Chapitre XXVII

Hello hello Loves❤️❤️❤️❤️ vous allez bien? Ça fait une éternité et vous m'avez manqué comme c'edt pas possible. Je suis vraiment désolée d'avoir mis autant de temps. La vérité c'est que malgré les nombreuses occupations que j'avais, j'était en panne d'inspiration. J'ai donc pris beaucoup de temps à écrire ce chapitre. J'espère que vous l'aimerez!

Bonne lecture!

L'atmosphère était légère. Enveloppés dans un cocon d'amour et de tendresse, nos deux amoureux discutaient. Émoustillés, dans les bras l'un de l'autre, leurs confidences se mêlaient à la musique douce, qui créait avec les lumières tamisées et les senteurs exquises douces et sauvages, un cadre romantique et idyllique.

-Tu n'as jamais pensé à chercher ta famille biologique ? Tu as peut-être des oncles, des tantes ou des cousins ? questionna Amalia en caressant les cheveux d'Evan.

-J'y pense très souvent. Ça fait partie de ma liste, dit-il avec un sourire en la regardant dans les yeux.

Amalia sourit aussi.

-Qu'est-ce qu'il y a d'autre sur ta liste ?

-Et bien, commença-t-il avec un sourire qu'il aurait voulu contrôler. Il n'y avait pas beaucoup de choses avant que tu entre dans ma vie. Je voulais rendre mon père fier en atteignant un niveau élevé dans l'Ordre et retrouver des membres de ma famille biologique.

-Quoi, c'est tout ?

-Oui, répondit-il en riant en voyant l'expression de son visage.

-Juste ça ! Tu me fais marcher ? Et qu'est-ce que tu aurais fait après les avoir accompli ?

-Je n'en sais rien, je n'y pensais pas vraiment. Je n'avais pas d'autres perspectives. C'est comme s'il y avait un mur devant moi qui m'empêchait de voir plus loin. C'est étrange, maintenant que j'y repense, c'était comme s'il n'y avait pas d'autres options. Un peu comme si j'étais condamné à une existence fade. Mais quand je t'ai rencontré, le mur a commencé à se briser petit à petit. Chaque brique et chaque petite pierre m'ont servi d'estrade pour m'élever un peu plus haut et me permettre de voir au-delà de mes limites. Je rêvais de passer mes mains dans tes cheveux, je voulais qu'on soit ensemble. Pour la première fois de ma vie j'ai remis l'Ordre en question. J'ai détesté les principes qui m'interdisaient d'être avec toi. J'ai désobéi, je me suis retourné contre tous ses principes, parce qu'il m'était impossible d'être loin de toi. Chaque jour ma liste s'agrandit un peu plus. Je rêve de faire de toi ma femme. Je rêve d'être le père de tes enfants. Je rêve d'être le mari que tu mérites, de te faire sourire chaque jour. Je rêve de trouver le moyen idéal pour te mettre en sécurité, pour que tu sois loin de la violence de nos deux mondes. Je rêve de t'offrir une maison en bord de mer, avec la basse cour que tu souhaites avoir. Je rêve d'être le seul homme de ta vie, je rêve de vieillir à tes côtés Amalia.

Amalia avait un sourire aux lèvres et les yeux vitreux.

-Je t'aime Evan.

-Je vous aime aussi future madame Spark's.

Un sourire vint étirer les lèvres de la jeune femme et un baiser vint les décorer d'amour mêlé à un sentiment de fierté. La fierté de se savoir aimé de cette façon.

-Juan m'a fait part d'une conversation de ton père. Apparemment, les gens de qui il te protèges ont découvert ton existence et exigent que ton père te marie à l'un des leurs pour enterrer la hache de guerre.

Amalia se redressa effrayée.

-Calme-toi estimada. On ne permettra pas que ça arrive ! Comme on en sait pas plus, j'ai pensé qu'il serait judicieux de planifier notre départ.

-Tu veux dire, tous les deux ? dit-elle en faisant passer son index d'elle à lui.

Evan hocha la tête souriant, vu l'expression choquée de sa compagne.

