Chapitre XXV

Hello hello Loves ❤️❤️❤️❤️ ça va?  Je sais que vous attendiez ce chapitre le weekend, mais je vous avoue que j'ai eu du mal à l'écrire par manque de temps. Je suis au four et au moulin en même temps. Je dirais même que je suis aussi à la ferme et à la garderie.
Bref, je vous laisse avec le chapitre et je ferai de mon mieux pour me rattraper.
Bonne lecture ! 🍿🍿🍿🍿🍿🍿🍿

Les efforts de Matthew pour rester éveillé étaient vains face au médicament prescrit par Cody. La journée, belle et ensoleillée, lui rappelait les marches matinales d’Alicia qu’il prenait plaisir à partager. Ils profitaient de la douceur du soleil levant, du vent frais, du parfum des fleurs et des aboiements des chiens du voisinage. La rosée, quand elle était au rendez-vous, formait avec le sable des légères couches de boue qui s’accrochaient à leurs chaussures. Matthew détestait d’avoir à nettoyer les siennes en rentrant, mais pour rien au monde, il ne ratait leurs séances matinales. Ils avaient pour habitude de traverser son quartier, jusqu’à longer la plage encore déserte. Il leur arrivait de passer chez le glacier sur le chemin du retour ou de prendre leur petit déjeuner dans un restaurant avec des tables en extérieur. Il devait toujours payer à l’avance parce qu’à la moindre distraction, Alicia se chargeait de payer la note et il n’aimait pas ça.

Malgré la beauté de ses souvenirs, il ne parvenait pas à sourire. Son cœur était bien trop lourd, si bien qu’il n’arrivait pas à dormir. Sa mère allait mieux, ce qui le rassurait, mais on ne pouvait pas en dire autant de son père. Beaucoup trop de questions trottaient dans sa tête. Il tentait de comprendre ce dont parlait Jordi par rapport aux découvertes de sa mère, par rapport au grand maître. L’attitude de son père l’intriguait et tous ces problèmes mêlés aux violences récentes, l’avaient privé de sommeil pendant deux jours.

Au bout d’une vingtaine de minutes, il s’endormit enfin.
La chambre où il avait été installé, était récemment aménagée par Cody et ses cousins pour recevoir les malades qui avaient besoin d’un suivi régulier pendant un certain temps. Elle donnait vue sur l’aile ouest du parc à une centaine de mètres de là.

Evan entra dans la pièce pour voir comment il allait. Il le trouva endormi. En voulant sortir, la sonnerie du téléphone de son ami retentit dans la pièce. Par crainte de le réveiller, il sortit dans le couloir pour répondre. Il aurait pu simplement verrouiller ou éteindre l’appareil, mais le nom affiché sur l’écran l’en dissuada.

—Matthew ?

—Désolé Alicia c’est Evan. Matthew est endormi.

—Evan ? Tu es à L.A. ?

—Euh non, je suis chez-moi à Denver, dit-il un peu confus.

—Alors Matthew est avec toi là-bas ?

—Oui. Tu n’étais pas au courant ?

—Non, on s’est di… peu importe. Tu pourrais lui demander de me rappeler quand il se réveillera ?

—Alicia, commença Evan embarrassé, hésitant à l’informer de la situation. Comment te dire, Matthew ne pourra pas te rappeler pour le moment.

—Pourquoi ? Il ne veut pas me parler c’est ça ?

—Non Alicia, en fait, il ne peut pas parler tout court.

—Qu’est-ce que tu racontes ?

—Il est arrivé quelque chose...Matthew a eu…disons un accident et ses cordes vocales et ses vaisseaux sanguins ont eu quelques lésions…

—Ce n’est pas vrai, dit Alicia après avoir poussé un juron. Il va bien ? Est-ce qu’il a mal autre part ? Comment c’est arrivé…

—Il va bien calme-toi. Il est suivi médicalement et si tout va bien d’ici quelques jours, il sera sur pied.

—Tout ça c’est de ma faute, murmura Alicia.

—Alicia, Je n’entends pas ce que tu dis.

—Rien Evan. Écoute ! Donne-moi ton numéro. Comme ça je pourrais t’appeler pour prendre des nouvelles. S’il te plaît, tiens-moi au courant de la situation.

