xii. Ramandu
— Il s'est laissé tenter par le trésor du dragon... j'explique aux autres autour de moi. Il n'a pas compris ce qui lui arrivait...
— Tout le monde sait que les trésors de dragons sont protégés par des sorts, réplique Caspian.
Eustache lui lance un regard mauvais.
— Enfin, tout le monde... à Narnia, rectifie-t-il.
— Ta patte te fait mal ? je demande alors, observant le dragon racler son poignet contre le sol.
— C'est le bracelet que j'ai enfilé avant de me transformer, je n'arrive pas à l'enlever, et ça me brûle... me répond-t-il, penaud.
— Ne bouge plus, je vais te le retirer... dis-je en m'approchant.
Je tends mes mains vers sa patte droite, celle qui porte le bracelet. Je lui retire le bijou en or qui semble être la cause de tous ses malheurs, et Eustache pousse un rugissement de douleur.
— Ça va ?
— Mieux... merci.
— Je t'en prie.
— Attends, Aby... m'interpelle Edmund. Y'a quelque chose que je comprends pas. Comment est-ce que tu peux le comprendre ?
— J'en sais rien... je soupire. Personne d'autre ne réussit à le comprendre ?
— Non, bien sûr que non... Tout ce qu'on entend, c'est des grognements, ce qui ne change pas vraiment du Eustache de d'habitude...
Tout le monde hoche la tête. Je porte ma main à mon cou. Mon médaillon s'est mit à chauffer.
— Eh bien, Aslan a plus d'un tour dans son sac... je murmure pour moi-même. Désolée Eustache, mais si je suis la seule à pouvoir t'entendre, on va devoir communiquer toi et moi.
— Tout, du moment que vous m'aidez à reprendre ma forme normale !
— Oui, nous allons t'aider... Il y a un moyen pour qu'il redevienne comme avant ? je demande aux autres.
— Pas que je sache, lui répond Caspian.
Edmund grimace.
— Tante Alberta risque de ne pas aimer, dit-il alors.
Eustache grogne.
— Je suis navré de vous avoir blessé... lui dit alors Ripitchip. Il m'arrive d'être parfois un peu trop... zélé.
Eustache lève les yeux vers lui sans répondre.
— Les chaloupes sont prêtes, Sire ! prévient alors Tavros.
— On ne peut pas l'abandonner, réplique Lucy.
— On ne peut pas le faire monter à bord, Majesté, lui répond le capitaine.
— Drinian, interpelle Caspian. Vous et les autres, prenez une chaloupe et retournez à bord. Nous resterons ici jusqu'au matin pour... trouver une solution.
— Mais vous n'avez pas de provisions ! Et aucun moyen de vous réchauffer, Majesté, réplique Rhince.
Eustache fait alors jaillir une flamme de sa gueule, carbonisant une branche de bois sec qui se trouvait là.
— Vous disiez ? fait Ripitchip.
Je souris.
— Bien joué, Eustache, dis-je avec un clin d'œil.
Il me sourit.
La nuit tombe rapidement. Grâce à Eustache, le feu reste allumé en permanence. Je m'allonge à côté de Lucy, observant les étoiles. Edmund et Caspian sont derrière moi.
— Je n'avais encore jamais vu ces constellations, fait remarquer Edmund.
— Moi non plus, lui répond Caspian. Nous sommes loin de chez nous... Quand j'étais petit, je m'imaginais naviguant jusqu'au bout du monde. Et j'y retrouvais mon père.
Je ressens soudain un profonde tristesse. Je vois en Caspian le petit garçon qu'il était, et ça me fait uniquement me rappeler que je ne le connais que très peu. Je reste silencieuse et me tourne sur le côté.
— On ne sait jamais, dit alors Edmund.
Je ferme les yeux. Mon sommeil reste léger, et quelques heures plus tard, je suis réveillée par une voix que je reconnais assez vite. C'est Ripitchip, parlant à Eustache. Il lui conte quelques unes de ses aventures. J'écoute leur conversation d'une oreille distraite. Les récits de la souris m'aident à m'endormir facilement.
Le jour est à peine levé lorsque je suis réveillée de nouveau, plus brusquement. C'est la voix enjouée de Lucy qui me tire de mon sommeil.
— Réveillez-vous ! Cest l'étoile bleue ! L'étoile bleue est là !
Je me redresse et jette un œil dans la direction qu'elle pointe du doigt. En effet, un point brillant fend la brume, envoyant sa lumière bleue jusqu'à nous.
— Il faut vite repartir, avant qu'elle ne disparaisse de nouveau ! lance Caspian.
Aussitôt, nous nous mettons tous debout et nous hâtons de lever le camp. Avec la barque, nous revenons à bord du Passeur d'Aurore. On lève l'ancre quelques minutes plus tard.
