53
Kian, Arianelle, Idriel, Owain, Fand et Pétoche qui gambadait devant eux, se retrouvèrent bientôt dans un parc proche de la garnison de la ville noir de monde. Partout la population se rassemblait dans les différents parcs pour y écouter les annonces des décisions prises. Ils patientaient en bavardant sous un chêne à l'écart de la foule sous le ciel gris et l'air qui s'était rafraîchi. Seren, Edwen et Téa s'étaient arrêtée en chemin pour prendre boissons chaudes et pâtisseries.
-Et Ilyn? demanda Fand assise sur une table les pieds sur le banc.
-Il ne faut pas être pressé d'aller pisser, répondit Kian nonchalamment les bras croisés un pied appuyé contre le tronc de l'arbre.
-On vous a offert du cidre? s'esclaffa-t-elle en chassant d'un geste négligeant une abeille qui s'était posée sur son genou.
-Ne m'en parle pas, grogna Idriel, je ne peux plus le sentir!
-Tu aurais du les voir se tortiller sur le bateau, ricana Arianelle en repoussant ses longs cheveux bruns en arrière.
Kian et Idriel lui lancèrent un regard noir, tandis que les deux femmes éclataient de rire. Owain secoua la tête tout en embêtant Pétoche qui grognait en agitant les pattes avant car le commandant lui retirait toujours la noisette qu'il lui tendait au dernier moment.
-Vous avez trouvé quelque chose? s'enquit la magicienne.
Kian lui jeta un regard surpris en décroisant les bras. L'animal mécontent sautillait sur ses pattes arrières en essayant d'attraper la friandise au-dessus de sa tête.
-Tu n'as pas lu les rapports?
-J'ai du rentrer dans le Territoire du Serpent avant le retour des guerriers. Je ne suis revenue que quelques heures avant Cuill. (Elle fut parcourue d'un frisson).
-Je ne lui ai fait qu'un bref résumé, expliqua Owain en déposant trois petites noix devant l'écureuil au poil hérissé pour se faire pardonner. Nous... (Il jeta un coup d'œil à Idriel et Arianelle).
-Ils ont mon entière confiance, déclara fermement Kian en s'approchant de la table. Nous sommes trop peux nombreux pour nous permettre de les écarter. Je me porte garant d'eux. (Il haussa un sourcil dans leur direction).
Les deux guerriers bouche-bée acquiesçèrent. Owain esquissa un sourire en gratouillant Pétoche sous le menton.
-Ta confiance est la mienne, affirma Owain de sa voix rauque. Cependant nous manquons de temps pour l'instant, mais je resterai dans la capitale quelques jours.
Arianelle et Idriel se touchèrent le front.
Kian avec l'aide de ses compagnons, raconta leur expédition à Fand qui se massait distraitement la cicatrice qu'elle avait sur le cou.
-Qu'est-ce qui se passe? demanda Owain les yeux plissé à Fand.
La jeune femme l'ignora en demandant des précisions, quand elle fut interrompue par l'arrivée des trois femmes. Seren tenait une cruche entre ses bras que Kian s'empressa de rejoindre pour l'aider à la porter, en lui décrochant un bisou au passage. Edwen et Téa portaient des pâtisseries qu'Idriel leur prit des mains puis ils s'assirent autour de la table. Owain distribua les gobelets d'infusion de mélisse tandis qu'Arianelle déballait les pâtisseries.
-Où en étiez-vous? questionna Edwen en mordant dans une pâtisserie au miel.
-Idriel s'apprêtait à nous raconter ce qu'il avait vu dans les bois d'Avaest, expliqua Kian par-dessus l'épaule de Seren qu'il remonta sur ses genoux.
-On arrive juste pour une bonne histoire, se réjouit Téa que Pétoche vint câliner avant de s'enrouler autour de son cou.
-Une bonne histoire je ne sais pas, lui sourit Idriel, mais si ça peut aider.
Seren se blottie contre Kian qui posa une posa une main sur sa cuisse. Idriel reprit un visage grave.
-Je n'ai pas eu beaucoup de temps pour explorer l'endroit, expliqua-t-il à voix basse, la forêt était sombre, j'ai cru entendre des grognements devant moi.
Il adressa un sourire d'excuse à ses amis, mais ses yeux couleur de l'océan ne riaient pas. Kian fronça les sourcils.
-J'ai du descendre de mon cheval pour continuer à pied, continua-t-il en s'adressant à Fand. Le sous-bois était étroit, humide et il y faisait froid. Si froid que je voyais sortir de la buée d'entre mes lèvres. Comme quand il a neigé. (Il se tourna vers Kian). C'était bien de la neige?