—D’accord Alicia, je dois raccrocher maintenant.

—Merci Evan.

—Je t’en prie.

Il raccrocha, prit soin de mettre le téléphone en mode silencieux. Il le déposa sur la commode là où il l’avait trouvé, avant de rejoindre Cody pour une consultation.

Quand Matthew se réveilla, la chambre était plongée dans l’obscurité. La lumière de la lune se faufilait à travers la fenêtre. Il se redressa, se passa les mains sur le visage et remercia intérieurement Cody de lui avoir donné ce médicament.

L’écran de son cellulaire illumina la pièce. Il le saisit et consulta ses notifications avec nonchalance. L’une d’entre elle attira son attention et le fit froncer les sourcils. Il cliqua sur la bandelette virtuelle et découvrit à sa grande surprise, une vidéo sur laquelle apparaissait la dame de ses pensées. Voir son visage lui réchauffa le cœur. Elle lui manquait, mais il était résolu à garder ses distances, au moins le temps d’y voir clair. Il monta le son et entendre sa voix fit vibrer quelque chose en lui.

« Je m’appelle Alicia Grey. Il y a quelques jours, j’ai blessé une personne qui m’est chère. Pas physiquement rassurez-vous, dit-elle avec un petit sourire, en secouant ses mains de gauche à droite. »

Les lèvres de Matthew s’étirèrent aussi. Dans sa poitrine, son organe vital s’agitait comme si sa vie dépendait des quelques mots qui sortaient de la bouche de la jeune femme. Qu’elle le considère comme un être cher, réveillait un sentiment de joie et de fierté en lui. Malgré son anxiété, le fait de la voir chercher ses mots l’amusait quelque peu.

« Je me suis très mal comporté et je te demande pardon Matthew. S’il te plaît pardonne-moi. Ça serait sympa que tu prennes mes appels aussi, dit-elle avec un léger sourire. J’espère que tu auras ce message.»

Un mélange d’émotions empourpra les joues du jeune homme. Il était conscient de l’effort qu’elle avait fait pour délivrer ce simple message, pour se livrer et publiquement ! Les yeux de Matthew se baissèrent sur son écran. Huit mille cinq cent likes, dix mille huit cent vues, trois cent cinquante partages. Sa curiosité le mena vers les commentaires.

Mar029 : « Dis-lui carrément que tu l'aimes ! »

Sidney139 : « Allez Matthew ! Pardonne-lui elle est trop mignonne »

Malika : « 🥰🥰🥰🥰 »

Ross019 : « Elle s’est mal comportée ?? »

Jason bou : « Si Matthew n’est plus disponible, appel-moi : ±1 635 223 130 😉 »

Jordan muer : « On a besoin de plus de détails !»

Lola stride : « Matthew en ce moment 🤸 »

Marina Marina : « Je ne sais pas ce que tu lui as fait, mais s’il ne te pardonne pas ma belle, un de perdu, dix de retrouvé. »

Pearlove : « A tous les coups elle l’a trompé. »

Bruce070 : « Si jamais vous vous rabibochez, n’oubliez pas de nous mettre au parfum. On attend la suite. »

Lucia : « Alicia ❤️ Matthew »

Matt063 : « Nous les Matthew, on a qu’une seule parole. J’espère que tes excuses sont sincères.

Maelis330 : « En tant qu’ambassadrice de l’amour avec un grand A,  J’ai créé une pétition sur ma pétition.com pour ceux qui veulent comme moi que Matthew pardonne à Alicia. N’hésitez pas à venir signer, je vous met le lien en bas.
PS : J’espère au moins avoir une invitation pour votre mariage.
Httpp//mapetition,com/AliciaetMattewlove »

Jhontop29 : « On était pas là quand ça a commencé, maintenant que ça devient compliqué, vous venez sur les réseaux. »

Matthew avait les larmes aux yeux à cause de son hilarité. La toux que cette dernière lui causait, lui brûlait la gorge, mais il n’arrivait pas à se calmer pour autant. Il y avait en tout huit cent vingt deux commentaires. Il ne put pas tous les lire, mais l’échantillon qu’il avait parcouru avait réussi à changer son humeur. Il entra les données du site de la pétition et constata que Six cent vingt deux personnes avaient déjà signé.
La vidéo d’Alicia était en ligne depuis vingt-quatre heures seulement, mais les retours étaient énormes et ne cessaient d’affluer.