-Tu veux qu'on parte tous les deux ? Où ça ? s'enquit-elle excitée.

-Tu choisira et si on peut y être en sécurité après vérification, ça sera validé. Choisis deux ou trois destinations pour nous permettre d'avoir du choix, mais surtout d'autres alternatives au cas où il faut quitter notre asile. Avec Cody et Juan nous étudieront minutieusement tous les détails pour être sûr que tout se passe bien...

Amalia lui sauta dessus, euphorique.

-Doucement mon amour, tu risques de me briser une côte.

-Tu ne sais pas à quel point cette idée m'enchante. Je ne demande que ça mon amour, dit-elle avant de déposer un baiser sur ses lèvres. Je t'aime, je t'aime, je t'aime, dit-elle entre plusieurs baisers.

-Calme-toi, dit Evan en essayant de calmer son rire. Ecoute estimada. Il va falloir qu'on soit très prudent. Il ne faut éveiller aucun soupçon. On va devoir faire de faux papiers et modifier notre apparence. Ça peut nous prendre un peu de temps et nous devons profiter de ce temps pour être prêt le moment venu. Je dois aussi finaliser un projet avec mon père...

-Combien de temps ça peut nous prendre ?

-Déjà, il faut que tu me donnes les destinations. On fera le plus vite possible. Avec mon père, on aura fini dans un mois à peu près et je ne veux pas attendre une minute de plus.

-Un mois c'est beaucoup trop long.

-Je sais estimada, mais avec tout ce qu'il y a à faire c'est un minimum. Ça va passer très vite je te promet.

Son visage fut empreint d'une légère inquiétude.

-Quoi ? questionna Amalia en scrutant son visage.

-Tu as pris beaucoup de risques en venant ici et il se pourrait que tu doive le refaire pour certaines démarches liées aux documents par exemple...

-Je ferai ce qu'il faut. Ne t'inquiète pas.

-Je m'inquiète pour ta sécurité. Si quelque chose se passe mal, je...

-Tout va bien se passer. Je referai cette manœuvre s'il le faut, je ferai n'importe quoi rien que pour passer un moment comme celui-ci avec toi, dit-elle ses yeux dans les siens.

-Je ne me pardonnerai pas s'il t'arrivait quoi que ce soit. Je vais trouver un moyen de minimiser les risques.

Amalia hocha la tête en lui caressant le visage.

-Je te fais confiance Evan.

❤️

De retour chez eux, appuyée sur Juan et feignant de ne pas pouvoir marcher seule, Amalia retenait son rire. Son visage reflétait la fatigue et la douleur, des expressions qu'elle n'avait aucun mal à arborer.

-Déposez le paquet de médicaments sur la table basse. Je m'occupe du reste, dit Juan au garde qui les suivait de près.

Ce dernier acquiesça. Une fois que le cliquetis de la porte d'entrée se fit entendre, indiquant que le garde était à l'extérieur, ils se menèrent vers le couloir en passant par la salle à manger.

Amalia se laissa glisser contre le mur en riant silencieusement. Juan était déjà par terre. Leur hilarité provoquait des larmes qu'ils n'arrivaient pas à maîtriser. Juan semblait s'étouffer, tandis que le rire d'Amalia redoublait en voyant son cousin rougir de rire à même le sol.

-viens ! On va dans ma chambre, il faut célébrer cette prouesse, dit Juan après s'être calmé.

Une fois à l'intérieur, Juan ouvrit une bouteille de champagne qu'il avait préparé pour l'occasion. Il versa le liquide dans les flûtes qui étaient sur sa commode.

-A nous ! Aux deux meilleurs acteurs que le monde n'ait jamais porté.

-A nous !

Ils burent chacun une gorgée, avant qu'Amalia ne reprenne.

-Tu imagines un peu, avec tout ce talent on aurait pu percer à Hollywood. Dans des rôles de mafieux ou encore d'escrocs.

-J'imagine oui. Tu as vu la tête de James, on aurait dit qu'il avait vu un fantôme.

Ils se mirent à rire de plus belle.

