Chapitre VII

La température avait baissé d’une dizaine de degrés. Un vent doux circulait faisant bouger les feuilles des arbres autour d’eux. Leurs cheveux se laissaient emporter par la valse de l’air frais.

Les mains posées derrière elle sur le bois, Amalia regardait l’étendue d’eau avec un petit sourire aux lèvres Elle se faisait la réflexion qu’elle n’avait encore jamais été aussi proche d’un cours d’eau naturel.

Les yeux fermés, la tête rejetée vers l’arrière, elle inspirait de grande bouffée de cet air particulier aux faibles senteurs d’iode, sous le regard observateur d’Evan.
Il semblait apprécier ce qu’il voyait.

En se redressant, elle croisa le regard du jeune homme, qui lui sourit aussitôt. Elle lui sourit en retour et brisa le silence.

—Je ne sais rien de toi, si ce n’est que tu t’appelles Brandon, que tu vis avec ton père et que tu es là pour la fac.

—Qu’est-ce que tu veux savoir ?
—Et bien par exemple d’où tu viens, c’est  quoi ton nom de famille,…

—Ok, dit-il avec un petit sourire. Alors mon nom de famille c’est Masson. Je suis originaire des îles Baléares.

—C’est où ?

—Au nord de l’Espagne.

—Je n’en n’avais encore jamais entendu parler. Comment c’est ? A quoi ça ressemble ?

—A des îles, dit-il avant d'émettre un petit rire. C’est juste magnifique.

—Pourquoi êtes-vous partis de là ?

—Pour le travail. Mon père voyage beaucoup et naturellement je le suis.

—Et ta mère ?

—En fait, je suis adopté. Mes parents biologiques sont décédés quand j’étais petit.

—Je suis désolée.

—Ce n’est rien. Je n’ai presque plus de souvenirs d’eux. Et je ne pouvais pas rêver d’un meilleur père que Marcus, dit-il l’air pensif.

—Il doit-être un bon père.

—Le meilleur qui soit, dit-il avec un petit sourire.

Après un petit moment de silence, il reprit la parole.

—Pourquoi tu vis enfermée ? Je veux dire tu as toujours vécu comme ça ?

—On peut dire ça. Avec ma mère c’était  moins stricte. Je devais toujours me faire accompagner par deux gardes du corps, mais au moins je pouvais sortir. Ici c’est autre chose. Je suis une vraie prisonnière. Je m’étais promis de profiter de la ville coûte que coûte et le destin m’a bien aidé en te mettant sur ma route.

—Tu as toujours vécu avec Juan ?

—On a grandi ensemble. C’est  le fils de la sœur aînée de ma mère. Il n’a pas voulu me laisser venir seule, alors il est venu avec moi. Je crois que j’aurais déjà pété les plombs si il n’était de là.

—Ça doit être dur de vivre comme ça.

—Je ne te le fais pas dire, dit-elle avec une mine triste.

Elle inspira un peu plus la saveur de la liberté. Ses yeux ronds croisèrent ceux d'Evan qui la regardaient déjà. Ils se sourirent avant de reporter leurs regards sur l’étendue liquide devant eux.

L’eau était calme, laissant voir à certains rebords des racines d’arbres qui avaient poussé à la lisière de la terre. Quelques oiseaux passaient par-dessus pour regagner leurs nids.
Les allées du parc n’étaient pas bondées en cette après-midi.
Ce cadre un peu plus intime que d’habitude, leur offrait d’avoir une conversation tranquille et sereine, non sans gêne à certains regards.

—Ça doit être la galère pour trouver des petits amis dans ta situation, dit Evan en se tournant vers elle.
—Juan m’aide beaucoup, sourit-elle. Je n’ai pas de problème de ce côté-là.

—Comment fait-il ?

—Il se fait passer pour leurs potes et ils ont accès à la maison.

—Hum… pas bête.

—Ici c’est plus stricte, on a pas le droit de recevoir à la maison.

Evan se coucha sur le bois, les mains derrière la tête. Son parfum aux senteurs boisées s’infiltra dans les narines d’Amalia.

Elle imita son mouvement et se détendit. Leurs jambes pendaient au-dessus de l’eau.

Deux oiseaux se battaient sur les perchoirs sur le bout de terre au milieu du lac. Leurs cris résonnaient à plusieurs mètres. Certains touristes les observaient avec des jumelles depuis le ponton couvert.

—Tu crois qu’on peut nager dans ce lac ? questionna Amalia.

—Je n’en sais rien. Si on pouvait, je crois qu’on y serait tous avec la chaleur qu’il y a eu aujourd’hui.

—Je m’y jetterais bien, dit-elle un petit sourire aux lèvres.

—Tu aime l’adrénaline on dirait.

