Chapitre VI

Les vibrations de son téléphone détournèrent l’attention d’Evan. Sur la bandelette virtuelle, était affiche un message de numéro inconnu. Il cliqua dessus et découvrit les lignes suivantes :

«Je t’attends devant l’amphithéâtre pour te rendre ton blouson. Amalia. »

Il esquissa un sourire en lisant ces quelques mots. Il ne savait pourquoi son cœur s’emballait à l’idée de la revoir, mais comme à son habitude, il n’y prêta pas attention.

Les dernières paroles du professeur et les questions taquines de certains de ses camarades n'étaient à ses oreilles qu’un simple brouhaha.
Le cours étant fini, il rassembla ses affaires dans son sac et sortit de la salle. Son sac à dos accroché à son épaule gauche, il passa une main rapide dans ses cheveux frisés. Un tic depuis l’enfance.

Arrivé à quelques mètres de l’amphithéâtre, il s’arrêta pour observer celle qui l’attendait.
Une blouse blanche sans manche au décolté légèrement drapé dans un tissu fluide et quelque peu brillant. Sur un jean bleu ciel évasé taille haute fendu au niveau des genoux. Des escarpins à talons hauts noirs rehaussaient sa silhouette en sablier. Ses cheveux étaient soigneusement attachés en une queue de cheval. Des lunettes de soleil de forme carrée venaient parfaire son look. Elle avait posé sur ses épaules le blouson noir et blanc qu’Evans lui avait prêté la veille.

Il s’approcha d’un pas rassuré et remarqua sur son autre épaule un cabas noir. Elle baissa ses verres  en l’observant venir vers elle.

—Joli look, commença-t-il.

—Merci. Tu n’es pas mal non plus. Je voulais te rendre ton blouson.

—Juste ça ? dit-il en levant un sourcil.

—Oui.

—Ok, dit-il en tendant la main.

—En fait…je voudrai visiter la ville et…

—Tu aurais besoin d’un guide.

—Ouais. Tu pourrais… si tu as le temps bien-sûr… et…

—C’est  d’accord !

—Oh ! Ok merci. On commence quand ?

—Quand tu veux. En ce moment j’ai  du temps à revendre.

—C’est d’accord, répondit-elle avec un sourire qui lui fit le même effet que la dernière fois.

Il lui présenta l’allée devant eux de la main, avant d’ouvrir la marche.

—Alors comment tu es venu aujourd’hui ?

—Juan m’a déposé. A mon réveil il y avait une montagne de pancakes sur mon bureau. Il sait que j'en raffole.

—Il a tenu parole, dit-il en souriant.

—Juan ne plaisante pas avec la nourriture, dit-elle avec un sourire l’air rêveur.

Le soleil très ardant, reportait sa chaleur sur leurs corps. Le blouson protégeait la jeune dame des rayons, mais ne l’empêchait pas de suer. Ç’en devenait tellement insupportable qu’elle le retira.

—Je crois que je vais devoir le laver avant de te le rendre.

—Tu peux le garder tu sais. Il te va bien.

Il trouvait que ce dernier faisait ressortir ses yeux, mais il se garda de le lui dire.

—Merci, répondit la jeune femme.

Ils se dirigeaient lentement vers le parking. Quand ils y furent arrives, Evan déverrouilla son pickup. Il invita Amalia à monter. Il démarra le moteur, puis la climatisation.

—Quelle chaleur accablante, déclara Amalia.

—Ils ont annoncé Trente huit degré ce matin à la météo.

—Je peux ? demanda-t-elle en pointant la boîte de mouchoirs de sa main gauche, ornée d'un joli bracelet doré.

—Bien sûr, dit-il en la lui tendant.

—Je plein ceux qui doivent constamment être en costume en ce moment, dit-elle en épongeant sa peau.

