ii. Retour
Cela fait presque une heure que je suis allongée dans l'herbe. La brise fait voler quelques mèches de mes cheveux dans mon visage. Je n'y prête pas attention, les yeux rivés vers le ciel. Je me réconforte en me disant que les Pevensie voient le même que moi. Ce qui m'attriste cependant, c'est qu'il doit être différent pour Caspian. Je ne peux même pas savoir ce qu'il fait en ce moment-même, et ça me torture.
Cela fait un an que j'ai quitté Narnia pour ce qui semblait être la dernière fois, et la seule personne qui hante mes pensées me manque atrocement. Je me sens seule, loin des gens que j'aime, loin du monde que j'aime. Ou devrais-je dire "que j'aimais" ? Si je ne dois plus retourner à Narnia il vaut mieux que je commence à m'habituer à en parler au passé.
Un larme coule le long de ma tempe. Je ferme les yeux. Le vent se fait de plus en plus fort. Soudain, j'entends l'eau remuer à la surface du lac. Je me redresse, les sourcils froncés et regarde autour de moi. Il n'y a personne. Intriguée, je m'approche doucement du bord. Je vois l'eau remuer violemment, comme si on la faisait bouillir. En me penchant un peu plus, je parviens à apercevoir mon reflet au milieu de tous ces remous. Quelque chose scintille au fond de l'eau. Je me penche encore plus, mon nez touchant presque la surface. C'est avec stupéfaction que je découvre que ce que je vois briller, c'est le médaillon que j'ai donné à Caspian avant de le quitter. Comment s'est-il retrouvé là ??
Je plonge mon bras dans l'eau agitée, souhaitant à tout prix le récupérer. Alors que mes doigts se renferment dessus, mon nez touche la surface du bassin et je me sens basculer en avant. Je plonge entièrement dans l'eau glacée.
Au lieu de toucher le fond, je m'enfonce dans l'eau. Je me mets à paniquer, serrant le médaillon dans mon poing. L'eau se met à remuer de plus en plus fort. Une espèce de cyclone sous-marin se forme autour de moi. L'air contenu dans mes poumons se fait plus rare, je commence à étouffer. Je tente du mieux que je peux de nager vers la surface, mais mes mouvements ne sont pas assez puissants. Au bout d'un certain moment, je me laisse emporter par le courant, trop faible pour continuer.
C'est alors que je me sens propulsée vers la surface. Je remplis mes poumons d'air et ouvre les yeux. Je ne suis plus dans le parc. Je suis au milieu d'une gigantesque étendue d'eau salée, qui s'étend à des kilomètres tout autour de moi.
De l'eau salée ?? Comment ai-je fait pour me retrouver au milieu de l'océan ? C'est impossible...
Alors que je tente de reprendre ma respiration sans paniquer, je sens une drôle d'agitation derrière moi. Battant constamment des pieds, je me retourne. J'écarquille les yeux de stupeur. Devant moi se dresse un gigantesque bateau, dont la proue représente un dragon avec la gueule ouverte... et il fonce droit sur moi.
Paniquée, je me mets à nager sur la gauche du bateau pour l'éviter. J'essaie en même temps d'agiter les bras et de hurler de toutes mes forces pour que l'on me remarque. Je vois certains hommes se pencher par-dessus le garde-corps.
— EH OOH ! je m'écrie, essoufflée.
Après plusieurs secondes qui me paraissent une éternité, un homme se décide enfin à plonger. Il nage vers moi avec la rapidité d'un dauphin. Je tente de rester à la surface, mais mes battements de jambes se font de plus en plus faibles. Sans un mot, l'homme passe un bras autour de ma taille et me ramène vers le bateau. Il me fait grimper sur une sorte de nacelle qui est remontée par d'autres marins. Je me retrouve rapidement sur le pont du bateau.
— Qu'on lui apporte une couverture ! hurle l'homme qui vient de me sauver.
L'ordre est immédiatement exécuté, et je me retrouve avec une épaisse couverture sur les épaules.
— M- Merci, dis-je en claquant des dents.