Kian hocha sobrement la tête.
-Vous en avez déjà vu? demanda Idriel les yeux pétillants à ses amis. C'est blanc, joli, mais très froid et ça tombe du ciel.
Seren, Téa et Owain acquiesçèrent avec un sourire. Arianelle, Edwen et Fand secouèrent la tête. Idriel but une gorgée de thé, finit sa pâtisserie puis reprit son récit.
-Des pierres couvertes de mousses émergeaient du sol, elles dégageaient une faible odeur de pourriture. Des petites flammes bleues pâles, vacillantes, flottaient au-dessus. Elles s'éteignaient puis s'allumaient plus loin.
-J'ai jeté un caillou dans le ruisseau pour les détourner de mon chemin car j'avais entendu dire qu'elles cherchaient à perdre les voyageurs.
-Je croyais qu'elles cachaient des trésors? s'étonna Seren en buvant son infusion.
-Pour les trésors je ne sais pas, moi je pensais que c'étaient des âmes perdues, dit Edwen en se léchant les doigts. J'en ai déjà vu une fois sur un champ de bataille qui batiffolaient au-dessus des cadavres.
Tous les guerriers hochèrent la tête.
-Et les grognements? questionna Fand en prenant une nouvelle pâtisserie.
-Ils étaient toujours là, assura le guerrier atlante, mais j'avais l'impression qu'ils venaient de sous la terre.
-Il y a un passage là-bas? s'enquit Téa auprès de Fand.
Kian, Seren et son oncle se tournèrent vers la magicienne. Idriel, Arianelle et Edwen les regardaient d'un air intrigué.
-Pas à ma connaissance, répondit-elle en secouant la tête. Mais je vais me renseigner auprès d'Eanna, c'est elle qui a été appelée à Avaest pour résoudre les problèmes qu'ils avaient.
-Je l'ai croisée ce matin en ville, intervint Owain, elle loge au temple de Cerridwen.
-J'irais la voir plus tard, (elle lui sourit et prit sa main). Merci.
-Pas de quoi, répondit-il d'une voix bourrue la main fine de la jeune femme disparaissant dans la sienne.
-Vas-y continu, dit-elle à Idriel.
Pétoche fila dans l'arbre derrière eux.
-J'ai poursuivi sur quelques mètres, il y avait une percée entre les arbres où miroitait un halo de lumière diffuse. (Il haussa les épaules puis prit une gorgée de thé). Peux pas vous dire d'où elle venait. J'y suis allé et j'y ai jeté un coup d'œil.
-L'endroit était oppressant, avoua-t-il en se trémoussant sur le banc mal à l'aise. Un cairn éboulé gisait en plein milieu. C'était de là que venait les grognements. J'ai vu un bref éclat rouge derrière les pierres mais à ce moment j'ai entendu le fracas des armes.
Le visage de Fand s'assombrit.
-J'ai courut rejoindre mon cheval en trébuchant qui tirait sur ses entraves en hennissant comme un possédé. Un cavalier arrivait derrière moi, j'ai cru que c'était Fergal. J'allais l'appeler, mais mon instinct m'a poussé à rouler derrière un buisson et à me rendre invisible.
Un jeune messager blond escorté d'un des gardes du palais, qui ressemblait à s'y méprendre à une fouine ayant abusé de sexe et d'alcool durant la nuit, grimpèrent sur la petite estrade de bois blond.
-J'ai regardé entre les feuilles épineuses. La jument noire était monstrueuse, elle avait des yeux rouges et soufflait comme un feu de forge. Elle galopait à un train d'enfer, en dévastant tout sur son passage dans un grondement de tonnerre. Elle entraînait un vent glacial derrière elle, le sol tremblait sous mes pieds, la forêt gémissait comme si elle souffrait de l'arivée de ce monstre.
-Je n'ai rien entendu, souffla Kian inquiet, et si tu t'en rappel, on crevait de chaud entre ces foutues ruines.
Idriel acquiesça.
Le garde donnait ses dernières instructions au messager puis se retira derrière la scène en s'appuyant sur sa lance. L'assistance attendait en discutant tranquillement.
Les annonces en général étaient bien accueillies car elles profitaient à tous et rendaient la vie agréable sur la terre bénie des dieux. Il y avait évidemment quelques problèmes, le plus gros étant les Blacks Shields mais la population croyait en l'armée et soutenait leurs guerriers qui se battaient avec courage. Le reste n'étaient que des anicroches qui se réglaient rapidement.
-Et son cavalier? demanda Owain.