-Et Éric on aurait dû filmer tout ça.

-La prochaine fois il faudra qu'on y pense. Tu imagines si on filmait toutes nos aventures ? On aurait pu en faire une série télévisée.

-Il y aurait un nombre incalculable d'épisodes. Ce serait une série d'aventure et de science-fiction, répondit Amalia hilare.

Les rires reprirent encore.

-Avec une petite touche de fantastique.

Ils étaient impossibles à calmer. Ils vidèrent leurs verres et se resservirent.

-Alors vous êtes de nouveau ensemble ?

-Oui, répondit Amalia avec un sourire. On va s'enfuir. Je dois choisir où et on va commencer à se préparer.

-On en avait parlé il y a quelques jours. Tu es sûr de toi ?

Elle hocha la tête, avant de se laisser tomber sur le lit de son frère qui la fit rebondir. Ce dernier, appuyé contre la commode, une jambe repliée, l'observait en portant son verre à ses lèvres.

-Tout ce que je veux c'est que tu sois heureuse. Tu vas me manquer sœurette.

-Tu vas me manquer aussi. Mais on se verra toujours. Tu sauras où me trouver. Et puis comme ça tu pourras vivre ta vie aussi sans avoir à me materner.

-Ne dis pas n'importe quoi....

-Je veux que tu sois heureux aussi, que tu aies une petite amie, que tu te maries et que tu me donnes pleins de neveux et de nièce.

-Ça c'est valable pour toi aussi. Il faut agrandir la famille.

Une brise légère passa. Ils se calmèrent un instant, les visages toujours marqués par la joie.

-C'est ton chéri qui appelle, dit Juan en regardant l'écran de son téléphone qui vibrait.

-Donne ! Allez, donne Juan ! Allez quoi, ne fait pas le con !

Juan esquivait les tentatives d'Amalia de récupérer l'appareil. Il finit par le lui céder et sans demander son reste, elle rejoint sa chambre, laissant la porte entrouverte. Son complice la regardait sourire avec le cellulaire calé entre sa joue et son épaule, alors qu'elle dégrafait ses chaussures. Un sourire trouva place sur son visage, mais ternit aussitôt que la sonnerie du téléphone d'Amalia retentit. Il savait déjà de qui il s'agissait. Il prit l'objet qui traînait sur sa couette et décrocha avant de le porter à son oreille.

-Amalia ?

-Non mon oncle c'est Juan.

-Juan ? Comment va Amalia ? James vient de m'informer de la situation. Donne-lui le téléphone s'il te plait.

-Elle se repose actuellement, dit-il les yeux rivés sur sa sœur souriante en pleine communication.

-Pourquoi ne pas m'avoir appelé ?

-Je suis désolé mon oncle, j'étais sous le choc. Je n'y ai pas pensé sur le moment.

-Qu'a dit le médecin ? Qu'est-ce qu'elle a ? s'enquit-il anxieux.

-Une dépression passée sous silence. Elle a atteint un niveau de stress très important. Ils lui ont administré des produits et l'ont gardé en observation quelques heures avant de nous permettre de rentrer. On lui a prescrit des médicaments que nous avons déjà achetés en pharmacie. Le médecin a dit que ça aurait pu être grave et qu'on a frôlé le pire. Sa tension était très élevée.

-Ce n'est pas possible ! Qu'est-ce que j'ai fait, marmonna-t-il dans sa barbe avec un profond sentiment de culpabilité.

Juan pouvait percevoir l'inquiétude dans sa voix et ses propos, mais il gardait son calme et son sérieux malgré tout. L'homme à l'autre bout du fil se retenait d'exprimer sa tristesse. La culpabilité le rongeait. Sa conscience lui rappelait qu'il était la cause principale des ennuis de sa fille. Sa préoccupation majeure était la sécurité de sa fille. Tout ce système de sécurité pour la protéger de l'extérieur alors que c'est l'intérieur qui la tue à petit feu.

-Qu'a préconisé le médecin en dehors des médicaments ?

-Un suivi psychologique, du repos, du calme, mais aussi modifier sa routine, la sortir de ce qui l'a mit dans cet état.