— Qui êtes-vous ? me demande mon sauveur d'un air suspicieux. Que faites-vous au beau milieu de l'océan ? Êtes-vous une nymphe, ou quelque chose comme ça ?
— Je m- m'appelle Abigail, je réponds. Et non, je suis une fille, tout ce qu'il y a de plus normal...
— Comment est-ce qu'une fille d'Ève comme vous s'est donc retrouvée à se noyer, seule, dans l'océan ?
— Je me serais fait un plaisir de vous l'expliquer, si... Attendez, vous avez bien dit fille d'Ève ??
L'homme me regarde, sourcils froncés.
— Mon Dieu, faites que ce ne soit pas un rêve... je murmure en me pinçant le bras, m'arrachant une grimace. Ce n'est pas un rêve, je suis réellement de retour !! je m'écrie en sautant de joie. Oh merci, merci, merci...
— Qu'est-ce qui se passe, Drinian ? demande une voix lointaine.
Je lève les yeux. Mon cœur s'accélère lorsque je me rends compte que je reconnais cette voix. Soudain, il apparaît devant moi.
— Aby ? fait-il, interloqué. C'est vraiment toi ??
— Caspian !! je m'exclame, les larmes aux yeux.
Sans attendre une seconde de plus, je vais me jeter dans ses bras. Nous nous enlaçons longuement.
— Oh, Caspian, tu m'as tellement manqué ! je sanglote, profondément émue.
Il resserre son étreinte.
— Toi aussi... Mais qu'est-ce que tu fais là ? me demande-t-il, les yeux rougis.
— Je ne saurais pas l'expliquer... J'étais à Londres et... je suis tombée dans un bassin. Je me suis retrouvée ici, au beau milieu de la mer.
— Tu es arrivée ici parce que tu es tombée ? fait Caspian, un sourire malicieux au coin des lèvres.
— Ne commence pas à te moquer ! Je me suis penchée au-dessus de l'eau... pour récupérer ça, j'explique en ouvrant mon poing.
Caspian, voyant le médaillon, écarquille les yeux.
— Je croyais l'avoir perdu... souffle-t-il, ému.
Il plonge son regard dans le mien.
— Ça fait des semaines que je le cherche partout. Je pensais l'avoir fait tomber dans l'eau... Il est revenu à toi.
Je souris et tends le médaillon à Caspian. Celui-ci le refuse d'un geste de la main.
—Je préfère le voir à ton cou, me dit-il.
J'observe un moment le médaillon dans la paume de ma main, avant de le passer autour de ma tête. Je me sens revivre, comme si une nouvelle énergie s'éveillait en moi. Je reste interdite un moment, avant de relever les yeux vers Caspian. Je caresse doucement sa joue.
— Tu as changé, dis-je. Tu es beau comme un cœur.
— Toi aussi, tu es belle. Plus belle que jamais.
— Avec mes yeux rouges et mon nez qui coule ? Je demande à voir, le taquiné-je.
— Oh, ce n'est pas ce qui m'empêchera de faire ça...
Sans prévenir, il prend mon visage entre ses mains et dépose délicatement ses lèvres sur les miennes. Il m'offre le meilleur baiser de retrouvailles dont j'ai pu rêver. Après quoi, il m'enlace tendrement. Je suis enfin à ma place. Ici, à Narnia, et dans ses bras.
Après ce tendre baiser qui me remet de la joie au cœur pour les cent années à venir, Caspian passe un bras autour de mes épaules et se tourne vers l'équipage.
— Messieurs, je vous annonce avec un immense bonheur le retour de la Reine Abigail, la Fidèle !
Des acclamations de joie accueillent cette révélation. Certains d'entre eux posent le genoux à terre, et bientôt tous s'inclinent. Gênée, mais flattée, je me contente de sourire niaisement.
— Il me tardait de vous revoir, votre Majesté ! s'exclame une voix que je connais plutôt bien en sortant du rang.
— Ripitchip ! Quel plaisir de vous voir ici !
— Le plaisir est partagé, Altesse, me dit-il avec une courbette. Mais, entre nous, je n'ai jamais douté de votre retour parmi nous !