—On a fait un bon dodo ? questionna Evan en entrant avec un plateau en main.

Il lui apportait sa soupe avec quelques tranches de pain.

—Eh ! Mais qu’est-ce que tu fais ? dit-il en saisissant son téléphone. J’aurais dû te le prendre depuis hier. Tu vois comment tu tousses ? Ça pourrait aggraver la situation.

Matthew lui lança un regard de chien battu dans l’espoir qu’il lui redonne son cellulaire.

—Non ! Tu ne l’aura quand tu ira mieux. Tiens, mange ! Termine-moi tout ça. Je reviens !

Matthew toujours hilare, réussi péniblement à se nourrir.
Evan revint quelques instants plus tard.

—Tiens ! Ça m’a été très utile quand j’étais  dans ta situation, dit Evan en lui tendant une ardoise avec un stylet relié à cette dernière par un fil plastique en accordéon.

Matthew lui lança un regard interrogateur. Il saisit l’objet et griffonna dessus.

« Comment ça quand tu étais dans ma situation ? »

—Comme toi, je me suis fait étrangler par mon père et il avait reçu une invitation spéciale du grand maître comme le tien. Dans l’enveloppe, la fiche technique indiquait comment tuer mon oncle. Et sans doute dans celle de ton père, il était indiqué comment tuer ta mère.

« Je n’y comprends rien. Pourquoi le grand maître ordonnerait la mort de ma mère ? »

—Je n’y comprenais rien non plus, mais… il y a beaucoup de choses que tu ne sais pas… je crois que c’est mieux que tu te rétablisses pour qu’on en parle. Mange, je reviendrai te voir tout à l’heure.

Evan sortit, le laissant à ses questionnements.
Après avoir fini son repas, Matthew privé de sa seule distraction, ne tarda pas à se rendormir. Son esprit était troublé. Pour lui, comme pour beaucoup de caméléons, l’Ordre était plus qu’une famille. La loyauté qu’ils se devaient entre eux était sans faille. Il concevait difficilement que le grand maître ou n’importe lequel de ses frères, veuille intentionnellement attenter à la vie de l’un d’entre eux.

Le lendemain vers midi, il entrouvrit les yeux et sortit de son sommeil par les petits bruits des fioles en verre sur le plateau métallique. Il faut dire que depuis l’événement de l’amphithéâtre, Matthew avait le sommeil léger.

—Notre dormeur nous revient ! Comment tu te sens ?

« Bien, je suppose ! griffonna le dormeur sur le petit tableau noir. Où est Evan ? »

—Tu veux sans doute parler de Brandon ? Les médicaments doivent encore faire effet. Il est parti après un mystérieux appel, mais je pense qu’il sera là dans là journée. En tout cas, je crois que prochainement je diminuerais la dose de ce produit. J’ai mis une serviette, une brosse à dents neuve et de quoi te changer dans la salle de bain. Tu peux t’en servir pour faire ta toilette. Sens-toi à l’aise. Brandon est comme un frère pour moi et si tu es son frère, tu es le mien aussi.

Matthew lui fit remarquer qu'il appréciait ce qu'il faisait pour lui et le remercia toujours par écrits.

Il fit sa toilette et se perdit un moment dans l’immensité de la verdure que lui offrait la vue de sa fenêtre. Son esprit divaguait, son regard était vide, il se sentait complètement perdu. Sa main caressa doucement sa gorge comme pour essayer de dissiper le malaise qu’il ressentait, quand la porte s’ouvrit sur Evan. Matthew griffonnait déjà quelque chose sur son ardoise à son attention.

—Bien réveillé ? J’ai une petite surprise pour toi.

—Merci Brandon, dit une voix féminine qui eut le mérite de faire relever la tête de Matthew.

Son cœur fit un bond dans sa poitrine. De nombreuses petites décharges électriques parcoururent son corps.

—Je vous laisse ! déclara Evan avant de refermer la porte.

—Salut Matthew ! Comment tu te sens ?

