Chapitre XVII
Hello hello Loves ❤️❤️❤️❤️❤️ bonne année 2024 🍾🍾🍾🍾🍾🍾🍾 ça va? Moi ça va. Ce chapitre m'a prit beaucoup de temps, mais le voilà enfin.
Je vous laisse avec la suite.
Bonne lecture ! 🍿🍿🍿🍿🍿🍿🍿🍿🍿🍿🍿🍿🍿🍿🍿🍿🍿🍿🍿🍿🍿🍿
Flashback il y a une semaine.
Jerry conduisait sur une route de terre sinueuse, parsemée de blocs de rock sables.
Le paysage désertique s’étendait à perte de vue et les collines au loin paraissaient comme un voile léger et transparent.
A plusieurs reprises, les roues du quatre quatre patinaient en déséquilibre sur la voie. La peau luisante de transpiration, Jerry contractait ses muscles pour imposer au véhicule sa destination.
Plusieurs kilomètres plus tard, il se gara sur le côté sans couper le moteur, prit son sac et l’enveloppe et se mit à grimper sur le petit relief aux parois grossières. Il échappa de justesse à la morsure d'un serpent sans s'en rendre compte.
Une fois au sommet, il pouvait apercevoir à une vingtaine de mètres de là, une maison en bois trônant sur une grande plaine. La plateforme était bordée par des collines.
Il descendit la pente au pas de course selon que la gravité lui dictait. Il avança ensuite vers l’édifice. Deux gros pots de fleurs étaient postés chacun de part et d'autre de la porte d’entrée. La première marche de bois grinça sous son pied, alors qu’il entamait son ascension.
Sur le porche, en plus des pots de terre abritant d’élégantes plantes, une chaise à bascule en bois d’acacia se balançait au gré du vent du soir. Le chalet de chêne était chaleureux. Petit certes, mais convivial.
Jerry constata que la porte était entrouverte. Il la poussa de sa main et elle s’ouvrit dans un grincement. L’obscurité et un calme glaçant le cueillirent. Les yeux vidés, il s’avançait et s’arrêta net au milieu de la pièce quand il entendit ;
—Bienvenu mon frère. Je t’attends depuis un bon moment déjà.
Jerry se dirigea machinalement vers le son de la voix, mais il fut stoppé dans sa course par un violent coup sur la tête. Il s’écroula au sol inconscient.
❤️
Revenant peu à peu à lui, il percevait de manière floue deux voix masculines en pleine conversation. Ses yeux plissés tentaient de s’habituer à la lumière du soleil qui les agressait. Regardant autour de lui, il tentait de rassembler ses souvenirs pour comprendre où il était quand une douleur violente se fit sentir à l’arrière de son crâne. En voulant se toucher la tête, il se rendit compte qu’il était attaché aux barreaux du lit. Voulant exprimer sa surprise, il se rendit également compte qu’il était bâillonné.
Son incompréhension était palpable. Ses bras latéraux tentèrent en vain de se détacher. En agitant ses membres supérieurs et inférieurs dans des murmures étouffés, il ne réussit qu’à faire tinter le fer contre le fer. Son regard passa de la surprise à la colère. Des lueurs de fureur passaient dans ses yeux à la vue de celui qu’il a toujours appelé son frère. Sa respiration saccadée témoignait de son agitation et quelques gouttes de sueur perlaient sur son front.
—Donne-lui une autre dose, ordonna l’homme à son acolyte, sans quitter Jerry des yeux.
—Il ne vaudrait pas mieux le nourrir d’abord ?
—Tu n’arriveras à rien avec lui dans cet état. Allez ! Rendors-le, dit-il avant de quitter la pièce.
L’homme préleva le produit transparent du flacon sur la table ronde près du lit à l’aide d’un seringue. Il tapota cette dernière de son index et de son pouce, avant d’effectuer une légère pression sur le piston qui fit jaillir une petite quantité du liquide.
S’agitant de toutes ses forces, Jerry manifestait son désaccord sur ce qui allait se passer. Ses gémissements étouffés plus importants et ses regards à la fois suppliants et menaçant ne réussirent pas à faire flancher le trentenaire.
Une fois l’injection faite avec habileté dans son bras, sa force musculaire commençait à le quitter. Il arrêta de gesticuler. Sa respiration commença à s’apaiser et ses paupières à s’alourdir. Les minutes qui suivirent, il était déjà endormi.