Je souris. Caspian me regarde, l'air heureux.
— Suis moi, dit-il. Même si ta robe est très jolie, elle n'est pas très adaptée à la vie sur un bateau. Je vais te prêter quelques unes de mes affaires, même si elles risquent d'être un peu grandes.
— Oh, peu importe, je suis tellement heureuse d'être ici que même un sac de pommes de terre serait parfait !
— Et tu sais quoi ? Tu serais quand même magnifique.
Je souris, touchée, et me blottis contre lui.
Il me conduit jusqu'à ses quartiers, où il me tend une pile de vêtements.
— Tiens, enfile ça.
Il me désigne un paravent derrière lequel je peux me cacher. Je m'y glisse et retire ma robe, que je lui donne en la faisant passer au-dessus.
— Comment ça se fait que tu es revenue ? me demande-t-il.
— Ce n'est pas toi qui m'a appelé ?
— Non, pas cette fois... Mais ce n'est pas pour me déplaire. Tu ne peux pas savoir depuis combien de temps j'attends ce moment...
Je me dresse sur la pointe des pieds et passe ma tête par-dessus le paravent.
— Depuis combien de temps ? je lui demande.
— Trois ans, fait-il en s'approchant de moi.
— Trois ans ?! Mais attends, ça veut dire que tu as vingt ans ? C'est pour ça que tu es aussi beau !
Caspian s'esclaffe et m'embrasse le front par-dessus le haut de ma cachette.
— Et moi qui désespérait de te retrouver, alors que ça fait trois ans que tu attends ! Il ne s'est écoulé qu'un an et demi, chez moi !
— Ça ne veut pas dire que je t'ai moins manqué, si ? demande-t-il malicieusement.
— Oh, si tu savais ! Tu as commencé à me manquer à l'instant même où je suis revenue chez moi, dis-je en sortant de derrière mon abri. Mais maintenant, je t'ai retrouvé...
Je m'avance vers lui, rentrant la chemise dans la ceinture du pantalon, avant de l'embrasser tendrement. Il me contemple de haut en bas avec ses yeux sombres.
— Je n'ai pas cessé de penser à toi, pendant ces trois ans. Et je n'ai pas cessé de t'aimer non plus.
— Et moi donc... Maintenant que je suis revenue, crois-moi quand je te dis que je compte plus te lâcher d'une semelle.
Il sourit doucement et prend mes mains, entrelaçant mes doigts dans les siens.
— Au fait, cette tenue te va à ravir.
— En plus, elle a ton odeur. C'est quand même mieux qu'un sac à patates, tu ne crois pas ?
— Oui, beaucoup mieux, pouffe-t-il.
J'observe mon reflet dans un miroir. Une chemise blanche avec des manches trop longues, et un large pantalon marron, tenu par une ceinture de cuir.
— Il ne te manque plus qu'une paire de bottes. Il doit en rester quelques-unes, trop petites pour mes hommes.
— Je te suis, mon Altesse. Dis donc, tu en as des choses à me raconter si ça fait trois ans que tu es roi !
— Oh, on fera ça plus tard si tu veux bien... Maintenant que j'ai retrouvé la femme que j'aime, je préfère profiter de sa présence plutôt que de lui raconter l'ennui des tâches royales.
Je ricane.
— Oh, tu exagères... Je suis sûre que tu t'amuses beaucoup.
Caspian hésite, puis se penche vers moi.
— Oui, c'est vrai, finit-il par dire sur le ton de la confidence. Mais ne le dis pas à Drinian. Je ne voudrais pas être retenu ailleurs maintenant que tu es là.
Nous rions tous les deux. Il me prend alors la main et m'entraîne à sa suite dans un escalier.
enfiiiin les retrouvailles hehe 💙
c'était sûr et certain que je postais ce chapitre aujourd'hui, je crois qu'on a assez attendu comme ça 😂
j'espère que ça vous a plu les loulous, personnellement je fonds d'amour devant mes deux bébés skskskks
le prochain chapitre arrive comme prévu samedi prochain :)
je vous embrasse 💙
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