L’air à l’intérieur devenait peu à peu agréable, avalant la chaleur qui s’y était installé. Les sièges qui étaient brûlants commencèrent à tiédir et  l’odeur  du cuir neuf se mélangeait à celle de pomme de pin qui émanait du diffuseur. Evan passa une de ses chansons préférées. Douce, mais joyeuse. Des paroles profondes qui parlent à l’âme.

—Tu écoutes ce genre de chansons ?

—Ouais, répondit-il en suivant le rythme de la tête.

Il chantonna une part du refrain en repositionnant le rétroviseur interne.

—Alors, par où tu veux commencer, questionna-t-il.

—Lakewood. J’en ai beaucoup entendu parler. Surtout de la librairie… celle qui est non loin du lac.

—C’est parti, lança-t-il joyeusement en braquant son volant vers la gauche pour sortir du parking.

Le trajet en voiture n’était que d'environ treize minutes. Il choisit délibérément de faire quelques détours pour lui permettre de voir certains endroits. Ils roulaient dans une ambiance douce.

Amalia reconnue la chanson qui venait de commencer et se mit à la chanter avec son fort accent. Ce qui fit rire Evan.

—Quoi ? Pourquoi tu te moques de moi ?

—Tu devrais t’entendre. On aurait dit… pas une casserole, mais des casseroles et toute sorte de vaisselle dans une machine à laver. Le tout tournant dans le tambour.

—Tu es méchant ! Ce n’est pas possible, rit-elle.

Elle se retourna précipitamment pour lire une inscription.

—Eglise internationale du cannabis, dit-elle éberluée. Ils sont sérieux ? Vraiment ? Une église de cannabis ?

—C’est un site touristique. Je t’emmènerai  un jour si tu me paie bien. Être guide ce n’est pas de tout repos.

Ils rirent tous les deux.
Le chemin ne fut plus très long avant d’arriver à Belmar library dans le comté de Jefferson à Lakewood.

—On y est mademoiselle. La librairie municipale de Lakewood. « celle à côté du lac » comme demandé.

—Merci bien cher guide.

Il se gara dans le parking à quelques mètres de l’entrée principale. Après être descendus du véhicule, ils se dirigèrent vers la façade du bâtiment.

Le sol bétonné, laissait place à des espaces de terre décorés de verdure. Ils passèrent entre deux des gros blocs de béton alignés à l’avant.

Sur la grosse pergolas adossée rouge, il était marqué en blanc « Belmar library »  en lettres capitales.
Le plafond en bois de celle-ci était incrusté de luminaires circulaires.

Ils se voyaient avancer sur les portes vitrées qui reflétaient le parking, laissant derrière eux des jeunes gens discutant sur les bancs métalliques.
Un portier leur ouvrit la porte en les souhaitant la bienvenue.
Un jeune homme se proposa ensuite de les aider à trouver ce qu’ils cherchaient. Ils lui dirent qu’ils venaient visiter et il se proposa de les guider.

Ils découvrirent un espace pour enfants, un espace pour les moins jeunes, une salle de réunion, des boutiques de souvenirs, un coin pour les lecteurs débutant, un coin pour les fictions, un autre pour les non fictions...

La jeune femme avait du mal à cacher son sourire. Elle était comme une enfant dans un magasin de jouets ou de bonbons. De la joie, mais aussi de l’emmerveillement se lisait sur son visage. Son cœur battait vite. L’euphorie, c’est ce qui décrivait le mieux ce qu’elle ressentait.
Ce qui pour des jeunes gens normaux était une routine, un passe temps ou une obligation était pour elle un rêve. Un rêve qu’elle vivait enfin. Elle touchait du bout des doigts la liberté. Cette simple idée lui donnait des frissons. Des frissons de peur mêlés à de l’excitation.

Le coin qui parla le plus à Amalia, ce fut celui des livres en espagnol. Elle y trouva plusieurs de ses lectures. Elle y chercha le dernier roman de son autrice préférée, mais ne le trouva pas.