Matthew venait de réaliser qu’il était resté figé un moment à fixer Alicia. En redescendant sur terre, il se retourna vers la fenêtre, tournant le dos à cette dernière.

—Je suis désolée Matthew. Pardonne-moi. Je ne voulais pas… je ne savais pas que tu serais là. Ce n’était pas prévu.

Matthew resta de marbre, partagé entre surprise, douleur et indécision. Son attitude cachait un soupçon de colère, il réclamait justice, mais malgré ça, il n’arrivait pas à la détester. A sa sauce émotionnelle, venait s’ajouter de la joie, celle de revoir l’élue de son cœur. Il détestait ressentir cette joie, car elle le plongeait plus encore dans la confusion.

« J’ai  besoin de me reposer, écrit-il sur son ardoise, avant de se recoucher sur le lit, tournant le dos à Alicia.»

—C’est d’accord ! Je vais rester. Je serai là à t'attendre.

L'anxiété l’empêchait d’avoir l’esprit tranquille.
Elle avait peur de perdre son amitié. La relation qu’ils avaient construite était particulière et elle ne se voyait pas continuer sans elle. Ses mains moites passèrent sur ses cheveux. Elle essaya de se détendre du mieux qu’elle  pouvait.

Trois petits coups retentirent sur la porte, avant que celle-ci ne laisse passer Evan.

—Le déjeuner est servi. Il s’est endormi ?

Alicia hocha la tête en guise de réponse.

—Je vais laisser ça ici, dit Evan en déposant le plat sur la table en bois non loin de la fenêtre. Est-ce que tu as pu réserver une chambre ?

—Non, je n’en ai pas encore eu l’occasion, mais je vais le faire.

—Sinon tu peux dormir ici. On t’emménage un coin pour dormir.

Matthew qui faisait semblant de dormir s’opposait intérieurement à la proposition d’Evan. Ses sentiments étaient toujours partagés et une part de lui voulait garder ses distances.

—Merci, Evan. Ne t’inquiètes pas pour moi, ce fauteuil fera l’affaire. J’ai l’habitude de dormir dans des conditions difficiles. Crois-moi ce meuble est un hôtel cinq étoiles à lui tout seul comparé à certaines de mes couches.

—C’est comme tu vois. Si tu changes d’avis fais-moi signe. Je serai en bas, confia Evan en se dirigeant vers la sortie.

—Evan !

—Oui ?

—Tu sais ce qui s’est passé ? Qui lui a fait ça ?

—Il est le seul à pouvoir nous éclairer. Et comme il ne doit pas parler…

—Je comprends. Merci pour tout ce que tu fais.

—C’est normal. Je sais qu’il ferait pareil si c’était moi.

Alicia hocha la tête et Evan se retira.

N’en pouvant plus de la faim qui faisait gargouiller son ventre, Matthew se redressa et descendit du lit pour s’asseoir sur la chaise en face de la table.

—Tu veux que je t’aide ?

Silence ! Aucune réaction. Il faisait mine de ne pas la voir. Il prit sa cuillère à soupe et commença à se nourrir, mais il avala de travers et se mit à tousser violemment. Alicia accourut pour lui tapoter le dos.

—Doucement ! Attention, tu risques d’aggraver la situation.

Quand sa toux fut calmée, elle porta le verre d’eau sur la table à ses lèvres. Il bu quelques gorgées en la fixant du regard. Elle déposa le verre et lui caressa doucement le dos.

—Ça va aller. Tu vas prendre une petite pause, après on pourra reprendre.

Les sens de Matthew étaient émoustillée. Il était tombé amoureux de son côté guerrière, mais la part d’elle qu’il découvrait le chamboulait de la plus agréable des manières.

Quand il fut complètement calmé, dans un naturel paradoxal à ses habitudes, elle saisit la cuillère, la remplit et l’arrêta devant sa bouche.

—Allez ! Ouvre la bouche Matthew. Il faut que tu manges !

Comme un enfant Matthew ouvrit la bouche et avala la soupe. Alicia y trempait des bouts de pain pour les rendre facile à ingurgiter. Matthew la fixait, comme un enfant fixerait sa mère qui le nourri avec tendresse. Elle prit soin de faire disparaitre les quelques gouttes de son repas qui dégringolaient sur sa barbe naissante. Le repas fut silencieux. Seuls les sons du métal contre la porcelaine de faisaient entendre.