—Je ne comprends pas, dit l’homme sortant de la maison pour rejoindre le maître des lieux sur le porche. Vous avez isolé sa chevalière depuis deux jours déjà et il n’y a pas d’antenne relais par ici. Pourquoi est-il toujours dans cet état ?
—Pour pousser ses soldats à commettre l’irréparable, allant jusqu’à tuer leurs propre sang, l'ordre utilise d’autres méthodes de manipulation en plus de celles qu’elle utilise sur tout le monde.
—Que pourraient-ils bien faire pour pousser un homme à ces extrêmes ?
—Ils sont entrés dans sa tête, répondit-il simplement.
—Comment c’est possible ? s’étonna le jeune homme, le visage déformé par l'incompréhension.
—Tu as encore beaucoup à apprendre Murphy. Ils lui ont donné une pastille qui a annihilé sa volonté, ses émotions, ses sentiments et ils l’ont saturé d’informations sur sa mission.
—Ils peuvent vraiment faire ça ?
—Et bien plus encore mon petit. Tu n’es pas au bout de tes surprises. Celui qui m’inquiète maintenant c’est Evan. Vu l’état de son père, je me demande s’il va bien. Ou s’il est vivant, conclut-il péniblement.
—Vous pensez qu’il a tué son propre fils ? questionna Murphy estomaqué.
—Celui que tu vois allongé sur ce lit est une vraie machine à tuer avec leurs simples outils, mais avec ce qu’ils lui ont donné…son téléphone ne passe toujours pas, murmura-il.
—Vous voulez que j’aille voir ?
—Non. J’ai besoin de toi ici. Je contacterai Clément, il s’en chargera.
—Comment va-t-on pouvoir le nourrir, dit Murphy en faisant un signe de la tête vers la maison.
—Quand il sera épuisé. On le gardera attaché pour éviter des mauvaises surprises.
—Les effets de cette pastille durent combien de temps ?
—Ça peut aller de plusieurs jours à plusieurs semaines. Ça dépend de la dose qu’on lui a administrée.
Murphy hocha simplement la tête.
Un vent doux soufflait sur eux, soulevant un peu de sable au passage.
—Monsieur Jordi ? interpella Murphy, alors que ce dernier arrosait ses plantes avec son petit arrosoir.
—Oui Murphy ?
—Vous croyez que le plan va marcher ?
—Il le faut. Nous n’avons pas d’autres choix que de réussir.
Jour 3
Jour 4
Jour 5 : Ils ont réussi à donner de l’eau à boire à Jerry.
Jour 6
Jour 7 : Ils ont réussi à le nourrir, mais la fureur se lisait toujours sur son visage.
Fin du flashback.
Quatre semaines et deux jours plus tard.
Ce matin-là, à son réveil, Jerry semblait perdu. Il regarda tout autour de lui, mais n’arrivait pas à savoir où il était. Il constata qu’il était attaché. Il cogitait, mais rien ne lui venait.
—Jerry ? l’appela Jordi.
Il retira ses lunettes, qu’il déposa sur la petite table circulaire devant lui, il y déposa le livre qu’il lisait, se leva du fauteuil près de la fenêtre où il s’était assis et se précipita auprès de lui.
Il retira l’adhésif de sa bouche, ce qui arracha des grimaces de douleur à l'homme encore allongé. Il l’observa un long moment.
—Jordi, mon frère ! Qu’est-ce que je fais ici ? Pourquoi suis-je enchaîné ?
—Amistat més enllà (au-delà de l’amitié )…, commença Jordi.
—Som germans en aquesta terra (nous sommes frères sur cette terre)…, ajouta Jerry.
« Res ni ningú ens podrà separar. » (Et rien ni personne ne pourra nous séparer), finirent-ils ensemble.
La promesse de leur amitié, ils l’avaient sceller par ce serment il y a près d’une trentaine d’années. Ils avaient le devoir de se la rappeler non seulement pour ne pas l’oublier, mais aussi pour se rassurer qu’elle était toujours effective. Jordi s’empressa de prendre les clés dans la poche de sa veste grise en tissus prince de galles pour détacher son ami.
Une fois que ce fut fait, ils se prirent dans les bras l’un de l’autre. Ils ne s'étaient pas revus depuis plus de dix ans. L’émotion était au rendez-vous, mais également la joie et la confusion.
