Chapitre I.

Dans le calme de la nuit noire bercée par la brise du soir, tout semblait en paix. La lumière du lampadaire éclairant la benne à ordure s’immisçait par la fenêtre de la chambre à l’étage.

 Les rideaux se laissaient aller au vent sifflant, ce qui créait avec le son des aiguilles du réveil, une sorte de musique d’épouvante précédant des instants d’horreur.

La paix n’était pas de mise pour Evan, qui s’agitait dans son lit au gré des cauchemars. Il disait et murmurait des  « non » à répétition.

C’était le même rêve depuis des années. Il tentait désespérément d’empêcher le meurtre de ses parents, jetés dans une sorte de broyeurs sous ses yeux d’enfant. Il n’arrivait plus à reconnaître leurs visages après toutes ces années, mais il savait que s’était eux. Quand vint son tour, l’homme à la dent dorée et au sourire diabolique se saisit de lui par le col de sa chemise et le lâcha dans le broyeur en riant aux éclats. C’est  toujours à ce moment là qu’il se réveillait en sursaut, tout haletant dans une marre de sueur. 

Il inspecta ses alentours et quand il se rendit compte qu’il était dans sa chambre, il se détendit un peu et se murmura quelques mots pour tenter de reprendre son calme.

—Ce n’est qu’un rêve ! Ce n’est qu’un rêve calme-toi.

Il prit son visage entre ses mains, puis passa ces dernières dans ses cheveux. Son souffle commença à se régulariser et ses muscles se détendre. Son cœur suivait aussi, il cognait de moins en moins fort.

Il Jeta un œil sur son réveil et constata qu’il était trois heures du matin comme à chaque fois. N’ayant plus une once de sommeil, il se leva et alla se laver le visage dans sa salle de bain attenante. La lumière blanche n’était pas à son comble dans celle-ci. Il se regarda un instant dans le miroir avant de replacer ses mèches frisées noires vers sa nuque.  Il vida ensuite sa vessie, avant de se rendre dans ce que tout le monde qualifierait de bureau. Il baissa une rangée de livres de la bibliothèque et pénétra la pièce qui se présenta à lui.

Simplement vêtu d’un short noir, il se mit à astiquer à l’aide d’un linge blanc un Sig 40, puis un Glock 45.

Cette chambre était remplie de toutes sortes d’armes, des plus petites aux plus grandes Il y avait du matériel de tireur d’élite, des lames, des grenades, et j’en passe.

Il essuyait les objets avec force, comme s’il était vital pour lui de les faire briller.

—Calme-toi ! Tu vas finir par te faire mal.

Résonna une voix derrière lui. Il ne se retourna pas et continua à frotter le tissu contre l’acier.

—Tu es déjà de retour ? Ça a dû être facile aujourd’hui ? questionna le jeune homme.

—Certes, mais ça le sera moins pour toi demain si tu ne dors pas.

Il reconnut l’odeur de la poudre et jeta un œil à l’homme qui rangeait  un H&K G28 dans une des étagères.

—J’ai essayé.

—Encore ce cauchemar ?

—Toujours. Je ne sais plus quoi faire.

—Ça va aller tu verra. Tu en viendra à bout, mais pour l’instant tu dois dormir. Demain tu rencontre l’oracle et cela va déterminer ton avenir au sein de l’ordre.

—Je sais papa.

—Nous allons devoir rester quelques temps ici. Il est important que nous soyons perçus comme des gens parfaitemen normaux. Tiens c’est pour toi, dit-il en lui tendant une enveloppe.

—Qu’est-ce que c’est ?

—Ton admission à la fac de médecine.

—Mais je n’ai jamais…

—Ça sera ta couverture tout le temps que nous passerons ici. Et non, je n’ai pas pu trouver autre chose. Tu devras t’en contenter, dit-il en laissant échapper un petit rire devant l’expression d’Evan.

—Brandon Masson ? S’exclama-t-il en lisant le document. Où est donc passé votre inspiration mr Goulastache Brevitiniel ?

L’homme rit en se détachant du meuble sur lequel il s'appuyait avant de poursuivre.

—Je me fais vieux. Tu vas devoir te contenter de noms très communs dorénavant. À moins que tu veuilles prendre la relève ?

—Née le vingt neuf avril deux milles à Seattle, poursuivit-il. Il n’y a que l’année qui ne change pas.

Et c’est quoi ton nouveau nom à toi ?

—Marcus Masson.

—Marcus Marcus. Tu en est résolu à porter des noms aussi…

—Je t’interdis de faire des commentaires.

Ils rirent tous deux avant que le père ne puisse reprendre la parole.

—Tu pourra visiter l’université dès la semaine prochaine. En attendant va te coucher Brandon.

Evan retourna dans sa chambre après avoir donné une tape assez forte à l’omoplate droite de son paternel. Ce dernier grogna, mais fit lent à la riposte. Ce qui fit rire Evan. 

Jerry Spark's, son père adoptif, prit soin de refermer la pièce secrète.

Il l’avait trouvé par une nuit d’octobre dans une casse, alors qu’il venait d’éliminer une de ses cibles. L’enfant était en train de se faire jeter dans un broyeur. Il l’a secouru de justesse et s’est chargé de lui rendre justice. Il a abattu deux de ses assaillants, mais le troisième avait pu s’enfuir. Ce dernier avait de nombreux tatouages et une dent en or. 

Evan avait raconté plus tard à Jerry que ses parents et lui avaient surpris ces hommes en train d’ôter la vie à un couple.  Il avait alors compris que ces bougres ne voulaient juste pas laisser de traces de leurs crimes.

 Quand Jerry a prit Evan sous son aile, il n’avait que quatres ans. Il l’a élevé et lui a transmis tout son savoir d’assassin. Aujourd’hui , il est prêt à rejoindre la confrérie à laquelle appartient son père adoptif, cette organisation qui a été pour lui un soutien et une famille quand il en avait besoin, l’ordre du caméléon.

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