Matthew se rendit à la la salle de bain attenante une fois le repas terminé. Alicia se sentait gênée du silence qu’il y avait entre eux. Elle avait la désagréable sensation qu’ils étaient deux étrangers qui tentaient d’établir un lien qui pourraient les rapprocher.

En sortant des sanitaires, Matthew affichait une grimace douloureuse, en se caressant le cou.

—Est-ce que tu as mal ?

Matthew hocha doucement la tête.

—Je vais prévenir Evan…

Matthew l’interrompit d’un mouvement de la main.

« Ce n’est pas la peine, écrit-il sur la surface noire qui le servait à communiquer »

—Comment ce n’est pas la peine? S’il se trouve c’est peut-être grave ! Je vais l’appeler.

Elle appela Evan de son portable et lui demanda de venir. Ce dernier ne tarda pas. Ils furent rejoint par Cody qui examina son patient. Il lui donna un analgésique et pratiqua un traitement local pour diminuer la gène.

—Il faut éviter qu’il tousse encore, dit Cody. Alicia, tu pourrais descendre un moment avec nous ? Il a besoin de repos, poursuivit-il.

—Je ne ferai pas de bruit, je serai muette comme une taupe. S’il te plaît ! insista-t-elle en voyant l’air sérieux de Cody.

—Ok, mais si mon patient ne se repose pas, tu devras sortir pour le lui permettre.

—C’est d’accord, mais je promet de ne pas le déranger.

—Bien à tout à l’heure.

Ils sortirent tous deux, les laissant seuls. Matthew s’allongea tournant le dos à Alicia et cette dernière reprit place dans son fauteuil. Il s’endormit près d’une heure plus tard, l’esprit embrumé par ce qui lui arrivait à lui et à sa famille. Alicia quant à elle, se laissa aussi gagner par le sommeil, mais après avoir longuement converser par texto avec son frère.

Au milieu de la nuit, la paix qu’avait trouvé Matthew dans son sommeil se vit troublée par des bruits qu’il percevait de loin. A moitié éveillé, il se concentra pour cerner ce qu’il se passait. En se redressant, il remarqua qu' Alicia était quelque peu agitée. Elle murmurait quelque chose qu’il ne parvenait pas à entendre. Il descendit du lit et avança vers elle. Il remarqua que ses joues étaient inondées de larmes. Elle suppliait d’une manière qui faisait peine à voir.

—Non s’il vous plaît. Je vous en supplie ne faites pas ça ! Non, disait-elle en secouant la tête. Je vous en prie non…

Ses yeux étaient fermes, il était indéniable qu’elle revivait un moment traumatisant. Matthew ne savait pas quoi faire. Il lui tapotait le bras pour tenter de la réveiller en douceur. Mais elle s’agitait de plus en plus, jusqu’à éclater en sanglots. Matthew la secoua vigoureusement pour la tirer de son cauchemar. Elle ouvrit les yeux dans une agitation que le jeune homme tenta de maîtriser. Sa respiration était saccadée. Elle haletait en jetant des coup d’œil rapide autour d’elle tout en tentant de se libérer de l’emprise de Matthew.

—Eh ! C’est moi ! C’est Matthew, dit-il douloureusement de sa voix abîmée.

Quand elle trouva ses iris, elle cessa de s’agiter, mais ne pu retenir le flot de larmes qui ne demandait qu’à sortir. Matthew la serra contre lui et se mit à lui caresser le dos.

—Calme-toi ! C’est fini, je suis là. Respire ! Respire doucement.

Il se détacha d’elle et la fixa. Il essuya ses larmes et l’incita à respirer calmement comme il le faisait. Elle essayait de suivre, ses joues s’humidifiaient toujours, mais elle était de plus en plus calme.

—C’est ça. Calme-toi ma chérie.

—Ne parle pas Matthew s’il te plaît, dit-elle en sanglotant.

Matthew hocha la tête et continua d’essuyer ses larmes.

—Pardonne-moi, je t’ai réveillé. Je suis dé…

—Shut, ce n’est pas grave. Tout va bien. Tu as fait un cauchemar ?