—Qu’est-ce que je fais ici ? Comment je suis arrivé là ? interrogea Jerry.
—Je répondrais à tes questions, mais d’abord, tu vas prendre une bonne douche et un bon repas chaud.
Il le conduisit à la salle d’eau et lui donna le nécessaire. Puis il plaça des vêtements propres sur le lit à son intention.
Dans sa cuisine, un Conill amb cargols (lapin et escargots) mijotait calmement. Il avait au préalable préparé une sauce allioli (une sauce faite d'ail et d'huile d'olive) pour accompagner le plat. Il aurait bien prévu une bouteille de vin, mais il ne buvait plus depuis cinq ans.
Après s’être habillé, Jerry rejoint Jordi dans le séjour. Ce dernier était en train de déposer les plats sur la table à manger.
—Les bons plats de Laia m’ont terriblement manqué. Ça sent drôlement bon, dit Jerry en s’approchant de la table. Elle n’est pas là ?
—Non, on ne sera que tous les deux, répondit-il d’un ton qui se voulait moins triste. Installes-toi je t’en prie, poursuivit-il.
Ils s’assirent l’un en face de l’autre. Au même moment, Murphy entra dans la pièce les bras chargés de sacs plastique.
—Ah Murphy ! Tu arrives juste à temps. Nous allions dire une prière.
—Une prière ? Tu es croyant maintenant ? s’étonna Jerry d’un ton moqueur.
—Jerry je te présente Murphy, mon fidèle équipier. Murphy tu connais déjà Jerry.
—Heureux de vous avoir parmi nous, dit le jeune homme avant d’aller ranger ses courses dans la cuisine.
Ses bottes en caoutchouc étaient recouvertes de boue.
—Rejoins-nous, nous allons bientôt commencer.
Murphy les rejoignit et une fois tous à table, Jordi dit une prière et ils commencèrent à manger. Les mets succulents de Jordi firent l’unanimité et lui valurent des éloges. Le plat typique Catalan réveilla des souvenirs et suscita des rires autour d’histoires de famille et de faits divers.
Murphy se chargea de débarrasser et de faire la vaisselle. Jordi prit Jerry avec lui et ils s’installèrent sur le perron.
En silence, il lui tendit l’enveloppe dorée qu’il avait sur lui à son arrivée. Jerry la prit et l’ouvrit. Son regard hébété migra de Jordi au papier.
—Mais qu’est-ce que…
—Tu te rappelles de ce qui s’est passé ?
—Je suis confus. Je ne comprends pas. Ils veulent que je te tue ? Mais pourquoi ?
—Regarde la date.
—Ça fait plus d’un mois…mais…
—Tu es venu ici à cette date, avec la ferme intention de me tuer.
—Tu rigoles ?
—Ils savaient que tu ne le ferai jamais de toi-même, alors ils t’ont forcé à le faire.
—Comment ? questionna Jerry toujours aussi estomaqué.
—Tu as reçu une invitation spéciale du grand maître. Tu t’en souviens ?
—Oui vaguement.
—Creuse Jerry, il faut que tu te rappelles!
Rien ne lui venait et Jordi n’a pas voulu insister. Ils ont passé une après midi paisible et au moment du coucher, Le maître de maison prêta son lit à son invité et naturellement, Murphy s’installa sur le canapé pour la nuit.
La nuit était paisible. Il faisait frisquet et le silence était bercé par le vent qui soufflait sa rage. Le son était atténué par les volets fermés. La lumière jaune tamisée de l’abat-jour, rendait l’ambiance de la petite chambre encore plus cosy.
Jerry ne tarda pas à s’endormir.
Au milieu de la nuit, le calme fut rompu par des cris et des pleurs. Jordi et Murphy réveillés en sursaut se ruèrent vers la source du bruit.
Jerry était effondré. Assis sur le lit, sa tête entre ses mains.
—Que se passe-t-il cria Jordi, en allumant la lumière. Il scruta rapidement la pièce, avant de reporter son regard sur son ami.
—Qu’est-ce que j’ai fait ? Qu’est-ce que j’ai fait ? Evan, mon fils, cria-t-il sans contrôle.
Il regarda une à une ses mains un instant tout en pleurant avec l’amertume dans l’âme. Sa détresse se lisait sur son visage déformé par la tristesse. Ses yeux rougis peinaient à fixer son Jordi. Les épaules affaissées, le visage humidifié par ses larmes, il était comme en train d’halluciner. La vérité venait de lui frapper en pleine face comme une gifle sèche et brutale et en plein cœur tel un poignard aiguisé s’attelant à rouvrir et à agrandir des blessures.