-Plus sombre que la nuit, répondit le guerrier. Il portait une armure noire et argentée recouvert d'une cape déchiquetée et brandissait un fouet confectionné avec une colonne vertébrale humaine. Il a du sentir ma présence. Il a pris sa tête entre ses mains, l'a arrachée de son tronc avec un bruit d'amphore que l'on débouche puis la dirigée vers mon buisson alors qu'il continuait sa route. Je ne l'ai vu que quelques instants, mais ça m'a paru à moi une éternité.
-Sa tête avait la couleur et la consistance d'un fromage moisi. Il avait un sourire affreux qui s'étirait d'une oreille à l'autre et ses yeux..., grommela-t-il, ils étaient fait de flammes et dardaient comme ceux d'une mouche. Quand il m'a dépassé je suis sûr de l'avoir entendu ricaner.
-La Cour Unseelie? questionna Seren.
-Un dullahan, confirma Arianelle en finissant son gâteau assise à côté d'Idriel. Nous en avons eu un dans les marais quand nous pourchassions les Blacks Shields. Ils sont rares et increvables. Je ne connais aucun moyen d'en venir à bout.
-Il n'y en a pas, admit Fand, on peut les effrayer avec de l'or mais pas les détruire. En eux-même ils ne sont pas un problème, ce qui m'inquiète c'est le cairn démoli. (Elle se leva). Je compte sur vous pour me rapporter ce qui ce dira.
Elle embrassa rapidement Owain puis disparu dans la foule qui s'amoncellait. Ils se levèrent à leur tour pour se rapprocher de l'estrade.
-Finalement ce pauvre type ne nous avais pas totalement menti, fit remarquer Edwen en repoussant ses cheveux noirs et soyeux en arrière tandis que commençait les annonces.
-Non, admit Kian qui traînait à l'arrière du groupe avec Seren Pétoche sur l'épaule. (Il gratouilla l'écureuil). Mais nous avons perdu de bons guerriers à cause de sa lâcheté.
Edwen se retourna et hocha la tête ses yeux gris traversé d'une lueur orageuse. Elle regarda par-dessus l'épaule du guerrier blond.
-Oh, oh... on dirait bien que les ennuis continu...
Ils se retournèrent dans un même ensemble.
Finn arrivait avec Mabd le visage sombre. Téa se précipita vers Finn qui l'a pris dans ses bras.
-Une réorganisation de l'armée du continent sera effectuée et des suppression de garnisons pourraient êtres envisagées dans certains cas, lu le messager blond sur son estrade les sourcils froncé.
Le regard des guerriers s'assombrit, des murmures surpris résonnaient sur la pelouse. Finn les rejoignit rapidement un bras autour de la taille de Téa avec Mabd qui entraînait déjà Owain, Edwen et Arianelle qui tenait la main d'Idriel à l'écart près de l'enclos où Andras bouchonnait les poneys.
-Mara a disparue, annonça Finn à Kian après les avoir rapidement salué. Une enquête va être menée. Elle te sera confiée car tu avais déjà commencé à chercher de ton côté.
-Je m'en occuperai, assura le nouveau capitaine en caressant le dos de sa compagne pour la rassurer.
-Tu as le champ libre pour la mener comme bon te semble, précisa-t-il, si tu as besoin d'un coup d'main, nous t'aiderons. Je dois moi-même te faire part de certains soupçons et quelques témoignages qu'on m'a rapporté. Mais pour l'instant il y a plus pressant.
-Le Territoire du Chien étant en ce moment victime d'une tentative d'invasion de la part des amazones, sera isolé. Le contact de la population avec ce territoire restreint, annonça le messager perplexe. Des sanctions pourraient êtres prises à l'encontre de tout individu qui enfreindrait les mesures de sécurité mises en place.
Les murmures augmentaires d'intensité c'était la première fois qu'une partie du continent serait inaccessible sous peine de sanctions. Téa marmonna une insulte.
-Le transport de produits venant du sud pour le continent et inversement sera interrompue, annonça le messager stupéfait. Il en va de même pour le commerce extérieur. L'armée du continent sera mobilisée pour rétablir la situation.
Seren sentit son estomac se nouer elle venait à peine de retrouver Kian. Le jeune homme l'embrassa tendrement sur la tempe puis se tourna vers Finn.
-Quel est le problème? demanda Kian à son ami.
Finn se mit à parler dans le dialecte de la ville. Seren comprenant que l'affaire était sérieuse s'éloigna de quelques pas en compagnie de Téa qui avait la mine sombre.