Elle hocha la tête toujours en larmes, mais plus calme.

—Pour l’amour de Dieu Matthew tais-toi s’il te plaît.

Il hocha de nouveau la tête avec un sourire triste. Il se leva et l’entraîna avec lui vers le lit, où il s’assirent tous les deux. Il récupéra l’ardoise et se mit à écrire dessus avec l’encre effaçable blanche.

« Tu veux en parler ? »

Elle secoua la tête en reniflant.

« D’accord ! Qu’est-ce que je peux faire pour t’aider ? »

Ses larmes qui commençaient à s’atténuer, reprirent de plus belle.

—Tu es quelqu’un de bien Matthew. Je ne te mérite pas ! Je ne t’apporte que des problèmes ! Si je ne t’avais pas fait ce que je t’ai fait, tu ne serais peut-être pas venu ici et tu ne te serais pas fait étrangler.

« Si je n’étais pas venu ici, ma mère serait morte au moment où on parle. C’est elle qui se faisait attaquer et je suis intervenu pour la sauver. »

—Elle va bien ?

« Oui ne t’inquiètes pas. »

Elle hocha la tête.

—Il faut que tu te reposes. Je vais me passer de l’eau sur le visage, dit-elle en descendant du lit pour se rendre dans la pièce d’à côté.

En sortant, elle s’arrêta à l’embrasure de la porte.

—Je vais descendre un moment pour te laisser te reposer. On se voit demain.

« Reste ! Ou si tu veux on descend pour te trouver quelque chose à grignoter ? Tu n’as rien manger depuis que tu es là ! »

—C’est gentil, mais je n’ai pas faim.

« Alors reste ! »

Elle essuya quelques larmes silencieuses de la paume de sa main.

« Installe-toi sur le lit, dit-il en se levant »

—Et toi tu dors où ?

« Sur le canapé »

—Mais non. Tu as besoin d’être allongé. Dors s’il-te-plaît. Ne t’inquiètes pas pour moi.

« Laisse-moi m’inquiéter pour toi. Laisse-moi prendre soin de toi. Tu t’es longtemps fermé, tu as porté d’énormes poids sur toi. Permets-moi de t’alléger. Donne-toi le droit de lâcher prise. Tu ne peux pas constamment tout contrôler.»

Elle leva les yeux vers le ciel pour tenter de contenir le flot de larmes qui menaçait de couler. Ces paroles aussi simples paraissaient-elles,  la touchaient profondément. C’était une invitation à partager sa peine, à laisser un peu de lumière pénétrer ses ténèbres. L’approche était différente de toutes les autres, sans jugement, avec empathie et surtout, avec la promesse d’être là. Cela la troublait, parce qu’elle ne pensait pas mériter un tel soutien. Elle était convaincue d’être condamnée à la solitude et au rejet, à une vie sans amour, parce que simplement, ce n’était pas pour elle tout ça. Qu’elle n’était bonne qu’à détruire et à être détruite. Ces mots avaient un effet dévastateur, ils combattaient le système de pensée qui régissait sa vie jusqu’ici. C’était une guerre intérieure. Une partie d’elle restait sceptique et attendait le moment où viendrait la déception. Une autre part d’elle voulait y croire et s’ouvrir, mais la conviction qu’elle avait selon laquelle les hommes étaient tous mauvais et destructeurs, luttait avec les propositions de Matthew.

« Laisse-moi t’aider à guérir, ajouta-t-il. »

Il avança vers elle et griffonna :

«  Considère-moi comme un endroit secret où tu pourras toujours être toi-même, à l’abri des regards et des jugements des autres. Un endroit où tu as tous les droits qu'on t'as pris. Viens te reposer ma princesse. »

Il la prit par la main et la mena vers le lit où elle s’allongea en essuyant ses joues humides. Il lui offrit un sourire sincères et affectueux avant de se redresser pour rejoindre le fauteuil.

—Attend ! Ne pars pas. Reste !

Le visage éclairé d’un grand sourire, il s’assit à côté d’elle, mais elle l’incita à s’allonger. Il se coucha près d’elle. Encadrant son visage de ses mains, il déposa un baiser sur son front. Elle se rapprocha de lui et il l’entoura de ses bras.