Eustache vole à nos côtés. Je l'entends discuter avec Ripitchip, bien que la souris ne puisse pas le comprendre. Malheureusement, après presque trois heures, le soleil est bien haut dans le ciel et le vent retombe. Les voiles ne sont plus d'aucune utilité, et les marins sont obligés de descendre aux cales pour user des rames.
— Comment gagner l'île de Ramandu dans ces conditions ? demande alors Edmund.
— J'ai le sentiment que quelque chose cherche à nous en empêcher, répond Drinian.
Sur le pont, les marins s'agitent. Il n'y a plus de nourriture à bord, presque plus d'eau, et la chaleur n'arrange rien. Certains d'entre eux lancent des regards noirs à Eustache, qui vole près de nous.
— ... je le dévorerais, ce dragon ! lance un des marins avec hargne.
— C'est hors de question ! je rétorque immédiatement.
Drinian tourne son regard vers moi. Je croise les bras.
— Si on ne touche pas terre avant ce soir, ils vont vraiment le manger ce drag-
Sa phrase est coupée par une chute collective. En effet, le bateau vient de subir une violente secousse et nous sommes tous tombés à la renverse. Caspian m'aide à me relever et je me précipite vers la balustrade, cherchant ce qui a bien pu causer cet ébranlement.
— Eustache ! T'es le meilleur ! lance alors Edmund.
Je lève les yeux, avant d'apercevoir le dragon, la queue enroulée autour de la proue, tirant le bateau de toutes ses forces. Je pousse un cri de joie et me mets à applaudir, rapidement suivie par tout l'équipage.
— En avant toute ! s'écrie Ripitchip.
Pendant toutes les heures qui suivent, je reste sur le pont, guettant l'étoile bleue. Nous ne perdons pas notre cap et bientôt, une île se dessine à l'horizon.
— Je crois que nous sommes arrivés, je glisse à Drinian qui a prit la barre.
Il me jette un regard et esquisse un sourire.
Une fois que nous sommes assez proches, nous empruntons les barques pour accoster sur l'île. Il fait presque nuit. Edmund prend la tête avec sa lampe torche pour nous guider. Je reste agrippée au bras de Caspian. L'endroit n'est vraiment pas rassurant. De drôles de statues entourent le chemin principal qui nous conduit à une arche de pierre. Derrière celle-ci, on peut apercevoir une table garnie. Je reste stupéfaite. De nombreux mets y sont posés, ainsi que des assiettes et des couverts. Je m'approche avec curiosité.
— Oh, à manger... s'extasie Tavros, prêt à se jeter sur le buffet.
— Attends, l'arrête Drinian.
Je continue mon chemin derrière Caspian, les mains sur la garde de mes poignards. Au bout de la table, j'aperçois un enchevêtrement de lianes. Lorsqu'Edmund dirige sa lampe dessus, je peux également distinguer des silhouettes humaines. Je sursaute et dégaine mes armes, rapidement suivie par les autres. Edmund et Caspian s'approchent chacun de leur côté. Je reste en arrière, légèrement méfiante. Caspian se penche par-dessus la table et observe les bagues que les trois silhouettes ont au doigt.
— Le Seigneur Revilian... Le Seigneur Mavramorn... Et le Seigneur Argoz. Ils respirent ! remarque Caspian.
— Que leur est-il arrivé ? je demande.
— Ils sont peut-être envoûtés, répond Edmund.
Nous échangeons un regard.
— La nourriture, ne la touchez pas ! réagit immédiatement Caspian.
Tavros lâche la pomme qu'il s'apprêtait à croquer.
— Regardez... Le couteau ! C'est la table d'Aslan ! s'exclame Edmund.
Je m'approche pour voir ce dont il parle.
— Alors il faut poser les épées !
— Les leurs sont là ! dit Caspian en dégainant les armes des trois seigneurs endormis.
Nous nous empressons de poser les épées au milieu de la table.
— Ça en fait six, dit Edmund.
— Il ne nous en manque plus qu'une.
Soudain, une lumière bleue se met à émaner des lames. L'étoile de Ramandu brille plus fort au-dessus de nos têtes. Elle descend progressivement, jusqu'à apparaître devant nous. Elle prend alors la forme d'une femme à la longue robe aussi blanche que ses cheveux. Elle projette des reflets bleutés tout autour d'elle. Je reste fascinée par ce spectacle.
— Voyageurs de Narnia, bienvenue, dit-elle d'une voix douce.
Nous restons tous bouche-bée et les marins posent un genou à terre. Je suis bien trop abasourdie pour faire un seul geste.
— Relevez-vous... dit l'étoile. N'avez-vous pas faim ?
— Qui êtes vous ? lui demande Edmund.