—Vous cherchez un livre en particulier ? demanda leur guide.

—La lune bleue de Thereza Wolf.

—Nous ne l’avons pas encore reçu, mais il est déjà sur notre liste d’attente.

A la fin de leurs visite, ils se posèrent sur des fauteuils particulièrement moelleux. Leur guide les abandonna la pour aller s’occuper d’autres personnes.

—On peut voir que tu aimes la lecture, dit Evan en observant la vue qui s’offrait à eux.

—Oui beaucoup. Ça a toujours été un moyen d’évasion pour moi depuis ma tendre enfance. Quand tu lis tu voyage sans bouger. Tu découvres des paysages, des endroits. Tu rencontres des personnes…tu te sens moins seule, dit-elle d’un air triste.
Quand tu lis tu peux vivre mille vies. Aimer et détester, parcourir le monde…

—Wow.

—Les livres c’est ma bouée de sauvetage, c’est mon oasis, une bouffée d’air frais après un moment d’asphyxie.

—Tu te sens seule à ce point ? Et… pourquoi tu n’as pas le droit de sortir de chez toi ?

—Si seulement je le savais.

Elle regrettait d’en avoir trop dit. C’était  des histoires de famille après tout. Son père avait bien ses raisons, mais elle n’avait  plus cinq ans et elle étouffait. Peut-être que si il lui disait de quoi il s’agissait exactement, elle saurait faire attention? Elle avait peur d’en dire trop et de faire fuir celui qu’elle considérait comme son nouvel ami.

—On fait un tour dans le parc ? proposa-t-elle subitement pour changer de sujet.

Evan acquiesça mille questions dans la tête. Il était de nature curieuse et ne pouvait pas se contenter de demi vérité. Il aimait aller jusqu’au bout des choses.

Ils sortirent de la bibliothèque et se dirigèrent vers les sentiers de terre non loin. L’ombre du réverbère à la frontière du béton et du sable s’étalait de tout son long sur le chemin terreux. Le soleil avait changé d’angle et laissait un peu de répit aux habitants de la ville.

Ils marchaient côté à côté en silence. Evan n’arrivais pas à décider quelle question il allait poser en premier. Il ne voulait pas qu’elle s’offusque ou paraître très intrusif. Mais ça le démangeait.

Ils passèrent près d’une statue, avant d’arriver à une petite plateforme en bois avec des gardes fou face à face. Laissant les deux autres faces vide. Ils s’assirent sur l’un des côté non protégé balançant leurs jambes au dessus du lac.

Elle ne le laissait pas transparaître, mais Amalia était heureuse . Elle passait une belle journée à découvrir des livres et à être en pleine nature. Le tout avec en bonus un beau gosse à ses côtés, pensa-t-elle en jetant un coup d’œil vers lui.

Elle le trouvait beau avec sa peau mate, elle rêvait de passer ses mains dans ses cheveux frisés. Et ses yeux en amande dont les pupilles noires étaient mise en valeur par la douce brillance qu’offrait le soleil par cette après midi, lui faisait de l’effet.

Elle aimait l’assurance qui se lisait en lui. Elle enviait sa liberté et sa légèreté. Elle aurait aimé faire preuve de courage et d’insouciance, mais sa réalité la rattrapait comme une corde autour de son cou qui aurait atteint sa limite.
Sa gorge se resserrait à chaque fois. La douleur qu’elle avait dans sa poitrine transperçait son âme jusqu’à  son corps.
Très souvent, elle se perdait dans ses pensées à chercher à savoir pourquoi elle avait toujours vécu enfermée, cachée, à savoir pourquoi elle n’avait  même pas le droit de porter le nom de son père.

Voilà pour ce chapitre j'espère que vous avez aimé. Dites-moi ce que vous en avez pensé.
Je vous laisse mes loves et je vous dit au prochain chapitre.
Xoxo

Instagram : @conte--moi

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