-N'en parle pas à ta mère, elle le dirait sans tact à ta tante. Je vais l'informer moi-même. Tiens-moi au courant de la situation et surtout appelle-moi dès qu'elle se réveille.

-C'est d'accord mon oncle.

Une fois l'appel fini, Juan passa sa porte pour rejoindre celle d'Amalia qui ne perdait toujours pas le sourire.

-Dors bien toi aussi. Te quiero mi amor, dit Amalia avant de mettre fin à l'appel.

-Ah l'amour, commence Juan.

-Ça va ? Tu fais une tête bizarre.

-Ton père vient d'appeler. Il m'a semblé très inquiet. On aurait dit qu'il avait eu peur pour toi.

Le silence accueillit cette révélation. Il fut remplacé par un soupir, puis un sourire triste.

-On la fini cette bouteille ? questionna Amalia pour fuir la conversation.

❤️

Deux jours plus tard, sortant de son sommeil, l'attention de Juan fut attirée par le son d'un moteur dans la cour. En voulant en savoir plus, il se rendit au séjour et vit alors son oncle descendre d'une berline noire. Un des gardes portait sa valise. Il courut prévenir Amalia qui dormait encore.

Une fois à l'intérieur, le maître des lieux se dirigea directement vers la chambre de sa fille. Cette dernière feignait d'être endormie. Il lui caressa tendrement les cheveux, ce qui lui fit frissonner. La surprise et l'incompréhension s'étaient saisis d'elle. En bonne actrice, elle ne laissa pas paraitre ses émotions.

-Pardonne-moi ma fille. Je n'ai pas été le meilleur des pères, mais j'ai fait tout ça pour te protéger de la vie que j'ai choisie.

A sa grande surprise, elle l'entendit renifler. On aurait dit qu'il avait versé quelques larmes.

-Je regrette de vous avoir infligé ça, mais je ne supporterai pas qu'il vous arrive le moindre mal... je pourrai me livrer si ça me garantissais votre sécurité, mais ils en voudront toujours plus.

Il marqua une pause où il essuya ses larmes avant de reposer ses lunettes sur son nez.

-Je vais faire de mon mieux pour vous rendre la vie plus facile. Je te le promets.

L'atmosphère était lourde en émotions. Amalia se retenait de verser des larmes, bouleversée par la vulnérabilité qu'elle découvrait à son père. Ce dernier se leva , jeta un dernier coup d'œil à sa fille avant de prendre la porte.

Elle luttait avec l'envie et la crainte de le prendre dans ses bras. Le cœur battant la chamade avec des sensations étranges dans les entrailles et sous la peau, la crainte prit le dessus en la paralysant sur sa couche.

Certaine de son éloignement, Amalia laissa libre court à ses larmes. Elle ne s'attendait pas à tant d'humanité de sa part. Il s'était toujours montré dur et insensible avec elle. Et malgré toutes les douleurs et les mauvais souvenirs qu'il lui avait infligés, elle n'arrivait pas à le détester. Dans un recoin de son être, elle gardait espoir qu'un jour, elle partagerait une relation paisible emprunte d'amour, de respect et de sérénité. Elle espérait des rires et une complicité hors paire. Ce monologue pouvait en être le prélude, se disait-elle avec un sourire qui se voulait joyeux.

Ses joues humidifiées par ses pleurs, laissaient ces dernières gagner ses draps verts turquoise. De nombreux questionnements la tourmentaient. Son repentir était-il sincère ? Pouvait-elle y accorder foi ? Comment devait-elle réagir à tout ça ? Ses larmes ne cessèrent que quand elle se rendormie.

A son réveil, les lueurs du soleil berçaient l'après midi. La brise faisait bruire les feuilles des arbres. Dans cette ambiance paisible, Amalia eut une envie de chillaquiles. Elle décida donc d'en préparer. En arrivant à la cuisine elle trouva Juan entrain de finir d'en préparer.

-Tu en veux ?