Le lendemain, à son réveil, Matthew était seul sur le lit. Il regarda autour de lui et la vit entrain de se coiffer. Sa légendaire queue de cheval retrouva sa place. Elle lui donnait une allure confiante et suffisante.

—Tu as bien dormi ? questionna-t-elle en revenant vers la couche.

Matthew hocha la tête. Il prit son visage en coupe et déposa un baiser sur son front. Elle frémi légèrement, arborant un sourire timide.

—Tu veux descendre pour petit déjeuner avec tous le monde ? Moi je ne tiens plus en place. J’ai une faim de loup.

Il sourit et hocha la tête. Elle lui tendit l’ardoise.

« Je vais me débarbouiller et on y va. »

—Je t’attends.

Ils descendirent et se mirent à table.

—L’amour donne des ailes, lança Britney en voyant Matthew en bas.

—S’il te plaît maman, ne commence pas, intervient Cody en déposant les assiettes sur la table.

Evan posait un grand bol en porcelaine contenant des flocons d’avoine cuits dans du lait. Il apporta en suite des tranches de pain, du jus de fruit et quelques tranches de fromage.

—Je n’ai rien dit, dit Britney en levant les mains.

Le petit déjeuner se passait dans la bonne humeur. Matthew s’étonnait de voir comment Alicia cachait ses émotions. Comment elle faisait semblant que tout allait bien et comment elle avait réussi à faire disparaitre les traces de ses pleurs sous un faible maquillage.

Ayant fini plus tôt, Britney quitta la table pour déposer Brittany à l’école avant de se rendre à son travail. Cody et Evan devaient se rendre en cours. La clinique devait être gérée par deux des cousins de Cody.

Une fois le repas fini, Alicia aida les garçons à débarrasser et à ranger après la vaisselle. A son retour dans le séjour, Matthew avait noté quelques mots sur l’ardoise.

«On fait un tour ? »

Elle accepta. Il lui proposa sa main et elle joignit la sienne à la sienne. Ils sortirent de la maison et se mirent à marcher en direction du parc. Leur silence contrastait avec la vie autour d’eux. Des enfants couraient avec leurs sacs à dos pour rejoindre le bus scolaire. Des jeunes et moins jeunes se rendaient à leurs activités quotidiennes. Les klaxons des voitures et ceux des biciclettes.
Ils pénétrèrent dans le parc, toujours main dans la main, profitant du merveilleux paysage, des papillons qui virevoltaient dans l’air et de la brise matinale. Ils trouvèrent place sur un des bancs.

« Quand j’ai vu ce parc à travers la fenêtre de la chambre, j’ai tout de suite pensé à toi, écrit Matthew. »

—C’est dur de communiquer comme ça, dit Alicia avec un petit sourire.

Matthew sourit aussi.

« Si je suis venu te chercher sur le campus, c’est parce que tu ne répondais plus à mes appels, ni à mes messages. Tu n’étais pas là quand je venais te voir. Pourquoi tu m’as snobé pendant ses deux semaines ? »

—Parce que j’avais peur.

« De quoi ? »

—De la place que tu étais en train de prendre dans ma vie. Tu me manques déjà quand tu t’en vas à peine, je pense à toi souvent. Je me demande même si tu as mangé dans la journée quand on ne se voit pas. Je n’aime pas qu’on soit fâché, j’ai peur qu’il t’arrive quelque chose. Et quand j’ai appris ce qu’il t’étais arrivé, j’avais la gorge nouée. Il fallait que je vienne, que je m’assure que tu vas bien et j’ai une envie pressante de démolir celui qui t’as fait ça.

Matthew souriait tout le long de son exposé et il se mit à écrire sur son ardoise. Alicia voulait savoir ce qu’il écrivait et attendait avec impatience. Quand il finit, il lui présenta l’objet avec ses mots.

« Je t’aime aussi.»

Voilà c'est la fin !

J'espère que vous avez aimé.

Qu'est-ce que vous en avez pense?

Je vais faire l'effort de publier un chapitre au courant de la semaine pour rattraper le vide de la semaine dernière.

Xoxo Loves ❤️❤️❤️❤️

IG: @conte--moi

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