viii. Chez les Castors
Après avoir fini de manger, Mme Castor nous sert à chacun une tasse de thé.
— Maintenant, dites-nous, s'il vous plaît, ce qui est arrivé à Mr Tumnus, fait Lucy.
— Et... ce qu'on peut faire pour l'aider ? questionne Peter.
— Ils l'ont emmené dans la maison de la sorcière... explique Mr Castor. Et vous savez ce qu'on dit... Les gens en ressortent rarement vivants.
— Mais il y a encore de l'espoir, très chère, rassure Mme Castor en voyant l'air horrifié de Lucy. Beaucoup d'espoir.
— Il y a même plus que de l'espoir ! s'exclame Mr Castor. Aslan...
Il se tait, jette des coups d'œil autour de lui et reprend à voix basse :
— Aslan est en chemin.
J'entends Edmund s'approcher derrière moi.
— Qui, euh... je commence. Qui est Aslan ?
Mr Castor éclate de rire. J'hausse les sourcils, surprise. Mme Castor lui tapote doucement l'épaule et lui désigne nos visages sérieux et intrigués. Il reprend contenance, très surpris par notre manque de réaction.
— Vous ne connaissez pas Aslan ??
— Nous ne sommes là que depuis très peu de temps... dédouane Peter.
— Il n'est que le Roi de ces bois, nous dit Mr Castor comme une évidence. Le grand Souverain. Le véritable Roi de Narnia.
— Il a été absent pendant très longtemps, explique Mme Castor.
— Mais il est de retour ! Et il vous attend à la Table de Pierre !
— Vous dites qu'il nous attend ? questionne Lucy.
— Mais de qui se moquent-ils ?! s'exclame Mr Castor, me faisant hausser un sourcil. Ils n'ont même pas entendu parler de la Prophétie !
— Eh bien, dans ce cas, explique-leur ! l'encourage Mme Castor.
— Écoutez moi bien : le grand retour d'Aslan ; l'arrestation de Tumnus ; la police secrète ! C'est vous qui provoquez tout ça !
— Est-ce que ce sont... des reproches ? s'inquiète Susan.
— Non, non, nous ne vous reprochons rien : nous vous remercions, dit Mme Castor.
— Il existe une Prophétie, commence Mr Castor en voyant nos airs déconcertés. Lorsque la chair d'Adam et les os d'Adam siégeront sur le trône de Cair Paravel, le temps des malheurs sera à jamais révolu.
— Entre nous, ça ne rime pas vraiment, rit doucement Susan.
Je faillis lui demander de se taire tant j'étais fascinée par le récit.
— Mais non et alors ? Est-ce vraiment là l'essentiel ?? s'emporte Mr Castor.
— Il a été prédit pendant longtemps que deux fils d'Adam et trois filles d'Ève viendraient vaincre la Sorcière Blanche pour ramener la paix à Narnia.
Une chaleur agréable se répend dans mon corps alors que j'entends l'énoncé de la Prophétie. Nous ne sommes pas là pour rien.
— Et vous croyez que nous sommes ces personnes ? demande Peter, apparemment peu convaincu.
— Il vaudrait mieux ! Aslan est en train de rassembler votre armée !
— Notre armée ?? s'étonne Lucy.
Susan se tourne immédiatement vers Peter.
— C'est pour que nous échappions à la guerre que Maman nous a envoyé ici !
— Je crois que vous vous méprenez... contredit Peter en regardant les Castors. Nous ne sommes pas des héros.
— Nous venons de Finchley ! ajoute Susan comme si cela pouvait changer quelque chose.
— Nous ne sommes pas ici parce que nous sommes des héros, mais pour en devenir ! je m'exclame. Quand bien même cette Prophétie ne parle pas de nous — et n'allez pas me faire croire que c'est le cas — nous sommes ici désormais et tout ceci nous concerne !
— Cela ne nous a jamais concerné et cela ne nous concernera jamais ! réplique Peter.
— Vous ne pouvez pas être moins rationnels, parfois ? Si vous lisiez plus de livres, vous seriez d'accord avec moi. Avec les livres, j'ai appris que rien n'était impossible. Alors je n'abandonnerais pas ces pauvres créatures à un triste sort. Même si cela signifie que je dois être seule.