Elle hocha la tête avant de se hisser sur le plan de travail. Simplement vêtue d'un short noir et d'un haut en coton aux tons vers clair, elle avait sa légendaire queue de cheval, mais cette fois avec une nattes tressée à côté de chacune de ses oreilles. Elle y avait fait pendre de grosse perle marron aux motifs noirs.

Avant que son cousin n'aie fini de la servir, la porte s'ouvrit sur le maître des lieux.

-Amalia ? Comment te sens-tu ?

Prise au dépourvu et alarmée par les expérience passées des tournures de leurs conversations, la jeune femme voulut se faire glisser du meuble sur lequel elle était assise.

-Non, reste assise, ne te dérange pas. Comment tu te sens ? questionna-t-il en gardant une certaine distance.

-Je... je vais bien.

-Ton traitement n'est pas trop lourd ?

-Ça va.

-Enfile des vêtements décents, nous allons sortir.

Amalia fit jongler index et son majeur collés d'elle à son père. Ce dernier sourit et acquiesça d'un hochement de tête.

-On va...sortir ? Tous les deux ?

-Oui. Je t'attend dans le séjour, ajouta-t-il avant de sortir.

Les regards des deux jeunes se croisèrent. Tous deux dans l'incompréhension, ils se mirent à murmurer.

-Je vais lui dire que je ne me sens pas bien. Je ne vais pas y aller.

-Qu'est-ce que tu dis ? Pour une fois que ton père t'invite officiellement hors de sa forteresse, dit Juan les avants bras plaqués sur l'îlot central.

-Qu'est-ce que je vais bien pouvoir lui dire ? Je tiens à peine deux secondes en sa présence.

-Vas y et n'oublie pas de communiquer tes destinations de rêve à Brandon il faut qu'on aie le temps d'y travailler...

La porte s'ouvrit sur leur unique parent sur les lieux.

-Tu es toujours là Amalia ?

-J..j'arrive... j'arrive !

Il hocha la tête avant de sortir.

-Profites de ton après-midi sœurette. Tu me raconteras ? souffla Juan avec une pointe d'amusement.

Amalia le fixa l'air faussement en colère.

-Je te promets de te casser les oreilles après, dit-elle avant de sortir, s'efforçant de ne pas céder aux rires étouffés de son cousin.

Devant sa garde robe, elle se demandait quoi mettre. Elle finit par opter pour une robe droite blanche sans manches fendue sur les côtés. Elle enfila une petite veste marron et des boots d'une teinte en dessous. Son petit sac en main, elle rejoint son père dans le salon. Ce dernier eut un petit sourire en la voyant arriver. Il ouvrit la marche et ils montèrent dans un quatre quatre blindé.

-C'est toi... qui conduit ? questionna la jeune femme étonnée. Et il n'y a pas de gardes avec nous ?

-Oui c'est moi qui conduis et il y a des gardes dans la voiture derrière. L'endroit où nous allons est sécurisé. Il y a des gardes sur place.

Amalia hocha la tête et s'adossa sur son siège. Ils passèrent la barrière métallique aux barreaux linéaires et s'engagèrent sur la route. Amalia n'était pas à son aise, elle avait l'impression de tricher. Passer ce portail si facilement lui semblait faux. Elle avait l'étrange sensation d'être un imposteur. Un imposteur pris au dépourvu, livré à l'inconnu qui n'est pas censé l'être.

Le paysage défilant lui procurait un semblant de calme. Son esprit divaguait, elle ne savait pas à quoi s'attendre avec son paternel.

Des souvenirs de leur dernière balade en voiture lui revinrent. Elle devait avoir dix ans. Il la ramenait d'une de ses fugues. Elle tremblait et n'osait pas faire de bruit en pleurant par peur de représailles. Aujourd'hui, c'est lui qui la menait dehors. L'incompréhension la rendait encore plus nerveuse.

-Tu as pris tes médicaments ?

-Hum, dit-elle en sursautant. Hum oui. Je les ai pris.

-Je t'accompagnerai à ton rendez-vous médical lundi après-midi.

Amalia ouvrit grand les yeux à l'entente de cette phrase.

