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Kian se présenta aux aurores devant le bureau de Cynfarch, dans un bâtiment rectangulaire situé au milieu de la caserne.

Il frappa trois coups rapides à la porte.

-Entrez! lança la voix grave de son supérieur.

Kian poussa la porte, Finn et Cynfarch étaient penché sur une carte de part et d'autre du bureau. Ils se redressérent. Le cavalier blond salua le visage fermé, tendu comme une corde.

-Repos soldat, dit Finn une lueur amusée dans les yeux.

Le guerrier se détendit et s'avança pour s'asseoir sur le siège qu'on lui indiquait, face à Cynfarch, Finn, préféra rester debout les bras croisés, un pied appuyé contre le mur.

-On m'a rapporté l'incident qui a eût lieu à la taverne avec un garde de la ville, commença son supérieur. Je me suis rendu dans leur cantonnement, j'ai discuté avec un gradé et Andras qui as témoigné (il esquissa un petit sourire), en ta faveur. Braen s'est plusieurs fois attiré les foudres d'hommes de sa garnison et ceux d'autres troupes, il va être muté dans le territoire des chiens au sud et servira dans le port car il a déjà, paraît-il, (il haussa les épaules), une certaine expérience dans la navigation.

Kian hocha la tête, au moins il ne verrait plus ce connard aux lèvres roses et caoutchouteuses, une face de rat qui lui donnait envie de le cogner, jusqu'à effacer ce sourire immonde.

-Autre chose, continua Cynfarch en posant ses coudes sur la table, tu comprendras que, même si il t'a cherché et que tu étais au repos, je ne peux pas laisser passer cette histoire et que je suis contraint de te sanctionner.

Le jeune homme blond se frotta le visage.

-Plus de filles dans ta chambre, souria perfidement son supérieur.

Kian jeta un regard soupçonneux à Finn qui prit un air innocent. Mais, si il devait se passer quelque chose avec Seren, il ne l'aurait de toute façon pas emmenée ici. Il acquiesça.

-Tu seras cantonné ici une semaine, et chaque nuit tu prendras ton tour de garde avec levé à l'aube.

La sanction était finalement assez légère au vu de ce qui aurait pu se passer si ce trou du cul avait été apprécié de ses compagnons.

-Très bien, acquiesça le jeune homme.

Il était soldat, il devait respect et obéissance à ses supérieurs tant que ses ordres n'entraient pas en conflit avec les lois édictées par Poséidon. Cynfarch fit signe à Finn de prendre la parole. Celui-ci se redressa et décroisa les bras.

-Nous nous rendrons d'abord dans l'est avant de revenir par Ilyn, l'informa son ami, cela nous rallongera le trajet de deux jours mais nous devons découvrir ce qui s'y passe.

-Le grand roi a donné son accord? s'enquit Kian.

-La reine nous couvrira en cas de problèmes, répondit Cynfarch.

Le guerrier blond hocha la tête.

-Bien, tu peux y aller, le congédia son supérieur.

Kian se leva et salua.

**************

Un aboiement joyeux l'accueillit dans la cour de l'écurie, un chien rouge aux oreilles tombantes se précipita vers lui. Kian un sourire aux lèvres s'accroupit et un bras autour du cou de l'animal surexcité qui lui léchait le visage et fouettait l'air de sa queue, le frappant au passage, lui frotta affectueusement les oreilles.

-Bonjour Féol, ta maîtresse est par là?

Féol recula et aboya une fois se dressant brièvement sur ses pattes arrières. Kian se releva et suivit le chien qui sautillait devant lui et aboyait gaiement.

-Féol tais-toi! gronda une voix féminine.

Linaëlle vêtue d'une robe vert sapin, était penchée sur une jument blanche somnolente, (vue l'heure matinale ce n'était pas étonnant), attachée à la barrière, et lui palpait les tendons. Féol la langue pendante ses yeux bruns chaleureux brillants émit un jappement bref avertissant sa maîtresse d'une visite.

-C'est toi Kini? demanda Linaëlle en se redressant.