—Eh Jerry ! dit Jordi en le secouant.
—J’ai tué mon fils Jordi, je l’ai… je l’ai étranglé, dit-il en lui présentant ses mains avec dégoût. Je suis un monstre, je suis un monstre, dit-il avant de crier sa douleur.
—Non. Calme-toi ! Écoute ! Écoute Jerry, dit-il en secouant son ami inconsolable. Il va bien.
Jerry le regarda avec incompréhension. Il se calma un instant, tentant de traiter la nouvelle information qui se présentait à lui.
—Mais tu ne comprends pas. Je me souviens… je…il était à terre…je l’ai laissé pour mort, dit-il légèrement tremblant.
—Il va bien. Sa voix était éraillée un moment, mais en dehors de ça il va bien.
—Tu en es sûr ?
Jordi hocha la tête. Jerry renifla plusieurs fois avant de prendre le mouchoir que lui tendait Murphy. Il essuya la morve qui coulait sur ses lèvres.
Le jeune homme se retira, abandonnant ses aînés à leurs discussions.
—Alors il va bien, questionna Jerry toujours inquiet pour se rassurer.
—Oui, il va bien. Tiens, cette photo a été prise hier après-midi. Il a repris les cours.
Le sexagénaire à la peau mate et aux cheveux grisonnant souriait comme un idiot devant l'image de son fils. Ce dernier portait un col roulé bleu nuit sous une doudoune de la même couleur avec un jean bleu foncé. Sa belle chevelure noire frisée, était dissimulée sous un long bonnet de la même teinte que ses vêtements. Le tout avec des chaussures à fourrure noire. Il était visiblement en pleine conversation avec un autre jeune.
Jerry renifla en séchant ses yeux. La tristesse semblait s’être dissipée de son regard, mais elle ne tarda pas à revenir.
—Comment je vais pouvoir me faire pardonner ? Comment puis-je le regarder en face ? Il doit me voir comme un monstre maintenant. Je l’ai perdu Jordi. J’ai perdu mon fils…
—Je suis sûr qu’il comprendra quand on lui expliquera ce qu’il s’est passé. Il est à ta recherche depuis qu’il va mieux. Il sait se faire discret pour ne pas éveiller des soupçons dans l’ordre. Tu l’as bien formé, dit Jordi avec un petit sourire.
Ce dernier commentaire arracha un sourire triste à Jerry. Il était très peu convaincu des arguments de son ami et s’imaginait déjà le pire. Son esprit divaguant fut ramené sur terre par la voix grave de son frère.
—Tu te souviens de quelque chose d’autre ?
—Oui. Quand je suis arrivé au quartier général, on m’a reçu avec les honneurs, puis ils m’ont escorté jusqu’au bureau du grand maître. Il y avait une musique basse et une table était dressée. Il m’a invité lui-même à m’asseoir. Il m’a souhaité la bienvenue et m’a convié à piocher dans le plateau contenant des petits gâteaux moelleux. Maintenant que j’y pense, ils avaient un arrière goût aigre et salé. Il m’a encouragé à en prendre trois. Il m’a dit que vue mon ancienneté dans l’ordre, il était temps pour moi d’être promu, que selon mon parcours et ma fidélité, je devrai rejoindre le rang des hauts dignitaires. On nous a apporté à boire et nous avons trinqué à moi et à ma promotion. On nous a ensuite servi un repas que nous avons pris ensemble. Pendant que nous mangions, il m’a expliqué qu’il fallait que je fasse preuve d’une loyauté sans faille et que la preuve de celle-ci était dans l’enveloppe. Mais je ne devrai l’ouvrir qu’une fois chez moi. Je ne me souviens plus de grand-chose après ça. Je me suis retrouvé chez moi assis dans un fauteuil.
Un moment de silence permit à chacun de pousser la réflexion sur cette anecdote.
—Tu devrais te reposer, suggéra Jordi à Jerry.
—Je ne crois pas que j’y arriverai.
—Moi non plus. C’est parti pour une nuit blanche alors ! déclara Jordi en prenant ses aises sur le lit.
—Tu as de la bière ?
—Non… je ne prends plus d’alcool.