-Il ne fait ça que quand il se passe quelque chose de grave, dit Téa à voix basse en levant une main paume en l'air pour recueillir une goutte de pluie. La dernière fois, il s'agissait d'une affaire de règlement de compte qui a tournée à la boucherie. Finn est toujours resté très discret là-dessus.
Elle s'abritèrent sous le chêne, alors que la pluie tombait à grosses gouttes. Pétoche les rejoignit à toute vitesse en se collant à la jambe de Seren elle sentait sa queue poilue s'enrouler autour de sa cheville, elle se pencha pour lui caresser la tête.
-Tu crois que c'est le même genre d'histoire cette fois? s'inquiéta la jeune femme.
-Ça ne doit pas en être loin. Regarde la tête de ton Kini, dit la chasseresse avec douceur en le désignant du menton. À mon avis ça doit le concerner d'une manière ou d'une autre.
Finn reprenait son souffle et s'essuyait le front avec la manche de sa tunique bleue. Kian gardait un visage neutre si ce n'est un léger frémissement sous son œil gauche. Seren le regarda avec angoisse. Kian parlait trop vite pour qu'elle ne comprenne autre chose que; danger, Brighid répété plusieurs fois, avertit, ils cherchent.
La peur de la jeune femme redoubla. La pluie crépitait sur le feuillage elle furent rejointe par d'autres personnes tandis que le messager trempé comme une soupe virait à l'écarlate.
-Il a été décidé, lut le jeune homme la tablette tremblant dans sa main, d'entamer des négociations avec les Blacks Shields et de reconnaître officiellement le Territoire Perdu avec les droits qui s'appliquent pour chaque Territoire du continent de l'Atlantide en échange d'un pacte de non-agression.
La foule gronda tandis que le garde personel de Serbet ricanait derrière l'estrade. Téa lâcha une flopée d'injures colorées, reprises par les gens furieux, Seren était estomaquée. Caelan l'avait prévenue que Serbet ne reviendrai pas en arrière, mais elle n'aurait jamais pensée qu'il irait jusque-là.
Elle sursauta quand elle sentit une main sur sa hanche. Kian et Finn les avaient rejointes.
-C'était prévisible, dit Kian las en pointant du menton le messager. Mais nous ne renoncerons pas. (Il caressa sa large pommette de son pouce puis l'embrassa). Je dois m'en aller, je serais de retour au plus tard demain matin.
-Tu as des ennuis? questionna la jeune femme.
-Non, assura-t-il, mais je dois agir vite. Attends moi à la maison.
-Elle peut venir chez nous, ça fait longtemps que je voulais vous invitez, intervint Téa joyeusement. Pétoche n'a pas l'air de vouloir la lâcher, (elle sourit malicieusement en voyant l'écureuil se faufiler dans la poche de Seren), et si Finn à des informations à te donner vous serez mieux chez nous.
-Nous avons bien assez de place, approuva Finn avec un sourire, si vous n'avez pas peur de finir couvert de poils, de bave ou avec des animaux envahissants dans votre lit.
Kian amusé haussa un sourcil en direction de sa compagne.
-Avec plaisir, se réjouit Seren.
-Bien, nous nous retrouverons vite, promit Kian avant de l'embrasser avec passion.
-Fait attention à toi, dit Seren, ne part pas tout seul.
-Ne t'inquiète pas, je vais demander à ton oncle de m'accompagner.
Kian étreignit Téa, serra l'avant-bras de Finn puis tapota la tête de Pétoche qui sortait de la poche avant d'embrasser une dernière fois son amante. Seren le regarda partir sous la pluie et rejoindre les guerriers devant l'enclos. Il échangea quelques mots avec Owain qui acquiesça. Arianelle décrocha son épée qu'elle lui donna, Kian s'en arma avant de l'étreindre brièvement. Andras leur tendit les rênes de deux chevaux, puis Kian et Owain filèrent à fond de train dans un grondement de sabots en direction de la sortie nord de la ville.
-Il est demandé à tout les citoyens de... ses mots s'étranglèrent dans gorge.
Pris de rage, le messager brisa la tablette d'argile sur le sol. Il arracha sa cape ciel sur laquelle il s'essuya les pieds puis descendit de l'estrade en faisant un doigt d'honneur au chien de garde de Serbet. La foule l'applaudit sauvagement tandis qu'elle abreuvait d'insultes le chien de garde de Serbet furieux qui se voyait obliger de prendre la place du jeune homme pour finir les annonces.
-Venez, on s'en va, proposa Finn à Téa et Seren en les prenant par les épaules, nous allons profiter d'un moment de paix avant que les véritables ennuis ne commencent...
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