iii. Sauvetage
Après m'avoir trouvé des bottes, Caspian me fait visiter le bateau de fond en combles. Il m'a également montré ma chambre, qui est en réalité la sienne. Il a sacrifié son lit et m'assure que ça ne le dérange pas d'aller dormir en bas avec ses hommes. Je me suis retenue de lui dire qu'il aurait pu rester avec moi. C'est peut-être un peu trop tôt.
Je ne suis jamais montée sur un bateau auparavant, alors j'ai appris énormément de choses grâce à lui.
Ensuite, il m'a présenté l'équipage. Drinian, le Capitaine, celui qui m'a repêché de l'eau. Je l'ai grandement remercié. Il m'a l'air d'être un homme très juste, et très gentil, sous son air sévère. Ensuite, il y a Tavros, le Minotaure, le second du capitaine. Évidemment, il ne m'a pas présenté tous les hommes un par un, mais je suis heureuse d'être si bien accueillie à bord.
Avec sa voile pourpre et sa proue en forme de dragon, il n'est pas étonnant que le Passeur d'Aurore fasse partie intégrante de Narnia. J'ai d'ailleurs fait remarquer à Caspian que je trouvais son nom très poétique.
Puis, en est venue la question fatidique : comment se fait-il que j'ai atterri ici ? Et toute seule, en plus de ça. Peter et Susan ne sont plus censés revenir, mais où sont Edmund et Lucy ? J'ai retourné toutes ces questions dans mon cerveau sans y trouver de réponses. Et si Aslan, devinant que j'étais enfin prête, était celui qui m'avait ramené ici, pour que je sois auprès de celui que j'aime ? Et si en fait, les deux Pevensie n'avaient plus besoin de revenir et que tout ceci était l'épilogue ?
Finalement, je n'ai pas eu besoin d'attendre longtemps pour éclaircir mes pensées. En fin d'après-midi, alors que le soleil commence déjà à descendre, j'entends l'un des marins crier :
— Un homme à la mer !!
Je me précipite vers le bastingage. En effet, j'aperçois trois silhouettes en train de nager pour essayer d'éviter la trajectoire.
— Deux fois en une journée, c'est tout sauf banal, grogne Drinian avant de plonger par-dessus bord.
Caspian ne tarde pas à sauter aussi, suivi par le marin qui les a prévenu. Je suis leur progression des yeux. Ce n'est que lorsqu'ils reviennent près du bateau que les visages des naufragés m'apparaissent comme familiers. Les yeux écarquillés de joie, je me dépêche d'aller chercher des serviettes.
La première à remonter est Lucy, soutenue par Caspian. Son visage s'illumine lorsqu'elle m'aperçoit.
— Aby !!
Je lui fais un immense sourire et l'enveloppe dans une serviette, avant de la serrer contre moi.
— Je suis si heureuse de te voir, lui dis-je.
— Et moi donc ! Quelle joie d'être revenue !
Caspian s'approche. Je lui donne une serviette également. Il me remercie d'un baiser sur la tempe. Il paraît essoufflé, et je ne parviens pas à savoir si c'est de joie ou du fait d'avoir nagé.
Lorsqu'Edmund débarque à bord, je m'empresse de venir à sa rencontre pour lui tendre une troisième serviette. Ses sourcils se froncent et il affiche un air interloqué.
— Aby ?! Qu'est-ce que tu fais là ?
— Quoi, tu n'es pas content de me voir ? le taquiné-je.
— Si, bien sûr ! Mais...
— Alors viens là, on posera les questions plus tard.
Je l'attire en une courte étreinte pleine d'émotion.
— C'est bon de te retrouver, me dit-il.
Je lui fais un sourire éclatant. Caspian s'approche de nous, et enlace Edmund à son tour.
— Quelle joie de vous revoir ! lui dit mon ami.
— Pour moi aussi, répond Caspian.
— Ce n'est pas vous qui nous avez fait venir ? demande Lucy, intriguée.
— Non, ce n'est pas moi, répond-t-il. La même question s'est posée pour Aby.
— Il semblerait que c'est une force supérieure qui a exigé notre retour, cette fois, dis-je.
Ça ne pouvait être que lui. Aslan.
— Quelle qu'en soit la raison, je suis heureux d'être ici, nous confie Edmund.
Soudain, un cri déchirant retentit, me donnant la chair de poule. Je me tourne vivement vers la source du bruit, qui n'est autre qu'un petit garçon blond qui se tortille sur le sol, Ripitchip sur sa poitrine. Je reste estomaquée devant cette scène surréaliste.
— DÉBARASSEZ-MOI DE CETTE CHOSE ! DÉBARASSEZ-MOI DE CE MONSTRE !!
Soudain, Ripitchip est envoyé valdinguer plus loin. Il se relève sans une plainte, mais jette un regard courroucé au garçonnet.
— Ripitchip ! s'exclame Lucy avec un sourire.
— Oh, vos Majestés... fait-il en se penchant solennellement.