—Tu ne prends plus d’alcool, tu fais des prières ? Où est donc passé le Garcia que je connais ? Que pense Laia de l’homme pieux que tu es devenu ?
Ce commentaire le désempara. Il sortit de la pièce après s’être excusé. Jerry le suivit du regard confus.
—Jordi ? Ça va ?
Jerry entendit la porte d’entrée claquer. Il quitta aussitôt le lit pour le rejoindre à l’extérieur.
Il le trouva dos à la façade de la maison, à un mètre du perron.
—Tu pleurs Jordi ?
Ce constat articulé fit fondre en larmes le sexagénaire Catalan.
Sa peau blanche velue sous son manteau frémissait à s’en hérisser les poils. Son Pardessus ne faisait pas le poids face au froid hivernal qui s’était installé.
Comme tous les hivers, la North rim du plateau du Colorado se recouvrait de neige. Les premiers flocons commençaient à tomber.
Jerry déposa son bras sur l’épaule de son ami pour lui apporter son soutien et du réconfort. Ce dernier éclata en sanglots et son ami le prit dans ses bras. Il se calma au bout de plusieurs minutes. Son frère le convia alors à s’asseoir sur le perron. Ils s’installèrent tous deux, seul au milieu de cette immensité obscure faiblement éclairée par les lumières du chalet et transgressée par la multitude des cristaux blancs venus d’en haut.
—Qu’est-ce qu’il se passe ? questionna calmement Jerry inquiet.
—Elle m’avait prévenu…, mais j’étais soûl, il ferma les yeux pour s’empêcher de pleurer et prit une grande inspiration. Elle avait découvert que certains hauts dignitaires de l’ordre, le grand maître y compris, avaient développé des techniques pour hacker le cerveau humain. Ils ont toujours manipulé les membres de l’ordre par plusieurs moyens, mais là ils avaient décidé de faire fort. Ils ont mis au point des pilules contenant un cocktail chimique pouvant réduire à néant volonté, émotion et sentiments. Pour créer des machines, de vrais pantins à leurs services. Ils ont effectué des tests, qui n’ont pas été très concluants. Ils ont alors modifié les molécules jusqu’à obtenir ce qu’ils voulaient. Un contrôle total sur les gens et un effet prolongé. Elle en savait beaucoup trop et il voulait la faire taire. Si je n’avais pas bu, si seulement je…., dit-il les yeux rougis et humides.
Il se tut un moment pour essayer de trouver le courage de continuer.
—J’ai reçu une invitation spéciale du grand maître. J’avais bu et je ne comprenais pas ce qu’il se passait. Ils m’ont donné à manger et à boire, puis il m’a remis une enveloppe comme celle qu’on t’a donnée. En précisant bien que l’ennemi de l’ordre qui y figurait, ne devait plus vivre car il avait causé beaucoup de dégâts. J’étais ivre, mais je me rappelle du goût aigre et salé de certains aliments. Je ne sais pas comment je suis parti de là, mais je suis revenu à moi plusieurs mois plus tard. Avec l’énorme choc du souvenir de moi en train de tuer ma femme.
Il se tu une fois de plus. Ce souvenir provoquait en lui du dégoût, de l’amertume et des envies suicidaires.
—Tout m'est revenu d’un seul coup, même l’endroit où je l’avais enterré.
Une autre pause s’imposa, pendant que les larmes de Jerry commençaient déjà à couler.
—Je ne voulais pas y croire alors je suis allé vérifier… j’ai… trouvé son corps en décomposition. J’ai hurlé, je me suis jeté à terre, mais il n’y avait plus rien à faire. J’étais perdu et terrassé par la culpabilité. J’ai donc décidé de lui donner une sépulture digne et de mettre fin à mes jours. Après l’enterrement, je suis rentré à la maison. Je m’étais préparé des injections de cyanure pour en finir. Au moment où j’ai pris la seringue, j’ai entendu sa voix. Le son de sa voix m’est revenu. Je pleurais en me rappelant une de nos dernières conversations. Elle s’était rapprochée de certains croyants et commençait à parler à Dieu. Elle m’encourageait à faire pareille. A chaque fois que je voulais faire cette injection, sa voix en moi résonnait encore plus fort. A la dernière tentative, mes yeux sont tombés sur une farde sur laquelle était inscrit les mots “top secrets”. J’ai tout de suite reconnu son écriture. En ouvrant le dossier, je me suis rendu compte qu’il y avait tout ce qu’elle avait découvert sur l’ordre. Sur le coup, j’ai décidé de m’en servir pour me venger. Mais avec le temps, l’idée d’empêcher d’autres massacres est devenue bien plus forte.