-Tu... tu n'es pas obligé tu sais. Juan peut m'accompagner.

-Je sais, mais j'y tiens.

Le reste du chemin se fit en silence. Il arrivèrent devant un restaurant dont l'enseigne était écrite en japonais. Des gardes vinrent leur ouvrir leurs portières. Il y en avaient postés à l'entrée, quatre autres à l'intérieur. Il y en avait deux sur le toit et quatre postés à plusieurs centaines de mètres.

Une fois à l'intérieur, un serveur les reçut aimablement et respectueusement. Il s'enquit auprès de la dame à l'accueil de leur table et les y conduisit.

Les flambées du chef étaient spectaculaires et captivaient l'attention de son public. L'effet de surprise qu'elles provoquaient arrachaient quelques cris au passage.

Une fois installés, Amalia se laissa distraire par les flammes.

-Juan m'a dit que tu aimais la cuisine japonaise. Je me rends compte que je ne sais presque rien de toi.

La jeune femme porta un regard confus à son père.

Un serveur vint poser délicatement des livrets de menu devant eux. Ils le remercièrent et la demoiselle en blanc se refugia dans son menu.

Ils passèrent leurs commandes quand le serveur revint. Toujours dans le silence, les plats arrivèrent après les boissons et commencèrent à se faire déguster. Des Okonomiyaki pour Amalia et des Tempura pour son père.

-C'est vraiment délicieux, commenta l'homme entre deux bouchées.

Les pensées se bousculaient dans la tête d'Amalia. Elle se sentait vibrer de rage et de colère. La crainte trouva encore place en elle, mais cette fois-ci, elle décida de ne pas céder à ses ardeurs.

-Pour...pourquoi ?

-Je ne comprends pas.

-Tout ça....cette sortie....ce repas...pourquoi ?

-Je voulais passer du temps avec toi.

-Pourquoi ?

-Je ne suis pas sûr de te suivre, dit-il après avoir passé sa serviette sur sa bouche. Je devrais avoir une raison pour dîner avec ma fille ?

-C'est que ça fait dix neuf ans que je suis ta fille et tu n'as jamais daigné m'emmener chez le glacier.

-Une phrase entière sans bégayer c'est déjà ça, dit-il avec un petit sourire. Je veux essayer de rattraper le temps perdu...

-Oh non ! Tu es malade ? Il te reste peu de temps à vivre c'est ça ? C'est maman ? questionna-t-elle inquiète.

-Je suis très touché que tu t'inquiètes pour moi, dit-il avec un sourire sincère. Rien de tout ça. Je veux juste me rapprocher de toi. Je me suis rendu compte de mes erreurs et je te demande de me pardonner.

Amalia était abasourdie.

-Q...quoi ?

-Ta sécurité prime avant tout, mais j'aurais pu faire les choses différemment, confia-t-il avec une mine triste.

-Je ne pense pas que ce soit possible de rattraper le temps perdu. J'ai peur de toi papa. Tu me terrifie. Durant tout le trajet en voiture, j'avais l'impression que mon cœur allait sortir de ma poitrine. Être proche de toi...me fait me sentir mal. Tout ce que je voulais c'était un père, à la place tu m'a donné un bourreau, un geôlier. Je me suis toujours posé la question de savoir si tu m'aimais, si je comptais pour toi. Tu m'as frappé et laissé pour morte à plusieurs reprises. Tu m'as brisé les os. Tu m'as privé de liberté. Quel père fait ça ? Tu m'as privé de vie sociale, tu m'as privé de ma mère ! Tu as fait tout ça pour me protéger ? De quoi ? De qui ? C'est de toi que j'ai besoin d'être protégée.

Elle parlait avec amertume. Des larmes silencieuses coulaient de ses yeux. Son père était en larme aussi. Il retira ses lunettes pour essuyer ses yeux.