— Je suis Lilliandil. La fille de Ramandu, explique-t-elle en s'approchant de nous. Je suis votre guide.
— Vous êtes une étoile ? questionne Caspian.
Lilliandil hoche la tête.
— Vous êtes magnifique !! je m'exclame aussitôt.
Elle m'offre un léger sourire et me remercie en hochant la tête. Je sens Caspian me regarder du coin de l'œil mais je ne peux éloigner mon regard de Lilliandil, tant elle est belle.
— Ce festin est pour vous, reprend-t-elle. Il y a assez pour tous ceux qui sont les bienvenus à la Table d'Aslan, toujours. Je vous en prie, servez-vous !
— Attendez ! Que leur est-il arrivé ? demande Edmund en désignant les trois seigneurs.
— Les malheureux étaient à moitié fous quand ils ont abordés nos rivages. Ils ont usé de violence les uns envers les autres, et la violence est proscrite à la Table d'Aslan. Il ont été plongés dans le sommeil.
— Vont-ils se réveiller un jour ? demande Lucy.
— Quand tout sera accompli, assure Lilliandil avec un sourire. Venez. Il reste peu de temps...
Elle se retourne et se dirige vers un chemin à travers la forêt. Je m'empresse de la suivre. Caspian, Lucy et Edmund font de même derrière moi. La lumière de l'étoile nous conduit jusque sur une corniche, aux abords de l'île. Je vérifie que mes compagnons sont toujours derrière moi et accélère le pas pour la rejoindre.
— Coriakin le Magicien vous a-t-il parlé de l'île Obscure ? nous demande-t-elle.
— Oui, je réponds en venant me placer à ses côtés.
En face de nous, un amas de fumée noire et de lumière verte apparaît. J'en ai des frissons d'horreur.
— Est-ce celle-la, là-bas ?
Lilliandil hoche doucement la tête.
— D'ici peu, rien ne pourra plus arrêter le mal.
— Et pour rompre l'enchantement il faut déposer les épées sur la Table d'Aslan ? fait Caspian.
— Oui, les sept épées.
— Mais on en a trouvé que six... Vous savez où est la septième ? questionne Edmund.
— Là-bas, indique Lilliandil en désignant l'île Obscure du doigt.
— Étrangement, je m'y attendais... je marmonne.
— Il va vous falloir un grand courage, nous dit-elle en se tournant vers nous. Ne perdez plus de temps.
— Merci, dis-je alors.
— C'est moi qui vous remercie, Abigail. Grâce à vous tous, le bien gagnera de nouveau.
— Vous connaissez mon nom ?
Elle hoche la tête, un léger sourire aux lèvres.
— Aslan a foi en vous depuis le début, dit-elle en prenant mon médaillon entre ses doigts.
J'esquisse un sourire ému et pose ma main sur la sienne. Ses doigts traversent les miens, et une douce chaleur les entoure.
— Adieu, dit-elle avant de reprendre sa forme d'étoile bleue.
Sa main quitte la mienne, et la sensation de chaleur aussi. Je regarde la paume de ma main dans laquelle repose mon médaillon, avant de le ranger derrière ma chemise. Je reporte mon regard sur l'île Obscure. Edmund et Lucy reviennent vers le banquet. Caspian reste et vient prendre timidement ma main.
— Alors... dois-je comprendre que je dois être jaloux des femmes également ? me demande-t-il doucement.
Je me tourne vers lui avec un sourire amusé.
— Aurais-tu oublié le nom que l'on m'a donné lors de mon couronnement ? Tu n'as pas besoin d'être jaloux de qui que ce soit, mon amour. Disons simplement que... je sais apprécier la beauté chez les gens. Même chez les étoiles. Lilliandil a beau être magnifique, elle n'est pas toi. Et je n'aime que toi, assuré-je en prenant son visage entre mes mains.
Son air penaud se transforme en sourire rayonnant. Il attrape ma taille et m'embrasse tendrement.
— Continue de m'appeler mon amour, j'aime beaucoup, me mumure-t-il à l'oreille.
— J'ai dis ça, moi ? Tu dois te tromper, le taquiné-je en l'enlaçant, posant ma tête sur son épaule.
— Oh si, tu l'as dis... assure Caspian en m'entourant de ses bras.
Je pouffe et ferme les yeux, me blottissant un peu plus contre lui.
bon bah en fait je peux vous poster le chapitre du samedi huhu
j'ai l'impression que cette semaine était interminable mais bon
j'espère que ce chapitre vous a plu 💙
j'ai grave switché Caspian avec Aby par rapport à Lilliandil, déjà parce que je voyais mal Caspian draguer une étoile sous le nez de Aby alors qu'il est fou amoureux d'elle, pis je trouvais ça drôle que ce soit Aby hehe
je vous embrasse 💙 à bientôt !
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