—Ça fait combien de temps ? questionna Jerry consterné.
—Cinq ans, répondit simplement Jordi. Je rêve tous les jours de pouvoir la rejoindre.
—Et sa famille ? Ils sont au courant ?
—Il ne lui restait que sa grand-mère sénile dans un hospice. J’ai pris soin d’elle tous les jours. Elle est décédée l’été dernier.
Le choc du récit imposa une lourdeur dans le cœur de Jerry qui le soumit à un autre moment de silence.
—Pourquoi tu ne m’as rien dit, pourquoi tu ne m’as pas appelé ?
—Pour te dire quoi ? Que j’avais tué ma femme ? Tu m’aurais compris ? Je n’ai jamais pu en parler à qui que ce soit, dit-il en reniflant.
Le poids sur son cœur semblait s’être légèrement apaisé après cet aveu.
—Je suis vraiment désolé mon frère, dit Jerry en le reprenant dans ses bras. Ils pleurèrent à chaudes larmes en se souvenant de Laia.
Je suis désolé, répétait-il en lui caressant le dos. Ils avaient la sensation que leurs cœurs s’émiettaient. La souffrance qu’ils éprouvaient était semblable à des poignards qu’on tournait et retournait dans la chair.
—Je me sentais perdu. J’avais l’impression de devenir fou à essayer de comprendre, dit-il dans des sanglots. Alors j'ai essayé de mettre en pratique son conseil, celui de parler à Dieu. Parler avec lui m’a aidé chaque jour un peu plus. Je commençait à y voir plus clair. Ça me calme vraiment de lui parler, dit-il dans un reniflement. Elle avait raison. Elle était plus apaisée les mois qui ont précédé… sa mort, dit-il après avoir mis fin à leur étreinte. J’ai lu et relu les notes de Laïa. L’ordre est un poison pour l’humanité Jerry. Il faut le détruire avant qu’il ne nous détruise. Regarde, ils ont failli te faire tuer ton fils ! Ils t’ont mandaté pour me tuer. Ils veulent se débarrasser de moi parce que j’en sais beaucoup trop. Tu m’aurais tué sans t’en rendre compte, tu t’imagines ? Penses au nombre de gens que nous avons tués au nom de l’ordre ! Penses à leurs familles ! Penses à Laia !
—Maintenant que j’y pense, ça fait plus d’un mois que je suis ici et ils doivent se poser des questions.
—Ils savent que je ne suis pas une cible facile à abattre et qu’il y a des risques que tu y passes en essayant de m’éliminer. C’est soit je te tue et tu passe pour un dommage collatéral, soit tu me tue. Ils doivent encore te croire sous emprise de leur drogue. D’après les études de Laia, l’effet dure six mois. L’antidote qu’elle avait mis au point a permis de te réveiller beaucoup plus tôt.
—J’avais oublié qu’elle était chimiste, dit Jerry d’une voix triste, le regard dans le vide.
—Avec les chimistes avec lesquels je travaille, on essaie d’écourter la durée des effets, mais surtout de les prévenir. La plupart des meurtres commis pour l’ordre sont pour couvrir les bévues du grand maître, de certains dignitaires et de quelques personnes haut placé dans le gouvernement. Ils font du trafic d’armes , de drogue, d’organes, de femmes, d'enfants. Ils sont plongés dans de nombreuses affaires illégales et nous on est leurs nettoyeurs, jusqu’à ce que notre tour vienne. C’est une bande de narcissiques qui font travailler des multitudes de gens pour leur compte.
—Comment on en est arrivé là ? Comment on a pu accepter de faire ça?
—Ils ciblent ceux qui doivent rejoindre leurs rangs. Si quelqu’un a le profil idéal, ils lui envoient des messages subliminaux. Par téléphone, via internet. Le futur caméléon reçoit à son domicile un cadeau qu'il aurait gagné. Ce cadeau contient une puce qui émet des fréquences inaudibles pour le conscient. Parfois la puce est juste placée dans un coin de la maison ou de la voiture de la victime. Ces puces rendent la personne réceptive à tout ce qui concerne l’ordre. Quand la puce à bien fait son travail, ils provoquent l’élément déclencheur. Ce qui va vous pousser physiquement à aller vers eux. Et ils interviennent comme des sauveurs.