— Enfin une qui fait preuve d'un minimum de bon sens ! dit Mr Castor avec un air soulagé.
— Du bon sens ? fait Susan avec les sourcils froncés. Je ne crois pas-
— Susan, attends ! la coupe Peter. Où est Edmund ?
Susan se tourne vers Peter, interloquée. Ce dernier contracte sa mâchoire.
— Je vais le tuer... marmonne-t-il.
— Ce ne sera peut-être pas nécessaire... dit Mr Castor d'une voix grave. Edmund est-il déjà venu à Narnia, auparavant ?
— Oui, je réponds en même temps que Lucy.
— Vous a-t-il raconté ce qu'il avait fait et qui il avait rencontré ?
J'échange un regard avec Lucy.
— Non, je finis par répondre, la voix étranglée.
— Je pense malheureusement savoir où il s'est rendu.
— Où ça ? demande Peter. Dites-le nous ! Il faut aller le chercher.
— Il nous a trahis, annonce Mr Castor. Il est allé chez elle, chez la Sorcière Blanche. Il l'a rencontré la première fois où il est venu ici, il s'est rangé de son côté et a appris où il vivait. Je ne voulais pas vous l'annoncer plutôt, puisqu'il est votre frère, mais dès que j'ai posé mes yeux sur lui, j'ai tout de suite vu qu'il avait déjà rencontré la sorcière. Il a probablement même mangé sa nourriture. Cela peut se déceler dans son regard, lorsqu'on a vécu longtemps à Narnia. Il y a quelque chose de spécial dans leurs yeux.
— Mais... M-Mais Edmund n'aurait pas pu faire ça ! fait Peter.
— Je crains fort que si, acquiesce tristement Mr Castor.
D'un côté, cela ne m'étonne pas spécialement d'Edmund. Mais je n'aurais jamais pensé qu'il ose le faire. Faire confiance à une Sorcière...
— Tout de même... Il est notre frère. Nous devons aller le chercher ! Ce n'est qu'un enfant...
— Aller dans la maison de la sorcière ? questionne Mme Castor. Ne comprenez-vous pas que la seule chance de le sauver, et de vous sauver par la même occasion, c'est de vous tenir éloignés d'elle ?
— Pourquoi ? demande Lucy.
— Il est hors de question de rester les bras croisés sans rien faire ! rétorque Susan.
— Ce qu'elle désire, c'est vous attirer tous les cinq chez elle ! Elle pense sans cesse aux cinq trônes de Cair Paravel. Une fois que vous serez tous chez elle, sa tâche sera accomplie et elle pourra se débarrasser de vous en bonne et due forme. Mais, elle gardera Edmund aussi longtemps qu'il le faudra. Jusqu'à ce que vous arriviez. Elle s'en sert comme d'un appât. Un appât pour vous attraper.
— Et personne ne peut nous venir en aide ? je demande.
— Aslan est le seul qui puisse. Il est notre seule chance, désormais.
— Néanmoins, il est très important de savoir s'il était là lorsque nous avons parlé d'Aslan, fait remarquer Mme Castor. Si c'est non, alors la Sorcière ne saura pas qu'Aslan est venu à Narnia, ou que nous allons le rencontrer et elle ne s'en méfiera pas...
— Je ne me rappelle pas qu'il ait été là à ce moment, dit Peter.
— Si, je contredis. Il était là.
— En es-tu sûre, ma chère ?
— J'en mettrais ma main à couper.
Mme Castor fait la moue.
— Alors... Était-il ici lorsque je vous ai révélé qu'Aslan vous attendait à la Table de Pierre ? questionna Mr Castor.
— Je ne saurais répondre... je soupire. J'espère seulement que non.
— S'il était là, il suffira à la Sorcière de partir en traîneau dans cette direction et de se poster entre nous et la Table de Pierre. Mais, la connaissant, dès qu'elle saura que nous sommes ici, elle se mettra en route pour nous attraper cette nuit-même. Si Edmund est parti il y a une demi-heure environ, alors elle sera là d'ici une vingtaine de minutes...
— Tu as raison, Castor. Il n'y a pas une seconde à perdre. Nous devons partir d'ici !
J'espère que ce chapitre vous a plu 😁 n'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé !! Je vous embrasse fort, à bientôt 💙
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