises. Lorsque j'arrive à croire que Peter est enfin en train de gagner, je vois avec horreur Miraz faire valdinguer son épée un peu plus loin. Peter n'abandonne pas pour autant et continue de se battre avec ses poings. Cela dure quelques longues minutes, avant qu'il n'ait la brillante idée d'écraser son poing sur la cuisse déjà blessée de Miraz. Celui-ci en a le souffle coupé. Il s'effondre au sol, haletant. Peter s'approche, le poing serré, mais semble hésiter.
— Pas de temps à perdre en courtoisie, Peter ! s'exclame Edmund à ma droite.
Peter nous adresse un bref regard, puis baisse sa main. Il revient lentement vers nous. Derrière lui, Miraz en profite pour se relever, empoignant son épée.
— ATTENTION ! je hurle, paniquée.
Heureusement, Peter réagit à temps. Il se baisse pour esquiver son coup, se prépare à répliquer et saisit la lame de l'épée de Miraz entre ses deux mains. D'un geste brusque, il réussit à la lui arracher, et sans hésiter une seconde de plus, la plante dans la poitrine de son adversaire. Tout le monde retient son souffle. Le silence est assourdissant. Miraz tombe à genoux devant Peter, qui ne bouge plus.
— Que se passe-t-il mon garçon ? le questionne Miraz. Trop lâche pour ôter la vie ?
Peter baisse son épée.
— Ce n'est pas à moi de le faire, persifle-t-il entre ses dents.
Après lui avoir jeté un dernier regard noir, il se détourne de Miraz et braque son regard sur Caspian et lui tend le pommeau de l'épée. Je lâche la main de mon ami et le laisse s'avancer vers Peter. Il saisit l'épée de son ennemi. Peter ramasse la sienne et nous rejoint.
Caspian ne met pas beaucoup de temps à lever son arme, pointant le bout de la lame sur la poitrine de son oncle.
— Peut-être me suis-je trompé, souffle Miraz, à l'agonie. Peut-être as-tu bel et bien toutes les qualités pour être roi, après tout.
Après cette phrase, il baisse la tête, attendant sa sentence. Caspian pousse un hurlement de haine, avant d'abattre son épée... dans un carré d'herbe. Abasourdie, je fais un pas en avant.
— Pas un roi comme vous, crache Caspian à la figure de Miraz, consterné.
J'échange un regard avec Edmund, avant me mettre à sourire béatement.
— Je vous laisse la vie, continue Caspian. Mais je m'apprête à rendre au peuple Narnien son royaume.
Il se redresse, et se tourne vers nous. Les larmes aux yeux, je vais me jeter dans ses bras. Nous nous enlaçons. Je le sens toujours trembler de colère, mais il semble s'apaiser. Je lève mon visage vers le sien, que je prends entre mes mains.
— Tu feras un roi merveilleux, Caspian.
Il me sourit, ému. Je le ramène avec moi à la vue de tous nos compagnons, qui se mettent à l'acclamer comme il le mérite. Je n'ai pas ressenti de plus grande joie que celle-ci, depuis notre couronnement. Quand je repense à notre rencontre, je ne peux pas m'empêcher d'éprouver de la fierté. Cela ne fait que quelques semaines, tout au plus, mais j'ai l'impression que cela remonte à une éternité.
Dans notre euphorie, j'entends soudain un hurlement de douleur derrière nous. Lorsque je me retourne, Miraz est à terre, mort. Dans son dos est planté l'une des flèches rouges de nos archers. Je reste stupéfaite. C'est impossible...
— Trahison ! se met à hurler l'un de ses seigneurs. Ils l'ont tué ! Ils ont assassiné notre roi !
Il s'empare de l'épée de Miraz toujours plantée dans le sol, et s'élance vers les autres Telmarins.
— Tenez-vous prêts !! s'écrie Peter à l'attention de nos soldats.
— Peter ! s'exclame Caspian, pointant du doigt quelque chose derrière nous.
Un soldat Telmarin, dont le visage est recouvert d'un casque, s'approche de nous, l'épée à la main. Edmund me tire en arrière tandis que Peter l'affronte, l'envoyant au tapis en moins de temps qu'il ne faut pour le dire.
— Ne restez pas là ! nous dit-il.
Caspian revient me chercher.
— Aby, viens avec moi ! Les chevaux sont déjà sellés !
Je le suis en courant. Il s'approche de deux chevaux, l'un bai et l'autre blanc comme neige. Je reconnais le premier, le cheval avec lequel Caspian a ramené Susan.
— Celui-ci a été préparé pour toi, me dit-il en désignant l'animal blanc.
— Pourquoi ?
— Je me doutais qu'une bataille éclaterait de toute manière. J'ai voulu être prévoyant. Mais, si tu préfères rester à terre...
— Non, le coupé-je. C'est parfait, merci beaucoup. Quel est son nom ?
— Il s'appelle Topaze.
— C'est un nom très noble, dis-je en montant dessus.
— Tu es prête ?
J'hoche la tête, et dégaine mon épée.
— Allons détruire du Telmarin.
OMG CE CHAPIIIITRE *.* je l'aime trop je voulais trop vous le poster ce soir, j'espère tellement qu'il vous plait !! dites moi tout blblbl
je vous aaaiime, merci d'être là à chaque publication ❤
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