— Bonjour, Rip ! lance Edmund. Ça fait plaisir.
— Tout le plaisir est pour moi, Altesse... Mais avant toute chose, quelles sont vos intentions concernant ce... cet intrus incontrôlable ? demande-t-il en désignant le jeune garçon, en train de cracher ses poumons un peu plus loin.
— Ce rat géant a essayé de me lacérer la figure !! s'écrie alors le fameux "intrus incontrôlable", pointant du doigt notre ami rongeur.
— Je voulais seulement expulser l'eau de vos poumons, rien d'autre, réplique Ripitchip.
Le garçon se relève d'un bond et s'appuie contre le bastingage.
— Il... Il a parlé ! s'étonne-t-il. Vous... Vous avez entendu ?! Il a dit quelque chose !!
— Il parle tout le temps, répond un marin.
— C'est plutôt le faire taire qui relève du miracle, renchérit Caspian, les bras croisés contre son torse.
Nous nous esclaffons tous comme un seul homme.
— Si d'aventure il n'y a rien à dire, Votre Grandeur, je vous promets de ne rien faire, assure Ripitchip.
— JE VEUX SAVOIR CE QU'EST CETTE MONSTRUEUSE FARCE !! hurle le garçonnet. JE VEUX ME RÉVEILLER, LÀ, MAINTENANT !!
— On devrait peut-être le remettre à l'eau ? suggère Rip.
Oh, bonne idée. J'ai déjà la migraine à cause de ses braillements. Edmund semble penser la même chose que moi, car Lucy le rappelle à l'ordre avec un coup de coude.
— J'EXIGE DE SAVOIR OÙ JE SUIS, TOUT DE SUITE !! reprend le blondinet, sa voix vrillant dans les aigus.
— À bord du Passeur d'Aurore, le plus prestigieux vaisseau de la flotte de Narnia, lui répond Tavros.
Sa phrase est suivie d'un bruit sourd. Le garçon s'est évanoui. Je me précipite auprès de lui.
— Bah quoi, qu'est-ce que j'ai dit ? demande Tavros.
— Rien du tout, je pense qu'il est simplement sous le choc, assuré-je. Peux-tu l'amener dans une chambre ? Je viendrais m'occuper de lui plus tard.
— Tout de suite, Majesté.
Tavros s'occupe donc de ramasser le garçon inconscient, et le porte jusqu'à l'intérieur des quartiers.
Je reviens alors vers mes amis. Caspian a grimpé quelques marches de l'escalier.
— Matelots, cette journée doit rester dans votre mémoire ! Après la Reine Aby, je vous demande de saluer Edmund le Juste, et Lucy la Vaillante. Grands Rois et Reines de Narnia.
Comme pour moi, l'équipage s'incline devant eux. Je fais de même, posant un genou au sol avec les autres. En me relevant, je leur adresse un clin d'œil. Ensuite, je m'approche d'eux et les entraîne dans une grande étreinte.
Après ça, Caspian s'empresse de les amener jusqu'à la garde-robe, où il leur déniche des vêtements à peu près de leur taille. Nous les laissons se changer tranquillement, et remontons jusqu'à la chambre de Caspian. Il retire sa chemise trempée et va chercher d'autres vêtements dans son armoire tandis que je m'asseois sur le lit.
— Je pensais installer Lucy avec toi, ça ne t'ennuie pas ? me demande-t-il.
— Absolument pas ! Je pensais à la même chose.
— Je descendrais mes affaires également, comme ça je ne vous dérangerais pas.
— Oh, ce n'est pas la peine. Nous ne serons ici que pour dormir, dis-je en haussant les épaules.
— Comme tu voudras, répond-t-il en enfilant une chemise propre, agrémenté d'un gilet sans manche, pourpre.
Il disparaît ensuite derrière le paravent pour changer de pantalon. Lorsqu'il en ressort, il s'approche de moi. Je me relève et viens poser mes mains sur sa taille. Il dépose un baiser sur mon front.
— Tu sais, je n'ai jamais douté de toi, lui dis-je en me blottissant contre son torse. J'ai toujours su que tu serais un merveilleux roi.
— Et c'est grâce à toi si j'en suis là aujourd'hui...
Je relève mon visage vers lui, plongeant mes yeux dans les siens.
— Merci d'avoir cru en moi, me dit-il du bout des lèvres.
Avec un sourire, je me dresse sur la pointe des pieds pour l'embrasser tendrement.
J'ai l'impression d'être une guimauve, tant je suis niaise. Je crois que je comprends Maggie, maintenant. Elle me dit toujours que l'amour fait des ravages. Elle a raison. Mon cœur et mon cerveau sont complètement ramollis en présence de Caspian. Mais c'est une sensation de bonheur intense, et je compte bien en profiter.
j'espère que ce chapitre vous a plu hehee, c'est la réunion de famille enfin :)
il était pas très long mais je le trouve chouu
merci beaucoup pour les 14k c'est énorme 💙
je vous embrasse 😘
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