Jerry n’en revenait pas, mais trouvait du sens au récit de Jordi. Il ressentait de la culpabilité pour avoir plonger son fils dans ce monde.
—Ça ne sera pas facile d’y mettre fin. L’organisation est très bien ficelée à travers le monde et ce depuis plus de cent ans.
—Il suffit de prendre les commandes, de supprimer les fréquences et ondes qu’ils utilisent pour manipuler et de désintoxiquer tout le monde.
—Ça serait plus facile d’inverser les fréquences pour toucher tout le monde directement.
—On y travaille! J’ai quelques pions au grand temple de Telluride et au secrétariat général. C’est ce qui me permet de couvrir les escapades amoureuses de ton fils, dit-il sur un ton taquin. La fille n’est pas de l’ordre et ça pourrait lui attirer des ennuis. Il y a un mystère autour d’elle que je n’arrive pas encore à éclaircir. Dis bien à Evan de rester prudent.
—Si jamais il me reparle un jour.
—Ne sois pas défaitiste. Je lui parlerai tu verras que ça ira.
—Si tu leurs rapporte ma tête, ils te feront confiance et si tu accèdes au rang de haut dignitaire, on aura accès à l’interne et à des informations confidentielles. Ils continueront peut-être à te droguer pour préserver le secret…
—Tu veux que je leur livre ta tête ?
—Oh ! C’est une façon de parler. Tu prends toujours les choses au pied de la lettre.
—Eh ! Mais parle bien toi aussi !
—Oh ! Le gamin est de retour ! dit-il d’un ton moqueur.
Jerry le foudroya du regard. Ce qui arracha un petit rire à Jordi. Jordi était taquin, mais à plusieurs reprises, la maturité de Jerry les empêcha de se déchirer.
—Je disais donc, reprit-il après s’être éclaircit la voix. Tu auras accès à eux et ça nous permettra d’élaborer le plan parfait. On a besoin d’un pion dans au moins chaque département de l’ordre.
Le vent soufflait de plus en plus fort et la pluie blanche devenait plus dense. Le chalet au centre de la plaine ressemblait à un îlot au milieu d’un océan blanc. Malgré la faible luminosité, on pouvait voir les parois rocheuses à l’entour se revêtir d’un manteau immaculé.
—Je suggère de continuer cette discussion à l’intérieur, proposa Jerry.
Jordi acquiesça et les deux hommes se levèrent pour rejoindre l’intérieur.
❤️
La nuit fut blanche comme la neige, les obligeant à faire une grasse matinée. Les deux amis avaient sérieusement discuté sur la question de la dissolution de l’ordre et avaient relevé quelques points importants à mettre en place.
Deux jours plus tard, Jerry devait retourner à Telluride. Jordi lui prépara quelques affaires dont les pastilles pour contrer les effets de la drogue du grand maître. Il les avait reçues la veille. Les trois hommes avaient prit le temps de remplacer la batterie du véhicule que Jerry avait laissé en marche en arrivant. Ils l’avaient déplacé et avaient aussi changé les roues.
—Au revoir mon frère. Fais attention à toi, dit le Catalan blanc au Catalan noir.
—Toi aussi.
—Faites bon voyage monsieur, dit Murphy à leurs côtés.
—Merci Murphy.
—On reste en contact. N’oublie pas de faire l’illuminé devant le grand maître. Gamin !
—Têtard ! lança Jerry en s’éloignant.
Jerry démarra le moteur et effectua une marche arrière avant de braquer le volant vers la droite.
Murphy et Jordi le regardaient s’éloigner et laisser des traces sur la neige.
—Vous ne lui avait pas dit ?
—Non. Ce n’est pas le bon moment.
—Vous ne pensez pas que ça aurait un impact positif pour notre cause ?
—Chaque chose en son temps Murphy. Chaque chose en son temps.
Fin du chapitre ! J'espère que vous avez apprécié.
Qu'est-ce que vous en avez pensé ? Et Jordi, vous en pensez quoi ?
En tout cas, merci de m'avoir lu et de voter, pour ceux qui vont voter.
Je vous dit à la prochaine.
Xoxo ❤️❤️❤️❤️❤️❤️
Ig: @conte--moi
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