-En personne! confirma-t-il avec un petit sourire.

Il caressa l'encolure de la jument, qui s'ébroua.

-Tu tombes bien, tu as un peu de temps à m'accorder? demanda la jeune femme.

-Bien sûr, acquiesça-t-il, en quoi puis-je t'aider?

-Il faut baigner les jambes de cette jeune demoiselle, expliqua-t-elle, il me manque quelques plantes pour la soigner.

-Aucun problème, assura-t-il en la détachant.

Linaëlle allait à côté de lui en commérant, la jument suivait de son pas raide, Féol gambadait devant eux. Ils déscendirent une petite colline dans le brouillard matinale et arrivèrent près d'un cours d'eau. Kian enleva ses bottes et remonta ses braies au-dessus des genoux.

Il prit la jument réticente par le licol et lâcha une bordée de jurons en sentant le froid lui mordre les pieds et s'enfonça dans le lit caillouteux de la rivière glaciale jusqu'aux genoux. Linaëlle ricana et le chien rouge jappa joyeusement avant de se mettre à pourchasser un papillon. Kian frissonnant se retenait à l'encolure de la jument résignée, le froid lui transperçant les os. Il cracha un autre juron.

-C'est pour la bonne cause Kini! se moqua la blonde en sortant un petit couteau de sa poche. Je te promets de te concocter un bon petit plat pour me faire pardonner mon ignominie.

-Et un gâteau! exigea-t-il d'une voix tremblante, sachant qu'elle lui mettrai des noisettes broyées dedans.

-Et un gâteau, accorda-t-elle avec un sourire en coin en dénouant la bourse de sa taille qu'elle portait toujours sur elle.

Elle se mit rapidement au travail, coupant, déracinant et cueillant fleurs et plantes.
Kian avait été invité à manger à plusieurs reprises avec Finn et Téa. Linaëlle était une cuisinière sans pareil, la bière était fraîche, la compagnie excellente et la soirée se terminait invariablement par un conte ou une légende racontée par Niall de sa voix envoûtante.

Il retroussa sa manche et plongea sa main dans l'eau en serrant les dents et tâtonna les tendons de la jument, c'était mieux, mais pas parfait.

-Tu va pouvoir la récupérer? demanda-t-il en grelottant.

Linaëlle était une guérisseuse réputée, elle soignait hommes et animaux sans distinction, on la voyait souvent à la caserne car Cynfarch ne se fiait qu'à elle.

-Je pense, acquiesça-t-elle accroupie au bord de la rivière une plante dégoulinante dans sa main. (Elle s'essuya le visage dans le creux de son bras). Avec du repos et des soins réguliers.

Dans un mortier, elle pila les plantes qu'elle avait ramassée et le mélangea avec de l'argile prit dans le lit de la rivière.

-Vous pouvez sortir! appela-t-elle.

Kian, les lèvres bleuies par le froid sorti en frissonnant et attacha la jument à un petit arbre. Linaëlle lui tendit un carré de lin avec lequel il s'essuya. La guérisseuse étala le mélange sur les tendons de la jument. Kian s'étant relevé, lui banda les jambes. Féol coucher sur le dos les pattes en l'air se chauffait le ventre.

-On te voit ce soir? demanda Linaëlle en lui tendant une gourde.

-Non, soupira-t-il, je suis de garde toute la semaine.

Buvant à petites gorgées le vin aux herbes qui acheva de le réchauffer, il lui expliqua rapidement ce qui s'était passé hier et son entretien de ce matin. La jument frotta sa tête contre Linaëlle qui lui caressa les naseaux.

-La rumeur a déjà courru hier soir, l'informa-t-elle en le dévisageant de ses yeux gris, confirmant ce dont il se doutait déjà. (Elle esquissa un sourire). Vous serez bien tout les deux.

Il hocha la tête, le visage rayonnant. Elle éclata de rire en secouant la tête puis siffla, et Féol se redressant d'un bond les rejoignit au petit trot. Il détacha la jument, lui donna une carotte qu'il avait dans la poche et bras-dessus bras-dessous, repartirent en discutant.

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