—On se ferait interpeller par des gardes et on courrait avec nos vêtements dans les bras comme des fous jusqu’à ton pickup. Tu conduirait vite en écrasant le gazon et on sortirait en un rien de temps du parking…

—Et on aurait les flics aux fesses. On se ferait prendre pour plusieurs délits et ton père devra être mis au courant. Tu peux être sûr de dire adieu à tes moments de liberté.

—Ou peut-être pas. Ça dépend, dit-elle en se prélassant.

—Tu peux avoir des sensations fortes, sans commettre de délit, tu es au courant ?

—Hum hum, répondit-elle les yeux fermés.

Elle commençait à s’endormir. Evan n’osa pas la déranger, malgré le fait qu'il était inquiet qu’elle fasse preuve d’autant  d’insouciance face à lui. Parce qu’après tout, ils étaient pratiquement des inconnus.

La respiration calme et régulière d’Amalia en plus du calme alentour, rendait ce moment plus paisible. Les bruissements de l’eau étaient presque hypnotiques, incitant au sommeil.

La jeune femme lui fit face. Portée par Morphée, ses traits paisibles suscitaient l’intérêt d’Evan. Il la regardait dormir comme on contemple un beau tableau, comme on contemple l’œuvre sublime du créateur. Elle en était une d’œuvre du divin, se fit-il la réflection. Et il avait prit son temps pour dessiner une femme aussi belle.

Il ressentait de l’attirance pour elle, mais se disait que c’était trop tôt. Ou simplement qu’il y avait quelque chose d’anormal dans ses sentiments.

Il détourna le regard pour observer les oiseaux voler et virevolter.
Inspirant profondément, il se redressa, essayant de se remettre les pensées en place.

                                  ❤️

Une quarantaine de minutes plus tard, alors que la température avait encore baissé, il voulut la réveiller, mais hésita à la toucher.

—Amalia. Amalia, l’appela-t-il doucement.

Elle avait la tête sur les mains jointes. Sa petite bouche entrouverte. Il finit par lui tapoter le bras. Elle le fixa de ses yeux légèrement rougis et se redressa avant de s’étirer.

—J’ai dormi longtemps ?

—Une heure environ.

Elle mit sa main devant sa bouche pour bailler.

—Tu as dû t’ennuyer.

—Ce n’est pas grave. Tu semblais fatiguée. Je ne veux pas jouer les rabat-joie, mais tu crois que tu peux rester dehors jusqu’à quelle heure ?

—Ça dépend des jours, mais aujourd’hui je dois rentrer assez tôt. Mon père va passer, dit-elle en se relevant.

—Je te raccompagne.

—Ok.

Ils quittèrent la terrasse pour rejoindre le chemin de terre. Une fois au parking, ils prirent le quatre quatre en direction de LoHi.
Le chemin fut calme au rythme d’une musique douce. Une fois arrivés, Evan coupa le moteur et se tourna vers sa passagère.

—Vous voilà dans votre palais princesse.

—Je dirais plutôt ma prison, dit-elle après un long soupir. Comment s'appellent les habitants de ton île ?

—C’est un archipel qui contient quatre îles. Les habitants s’appellent  comme leur terre, les Baléares. Mais chaque île a une appellation distincte.

—Comment s’appellent ceux de la tienne ?

—Les Minorquins. Je suis de Minorque.

—Ok, et quelle langue parle-t-on chez toi ?

—On parle le Castillan, dit-il en souriant. Mais plus le Majorquin et le Minorquin qui sont deux variantes du Catalan.

Amalia plaça sa main droite sur son visage pour exprimer sa gêne.

—Je n’y crois pas. Tu as entendu ma conversation avec Juan l’autre jour ?

—Oui, rit-il. Je suis désolé. Remarque que si tu ne m’avais pas posé la question les choses auraient continué comme ça.

Il continua à rire de l’expression de son visage. Elle avait malgré tout un sourire dessiné sur le visage.

L’ambiance dans la cabine était presque romantique. De la lumière jaune tamisée en passant par la douce musique et un mélange de parfum agréable, il y avait tout pour créer des étincelles.

—Il faut que j’y aille. Merci encore.

—Je t’en prie. Tu me dois toujours une confidence.

—Et toi une glace, dit-elle avant de refermer la portière.

Evan la regarda enlever ses escarpins avant d’escalader le mur. Il ressentit un vide avec un petit pincement au cœur.

L'odorant souvenir de la jeune femme aux senteurs d’orchidées sauvage, parvint à ses narines. Il se surprit à apprécier ce parfum, qui d’ores et déjà titillait ses sens.

Il ralluma le moteur et prit la route en direction de Low Downtown, essayant tant bien que mal de taire ce que son cœur lui répétait depuis quelques temps.

Hello hello! J'espère que vous allez bien. Comment avez-vous trouvé ce nouveau chapitre?
Il n' y en aura qu'un seul aujourd'hui et j'en suis désolée. J'ai une semaine très chargée ( ma cousine se marie 🥳🥳🥳🥳🥳)
J'espère qu'il vous a plu. Je vous dit à dimanche les loves...
Xoxo

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