-Tu aurais dû me laisser mourir depuis longtemps au lieu de me faire vivre comme un animal en cage. Je te déteste pour ça papa. Pour tout ce que tu m'a fait. Et tu crois que tout va s'effacer juste comme ça avec un dîner japonais ? Je voulais que mon père me borde, qu'il m'emmène au parc ou acheter une glace. Qu'il m'accompagne à l'école, qu'il me fasse un gâteau ou des œufs peu importe. Tu ne sais pas ce que tu m'as fait papa. Tu n'as aucune idée de la profondeur de l'abîme que tu as creusé en moi.

-Je suis désolé ma fille, pardonne-moi, dit-il en essuyant ses yeux rougis. Je sais, je comprends. Je te promets que je ferai tout mon possible pour réparer mes erreurs, mais ne t'en prie ne doute pas de mon amour pour toi. Tu n'as pas idée de ce que je fais pour assurer ta sécurité. Je ne dors pas certaines nuits.

-Tu ne sais rien papa, tu ne comprends rien non plus. Est-ce que tu as déjà fini dans un lit avec les os brisés à demander la mort parce que tu n'en pouvais plus ? Tu t'es déjà senti inutiles et mal aimé par celui qui t'a donné la vie? Aussi insignifiante que tu ne sais rien de lui et que tu ne portes même pas son nom.

-J'ai vécu des situations difficiles aussi, mais ce n'est pas à cause d'elles que je me suis comporté comme ça avec toi. J'ai peut-être posé certains actes inconsciemment en rapport avec mon passé, mais je te promets que mon objectif principal était et a toujours été de te protéger. Je n'ai pas connu mon père. Ma mère travaillait comme femme de ménage dans un manoir pour une riche famille. Nous avions une chambre au rez-de-chaussée. L'employeur de ma mère payait ma scolarité. A l'âge de quinze ans, il a commencé à me confier des missions dangereuses et illégales. J'escroquais, volais, vandalisais et...tuais pour lui.

Amalia écarquilla les yeux, mais n'osa pas faire de commentaire.

-Quand je ne faisais pas ce qu'il me demandait, il menaçait de faire du mal à ma mère. Quand ma mère a appris ce que je faisais pour son patron, elle n'a pas tenu le choc. Elle en est tombée malade et a succombé à sa maladie. C'est sur moi qu'il s'acharnait après sa mort. Il me battait, me laissant pour mort. Comme si ça ne suffisait pas, sa fille me voulait dans son lit. Rien de sérieux, c'était juste un caprice. Et comme j'avais refusé ses avances, elle a dit à son père que je l'avais prise de force. Il a mis un prix sur ma tête. J'étais devenu la cible de célèbres tueurs à gages. Je me suis enfui et j'ai changé d'identité pour la première fois. C'est quand j'étais en cavale que j'ai rencontré ta mère. C'était le coup de foudre direct. On était inséparables. Avec l'argent que j'ai gagné en travaillant pour l'ancien patron de ma mère, je nous ai créé un petit cocon. On a vécu tranquille pendant six mois, jusqu'à ce qu'ils me retrouvent. J'ai mis ta mère en sécurité et je suis allé faire alliance avec plus puissant que lui. Ils m'ont assuré la paix et la sécurité sous certaines conditions. Et laisser tomber ta mère en faisait partie. Quand je suis revenu la voir, elle m'a annoncé qu'elle était enceinte. J'étais heureux, mais terriblement anxieux. Il fallait à tout prix que je vous mette en sécurité. Alors j'ai fait tout ce que j'ai fait. Le revers de la médaille que m'offraient mes nouveaux associés était beaucoup trop sombre. Je ne pourrai pas te raconter le dixième de ce qui s'y fait. Tu me trouve cruel et je le conçois, mais personne sur cette terre n'est préparé à ce qu'ils peuvent faire subir à un être humain. J'ai dû renoncer à mon rêve de te conduire à l'école, à celui d'être un père présent, à celui d'être proche de toi...pour te protéger d'eux.

Amalia reniflait en essuyant ses yeux. Un agent de sécurité du restaurant s'approcha d'eux.

-Tout va bien mademoiselle ? Est-ce que ce monsieur vous importune ?

-Non, répondit-elle en secouant légèrement la tête. C'est mon père. L'histoire qu'il me conte est très triste c'est pour ça que je pleure.

