Atlantis, capitale, 1200 av. J-C.

La pièce était faiblement éclairée par une unique torche crachotante, dont les étincelles retombaient sur le sol de marbre gris-bleu.

-Que vois-tu? souffla une voix dans l'obscurité du temple.

La jeune femme ouvrit son esprit et se concentra sur la pierre noire parcourues de lambeaux de brumes, posée sur un socle argenté où s'entrelaçaient dieux et animaux fantastiques.

-Une vengeance, répondit-elle d'une voix pleine de tristesse, une trahison et un pays en guerre.

-Ne peux-tu m'en dire plus?

-C'est très flou, s'excusa la jeune femme en remuant sur sa chaise, tu sais bien que le Lia Fáil ne me révèle que très peu et que mon don est bien différent.

-Désolée, dit la vieille en souriant, (elle posa la main sur son épaule). Je sais que tu fais de ton mieux.

La jeune femme ferma les yeux, la mort et la destruction semblait inévitable.
La vieille se détacha d'elle et soupira en passant devant la petite table de marbre.

-Il n'y a donc aucun espoir?

La jeune femme essuya une larme qui roulait sur sa joue et releva la tête. Elle écarquilla les yeux, le brouillard qui obscurcissait le Lia Fáil s'était dissipé.

Six cavaliers vêtus de capes de cuire brunes le capuchon baissé se tenaient dos au soleil couchant.

La jeune femme plissa ses yeux saphir. Deux au moins devaient être des femmes, car elle voyait dépasser de sous la capuche une mèche de longs cheveux blonds soyeux, et les cheveux de la brune, tressés, reposaient sur sa poitrine.

Un des cavaliers s'avança sur son cheval pommelé. Il rabatti sa capuche, découvrant un casque de fer où l'emblème du taureau était gravé.

Un guerrier, pensa immédiatement la jeune femme.

Il ota son casque qu'il passa sous son bras, tenant d'une main les rênes de sa monture à l'encolure arquée, à la longue crinière bicolore.

Seren en eut le souffle coupé. Il avait des cheveux blonds coupé court en brosse. Son visage au teint doré par le soleil possédait des traits fins, un front haut, une bouche sensuelle et des yeux bleus foncés qui pour l'instant reflétaient une fureur sans bornes. Elle pensait l'avoir déjà croisé dans la capitale. Elle frissonna.

Derrière les six cavaliers, se tenait en arc de cercle, une armée de spectres à peine visible dans la lumière dorée.

Elle détourna les yeux pour éviter qu'ils ne la voient et revint à la fureur contenue du jeune homme. Elle étouffa un gémissement.

Le sud, la majeure partie de l'est, quelques territoires à l'intérieur des terres, au nord et à l'ouest, étaient plongés dans une profonde obscurité. Face au cavalier blond, se tenait une frêle silhouette envelopée de ténèbres, une gigantesque armée derrière elle...