-Très bien. Veuillez m'excuser mademoiselle. Monsieur, dit-il poliment avant de s'éloigner.

-Alors à défaut de me pardonner ou d'effacer ce qui a été fait, permet-moi juste de me rapprocher de toi. Laisse-moi être ton père.

-Si tu m'avais expliqué tout ça j'aurais compris et j'aurais pu faire attention. On aurait pu avoir une belle relation père fille malgré tous ces problèmes. Au lieu de se déchirer de la sorte.

-J'étais aveuglé par la peur de vous perdre.

-Pourquoi maintenant ? Pourquoi me dire tout ça maintenant ?

-Quelqu'un m'a ouvert les yeux. Ce n'est pas tout. L'ancien patron de ma mère est au courant pour toi. Et il exige que je te donne en mariage à l'un de ses fils pour enterrer la hache de guerre.

-Tu ne vas pas laisser faire ça n'est-ce pas? ?

-Non, bien sûr que non ! Jamais je ne laisserais ma fille à un sadique. Je ne permettrai pas que tu te retrouves dans ce genre de posture. Cela dit, nous devons faire plus attention maintenant. Vous allez devoir quitter la ville bientôt.

-Est-ce que ça sera toujours ainsi? Devoir fuir sans arrêt? Vivre sans attache, ne pas pouvoir avoir de vraies relations? Avoir des amis, des jobs d'été? Vivre une vie normale?

-Je suis profondément désolé que vous ayez à subir ça. Il ne se passe pas un seul jour sans que je ne cherche un moyen de vous sortir de là. Je finirai bien par trouver. Et ta mère et toi pourrez enfin vivre la vie dont vous rêvez. On pourra enfin être une famille unie.

-C'est facile d'être désolé, mais ça n'efface rien de ce qui s'est passé.

-Je sais, je sais. J'espère juste que le temps sera mon alié.

Elle frémit quand son père leva le bras pour se passer la main dans ses cheveux. Ce dernier constata amèrement la crainte que sa fille avait pour lui dans son regard.

❤️

De retour chez eux, Amalia descendit du véhicule encore chamboulée par sa soirée.

La bourrasque secouait les arbres et forçait la jeune femme à resserer son veston. D'un pas rapide, elle se dirigea vers la maison. Son père la suivit de près, pendant qu'un des gardes garait convenablement la voiture.

Amalia se précipita dans sa chambre fuyant la proximité de son père. Elle n'arrivait pas à décrire ce qu'elle ressentait. Elle voulait juste être loin de lui dans l'espoir de dissiper ce malaise et de calmer son cœur qui s'agitait dans sa poitrine. Elle retira sa veste. Ses mains moites essuyèrent quelques gouttes de sueur sur son front. Elle commençait à peine à réaliser qu'elle venait de passer près d'une heure en tête à tête avec son monstre et qu'elle avait osé le confronter.

Trois coups à sa porte lui firent se retourner vers cette dernière en sursaut. Elle porta une main sur son cœur pour tenter de calmer la violence des palpitations naissantes.

La poignée s'affaissa sous sa main. Elle réprima un sursaut en voyant son paternel face à elle.

-Tu as un appel, dit-il en lui tendant son téléphone.

-Pour moi?

Il hocha la tête. Ses mains tremblantes saisirent l'appareil sous le regard triste de son père. Elle posa l'objet contre son oreille et à l'entente de la voix au bout du fil, une larme glissa sur sa joue. Ses palpitations reprirent de plus belle. Sa voix tremblante prononça:

-Maman?

En l'observant, l'homme en face eut un pincement dans le cœur et se laissa gagner par les remords. Il lui lança un sourire triste, mais sincère avant de se retirer. Sa fille s'enferma pour parler librement.

Un long moment de silence s'écoula avant que les deux femmes n'expriment leurs émotions.

Fin du chapitre!
Alors, il vous a plu?

En tout cas merci de m'avoir lu.
Je vous dit à la semaine prochaine!

XOXO Loves ❤️❤️❤️❤️

IG: @conte__moi

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